Anticommunautarisme
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[modifier] Définition
L'anticommunautarisme, terme surtout utilisé en France, désigne deux attitudes de natures différentes :
-
- d'une part, une idéologie qui s'oppose à la reconnaissance publique de minorités (terme juridique international utilisé dans les publications de l'ONU et de l'UNESCO (voir ces articles) appelées communautés, la seule communauté reconnue par l'État étant la communauté des citoyens.
-
- d'autre part, une attitude basée sur des préjugés à l'encontre de groupes, minorités ou communautés ... Cette attitude est assimilable à du racisme même si la loi française ne la sanctionne pas comme telle. Il ne s'agit aucunement d'idéologie dans ce cas.
Les anticommunautaristes s'opposent ainsi à la reconnaissance publique de tous les groupes, minorités ou communautés, quelles qu'en soient leur nature :
- la culture ou la langue,
- le peuple ou la couleur (race),
- la religion,
- l'orientation sexuelle.
[modifier] Situation en France
La République française est, selon certains, par essence anticommunautariste, ceci est parfois contesté[1]. Les articles suivants résultent de versions successives de la constitution qui ont constamment durci l'attitude du pouvoir vis-à-vis des communautés et par extension vis-à-vis des minorités :
- "La France est une République indivisible" (article 1er de la Constitution de 1958)
- La République "assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion" (article 1er de la Constitution de 1958)
- "La langue de la République est le français" (article 2 de la Constitution de 1958)
Ce dernier article a été rajouté à la constitution pour lutter contre l'influence grandissante de l'anglais. Le promoteur de cette révision constitutionnelle s'était engagé à ce que cette clause ne serve pas contre les langues régionales. En pratique, il ne sert qu'à la lutte contre la diversité culturelle à l'intérieur de l'hexagone.
Ces principes s'opposent donc à la reconnaissance publique de groupes, minorités ou communautés autres que la communauté des citoyens, quelles qu'en soient leur nature (raciale, ethnique, linguistique, religieuse...). L'idéologie sous-jacente à la constitution (l'état-nation : "Une langue, un peuple, une nation, un état") s'oppose donc à la reconnaissance de minorités nationales voire de peuples minoritaires en France. Ils ont été à chaque fois réaffirmés et durcis par le Conseil constitutionnel et par le Conseil d'Etat, notamment :
- Décision du Conseil constitutionnel du 09/05/1991 : "Considérant que la France est, ainsi que le proclame l'article 2 de la Constitution de 1958, une République indivisible, laïque, démocratique et sociale qui assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens quelle que soit leur origine ; que dès lors la mention faite par le législateur du "peuple corse, composante du peuple français" est contraire à la Constitution, laquelle ne connaît que le peuple français, composé de tous les citoyens français sans distinction d'origine, de race ou de religion"[2].
"Le français, par un privilège unique, est seul resté fidèle à l'ordre direct {...} La syntaxe française est incorruptible. C'est de là que résulte cette admirable clarté, base éternelle de notre langue. Ce qui n'est pas clair n'est pas français". Antoine Rivarol Discours sur l'Universalité de la langue française.
- Décisions du Conseil d'État de 1992 confirmant la suspension de l'intégration des écoles Diwan dans l’enseignement public[3]
- Décision du Conseil constitutionnel du 15/06/1999 sur la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires[4]
[modifier] Remise en cause de l'anticommunautarisme français
L'anticommunautarisme est mis en cause, par exemple :
- directement par les groupes favorables à la reconnaissance publique de minorités (il ne s'agit pas de reconnaissance de communautés) :
- Les militants régionalistes,
- Les partisans de la reconnaissance des langues régionales (là encore, la notion de communauté est généralement absente chez les défenseurs des cultures minoritaires en France),
- L'Appel des indigènes de la république.
- indirectement par des personnalités politiques :
- La nomination de préfets en mettant en avant leur religion[5],
- La volonté de Nicolas sarkozy de "faire apparaître l'origine ethnique des délinquants dans les statistiques de la police"[6].
[modifier] Affirmation de l'anticommunautarisme
Certains hommes politiques se déclarent publiquement anticommunautaristes :
- Modèle:Référence nécessaire: elle était donnée par Sarkozy lui-même!!! (dimanche 11 février dans Arrêt sur Image sur la 5, émission qui lui était consacrée),
- Jean-Marie Le Pen, à l'émission de Giesbert, sur la 5, dimanche 11 février, après avoir affirmé qu'"il n'y a pas d'immigration maghrébine".
En fait, tous les politiques se déclarent anticommunautaristes, tant le mot contient de charges péjoratives.
Ceci n'empêche nullement la défense des minorités. Par exemple, F. Bayrou qui se dit attaché au modèle républicain français déclare :
« "La défense du français n'est pas contradictoire avec la défense des langues de France, avec la défense de la diversité culturelle de notre patrimoine que chacune des langues régionales constitue ! Alors que nous nous battons pour la diversité culturelle, devrions-nous pas considérer que parce qu'une langue est minoritaire, elle est moins digne d'intérêt ? Ces langues sont victimes d'un ostracisme. Si nous laissons faire, un jour le français sera lui aussi ostracisé, car c'est une langue minoritaire en Europe et dans le monde. Les langues régionales sont en danger de mort. Pour certaines, c’est une question d’années. La loi doit imposer, non seulement le respect de ces langues, mais leur défense : le respect ne suffit plus ! Nous avons besoin de fonder une politique positive. L’inscription dans la loi de la défense de ces langues induira une décision politique de première importance : la signature par la France de la Charte des langues régionales ou minoritaires. Il s’agit de défendre un droit. En tant que citoyens français, nous avons tous le droit de pratiquer les langues qui nous ont faits ce que nous sommes." »
[modifier] Critique de l'anticommunautarisme français
Plusieurs auteurs ont critiqué l'anticommunautarisme français :
- Pierre Tévanian : Le voile médiatique (2005)
- Vincent Geisser : La nouvelle islamophobie (2004)
- Esther Benbassa : La République face à ses minorités (2004)
- Laurent Lévy : Le spectre du communautarisme (2005)
Les adversaires de l'anticommunautarisme dénoncent la spécificité de l'anticommunautarisme français, alors que les pays anglo-saxons reconnaissent les communautés et le multiculturalisme.
Les anticommunautaristes sont accusés, en fonction des attitudes qu'ils adoptent :
- d'ethnocentrisme français, niant les identités et les langues régionales
- de défendre les discriminations en refusant la discrimination positive,
- d'islamophobie
- de racisme, sanctionné par la loi ou non.
Les anticommunautaristes sont fortement représentés parmi les "nationaux-républicains".
[modifier] Dérive de l'anticommunautarisme français
L'anticommunautarisme peut parfois servir de paravent à des préjugés racistes (voir ci-dessous), islamophobes (voir ci-dessous) ou homophobes[réf. nécessaire]. A la suite de Sartre ("Réflexions sur la question juive"), on ne désignera donc pas cette attitude du mot "opinion".
[modifier] Illustrations de l'anticommunautarisme français
« Le juge pénal a refusé le bénéfice des dispositions du Code pénal à des justiciables qui portaient plainte contre un courrier d'un lecteur réunionnais publié le 11 février 1998 dans le « Journal de l'île de la Réunion », dirigé par Philippe Hersant. Ce courrier indiquait : « Tout le monde sait et dit que les Corses, dans leur immense majorité, ne sont que des voleurs et des profiteurs, des racketteurs et des racistes et quand ils ne sont pas directement engagés dans l'action illégale, ils en sont complices en observant l'Omerta, cette loi du silence que l'on veut nous faire croire inspirée par l'honneur alors qu'elle n'est qu'une manifestation de la trouille, de la couardise et du terrorisme. Ils sucent la Nation française et l'Europe en utilisant des vrais faux certificats administratifs. Et ne parlons pas des assassins jamais poursuivis ou, en tous cas, jamais condamnés même lorsqu'ils sont pris en flagrant délit. Les Corses sont des racistes et ont organisé de façon efficace la préférence régionale et le zoreil déor (en créole : continentaux dehors) ». La Cour d'appel de la Réunion a débouté les plaignants en jugeant : « Attendu qu'il n'existe ni ethnie, ni nation, ni race, ni religion dite « corse » ; que, dès lors l'article incriminé ne s'inscrit pas dans le champ d'application des dispositions susvisées de la loi du 29 juillet 1881 » (Cour d'appel de Saint-Denis de la Réunion, 11 mars 1999, Philippe Hersant). »
[modifier] La crainte du communautarisme musulman
À tort ou à raison, la crainte du communautarisme musulman est issue :
- des affaires du voile islamique à l'école
- des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises
[modifier] La communauté juive
Il existe actuellement une tendance à la radicalisation de certains milieux juifs en France conduisant à un intégrisme hébraïque et à une réaffirmation de leur identité.
Ceci est perçu comme du communautarisme et est dénoncé notamment par les nationaux-républicains.
[modifier] Anticommunautarisme et identités régionales
Les anticommunautaristes voient dans l'existence de communautés (voire même de minorités) d'origine ou régionales un danger pour l'unité nationale (selon le principe "Une seule langue, un seul peuple, une seule nation, un seul état") et une menace pour la cohésion sociale.
Les régionalistes voient, à l'inverse, dans le développement de l'utilisation du terme anticommunautarisme
- la persistance d'une volonté d'épuration culturelle et linguistique, et
- la continuation de la politique d'uniformisation entreprise depuis le début du XIXe siècle ( Politique linguistique de la France et Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir le patois, et d'universaliser l'usage de la langue française) , et pendant la plus grande partie du XXe siècle, aboutissant à une régression de la pratique des langues régionales
- l'esquisse d'un totalitarisme ne laissant aucune place à la diversité culturelle ni à la diversité linguistique.
Les défenseurs des langues et cultures minoritaires ne considèrent pas (et depuis au moins un siècle) qu'il y a opposition entre l'existence du peuple français et l'existence des peuples minoritaires. Selon certains d'entre eux, le terme "indivisibilité" pose une volonté d'union - ce qui est positif et ne s'oppose pas à l'existence de minorités _ il ne s'agit pas de revendications communautaristes. Ils sont donc en désaccord avec l'interprétation donnée actuellement par le conseil d'État et par les nationaux-républicains, puisqu'elle aboutit à nier l'existence de minorités nationales en France et donc à la négation des droits des minorités culturelles en France, comme l'a maintenu la France lors de la signature de différents textes juridiques internationaux. Les républicains estiment de leur côté que la définition de droits culturels implique une limitation des droits de l'individu[réf. nécessaire].
L'action de nombreuses personnes parmi les nationaux-"républicains" consiste à dévaloriser systématiquement les langues et cultures minoritaires ainsi que leurs défenseurs (notamment dans le choix des termes: "tribus", repli identitaire, ethnicisation, communautarisme). Les questions linguistiques ne sont jamais abordées du point de vue des droits de l'homme, tels qu'ils apparaissent dans les documents juridiques internationaux de l'ONU.
[modifier] Sentiments anti-bretons
La brittophobie est la manifestation d'un sentiment anti-breton que certains individus éprouvent à l'égard soit des Bretons eux-mêmes, soit de leur culture ou de leurs langues, ou de ce qui est considéré (à tort ou à raison) comme particulièrement breton. Populairement, on dit racisme anti-breton.
Il existe en anglais un terme britophobia qui ne s'applique pas aux Bretons mais aux Britanniques en général.
[modifier] Exemples de brittophobie
- Les quolibets de la presse parisienne lors de la création de diplomes de breton (licence, CAPES), qui ouvrirent la voie aux diplomes pour les autres langues minorisées, quolibets qui ne se renouvelèrent pas lors de la création des diplomes de créole[7].
- L'indignation de parlementaires quand la France fut représentée à l'Eurovision par une chanson en breton interprétée par Dan Ar Braz[8].
- La dénonciation des écoles Diwan, sous prétexte qu'elles n'enseigneraient pas le français, alors qu'elles sont bilingues[9] [10].
- L'opposition du préfet du Finistère aux panneaux évoquant la révolte des Bonnets Rouges aux abords de la ville de Carhaix, épisode marquant de l'histoire de Bretagne[11].
- Les tentatives de suppression du nom Bretagne dans les noms de lieux de Loire-Atlantique, (La Meilleraye-de-Bretagne, Fay-de-Bretagne, Le Temple-de-Bretagne, etc)[réf. nécessaire].
[modifier] Exemple de texte brittophobe
Laurent Tailhade dans L'Assiette au Beurre (n° 131, 3 octobre 1903)
« Le Peuple noir — Il n'est pas de meilleurs chrétiens que cette crapule de Bretagne; il n'en est pas de plus réfractaire à la civilisation. Idolâtre, fesse-mathieu, lâche, sournois, alcoolique et patriote, le cagot armoricain ne mange pas, il se repaît; il ne boit pas, il se saoule; ne se lave pas, il se frotte de graisse; ne raisonne pas, il prie, et, porté par la prière, tombe au dernier degré de l'abjection. C'est le nègre de la France, cher aux noirs ensoutanés qui dépouillent à son bénéfice les véritables miséreux. »
[modifier] Liens internes
[modifier] Notes
- ↑ "La République, dans les textes, fut toujours très tolérante, et basée sur les trois principes bien connus de Liberté, Egalité, Fraternité, le troisième axe définissant l’esprit de tolérance français de la différence, ce qui, d’une certaine façon, fait référence à l’esprit des Lumières. Il n’est donc pas de théorie anti-communautaire au sein des lois de la République. On notera même que depuis un siècle, les lois des associations civiles dites « de loi 1901 » et des associations cultuelles dites « de loi 1905 » opèrent dans une légitimité juridique incontestable." Voir "Déconstruction du concept de communautarisme" http://1001nights.free.fr/article.php3?id_article=800
- ↑ Décision n° 91-290 DC du 9 mai 1991
- ↑ http://www.conseil-etat.fr/ce/jurispd/index_ac_ld0238.shtml et http://www.conseil-etat.fr/ce/jurispd/index_ac_ld0239.shtml
- ↑ Décision n° 99-412 DC - 15 juin 1999
- ↑ Nicolas Sarkozy et le "préfet musulman" : France 2, 20/11/2003
- ↑ RMC, 13/02/2006
- ↑ « Monsieur Lang ayant créé un Capes de patois breton, pourquoi ne pas créer un Capes de mendicité ? Il y a une culture à préserver , comme on dit de nos jours. » (Jean Dutourd, France-Soir Magazine, Novembre 1985)
- ↑ «La promotion des langues régionales et la préservation de nos cultures régionales, et en particulier bretonne, sont essentielles. Au 43ème concours de l'Eurovision qui vient d'avoir lieu en Norvège, la France a présenté une chanson bretonne. Mais ne conviendrait-il pas que, dans les organisations internationales, nos représentants s'expriment en français ? Lorsque la langue française est menacée, il est choquant de voir la France représentée par le breton. » (Madame Monique Rousseau, député RPR du Doubs, 1996)
- ↑ Voir l'article sur les écoles DIWAN
- ↑ Le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon remet en cause la légitimité des écoles DIWAN : "Décider qu’on va organiser toute la scolarité d’un enfant dans une langue qui n’est pas celle que parlent tous les les habitants du pays révèle une dimension psychologique qui m’effraie. J’assimilerais cela davantage à une pratique sectaire qu’à une pratique éducative…".
- ↑ [[1]]