Château de Madame du Barry (Louveciennes)
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Le château de Madame du Barry à Louveciennes (Yvelines), se compose du château proprement dit, construit à la fin du XVIIe siècle puis agrandi et redécoré probablement par Ange-Jacques Gabriel pour Mme du Barry et d'un pavillon de musique (ou de réception) construit par Claude Nicolas Ledoux, au milieu d'un parc qui a été divisé au XIXe siècle.
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[modifier] Le château
En 1684, Louis XIV ordonna la construction, à proximité de l'aqueduc édifié pour amener à Marly l'eau puisée dans la Seine par la machine de Marly, un manoir appelé « Pavillon des Eaux », qu'il offrit au baron Arnold de Ville, l'ingénieur en chef de cette installation hydraulique.
Ce château est une construction approximativement cubique, de taille moyenne et d'apparence modeste, qui se trouve en bordure du chemin de la Machine au n° 6.
En 1769, Louis XV offrit le château à sa nouvelle favorite, Mme du Barry. Celle-ci fit probablement appel à Ange-Jacques Gabriel, Premier architecte du Roi, pour agrandir et redécorer le bâtiment. Celui-ci se vit adjoindre l'aile basse orientale, ainsi qu'un décor de boiseries sculptées qui subsiste en partie.
Dans les années 1980, le château fut acquis par une société japonaise, la Nippon Sangyoo, en vue d'une exploitation commerciale. Cette société dispersa tout le mobilier, mais laissa le bâtiment à l'abandon. Squatté, le château subit diverses dégradations et, en 1994, une tentative d'enlèvement de boiseries et d'une cheminée fut déjouée de justesse par la police. Le propriétaire japonais a alors remis la propriété en vente. Celle-ci a été achetée par un investisseur français qui l'a soigneusement restaurée.
[modifier] Le pavillon
Le château présentait l'inconvénient de ne pas avoir de vue sur la Seine. En outre, Mme du Barry jugea les pièces de réception insuffisantes. Elle décida donc de faire construire, à l'aplomb de la vallée de la Seine, un pavillon qui ne comprendrait que des pièces de réception.
[modifier] Histoire
Des projets furent demandés à Charles De Wailly et à Claude Nicolas Ledoux. En dépit des avis négatifs émis par plusieurs de ses confrères, notamment Gabriel, Mme du Barry décida de retenir le projet de ce dernier, alors au début de sa carrière. La construction fut exécutée en 1771.
L'inauguration eut lieu le 2 septembre 1771 en présence du Roi. On donna la pièce de Collé La partie de chasse de Henri IV et un souper en musique (les musiciens se plaignirent de l'exiguïté des tribunes de la salle à manger, aujourd'hui fermées par des miroirs) suivi par un feu d'artifice.
En 1773, Mme du Barry, visiblement satisfaite de son pavillon, commanda à Ledoux les plans d'un grand château qui devait incorporer le petit bâtiment. La mort de Louis XV en 1774 mit un terme à ce projet.
Le pavillon demeura donc approximativement dans son état originel jusque dans la seconde moitié du XIXe siècle. À une date indéterminée, il fut défiguré par l'adjonction d'un comble à la Mansart et de volets aux fenêtres.
Acquis en 1923 par le parfumeur François Coty de l'homme politique et industriel Louis Loucheur, le pavillon subit de graves désordres en raison de l'affaissement d'une partie du coteau sur lequel il était bâti. François Coty fit alors appel à l'agence de l'architecte Charles Mewès pour le faire déplacer de plusieurs mètres ; si cette solution radicale sauva l'édifice d'un éboulement qui se produisit quelques années plus tard et qui l'aurait entièrement détruit, elle s'accompagna de transformations profondes : le comble mansardé fut transformé en un étage d'attique abritant cinq chambres à coucher, tandis que de vastes dépendances furent créées en sous-sol pour aménager un laboratoire de parfumerie, un générateur électrique, des cuisines et une piscine.
En 1959, le pavillon fut acheté par l’American School in Paris qui s'y installa.
[modifier] Architecture
Le pavillon de Louveciennes a d'emblée été considéré comme une des réalisations les plus abouties de Ledoux et l'un des archétypes du néoclassicisme.
L'entrée, en forme d'abside semi-circulaire ouverte, simplement fermée par un péristyle, reprend une disposition déjà utilisée par Ledoux dans la maison de Mlle Guimard à la chaussée d'Antin. Elle donne accès à une salle qui a la forme d'un carré flanqué de deux demi-cercles, désignée comme salle à manger et où eut lieu le souper d'inauguration. Cette salle commande elle-même une enfilade de trois salons ouvrant sur la Seine, dont le salon du Roi central.
Au sous-sol, on trouvait diverses pièces de service et la cuisine.
[modifier] Les décors intérieurs

L'état primitif des intérieurs est connu par un dessin de Moreau le Jeune représentant le souper offert à Louis XV par Mme du Barry pour l'inauguration du pavillon, ainsi que par les gravures de Ledoux.
Mme du Barry avait commandé à Jean-Honoré Fragonard une suite de quatre grands tableaux pour son pavillon de Louveciennes. Le peintre représenta les amours de bergers, mais les toiles déplurent à leur commanditaire, sans doute parce que celle-ci y vit la possibilité d'une allusion à sa propre situation. Elle les refusa et Fragonard les installa en 1790 à Grasse, dans le salon d'un de ses cousins, Alexandre Maubert, dont le petit-fils les vendit en 1898 au banquier John Pierpont Morgan qui les présenta dans sa résidence de Londres. Elles sont depuis 1915 l'un des fleurons de la Frick Collection de New York.
En définitive, Mme du Barry commanda à Joseph-Marie Vien une autre suite de tableaux sur le thème des Progrès de l'Amour[1]. La manière néoclassique de Vien convenait davantage au décor qu'elle avait créé à Louveciennes.
[modifier] Le parc
En 1852, le domaine fut agrandi jusqu'à la Seine, mais divisé en deux lots. Le premier lot, comprenant le château, fut acquis par le banquier Salomon Goldschmidt, dont les héritiers firent construire par l'architecte Henri Goury, en 1898, l'entrée de style Louis XV, flanquée de deux pavillons, située n° 6 chemin de la Machine. Le même architecte construisit également les écuries.
Le second lot, comprenant le pavillon de Ledoux et pourvu de deux entrées construites par l'architecte Pasquier (l'une, située n° 28 route de la Princesse et l'autre, quai Rennequin-Sualem à Bougival), fut acquis par une riche Américaine de Baltimore, Alice Thal de Lancey, maîtresse du banquier Nissim de Camondo, qui l'avait rencontrée par l'entremise d'Arthur Meyer. Edmond de Goncourt se moqua de « l'ironique intérieur de Louveciennes, là où habita Mme du Barry et où habite aujourd'hui Mme de Lancey et où le banquier Camondo remplace Louis XV »[2].
Le parc renferme deux petits temples :
- l'un, d'ordre ionique, date sans doute du XVIIIe siècle et est parfois attribué sans preuve à Ledoux ou encore à Richard Mique ;
- l'autre, d'ordre dorique, a été édifié par l'architecte Henri Goury à la fin du XIXe siècle.
[modifier] Références
[modifier] Liens externes
- Toiles de Joseph-Marie Vien pour le pavillon de Mme du Barry (sur le site officiel du Musée du Louvre):
- Amant couronnant sa maîtresse, 1773, 3,35 m x 2,02 m.
- Jeunes Grecques parant de fleurs l'Amour endormi, 1773, 3,35 m x 1,94 m.
- Visites guidées organisées par l'Office de Tourisme : découvrez le château de Madame du Barry, aujourd'hui restauré, et son Pavillon de Musique.
[modifier] Notes
- ↑ Paris, Musée du Louvre et Chambéry, Château des ducs de Savoie (actuelle préfecture)
- ↑ Edmond de Goncourt, Journal, 3 juin 1882
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