Jambon de Bayonne
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Le jambon de Bayonne est une spécialité du Pays basque et du sud-Gascogne. C'est un jambon à chair de couleur rouge foncé uniforme avec une épaisseur de gras variable. Coupé en minces tranches, il est fondant en bouche, de saveur délicate et peu salée[1].
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[modifier] Histoire
Le jambon cru salé et séché est une préparation traditionnelle dans beaucoup de régions. Dans le Sud-ouest de la France, il était préparé, au milieu de l'hiver, dans toutes les fermes. Au XIIe siècle, ce jambon est évoqué sur le portail de la cathédrale Sainte-Marie d'Oloron, sculpté vers 1120, où bien des aspects de la cuisine béarnaise à cette époque sont représentés. Plusieurs sculptures représentent un sanglier ou un cochon que l'on abat et découpe[2].
En 1534, François Rabelais cite le « jambon de Bayonne » dans Gargantua où il présente Grandgousier, le père de Gargantua, comme ayant « ordinairement bonne munition de jambons de Magence et de Baionne »[3].
En 1564, il est cité comme « jambon de basque », dans les approvisionnements de la maison des Albret. Au XVIIe siècle, les « jambons de Lahontan », petit village près d'Orthez, jouissent d'une très grande réputation : après les jambons de Mayence, viennent « les Bayonnais parmi lesquels les véritables Lahontan se distinguent pour la bonté et la délicatesse[4] ». Cette appellation recouvrait différentes provenances (Orthez, Saint-Faust, Oloron-Sainte-Marie, et de manière générale une grande partie du Béarn et même de la Gascogne ainsi que différents tours de main dans la préparation. La question de savoir si, après séchage, il était fumé, n'est pas résolue, les sources documentaires étant contradictoires.
Ce n'est que depuis le début du XIXe siècle, quand il devint un objet de spéculation de première importance, qu'une certaine normalisation apparut et que ce produit du sud de la Gascogne (Béarn, Pays basque, Chalosse) devint le jambon de Bayonne. Acheté dans les fermes, il fut alors expédié par des grossistes vers les grandes villes.
En octobre 1998, les salaisonniers ont obtenu un label européen (Indication géographique protégée) qui fixe la zone de production des porcs et les critères de préparation permettant à leurs jambons de recevoir l'appellation « jambon de Bayonne ».
[modifier] Savoir-faire traditionnel
Les deux jambons prélevés sur le porc que l'on vient d'abattre, entre le début et le milieu de l'hiver, sont longuement massés à la main afin d'éliminer toute trace de sang résiduel et d'attendrir la viande. Le produit est ensuite frotté de sel de Salies. Les deux jambons sont ensuite placés, pendant une dizaine de jours, dans un saloir, enfouis dans le sel. Sortis du sel et nettoyés, poivrés, ils sont ensuite conservés, suspendus, à l'air frais pendant deux mois (d'où l'importance des hivers frais dans cette préparation). Vers le Pays basque, on ajoute parfois du piment d'Espelette. Les jambons sont souvent protégés dans des « sacs à jambons » en gaze[5].
Le séchage se poursuit ensuite pendant quelques mois dans la cuisine ou la souillarde de la ferme. On commence traditionnellement à le consommer après l'été.
[modifier] Élaboration industrielle du jambon de Bayonne
Le label « indication géographique protégée » définit le jambon de Bayonne comme une « cuisse de porc parée, salée au sel sec des salines du bassin de l’Adour et séchée dans la zone des Pays de l'Adour, située dans le sud-ouest de la France pendant plus de 7 mois ». Le label délimite d'abord la zone de production des porcs à utiliser : il s'agit de « porcs du Sud-ouest » - au sens large, sans précision sur le mode d'élevage - qui doivent avoir été engraissés avec un aliment contenant au moins 60 % de céréales, ou de céréales et de pois. Vingt-deux départements sont concernés en Aquitaine, Poitou-Charentes et Midi-Pyrénées et dans les régions limitrophes[6]. La zone de transformation des jambons (salage, séchage, affinage, désossage) est la zone géographique française du sud-ouest du fleuve Adour y compris les cantons périphériques à ce dernier. Elle comprend le département des Pyrénées-Atlantiques et une partie des départements des Hautes-Pyrénées, des Landes et du Gers.
Les techniques employées par les salaisonniers sont directement dérivées des savoirs traditionnels. L'élaboration du jambon de Bayonne se fait en trois étapes principales :
- Le salage : après massage, le jambon est mis au sel de Salies ou de Mouguerre, additionné d'un peu de salpètre. Il est conservé, en chambre froide, recouvert de sel à 3-4° C, à une hygrométrie de 80 %, pendant huit à douze jours selon le poids (qui ne varie guère autour d'une taille standard de 8,5 kg, avant séchage).
- Sorti du sel et nettoyé, le jambon est placé pendant deux mois environ en chambre froide ventilée (3-4° C) pour en extraire l'humidité.
- De nouveau nettoyé, il est séché à 14° C et 70 % d'hygrométrie pendant sept à douze mois, selon la qualité du porc servant à la préparation et du degré d'affinage souhaité par le fabricant. Au cours de ce séchage le jambon est enduit d'un mélange de graisse et de farine de blé pour éviter la formation d'une croûte dure.
Les producteurs se sont organisés dans un « Consortium du Jambon de Bayonne » qui regroupe tous les maillons de la filière : fabricants d'aliments du bétail, groupements de producteurs de porcs, abatteurs-découpeurs et salaisonniers. Ces jambons de Bayonne qui sont les seuls à pouvoir porter cette appellation sont identifiés par le sceau du consortium.
Le jambon de Bayonne est parfois commercialisé « entier avec os » mais le plus souvent en jambon entier désossé conditionné sous vide ou en tranches prédécoupées. Seul le jambon portant le sceau du consortium peut être commercialisé sous l'appellation « jambon de Bayonne ».
[modifier] Notes et références
- ↑ Selon la description du produit par l'INAO
- ↑ Éditions Zodiaque, ouvrage collectif, Pyrénées romanes, « Oloron », 1969, p. 370
- ↑ François Rabelais, La vie très horrificque du grand Gargantua père de Pantagruel, Paris, 1534, Chapitre III, [1].
- ↑ D'après le Dictionnaire portatif de commerce. Cf. L'inventaire du patrimoine culinaire de la France, Aquitaine, « Jambon de Bayonne », 1997, Paris, Albin Michel/CNAC, p. 129-131.
- ↑ Pour les protéger, notamment, de l'attaque du dermeste du lard dont les larves se nourrissent de viandes sèches.
- ↑ En Aquitaine : Dordogne, Gironde, Landes, Lot et Garonne, Pyrénées- Atlantiques ; en Midi-Pyrénées : Ariège, Aveyron, Gers, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Lot, Tarn, Tarn et Garonne ; en Poitou-Charente : Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Vienne ; les départements limitrophes suivants : Haute-Vienne, Corrèze, Cantal, Aude, Pyrénées-Orientales
[modifier] Liens externes
- Définition du jambon de Bayonne sur le site de l'Institut national de l'origine et de la qualité
- « Consortium du Jambon de Bayonne »
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