Antonio de La Gandara
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Antonio de La Gandara (16 décembre 1861 – 30 juin 1917) est un peintre, dessinateur et pastelliste de talent, né et mort à Paris. La Gandara, dont le père était espagnol originaire de San Luis Potosi au Mexique et la mère française éduquée en Angleterre, fut influencé par trois cultures.
En mars 1878, lorsque Antonio Pierre Henri de La Gandara, âgé de 17 ans fut admis à l'École Nationale des Beaux-Arts de Paris, l'assiduité de son travail attira l'intérêt du prestigieux Gérôme. Mais alors que ses professeurs devinaient qu'il deviendrait un Maître, rien ne laissait présager à quel point la vie de ce jeune talent serait intimement liée aux intrigues et aux splendeurs de la Belle Époque. On le retrouve proche de Rodolphe Salis, fondateur du Chat Noir et contribua au Salon des Incohérents. C'est alors qu'il se lie d'amitié avec Rivière, Goudeau, Steinlen, Caran d'Ache et Willette.
Il exposa, pour la première fois, au Salon des Champs-Elysées de 1883. L'année 1884 lui accorda la mention honorable du jury du Salon pour son Portrait de Saint Sébastien. En 1885, peu fortuné et toujours inconnu, Gandara rencontre le comte Robert de Montesquiou dont il fait un portrait qui plaît au mécène pourtant exigeant. Le comte le présente à quelques amis dont la comtesse Jean de Montebello dont il reproduit l'image gracieuse vêtue de mousseline blanche, la taille petite, la tête couverte d'un chapeau qu'une main légère semble protéger du vent.
Puis la baronne Adolphe de Rothschild, la comtesse Greffulhe, Anna de Noailles, Marie d'Annunzio, et même Madame Gautreau, la fameuse Madame X de Sargent, s'intéressent à ce Gandara que toutes s'accordent à trouver beau. Pendant ce temps, Édouard de La Gandara, l'un des deux frères du peintre, travaille avec Sarah Bernhardt qu'il accompagne à Londres et aux États-Unis.
Antonio côtoie Edmond de Goncourt dont il fréquente le Grenier, Anatole France, Alphonse Daudet, Mecislas Goldberg, Jean Moréas, et d'autres auteurs menant une vie moins conventionnelle : Paul Verlaine, Jean Lorrain et Colette. Des musiciens, aussi : Reynaldo Hahn, Paderewski, Camille Saint-Saëns et Gabriel Fauré. Mais aussi la Grande-Duchesse de Mecklembourg, le prince Edmond de Polignac, Leconte de Lisle, le prince de Sagan, Paul Verlaine, Jean Moréas, Anna de Noailles, Jean Lorrain, Jean Carriès, Marie d'Annunzio, Liane de Pougy, Sarah Bernhardt, Ida Rubinstein, Colette, Romaine Brooks, et tant d'autres personnages célèbres et moins connus de cette époque riche en création artistique.
Vers 1900, Antonio de La Gandara est au sommet de sa gloire, recherché en Europe et aux États-Unis, où il expose, ou en Argentine. Emile Verhaeren le dit influencé par Jean Siméon Chardin et James MacNeill Whistler par lui-même. Le Larousse Mensuel d'octobre 1917 le rapproche de Zurbaran et de Diego Vélasquez. D'autres croient reconnaître dans sa technique le reflet de son admiration pour Goya. William B. Denmore du Metropolitan Magazine, au contraire, insiste sur l'individualisme de son style.
Il se fait des ennemis parmi rivaux jaloux ou, selon la rumeur, maris dépités. On le voit souvent en compagnie de l'actrice Polaire, de l'épouse de Gabriele d'Annunzio, de Liane de Pougy, ou d'Ida Rubinstein.
Est-ce pour plaire à ses modèles, ou parce qu'il les voulait trop belles ? Peu à peu la critique souligne son attachement à la mode du jour et le conservatisme des traits tandis que d'autres, comme Boldini, font preuve de plus de nervosité, ou expérimentent comme le jeune Picasso.
Pourtant, la renommée est loin de l'abandonner. La Gazette des Beaux-Arts estime, en 1910, que « M. de La Gandara atteint cette année la perfection que son art peut donner ». Le Figaro Illustré lui fait l'honneur de sa première page. Le journal de la Buffalo Fine Arts Academy de New York le décrit comme l'un des peintres contemporains les plus recherchés et les plus remarquables. L'Écho de Paris qualifie son portrait d'Ida Rubinstein de rare et parfait.
Vient la guerre. Les journaux apportent de mauvaises nouvelles. Des amis lui écrivent du front, racontant les horreurs des tranchées. Gandara se montre généreux envers les œuvres de soutien aux combattants et à leurs familles. Mais le dernier jour de juin 1917, son ami André Rouveyre annonce à Diaghilew, Fokine, Karsavina, Picasso et Marcelle Meyer la mort d'un grand artiste. Antonio de La Gandara n'avait alors que 55 ans. Surnommé le peintre gentilhomme, admiré des femmes pour sa beauté et de tous pour sa distinction, Antonio de La Gandara repose au cimetière du Père Lachaise à Paris.
On retient aujourd'hui de cet artiste remarquable ses portraits, de fascinantes vues de Paris et ses natures mortes. Quelques œuvres inhabituelles, comme trois Don Quichotte et La Belle et la Bête. Mais aussi les lithographies d'une grande délicatesse qu'il produisit vers 1895 et 1896 et qui attirèrent l'attention du public lors des expositions « Art Nouveau » chez Bing. Antonio de La Gandara illustra quelques ouvrages littéraires dont Les Danaïdes de Camille Mauclair et une rare édition des Chauves-Souris du poète Robert de Montesquiou.
Il exposa à Bruxelles, à New York, à Boston, à Saragosse, à Barcelone, à Munich, à Berlin, à Dresde, villes où la critique souligna les qualités de ce peintre qui refusait de se plier aux courants artistiques à la mode de son temps. Mais de son temps il fut un témoin exceptionnel. Un acteur, aussi, pour Edmond de Goncourt, Jean Lorrain, Marcel Proust, André Rouveyre, Apollinaire, ou pour le comte de Montesquiou qui le citent dans leurs œuvres.