Bataille de Tourtour

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La bataille de Tourtour, en 973, vit la victoire du comte Guillaume de Provence sur les Sarrasins.

[modifier] Introduction

Depuis plusieurs dizaines d'années, les Sarrasins avaient fait construire plusieurs forteresses en Provence. Leur repaire le plus puissamment occupé et fortifié s'appelait le Fraxinetum et se trouvait à La Garde-Freinet. Les Sarrasins se servaient de ces bases militaires pour effectuer de temps en temps des raids de pillage. Au début, les seigneurs provençaux restèrent passifs.

Cependant, au début de l'année 973, les Sarrasins commirent une erreur. Né à Valensole, saint Maïeul, l'abbé de Cluny, était vénéré par les Provençaux. Sachant cela, les Sarrasins pensèrent qu'en enlevant saint Maïeul, ils obtiendraient une rançon des Provençaux pour la libération de leur vénéré abbé. Les Sarrasins réussirent à capturer saint Maïeul et emmenèrent leur captif en lieu sûr. Se refusant à laisser l'abbé de Cluny aux mains des Sarrasins, les moines de Provence réussirent à obtenir la somme demandée en rançon. Tenant parole, les Sarrasins libérèrent leur otage.

Les Provençaux étant vexés, les moines provençaux se chargèrent de soulever chez eux une véritable furie guerrière à l'encontre des Sarrasins. Afin d'atteindre cet objectif, les moines racontèrent l'histoire de l'enlèvement dans toutes les paillasses de Provence. Il n'en fallut pas plus. Vexés à leur tour, les paysans, les guerriers et les nobles Provençaux demandèrent à leur comte Guillaume de mener une offensive qui aurait pour but de chasser définitivement les Sarrasins hors de Provence. Ayant également peu apprécié les manières des Sarrasins, le comte Guillaume de Provence, appelé par la suite le Libérateur, répondit affirmativement à l'appel de ses sujets et leva l'ost. De nombreux guerriers de Provence, mais aussi du Bas-Dauphiné et de Nice formèrent l'armée du comte Guillaume.

[modifier] Déroulement

Sachant que la principale base des Sarrasins était la Garde-Freinet, Guillaume fixa donc l'axe de son offensive en direction de ce lieu. La stratégie de Guillaume peut se résumer ainsi : avec toutes ses forces, il frappait là où l'ennemi était le plus puissant. Si son offensive connaissait la réussite et que le plus puissant repaire des Sarrasins était détruit, le reste des forces musulmanes de Provence, beaucoup moins fournie, n'aurait aucune chance de résister à une offensive menée par toute l'armée provençale; sans le savoir, Guillaume avait un esprit très clausewitzien.

Renseignés sur les mouvements des Provençaux, les Sarrasins descendirent de la Garde-Freinet avec toutes leurs forces pour engager le combat en rase campagne avec les Provençaux. Le Fraxinetum était pourtant une forteresse sûre. Cinq premières batailles eurent lieu dans les Alpes provençales, à Embrun, Gap, Riez, Ampus et Cabasse. Battus dans tous ces affrontements par les Provençaux, les forces des Sarrasins se regroupèrent à Tourtour. Guillaume ne tarda pas à les rejoindre et engagea à Tourtour la sixième et la plus importante bataille. Écrasés par les Provençaux, les Sarrasins regroupèrent leurs dernières forces, remontèrent à la Garde-Freinet et se retranchèrent solidement dans leur puissante forteresse, le Fraxinetum.

Après avoir donné un peu de repos à ses troupes provençales, Guillaume fit donner l'assaut au Fraxinetum. Les guerriers provençaux des seigneurs de Levens, d’Aspremont, de Gilette, de Beuil et de la ville de Sospel furent désignés pour l'attaque (toutes ces villes se trouvent actuellement dans le département des Alpes-Maritimes). Après avoir atteint le sommet de la Garde-Freinet, les Provençaux attaquèrent les retranchements du Fraxinetum, en chassèrent les Sarrasins, et enfin s'emparèrent entièrement de la forteresse. Encore une fois battus, les Sarrasins trouvèrent un dernier refuge dans une forêt voisine. Cependant, poursuivis vivement par les Provençaux, ces derniers soldats sarrasins furent vite neutralisés. Ils furent soit tués ou faits prisonniers. Alors que la forteresse de la Garde-Freinet fut entièrement rasée, les Sarrasins qui eurent la chance de survivre furent baptisés et réduits à l'esclavage. Apprenant la perte du Fraxinetum, les dernières troupes musulmanes quittèrent la Provence sans attendre l'arrivée des troupes provençales.