Histoire d'Arles
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À l'entrée du delta du Rhône se trouve Arles, une ville de 2 500 ans.
Proto-ville celto-ligure (Arelate, la ville des marais), temporairement emporion et cité grecque au Ve siècle av. J.-C. (Théliné, la nourricière), la cité passe ensuite sous domination indigène puis Marseillaise.
En 46 av. J.-C., elle acquiert le statut de colonie romaine (COLONIA JVLIA PATERNA ARELATE SEXTANORVM) puis se transforme en résidence impériale sous l’empereur Constantin Ier avec le surnom de Constantina. En 407, elle accueille jusqu’à la chute de l’Empire, la préfecture des Gaules transférée de Trèves et demeure ensuite un refuge de la romanité sous les Wisigoths, Burgondes, Ostrogoths et Francs qui tour à tour en prennent possession. Les VIe, VIIe et VIIIe siècles, avec les invasions, sont difficiles pour la cité qui est prise et mise au pas en 739 par les Carolingiens.
Au Moyen Âge, la cité devient capitale du Royaume d'Arles puis résidence des premières dynasties des comtes de Provence. Après une période de conflits, au cours de laquelle Arles essaye de s'émanciper, la ville passe sous la domination des dynasties Angevines et perd peu à peu son importance politique, commerciale et ecclésiastique. En 1483, elle est finalement rattachée avec la Provence au Royaume de France.
Sous l’Ancien Régime, Arles s'embellit d'hôtels particuliers, et à partir des années 1850 se transforme profondément de gros bourg agricole et portuaire en une ville ouvrière avec l'arrivée du chemin de fer. Il faut finalement attendre la fin du XIXe siècle pour voir la cité s'agrandir au delà de son enceinte médiévale et s'orienter vers des activités plus touristiques en relation avec son patrimoine historique et ses manifestations.
Arles est classée ville d'Art et d'Histoire. Les monuments romains et romans de la ville sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité depuis 1981.
Sommaire
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[modifier] Avant les Romains
[modifier] de l'an -1000 à -400
Vers 800 av JC av. J.-C., la région rhodanienne et provençale occupée par les Ligures voit l'arrivée progressive de Celtes, d'où le terme celto-ligure s’appliquant par la suite aux indigènes. À Arles, des objets provenant de différents sondages, en particulier du site de l’hôpital Van-Gogh attestent l'existence d'une occupation sur cet îlot rocheux dès la fin la fin du VIIe siècle et durant les trois premiers quarts du VIe siècle av. J.-C. La population est alors indigène et fait partie des Nearchi [3], peuple établi sur une partie de la Crau et des Alpilles. Cette population, dès cette époque, est en relation commerciale avec les navigateurs méditerranéens initialement puniques et étrusques, puis grecs[4], qui s'engagent dans la basse vallée du Rhône en remontant le fleuve.
Les relations évoluent ensuite vers la colonisation. En 600 av. JC, les Phocéens, marins grecs originaires d’Asie mineure fondent la ville de Marseille et s'installent en Provence. Très rapidement, ils créent des comptoirs sur le littoral et aux embouchures des fleuves. Sur le site d'Arles, il s'agit de Théliné (La Nourricière)[5] fondée vers 540 av. JC - 530 av. JC comme évoqué par Avienus : Là s'élève la cité d'Arles, nommée Théliné aux siècles précédents, lorsque le Grec l'habitait [6]. Initialement, cette implantation caractérisée par une brutale amplification d'une présence humaine et des activités économiques, se traduit par la création d'un emporion sur le rocher d'Arles par des immigrés grecs et des refugiés d'Alalia[7] qui évolue rapidement autour des années 500 av. JC - 490 av. JC, vers la fondation d'une colonie structurée quant à l'organisation de son habitat. Cette fondation souligne l'intérêt commercial de la cité qui offre un débouché vers les régions septentrionales, notamment pour la diffusion des vins. Les fouilles récentes donnent quelques indications sur cette période :
- Sous les cryptoportiques romains, au cœur de l'agglomération, apparition de vestiges architecturaux à murs porteurs structurés autour de voies à revêtements datés du dernier quart du VIe siècle av. J.-C.
- Au sud de la ville, transformation de l'emplacement du Jardin d'hiver qui devient un quartier habité à la fin du VIe siècle av. J.-C. et dont l'urbanisme se développe au cours du Ve siècle.
Cette composante hellénique de la ville d'Arles va générer une dynamique culturelle qui va s'étendre sur plusieurs siècles jusqu'à la fin de l'antiquité tardive et le début du Haut Moyen Âge[8].
[modifier] de l'an -400 à -200
Une rupture se produit au début du IVe siècle av. J.-C. Probablement lors de la poussée celte[9], la cité revient sous domination autochtone vers 400 av. JC - 370 av. JC et reprend son patronyme d'Arelate (la ville des marais) : le lieu situé près (are) de l'étang (late). Le quartier du Jardin d'hiver évoqué ci-dessus est restructuré en plusieurs étapes, d'abord au IVe, puis au IIIe siècle av. J.-C. À partir de cette date et pendant environ trois siècles jusqu'à la création de la colonie romaine en 46 av. J.-C., la cité va entretenir des relations mouvementées avec sa voisine Marseille.
C'est dans ce contexte qu'il faut analyser un évènement particulier : la traversée du Rhône par l'armée Hannibal.
À la fin août 218 av. JC lors de la Deuxième Guerre punique, Hannibal franchit le Rhône à quatre journées de marche de la mer[10], soit probablement au nord d'Arles entre Tarascon et Avignon. Ce passage semble précipité car Hannibal redoute l'arrivée de forces romaines. Scipion débarque en effet à (proximité de ?) Marseille avec plusieurs légions pour lui interdire le passage du Rhône mais arrive trop tard; seul un détachement de cavalerie entre en contact avec les troupes d'Hannibal [11]. Polybe précise : P Cornelius met ses troupes à terre, à l'embouchure du Rhône, qu'on appelle embouchure de Marseille.
Les sources historiques ne permettent pas de connaître la position politique exacte des arlésiens à cette date. Ni le grec Polybe, ni le latin Tite-Live qui décrivent ces événements ne citent une seule fois le nom d'Arelate, ce qui est d'autant plus étonnant que les troupes de Scipion remontant le Rhône ont du passer par la cité. Toutefois, l'itinéraire retenu par Hannibal, au nord d'Avignon, indiquant le choix d'un trajet dans une région hostile à Rome, peut laisser penser que les Arlésiens soumis à l'autorité marseillaise suivent la politique pro-romaine de la cité phocéenne.
Mais la question est ouverte : d'après Patrice Arcelin[12], Arles aurait été plutôt à dominante ethnique indigène à partir du IVe siècle. Il relève que les anciens ne la considéraient pas comme une colonie de Marseille (elle ne figure pas dans les nomenclatures préaugustéennes).
À la fin du IIIe siècle av. J.-C., Arles participe probablement à la fédération des Salyens qui se forme à partir de la réunion des « Celto-Ligures » de Provence autour de centres proto-urbains, placés sous le contrôle d'une aristocratie locale. Pour expliquer cette évolution, plusieurs hypothèses sont formulées, parmi lesquelles il faut citer celle d'un effet des tensions causées par la pression de Marseille.
[modifier] IIe siècle av. J.-C. : installation des Romains en Provence
Au cours du IIe siècle av. J.-C., Marseille s'oppose en effet de plus en plus à la pression croissante des Salyens et des peuples de la Provence orientale, d'abord seule puis avec l'aide de Rome.
- dès le début du siècle, Marseille s'attaque à une série de sites dont Arles[13] qui subit des dégâts importants de manière quasi-concomitante avec une importante crue du fleuve (vers 175 av. JC). Quoi qu'il en soit, ces quartiers périphériques méridionaux, au Jardin d’Hiver, au sud de l’enceinte, au pied du rocher primitif sont par la suite abandonnés jusqu’au moment de l’installation de la colonie romaine vers 46 avant notre ère, l'habitat se repliant alors sur les parties hautes de la ville (par exemple zone de la Commanderie Sainte-Luce). L'historien Polybe décrit certaines coutumes piscicoles et alimentaires camarguaises de l'époque [14].
- peu après, Marseille sollicite Rome d'abord à partir de 182 av. J.-C., puis vers 154 av. J.-C. en Provence orientale
- enfin, la cité phocéenne fait encore appel aux troupes romaines dans les années 125 av. J.-C., cette fois-ci en Provence occidentale pour en finir avec la résistance des Salyens; à cette occasion, les Romains non seulement interviennent mais s'installent en Provence après l'écrasement de la confédération. La ville d'Aix est fondée (122 av. JC) et peu après (118 av. JC) la division administrative de la Narbonnaise créée, permettant ainsi aux Romains de maîtriser la route d'Italie vers l'Espagne (Voie Domitienne). Arles comme les autres cités de la Provence, à l'exception de Marseille qui conserve une certaine autonomie, se trouvent rattachées à la colonie de Narbonne. Toutefois beaucoup d'informations nous échappent et certains historiens n'hésitent pas inclure dès cette époque la cité arlésienne dans la zone d'influence de Marseille.
Les nouveaux maîtres d'Arles ne favorisent guère la cité dont nous trouvons la mention du nom, pendant de longues années, que dans de rares textes, tels ceux de Polybe[15]. Les événements ne sont pas peut-être pas alors propices à un développement car moins de vingt ans après l'implantation des légions romaines, la Provence est aux prises avec des peuples venus de l'Europe du Nord qui, voulant piller l'Italie, menacent la Provence.
Après la déroute romaine d'Arausio (Orange) le 6 octobre 105 av. JC, le consul Marius intervient dans la région d'Arles pour interdire aux troupes barbares l'accès de l'Italie. Plutarque dans la Vie de Marius nous décrit cet épisode[16]. Pendant deux ans, stationné au nord-est d'Arles, probablement sur la zone appelée la Montagnette d'où on peut contrôler les mouvements éventuels des barbares, Marius occupe ses troupes à des travaux logistiques : la construction des Fosses Mariennes, un canal de Fos à Arles à travers les étangs permettant d'éviter la remontée difficile du Rhône en aval de la cité. Il écrase finalement les Teutons en 102 av. JC à Pourrières près d'Aix-en-Provence, puis les Cimbres en Gaule cisalpine, près de Verceil en 101 av. JC.
Après ces victoires, Marius abandonne l'usage de la nouvelle voie d'eau aux Marseillais. Par cette faveur contraire aux intérêts d'Arelate, cette dernière se trouve plus encore sous la dépendance de sa puissante voisine. Strabon souligne les avantages accordés à Marseille : les Marseillais en tirèrent un grand profit par les taxes perçues sur les transports remontant et descendant le fleuve. Arelate n'en est pas moins desservie par un canal qui fait d'elle un port à la fois fluvial et maritime. Cette situation privilégiée jouera un rôle important quelque soixante ans plus tard, lors du conflit entre César et la ville de Marseille.
[modifier] Époque romaine
[modifier] Ier siècle av. J.-C. : Arles devient une colonie romaine
Au début de ce siècle, en 90 av. JC puis en 83 av. JC [17], il est signalé de nouvelles révoltes salyennes facilement matées, mais les informations ne permettent pas de connaître exactement ce qui se passe dans la cité arlésienne lors de ces conflits. Toutefois quelques éléments archéologiques comme la création d'un cimetière sur une zone précédemment urbanisée (quartier de l'hôpital Van Gogh), laissent supposer un nouveau repliement de l'habitat vers un réduit mieux défendu.
La chance d'Arles survient lors de la Guerre Civile dans les années 50 av. J.-C.. En effet Marseille hésitant à choisir un parti et refusant de suivre César, entre de facto en conflit avec lui. Jules César se trouve alors un allié de poids avec la cité d'Arles qu'il désigne par Arelate dans le Bellum Civile (I, 36, 4) :
- Naves longas Arelate numero XII facere instituit
- (Il fit construire à Arles douze vaisseaux de guerre)
Ces vaisseaux, construits en mois d'un mois, vont lui permettre de gagner sa bataille contre Marseille en 49 av. J.-C.
Pour récompenser Arles de cette aide, il va charger Tibérius Claudius Néro[18], père du futur empereur Tibère de fonder la colonie romaine d’Arles (automne 46 av. J.-C) en y établissant les vétérans de la VIe légion. Les colons de cette nouvelle province disposent d'un territoire pris sur celui de Marseille qui s’étend du Rhône à la Durance et jusqu’à Hyères, soit pratiquement l’équivalent des départements actuels des Bouches-du-Rhône et du Var. Le premier gouverneur d'Arles est Decimus Junius Brutus[19].
Un moment compromise par l'assassinat de César le 15 mars 44 av. J.-C qui permet à Marseille de remettre en cause cette création, la fondation trouve un nouvel élan grâce à Octave, (neveu et fils adoptif de Jules César), le futur empereur Auguste, engagé dans sa marche vers le pouvoir et soucieux de rassembler dans sa clientèle politique les fidèles de son père adoptif. La titulature officielle de la colonie, formulée sous le règne d'Auguste, exprime avec force cette filiation : COLONIA JVLIA PATERNA ARELATE SEXTANORVM [20]. Octave vient lui-même à Arles probablement vers 40 av. J.-C, pour organiser ce bastion de la puissance romaine.
Avec la création de la colonie, les Arlésiens, libérés de la tutelle ou influence marseillaise[21], deviennent de véritables citoyens romains avec la possibilité de prendre part aux délibérations du peuple dans les assemblée de la capitale lorsqu'ils s'y rendent. À ce titre, les Arlésiens sont inscrits sur les registres d'une des tribus de Rome, la tribu Teretina.
À cette date, vers 40 av. J.-C, un plan d'urbanisme monumental est lancé portant sur l'aménagement de vastes espaces publics et la construction des trois édifices majeurs : le forum, l'arc du Rhône et le théâtre, ce dernier dominant la colline de l'Hauture. L'ambition d’un tel projet laisse supposer que sa conception et sa maîtrise relèvent directement du plus haut niveau de l'État. Cette première urbanisation de la colonie romaine qui se termine à la fin du Ier siècle av. J.-C. est appelée Augustéenne.
- le forum est la première grande réalisation urbaine de la récente colonie romaine, vers 30-20 av. J.-C. Conformément aux usages de l’urbanisme romain, ce forum prend place à l’intersection des deux voies majeures de la cité : le cardo (nord-sud) et le decumanus (est-ouest).
- le théâtre, commencé vers 40/30 av. J.-C est achevé vers l’an 12 av.J.-C; il s'inscrit dans le quadrillage romain, sur le decumanus.
- l'arc, appelé l’arc du Rhône ou arc Constantin[22] est daté de la fin du Ier siècle av. J.-C. ; construit à proximité immédiate du Rhône à l'extrémité actuelle de la rue du docteur Fanton, il est détruit par décision des consuls au XVIIe siècle.
- la première enceinte romaine, dont l'historien F. BENOIT reconnait des vestiges dans les substructions de la tour des Mourgues[23] au sud-est de la cité[24], est érigée.
La fortune initiale de la ville date de cette époque et cette première période va durer presque trois siècles jusqu'aux invasions barbares du milieu du IIIe siècle.
[modifier] Ier siècle
En effet, Arles est une ville importante à l’époque romaine, dont elle a conservé de nombreux vestiges, en particulier les arènes et la nécropole des Alyscamps.
Strabon en 18 de notre ère, signale le rôle commercial de la cité[25] et un peu plus tard Pline l’Ancien[26] mentionne Arelate Sextanorum (Arles colonie des Sextaniens).
Dès le début du siècle une voie romaine, la voie Agrippa, unit la ville à Vienne et Lyon.
En 92, l'empereur Domitien promulgue un édit sur la vigne dans l’Empire Romain avec interdiction de planter de la vigne et obligation dans les provinces d’arracher la moitié du vignoble afin d’éviter la surproduction. Cet édit suscite une opposition, en particulier en Provence, et la mesure reste inefficace et sans lendemain.
Arles bénéficie également d'un nouveau plan d’aménagement urbain à la fin du Ier siècle en raison de expansion de la cité liée au développement économique et commercial : en effet après la première urbanisation augustéenne, dès le siècle suivant, durant la dynastie flavienne (69-96) la ville déborde des remparts initialement élevés sous Auguste. Ce nouveau projet nécessite la modification du tracé nord de la première enceinte romaine pour permettre la construction des arènes dans les années 80.
[modifier] IIe siècle
Au IIe siècle, la ville s'enrichit avec la construction du cirque romain (vers 150) au sud-ouest de la ville. Le cœur de la cité est également remodelé et au sud le rempart est percé tandis qu'un quartier suburbain se développe dans le prolongement du cardo, et qu'un nouvel établissement thermal est créé. À Trinquetaille, sur la rive droite du Rhône, l'occupation limitée du Ier siècle se transforme en un vaste quartier résidentiel doublé d'un quartier artisanal et commercial. Ces travaux montrent que les aménagements de l’époque flavienne, notamment la construction des arènes, vers 80, se sont poursuivis jusque sous l’empereur Antonin le Pieux, à l’apogée de l’Empire.
On connait quelques arlésiens dont la renommée est parvenue jusqu'à notre époque, par exemple Favorinus, citoyen romain d'origine gauloise, philosophe et homme de lettres.
Arles est aussi le centre d’une région agricole céréalière très importante exportant ses blés à Rome. À cette époque, il faut noter que les terres du delta plus surélevées que maintenant par rapport au niveau marin, donc moins salées, permettent la culture céréalière dans de bonnes conditions.
[modifier] IIIe siècle : le début du christianisme et les premières invasions
Si la légende date du second quart du siècle la présence de saint Trophime le premier évêque d'Arles, l'existence de l'Église arlésienne est toutefois avérée dès 254 dans une lettre[27] de saint Cyprien adressée au pape Étienne Ier.
La tradition historique (Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs) [28] rapporte également que les faubourgs de la ville auraient été incendiés et pillés peu après par des troupes barbares (Alamans) conduites par un certain Chrocus dans le contexte des invasions de la seconde partie du IIIe siècle (en 257, entre 268 et 278, puis entre 289 et 292), ce que semble confirmer l'archéologie. L'expansion des quartiers suburbains est en effet arrêtée par des incendies et destructions durant les années 250-270. Le même phénomène est observé sur la rive droite (Trinquetaille) où de riches maisons sont détruites à la suite d'un grand incendie survenu vers 260/275. Peut-être que des travaux de fortification, à l'instar de ceux entrepris dans de nombreuses cités[29] sont alors réalisés
Le développement urbain ne reprendra que sous Constantin, avec une nouvelle croissance politique et administrative.
[modifier] IVe siècle : Arles, ville impériale
Au début du siècle, les persécutions de Dioclétien contre les chrétiens ont laissé trace à Arles d'une légende (peut-être vraie) : le martyr de saint Genest[30]. Sous cet empereur qui entreprend une vaste réorganisation des Provinces, le territoire d'Arles est considérablement diminué du côté de l'est, au bénéfice d'Aix et de Marseille[31].
Dès les années suivantes, l'histoire de la ville est intimement mêlée à celle de Rome. En 308, Maximien chassé par ses troupes se réfugie dans la cité jusqu'en 310[32]. Puis la victoire de Constantin sur ce dernier au pont de Milvius (312) va bouleverser la destinée de la ville d'Arles.
La cité devient alors la résidence favorite de Constantin[33], devenu l’empereur Constantin Ier qui envisage un moment d’en faire une capitale d’Empire. Il y réside en 314 et 316, son fils Constantin II y naît le 7 août 314 et la cité d'Arles va recevoir peu après, en 328, le surnom de Constantina qu'elle conservera jusqu'en 340. Dès 313, Constatin y transfère l'atelier de frappe d'Ostie et les frappes arlésiennes seront poursuivies durant tout le IVe siècle et au début du Ve. Il fait également construire les thermes de Constantin, si vastes que les érudits du XVIe siècle crurent à un palais (palais de la Trouille).
Le christianisme dès sa reconnaissance par Constantin en 313 (Edit de Milan), se répand dans la société arlésienne, en particulier dans les classes supérieures comme l'illustre le sarcophage découvert en 1974 à Trinquetaille. Ce sarcophage arlésien d'une personne de rang sénatorial est daté du premier quart du IVe siècle. Le christianisme ou plus précisément ses luttes internes deviennent aussi une affaire d'État, et Arles va être le siège de deux conciles organisés par des empereurs :
- en 314 : sollicité par les évêques chrétiens africains pour son arbitrage impérial, Constantin organise un concile à Arles (cf. conciles d'Arles) le 1er août 314 pour y faire condamner le donatisme. Ce concile se déroule probablement dans l'église construite sur un ancien temple antique dédié à la Bonne Déesse et devenue depuis Sainte Marie Majeure, puis Notre Dame de la Major.
- en 353 : un autre suit en 353, organisé et dirigé par son fils Constance II et présidé par l'évêque Saturnin. Ce concile consacrera temporairement l'arianisme.
Lieu d'importants conciles, le diocèse d'Arles se développe et il est probable que la basilique paléo-chrétienne découverte en 2003 ait été construite à cette période, vers le milieu du IVe siècle.
À l'occasion du concile de 353 Arles devient à la fin de l'été 353, ville impériale. Constance après avoir arraché l'Occident à l'usurpateur Magnence réside quelques mois dans la cité et y célèbre des jeux magnifiques marquant ses vicennalia (20 années de règne). On rapporte[34] que l'empereur offre à la ville provençale une représentation grandiose au théâtre le 10 octobre 353.
À peu près à cette époque, vers 365, le poète Ausone dresse un portrait de la ville d'Arles dans un ouvrage recensant les 17 villes les plus importantes de l'Empire :
- Ouvre, Arles, douce hôtesse, ton double port [35], Arles, petite Rome gauloise, voisine de Narbonne et de cette Vienne qu'enrichissent les colons des Alpes.
- Tu es coupée par le cours impétueux du Rhône au milieu duquel un pont de bateaux forme une place où tu reçois les marchandises du monde romain.
- Tu ne le retiens pas et tu enrichis les autres peuples et les autres villes que possèdent la Gaule et le vaste sein de l'Aquitaine.
En 371, Arles est le point de départ de l'expédition organisée par Théodose pour réprimer la révolte des Provinces d’Afrique contre Valentinien.
À la fin de ce siècle (ou au début du Ve, selon d'autres sources), les Romains en font le siège de la préfecture des Gaules qu’ils rapatrient de Trèves trop exposée sur les marches de l’Empire.
[modifier] Ve siècle
[modifier] Arles : une capitale éphémère des Gaules
Après avoir transféré vers 403, la préfecture du prétoire d'Italie de Milan à Ravenne, l'administration impériale déplace en 407[36] celle des Gaules située jusque alors à Trèves sur Arles, Petrone (Petronius) devenant alors le premier préfet du Prétoire des Gaules (402-408) résidant dans la cité provençale. Un siècle exactement après Constantin Ier, la ville connaît une véritable renaissance. En ce début de Ve siècle, Arles est au sommet de sa puissance : c’est une ville épiscopale, administrative, commerçante et fiscale. Sa population supérieure à celle de nos jours, aurait atteint 50 000 habitants, voire 80 000 d’après certains, ce qui en faisait alors la cité la plus peuplée de Gaule.
Toutefois, cette prospérité n’exclut pas les menaces d’invasions. Afin de les prévenir, un général romain Constantin III s’établit dans la cité en 407[37]. Il ambitionne de se faire reconnaître par l’empereur légitime Honorius qui, se sentant menacé, lui envoie en 411 une armée conduite par le patrice Constance. Après trois mois de siège, la ville se rend au cours de l’été et Constantin malgré une reddition négociée, est livré à Honorius et exécuté. Constance réside jusqu'en 414[38] dans la cité. Avec des forces militaires insuffisantes, il doit en effet faire à l'anarchie qui règne en Gaule et en Espagne avec des Wisigoths qui agissent en nomades[39]. Constance fait également le ménage à la tête de l'archevêché : l'évêque d'Arles Héros nommé par Constantin III est alors chassé, tout comme son collègue l'évêque d'Aix Lazare. À Arles, Heros est remplacé par l'ambitieux Patrocle (412-† 426).
La période autour des années 407-416, est donc une période agitée pour la cité ainsi que le rappelle l'empereur Honorius[40].
Si Arles est une capitale, elle est aussi un évêché très influent. Les prélats d'Arles, conscients de l'importance de leur diocèse, sont sans cesse en conflit avec leurs collègues de Vienne ou de Marseille pour essayer d’asseoir la primauté de l’église d’Arles en Gaule. Ils y réussissent temporairement lorsque le 22 mars 417, Zosime qui vient d'accéder à la papauté élève l'Église d'Arles au rang de primatiale des Gaules en faveur de son évêque Patrocle. Toutefois ce privilège est de courte durée : il est annulé dès 418 par Boniface Ier, le successeur de Zosime.
Honorius renforce le rôle de la cité par l'édit du 17 avril 418, reçu à Arles le 23 mai[41] : Arles est choisie comme lieu d'assemblée annuelle des sept-provinces, laquelle assemblée doit se tenir chaque année entre le 13 août et le 13 septembre, en présence du préfet du prétoire, des gouverneurs des provinces, des nobles revêtus de dignités officielles et des députés des curies. À cette occasion, l'empereur souligne l'importance commerciale de la cité :
- si avantageuse est la situation d'Arles, si grand le nombre des marchands qui s'y rencontrent, que l'on y apporte facilement les produits de tous les pays… Tout ce que les riches contrées de l'Orient, l'Assyrie délicate, l'Afrique fertile produisent de meilleur, tout cela se montre à Arles comme si la ville elle-même en était le pays d'origine.
À côté des chrétiens, la présence de juifs à Arles est attestée dès 425, lorsque l'empereur Valentinien III montant sur le trône de l’empire, fait parvenir un décret à Patrocle l’évêque de la cité et à Amatus le préfet des Gaules, dans lequel il stipule l’interdiction faites aux Juifs d’occuper des fonctions judiciaires, de servir dans l’armée et de posséder des serviteurs chrétiens. Cette présence est confirmée en 443 par les canons du concile[42] tenu à Arles puis en 449 lors des funérailles de l'évêque Hilaire (429-449) (on entendit chanter les Psaumes en hébreu par les juifs d'Arles)
Sous l'épiscopat de cet entreprenant "moine-évêque", la ville se transforme. Le groupe épiscopal du IVe siècle est transféré du sud-est de la ville, vers le centre (actuelle place de la République) où la communauté chrétienne arlésienne commence la construction de la cathédrale Saint-Étienne qui deviendra plus tard Saint-Trophime. L'Église d'Arles, sans doute avec l’accord du pouvoir civil, n'hésite pas à piller les monuments romains en les utilisant comme carrières, comme par exemple le théâtre antique[43] en raison de sa proximité avec la nouvelle basilique et de l'hostilité chrétienne aux comédiens. En 428, une anecdote rapporte à la fois la célébration annuelle du martyr de Saint Genès et l'écroulement du pont de bateaux d'Arles sous l'affluence des fidèles qui traversent d'une rive à l'autre « sans d'ailleurs, par miraculeuse protection, qu'il y eût de victimes » [44].
Au même moment, c'est-à-dire vers 430, apparaît le phénomène des habitations parasitaires, pour l'essentiel modestes, dans certains bâtiments et espaces publics. Deux hypothèses sont avancées pour expliquer ce phénomène : d'une part la croissance de la population due au transfert de la Préfecture depuis Trèves et à l’installation d’administrations impériales, et d'autre part la recherche d’une protection améliorée auprès des remparts de la ville.
En effet Arles subit des assauts, en 425 quand le général romain Aetius oblige les Wisigoths à la retraite devant la cité divisée sur la politique vis-à-vis des barbares[45], puis en 430. Lors d'une brève période d'accalmie, en 449, Sidoine Apollinaire assiste à dix-neuf ans, debout à côté de la chaise d'ivoire de son père[46], aux fêtes données à Arles pour l'inauguration du consulat d'Astère et de Protogène. Dès 453, la cité est à nouveau attaquée par les Wisigoths qu'elle réussit à repousser grâce à la résistance et à la diplomatie de Tonance Ferréol, préfet du prétoire des Gaules[47].
Entre temps, la ville d'Arles sert de base à des préparatifs militaires. Au printemps 451, Aetius s’attarde dans la cité pour obtenir des renforts contre Attila qu'il vaincra en juin devant Orléans, puis en septembre lors de la bataille des champs Catalauniques, près de Troyes.
[modifier] La fin de l'Empire romain
Après la mort de Aetius (454) et Valentinien III (455), les rois barbares fédérés ne se sentent plus liés à l’Empire romain, et cherchent tous à agrandir leurs territoires. La ville d'Arles, pendant les vingt-cinq ans qui suivent, est ainsi mêlée à de nombreux événements marquant la fin de l'Empire (455-480).
Le 9 juillet 455 à Arles (à Beaucaire, d’après d’autres sources), Avitus est proclamé empereur d’occident (455-456), avec l'appui du roi wisigoth Théodoric II. Mais cette action tourne court : ne pouvant se maintenir à Rome qu'il doit quitter à la suite d'un coup d’État, Avitus retourne se réfugier à Arles où après avoir rassemblé des troupes[48], il tente de reconquérir son titre en Italie. Lors de cette nouvelle campagne Avitus est capturé par le patrice Ricimer le 17 août 456, et bien qu'épargné[49], il craint toujours pour sa vie. C'est en essayant de trouver refuge en Gaule - probablement à Arles- qu'il périt assassiné quelques semaines plus tard.
Emblème de la richesse romaine, la cité continue de susciter de nombreuses convoitises. Elle est encore assiégée sans succès pendant deux ans (457-458) par le wisigoth Théodoric II et ne doit son salut qu'à l'intervention de l'empereur Majorien qui s'y installe à la fin de l'année 458. Il y réside jusqu'au printemps 461.
Les fastes romains se perpétuent alors : ainsi on signale des jeux du cirque organisés en janvier 461 par le consul Severinus en l'honneur de Majorien qui y prend part, et la même année, Sidoine Apollinaire souligne le luxe d'une réception chez un notable arlésien[50]. Toutefois, la politique de Majorien se remarque par des mesures sociales, telles que des remises d’arriérés d’impôts, et elle essaie de limiter les accaparements de l’Église (captation d'héritage, mise au couvent des jeunes filles…), ce qui illustre les rapports de l'Église avec la société civile, y compris à Arles sous les épiscopats de Ravennius, Augustal ou Léonce. Sidoine Appollinaire nous dresse également une description du forum, encombré de colonnes et de statues et de l'atmosphère politique régnant alors dans la cité.
À partir de 471, les événements se précipitent. À cette date, l'empereur Anthémius essaye d'intervenir en Gaule pour contenir les Wisigoths en y envoyant une puissante armée. Son fils Anthemiolus en prend la tête, accompagné par trois généraux, Thorisarius, Everdingus et Hermianus. Ils rencontrent les troupes d'Euric près d'Arles où l'armée romaine est écrasée et tous les quatre tués[51].
Finalement, après avoir résisté à un nouveau siège en 472, la cité est prise par les Wisigoths en 473 ainsi que la ville de Marseille. Possessions temporaires, car après la cession de l'Auvergne aux troupes d'Euric, la Provence revient temporairement sous l'autorité romaine (475). À ce propos, il convient de souligner le rôle central de l'évêque d'Arles Léonce dans ces événements. Il participe, en effet, avec ses collègues évêques, Groecus de Marseille, Basile d'Aix et Fauste de Riez, aux négociations[52] avec Euric à la demande de l’empereur Julius Népos.
Les transactions ayant échoué, Euric poursuit ses conquêtes en se rendant d'abord maître d'Arles et de Marseille, et de là toute la partie de la Provence en deçà de la Durance au cours de l'année 476 (ou 480). Pour mémoire Euric, qui aimait la cité d'Arles, y meurt lors d'un séjour en novembre ou décembre 484.
Cette fin de siècle est marquée par le déclin d'Arles qui a vu ses campagnes dévastées et qui perd son rôle de capitale régionale (disparition du préfet du prétoire à Arles). Le réaménagement de la ville commencé dans les années 430, continue : au-dessus des cryptoportiques, un habitat prend possession du dallage du forum augustéen et il y a peut-être dès cette époque, un habitat dans les arènes comme au cirque. Ce déclin profite à Marseille qui connaît un regain d'activité, ainsi que le signale dès 475 Sidoine Apollinaire.
On peut donc dire qu'à la fin de ce siècle, la ville d'Arles et la Provence occupent sur le plan politique une position moyenne, voire de faiblesse. Elles vont ainsi devenir un objet de convoitise pour leurs voisins.
[modifier] Haut Moyen Âge
[modifier] VIe siècle
[modifier] La fin de la romanité
Passée sous la domination du roi burgonde Gondebaud au plus tard en 499 ou 500, la ville repasse en 501 à l'occasion d'un conflit entre Francs et Burgondes sous le contrôle des Wisigoths; en effet, pour se défendre de son frère Godegisele et de Clovis qui l'assiègent à Avignon, Gondebaud doit s'allier avec le roi Wisigoth Alaric II qui profite de la situation pour récupérer la cité.
Après les Burgondes, les Francs associés et réconciliés avec Gondebaud et poussés par l'Église à intervenir contre les Wisigoths ariens, essayent à leur tour d'accéder à la mer. Ils font alors plusieurs tentatives pour s'emparer de la cité d'Arles :
- une première fois, par Thierry, fils de Clovis, (qui) après avoir remporté une victoire à Nîmes est battu près d'Arles, puis dans la plaine de Bellegarde probablement au printemps 502 juste avant la mort de l'évêque d'Arles d'origine bourguignonne Eon, qui comme son successeur Cesaire rachète les prisonniers francs et burgondes aux Wisigoths,
- puis en 507-508, après la bataille de Vouillé et la mort du roi Alaric.
Lors de cette seconde tentative, la cité assiégée est secourue par les Ostrogoths de Théodoric le Grand[53]. Après la libération de la ville, le roi Ostrogoth ravitaille les habitants, finance la restauration des remparts et prend la cité sous sa protection. Il nomme également un vicaire des Gaules (vicarius galliarum) dans la cité dès 508.
Les années 510-540 qui suivent correspondent à un période de tranquillité avec deux hommes illustres : Libérius (510-536), le préfet du prétoire des Gaules (præfectus prætorio galliarum) dont la fonction[54] est rétablie en 510 par Théodoric, et l'évêque Césaire d'Arles (503-542), qui bien que suspecté à plusieurs reprises de trahison en raison de ses sympathies burgondes et franques, réussit à se justifier aussi bien devant Alaric à Bordeaux en 505 que devant Théodoric à Ravenne en 513.
Lors de ce voyage en Italie, Césaire reçoit du pape Symmaque le droit de porter le pallium et devient par la suite son représentant en Gaule[55]. À cette époque, l'évêque d'Arles évangélise les campagnes encore fortement imprégnées de cultes païens ou romains en transformant si nécessaire d'anciens lieux cultuels en édifices chrétiens. En 532, il crée ainsi un monastère ou une église en Camargue, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, ce qui confirme la présence probable d'un temple païen plus ancien en ces lieux. À Arles même, après avoir fait une première tentative hors des murs dans les années 506-507, il installe finalement le 26 août 512 le monastère Saint-Jean dans l'angle sud-est du rempart où sous le nom de Saint-Césaire, il est demeuré jusqu'à la Révolution. Les sermons de saint Césaire nous apportent également de nombreuses informations sur la vie quotidienne de la citée et sur ses artisans.
Protégée par le soutien militaire bienveillant de Théodoric, la ville échappe jusqu'aux début des années 530 aux ambitions Burgondes et Franques. Une première fois menacée en 534 par Théodebert[56], la cité est cédée ou plus exactement vendue en 536 avec la Provence par les Ostrogoths qui en conflit en Italie sont dans l'incapacité de défendre cette province. Au cours de l'hiver 536 / 537, Théodebert fils de Thierry et son oncle Childebert viennent prendre possession de leur nouvelle acquisition, président dans la cité des jeux à l'antique et font frapper des monnaies à leur effigie. Arles devient ainsi ville franque sous l'autorité de princes chrétiens et non plus ariens, et pour la première fois, obéit à des maîtres nordiques étrangers aux traditions romaines.
Malgré les conflits entre les descendants de Clovis, des liens particuliers sont alors établis entre la royauté et l'évêché; il faut se rappeler en effet que la désignation des évêques par les rois mérovingiens est devenu la règle au milieu du VIe siècle. Ainsi, en 548, le pape Vigile (537 à 555) à la demande du roi Childebert Ier nomme Aurélien vicaire du Saint Siège dans les Gaules et lui accorde le pallium. La même année (d'autres sources indiquent 547), Aurélien fonde à Arles un monastère pour hommes sur ordre du roi Childebert. Ce monastère intra-muros, dénommé des Saints-Apôtres, est à l’origine de l’église Sainte-Croix dans le Bourg-Vieux. Toujours à la même époque un concile est tenu à Arles, le 28 juin 554 sous la direction de l'évêque Sapaudus, au cours duquel l'église Notre-Dame est consacrée. C'est à Arles aussi que, vers 567, une épouse de Gontran roi de Bourgogne (561-591), est enfermée chez des moniales arlésiennes.
[modifier] Les catastrophes de la fin du VIe siècle
La seconde moitié du siècle est marquée par des épidémies, des troubles et des catastrophes naturelles.
Dès la fin des années 540, Arles est frappée par la peste, appelée peste de Justinien et évoquée à plusieurs reprises par Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs : il la cite en particulier à Arles en 549 (cette province est cruellement dépeuplée). Quelques années plus tard, l'épidémie toujours présente emporte l'archevêque Licerius (586-588).
La ville subit également le contrecoup de conflits entre Francs neustriens de Gontran (à l'ouest), austrasiens de Sigebert (à l'est) après le partage de 561 et la création du couloir austrasien reliant l'Auvergne à Marseille et isolant Arles. Le territoire Provençal est aussi ravagé par les Lombards qui descendent à partir de 569 des vallées alpines et la cité est également affectée par les Wisigoths. Arles est ainsi assiégée à de nombreuses reprises :
- en 570 deux fois, initialement par les généraux Austrasiens Firmin et Audovère qui s'emparent de la cité, puis par les troupes du comte burgonde Celsus envoyées par Gontran qui bénéficiant d'un stratagème de l'évêque Sapaudus, écrasent l'armée austrasienne et reprennent la ville [57],
- en 574 par les Lombards qui pillent la ville et razzient le bétail de la Crau [58],
- en 587 (ou 585) par les Wisigoths qui en représailles de l'invasion de la Septimanie par Gontran en 585, inondent la ville en détournant les eaux du Rhône. La cité a probablement été deux fois l'objet de représailles, en 585-586 et 587. Au cours de cet épisode, la région et la ville d'Arles sont défendues par Leudegisèle [59], un prince nommé par Gontran, appelé duc de la Provence d'Arles [60].
De nombreux auteurs datent de la seconde moitié du VIe siècle la construction d'une enceinte réduite [61] faite de blocs arrachés aux monuments romains [62] pour limiter le territoire à défendre en cas d'attaque. Appuyée sur la Tour des Mourgues, cette muraille rejoint directement le Rhône en s'appuyant sur l'extrémité sud du Théâtre antique. C'est également à cette époque que les arènes s'adaptent au retour de l'insécurité. Les voilà donc transformées en bastide, sorte de forteresse urbaine qui au fil du temps va se doter de quatre tours et dans laquelle s'intègrent plus de 200 habitations et deux chapelles.
Enfin, la ville et son territoire souffrent de famines (grande famine de 585) et de catastrophes naturelles. En 580, une crue historique noie les faubourgs de la ville ; le cirque romain dévasté ne sera jamais réhabilité.
La fin du siècle est connue grâce en particulier aux échanges épistolaires de l'évêque Virgilius d'origine bourguignonne qui succède à Licerius en 588.
- En 591, le pape Grégoire le Grand réprimande Virgile à la suite de nombreuses plaintes à propos de conversions forcées de juifs chassés d'Orléans qui se réfugient en Provence;
- Le 12 août 595, il lui adresse sa lettre « O quam bona » sur la simonie, pour le mettre en garde contre les méfaits de cette hérésie.
- En 596, on sait également que la cité d'Arles abrite les préparatifs de la mission d'Angleterre; à cette occasion des esclaves anglo-saxons sont achetés[63]. Le 17 novembre 597, Augustin de Cantorbéry est de retour à Arles après avoir converti le roi, la reine et les principaux officiers. À la demande du pape Grégoire Ier, il est consacré archevêque de l'Église d'Angleterre dans la basilique Saint-Trophime par l'archevêque d'Arles, Virgile, alors vicaire du Saint-Siège en Gaules, dans une cérémonie où participent de nombreux évêques.
Finalement au cours de ce siècle, la ville d'Arles se replie sur elle-même. Dès les années 550, on constate la disparition de l’habitat extra-muros avec deux causes probables : la recherche d'un refuge à l’intérieur d’une enceinte réduite plus sûre et/ou la chute démographique induite par la peste. En tout cas, ces troubles et cette diminution de population ruinent l’agriculture arlésienne et la famine règne. La vocation défensive de la cité devient aussi primordiale. Ainsi, à la fin du VIe siècle, Arles et son territoire entrent dans une période difficile.
[modifier] VIIe siècle
En réalité, les informations disponibles sont très fragmentaires ; par exemple on ne connaît aucun évêque d'Arles entre 683 (Wolbertus, mentionné en 683) et 788 (Elifant, 788-794?).
Le VIIe siècle, est très mal connu. Au tout début de ce siècle la Provence comme le reste de la Gaule est soumise à des hivers très rigoureux. La cité à défaut des campagnes dépeuplées par la crise démographique qui suit la Peste de Justinien, semble toutefois relativement florissante grâce à ses activités portuaires. De même, l'archevêché d'Arles joue toujours un rôle important ainsi que le confirment, le pallium et vicariat conférés par le pape Boniface IV, en 613, à l'évêque Florianus.
Sous le règne de Clotaire II (613-629), Arles dispose d'un atelier monétaire qui frappe avec les ateliers de Marseille, Viviers, Valence et Uzès les premières pièces de monnaie avec le nom royal[64]. Arles est alors administrée par les représentants des branches mérovingiennes, soit dans le cadre d'une Provence unifiée, soit de manière individualisée par un duc. Il existe ainsi une Provence arlésienne (en opposition à la Provence marseillaise) de 634 à 656 (sous Dagobert Ier puis Clovis II), de 663 à 673 (sous Clotaire III) puis de 675 à 681 (sous Thierry III) [65]. La présence de cette Provence arlésienne semble aller de pair avec l'existence, comme au siècle précédent sous Gontran, du couloir austrasien. D'après Louis Stouff, à partir de 673-675, un patrice dirige la Provence au nom des souverains francs, mais il ne siège pas à Arles. Il réside à Marseille devenue la capitale de la Provence[66].
On signale également quelques rares événements, comme le concile présidé par l'évêque d'Arles Felix au sujet du célibat des prêtres en 682.
[modifier] VIIIe siècle : la reprise en mains carolingienne
Au VIIe siècle, les marchands orientaux notamment syriens concentrent entre leurs mains le commerce d'importation en Gaule. Celui-ci se poursuit au siècle suivant. Un diplôme de Chilpéric II de 716[67], nous indique par exemple les denrées importées et transitant par Arles ou son port avancé Fos[68]. Henri Pirenne souligne toutefois que les échanges entre l'Occident et l'Orient déclinent fortement dès la présence Sarrasine en Méditerranée occidentale au début du VIIIe siècle. Il constate que des produits orientaux tels que l'or, la soie, le poivre et le papyrus disparaissent pratiquement sous les carolingiens et que le commerce entre l'Occident et l'Orient ne se fait plus que par les négociants juifs, probablement des Radhanites, seuls liens entre l'Islam et la Chrétienté[69].
Vers le milieu des années 710, des troubles sont signalés en Provence occidentale. Un texte de 780[70] fait écho à une révolte conduite par le patrice Anthénor contre le pouvoir franc de Pépin de Herstal, puis de Charles Martel, révolte qui s'accompagne de spoliations de biens ecclésiastiques.
Dix ans plus tard, le danger vient des Sarrasins. Les Sarrasins qui ont traversé les Pyrénées en 720, entreprennent en 725 une grande razzia : ils prennent Carcassonne, le Languedoc jusqu'à Nîmes et s'aventurent dans la vallée du Rhône jusqu'à Autun; Arles étant semble-t-il épargnée.
En 735-739, devant le danger des troupes de Charles Martel, qui descendent le long du sillon rhodanien jusqu'au Languedoc, Arles et Avignon, pour leur défense dirigée par un certain duc Mauronte (Maurontius), font appel en vain aux Sarrasins. Si les historiens s'accordent que les Francs ont bien fait trois raids en Provence, dont deux contre la cité d'Arles (736, 739)[71], ils divergent sur les causes du premier : pour certains, il serait lié à la présence des Sarrasins[72], pour d'autres non[73]. Lors du dernier raid en 739, pour réduire la ville d'Arles, Charles Martel aurait détruit l'aqueduc romain qui, jusqu'à cette date, continuait à alimenter la cité en eau pure. Les tours surmontant l'amphithéâtre datent probablement de cette époque.
D'après Henri Pirenne[74], les Sarrasins auraient à nouveau soumis la côte Provençale et s'y seraient maintenus quelques années jusqu'à ce que Pépin les expulse en 752.
Après la victoire des Francs que ce soit en 739 ou en 752, Arles comme la Provence est mise au pas avec rigueur par le pouvoir carolingien. La fonction de patrice est supprimée et la Provence est organisée en comtés calqués sur le découpage diocésal. Il est probable que dès cette époque le comte d'Arles est au dessus des autres comtes provençaux[75].
Toutefois à la fin du siècle (après 780) apparaît une période de prospérité, la Renaissance carolingienne, qui se met en place en parallèle avec un changement de politique des rois carolingiens en Provence et Septimanie. La vigueur du développement de la chrétienté génère des mouvements centrifuges conduisant à l'éclatement du diocèse d'Arles. En effet, en 794, au concile de Francfort, l'archevêché d'Arles est scindé en trois, les diocèses d'Embrun et d'Aix devenant indépendants. L'année suivante, Charlemagne sécurise son territoire contre les Sarrasins en établissant la marche d’Espagne; le conflit entre les Sarrasins et les Carolingiens[76] se déplaçant alors en Méditerranée occidentale et affectant d'après H. Pirenne, le commerce Occident-Orient. Pourtant en 800, Théodulfe (c.750-821) évêque d'Orléans, de passage dans la cité signale tous les produits qu'on peut y trouver grâce à son port : draps de soie, peaux de Cordoue, encens, ivoire et bien d'autres produits de la Syrie, de la Perse et de l'Inde : Arles est bien à cette époque un port franc prospère ouvert sur le monde méditerranéen.
[modifier] IXe siècle
[modifier] Arles à l'époque des successions carolingiennes
Le Renouveau carolingien se poursuit au début du IXe siècle : on signale par exemple des travaux de drainage de terres marécageuses dans la campagne arlésienne, comme si de nouvelle terres étaient mises en culture.
La ville connaît toujours un commerce florissant; au printemps 802, elle voit passer probablement l'éléphant blanc[77] destiné à Charlemagne et se trouve sur un des itinéraires des marchands chrétiens et juifs qui vont vendre des esclaves à Cordoue (Espagne). Agobard (778-840), évêque de Lyon, reproche par exemple aux juifs d'y amener des chrétiens enlevés à Arles et Lyon [78]. Le comportement de cet évêque, hostile à la communauté juive de Lyon protégée par le roi Louis va générer une migration vers Arles et les cités du midi, ce qui accrédite la présence probable d'une communauté juive importante dans la cité au début du IXe siècle.
L'Église d'Arles a également un rayonnement important. En mai 813, pour remédier à l'état de l'Église, quatre conciles se tiennent sur l’ordre de Charlemagne dans les villes de : Mayence, Tours, Chalon-sur-Saône et Arles. Celui d’Arles à Saint-Trophime est présidé par Jean II archevêque de la cité. Jean II est un prélat important, proche de l'empereur qui lui confiera, ainsi que son fils, plusieurs missions de confiance. Durant tout ce siècle, l'église d'Arles va jouir d'une place exceptionnelle. Elle participe ainsi à presque toutes les grandes assemblées politiques et religieuses carolingiennes. En 824, l'archevêque d'Arles Noton, échange des terres de la campagne arlésienne avec le comte Leibulf (?-ap.829)[79] qui aurait succédé au comte Loup.
Et pourtant, en ce début de siècle, les côtes de Septimanie et Provence commencent à se doter de défense contre les pirates[80] par la construction de tours ou d’églises forteresses comme aux Saintes-Maries-de-la-Mer, à l'embouchure du Rhône de Saint-Ferréol. Mais c'est surtout après la mort de Charlemagne et plus précisément à la fin des années 820, que l’histoire d’Arles va s’inscrire dans le processus de désagrégation de l'Empire carolingien avec la désorganisation du pouvoir civil, les troubles et les invasions.
Vers 830, dès les premières luttes des fils de Louis le Pieux (814-840) contre leur père, la Provence subit l'assaut d'envahisseurs venus de la mer qui attaquent les ports et remontent le Rhône. Pour lutter contre ces pirates, l'empereur regroupe vers 835 l'ensemble des comtés provençaux sous l'autorité d'un duc résidant à Arles, probablement le comte Leibulf déjà comte en 824 et 829. En 841, on signale également un certain Garin (ou Warin)[81], portant le titre de duc de Provence, mais son pouvoir semble avoir eu pour assise le Lyonnais; le 25 juin 841, ce duc avec ses contingents arlésiens et provençaux, au côté de Charles et Louis, participe de façon décisive à la bataille de Fontanet qui consacre la défaite de Lothaire devant ses frères.
Cela n'empêche pas Arles d'être pillée en 842 par les Sarrasins.
Après le traité de Verdun (843), la Provence passe sous l'autorité de Lothaire Ier et de ses représentants. On connaît ainsi les ducs ou comtes : Audibert en 845, puis Fulcrad qui tente la même année une sécession de la Provence avec la participation probable des Arlésiens, et à nouveau Audibert en 850. Cette année-là, Arles est à nouveau attaquée; mais contrairement à 842, elle se défend avec succès et massacre les barbaresques dans leur fuite.
En cette milieu de siècle, nous avons des témoignages que la ville d'Arles malgré ces évènements est encore prospère et possède un port actif. Le diacre Florus qui écrit peu après 843, parle en effet d’Arelas optima portus (Arles, riche port). De même quelques années plus tard vers 860-870, le géographe arabe Ibn Khordadbeh dans son livre des Routes et des Royaumes évoque les marchands juifs qu'il appelle Radhanites et qui à partir des ports du pays franc se dirigent vers le Moyen-Orient, emportant des marchandises d'origine septentrionale (esclaves, épées et peaux) pour ramener des épices.
En 855 à la suite décès de Lothaire Ier, le partage de son royaume donne naissance à la Provence (royaume incluant le Lyonnais, la Viennoise et la Provence proprement dite) dévolue à Charles, le plus jeune de ses fils. De santé fragile, Charles laisse l'administration de son royaume à Girart de Roussillon qui joue le rôle de régent. La cour réside à Vienne qui devient ainsi la capitale de ce Royaume au détriment d'Arles jusqu'au début du Xe siècle.
C'est à cette époque (859) que les Normands, de passage en Méditerranée, dévastent le territoire d'Arles à défaut de la cité. Ayant hiverné en Camargue lors de hiver très rigoureux de 859/860, ils remontent au printemps le Rhône avant d'être défaits par Girart de Roussillon probablement au niveau de Valence, et continuent ensuite leur raid vers l'Italie. Les Annales de Saint-Bertin précisent :
- en 859, les pirates de mer danois cinglèrent longuement entre Espagne et Afrique et pénétrèrent de force dans le Rhône. Après avoir ravagé plusieurs villes et monastères, ils s’installèrent dans l’île Camargue… En 860, les mêmes Danois parvinrent en pillant jusqu'à la ville de Valence et ayant tout ravagé alentour revinrent dans l'île —de Camargue— qu'ils occupaient.
À la mort de Charles (863), la partie sud de son royaume, c'est-à-dire la Provence limitée aux territoires d'Arles, Aix et Embrun, revient à Louis II le Jeune empereur et roi d'Italie. Sous cette nouvelle autorité, on ne connaît aucun comte de Provence et à Arles le pouvoir semble alors exercé par les évêques qui sont amenés à prendre la défense de la population. Ainsi l'archevêque Roland (852-869) fait fortifier le théâtre et intervient dans les campagnes. Lors d'une razzia en Camargue en septembre 869, les Sarrasins le surprennent en train de superviser la mise en défense de la région. L'évêque fait prisonnier, est échangé contre des armes, des esclaves, et autres richesses. Malheureusement, les Arlésiens ne récupéreront que son cadavre, habillé et mis sur un siège par les barbaresques au moment de la remise de rançon (probablement organisée sur la plage des Saintes-Maries-de-la-Mer, à l'embouchure du Rhône de Saint-Ferréol, bras actif et encore navigable à cette époque).
En 875, à la mort de l’empereur, la Provence est récupérée par Charles le Chauve qui nomme Boson, duc de Provence. Jusqu'en 878, la tutelle de Boson sera plus nominale qu'effective car le nouveau duc réside d'abord en Italie, puis à son retour en France, confie la Provence (et le royaume d'Italie) à son frère Richard le Justicier et à Hugues l'Abbé.
Au printemps 878, Boson accueille à Arles le pape Jean VIII qui menacé en Italie vient trouver des alliés de l'autre côté des Alpes. À cette occasion l'évêque d'Arles Rostaing, reçoit le pallium. Puis après avoir résider quelque temps dans la cité, Boson et Jean VIII participent au mois de juillet suivant au concile de Troyes. Charles ayant refusé la couronne italienne proposée par le pape, Boson se laisse tenter. Mais sa tentative soutenue par Jean VIII se heurte aux nobles italiens et après une expédition infructueuse de quelques mois Boson doit retourner en Provence.
Les ambitions de Boson, freinées en Italie, vont toutefois s'exprimer à nouveau dès l'année suivante.
[modifier] La création du Royaume de Provence
Le 15 octobre 879, Boson poussé par sa femme Ermengarde sœur de Charles et profitant de l'insécurité qui règne dans la Provence rhodanienne, entre en rébellion contre les successeurs carolingiens contestés Louis III et Carloman II; il se fait sacrer Roi de Provence dans son château de Mantaille avec l'appui des grands, de l'archevêque de Vienne et celui minoritaire des évêques provençaux. En effet, seuls trois prélats, dont Rostaing archevêque d'Arles, sur vingt-trois (dont onze présents) soutiennent cette prise de pouvoir ce qui souligne l'engagement fort, dès cette époque, de l'épiscopat arlésien auprès des princes bourguignons. Boson établit sa capitale à Vienne.
La tentative tourne rapidement à l'échec et le parti carolingien récupère la Provence, par Carloman après la prise et le pillage de Vienne en octobre 881. Carloman laisse comme trace de son passage et de son autorité, quelques deniers frappés à Arles. Mais dans cette période troublée, les Sarrasins toujours présents et opportunistes, pillent à nouveau la cité, ou du moins ses faubourgs, peu de temps avant 883.
À la mort de Carloman (884), l'autorité de Charles le Gros s'étend à la Provence; Boson rentre en grâce et s'éteint à Arles peu après, le 11 janvier 887. Sa femme, Ermengarde, est alors nommée régente du royaume de Provence avec l'aide de Richard II de Bourgogne dit Richard le Justicier, le frère de Boson. En mai 887, elle conduit son fils, le futur roi de Provence Louis III l'Aveugle auprès de l'empereur Charles III le Gros pour qu'il l'adopte, ce qu'il fait.
En 890, Louis III est proclamé roi de Provence; il réside à Vienne et entreprend au début de son règne (896) quelques tentatives contre les Sarrasins qui continuent à dévaster la Provence. Il se décharge ensuite sur le comte Thibert de l'administration de son royaume, notamment lors de ses expéditions en Italie. Thibert intervient dans plusieurs cités, en particulier à Arles, puis on perd sa trace vers 910 (un de ses fils toutefois pourrait être à l'origine de la famille des vicomtes de Marseille).
En cette fin de siècle, Arles est une citadelle dominant un territoire déserté. Plusieurs textes respectivement de 874, 890 et 897, évoquent des terres dépeuplées par l'assaut des barbares. Néanmoins, la Provence rhodanienne, pour des raisons non totalement expliquées va désormais être moins affectée par les Sarrasins dont les activités vont se déplacer en Provence occidentale, probablement à la suite de leur installation dans les années 890 au Fraxinet.
Protégée par ses remparts, la cité conserve toutefois un rôle économique et religieux important. Si Arles a perdu ses fonctions de capitale au profit de Vienne où réside le roi Louis, son port, animé par le commerce amalfitain[82], semble désormais l'emporter sur Marseille en pleine décadence, à l'inverse du siècle précédent. La frappe arlésienne connaît également un apogée autour des années 880-890[83]. De même, dans le domaine ecclésiastique, à partir de la fin du IXe siècle les évêques d'Arles accroissent leur pouvoir temporel et spirituel au sein de l'Église provençale.
[modifier] Xe siècle
[modifier] Arles sous Hugues d'Arles
Véritable maître du Royaume, Hugues réside dans la cité d'Arles initialement entre 911 et 926, puis de façon plus épisodique lors de son aventure italienne (926-946) et enfin après son retour en Provence, dans les années 946-947.
En 911, Arles devient la vraie capitale du Royaume et Vienne que la résidence du malheureux souverain infirme Louis III. Toutefois, la venue d'Hugues crée de fortes tensions entre l'aristocratie locale et l'aristocratie bourguignonne amenée par le comte. On peut se rappeler par exemple, que Manassès d'Arles, archevêque d'Arles en 920, était fils d'un comte de Chalon et neveu d'Hugues[84]. Il devient à cette époque le seul métropolitain en Provence nommant à la tête des évêchés des clercs de son entourage. Ces tensions qui se traduisent parfois par des meurtres, culminent dans les années 915-920.
La région est également soumise à des troubles exogènes. Les Magyars dévastent la Provence et la vallée du Rhône en 924. Ils atteignent Mende et Nîmes, en épargnant la cité d'Arles, probablement mieux défendue. Toutefois, d'une manière générale, la région d'Arles est moins exposée à ces troubles et aux razzias des Maures que la Provence orientale. Ainsi en 923, l’archevêque d’Arles Manasses cède à l’Église de Marseille, menacée par les bandes sarrasines, les églises de Fos et l’abbaye Saint-André de la Cape où l’évêque de Marseille, Drogo (?) peut se réfugier.
Toujours en 924, Raoul, neveu du roi Boson de Provence[85] et frère de Hugues le Noir, élu roi des Francs, intervient dans le royaume de Provence. Hugues d'Arles lui consent hommage et scelle une alliance par le mariage de Berthe, sa nièce[86] avec Boson le frère de Raoul.
En juillet 926, Hugues quitte Arles pour prendre la couronne de roi d'Italie et se fait remplacer à Arles par son frère également appelé Boson (dit Boson d'Arles ou Boson VI de Provence). Hugues revient toutefois dans la cité dès 928 à la mort du roi Louis pour lui succéder sur la Provence. Sans prendre prendre le titre de roi, il continue de porter le titre de marquis de Provence et roi d’Italie. Il cède toutefois le Viennois au roi Raoul.
Engagé dans des conflits en Italie, Hugues ne peut s'occuper correctement de la Provence. À la suite d'un arrangement conclu en 926, il la cède en 934 à Rodolphe II roi de Bourgogne, tout en conservant ses propriétés dans la région d'Arles. L'union des deux royaumes est appelée royaume des Deux Bourgogne ou royaume de Bourgogne ou royaume d'Arles (934-1032). En réalité, grâce à ses proches, Hugues reste très puissant et continue à tenir le pouvoir dans la région, même s'il doit mater une rébellion de son frère Boson en 936.
À la mort de Rodolphe (937), Hugues revient temporairement à Arles et tente en vain de mettre la main sur la veuve et surtout l'héritier, le jeune Conrad qui est alors protégé par le roi de Germanie, Otton.
En 945, en Italie, Bérenger II[87]. appelé aussi Bérenger d'Ivrée, petit-fils maternel de Bérenger de Frioul réussit à convaincre de nombreux aristocrates italiens de le suivre en promettant terres et honneurs. Hugues se voyant isoler, confie le royaume à son fils Lothaire[88] et retourne en Provence en 946. Chassé d'Italie, Hugues trouve refuge auprès de sa nièce Berthe, la deuxième fille de son frère, dans la ville d'Arles où il meurt en 948.
[modifier] Naissance de la Ire dynastie des comtes de Provence et de la féodalité
Dès 948 (ou 949), Conrad, dit le Pacifique, appuyé par le roi de Germanie, réussit à faire reconnaître sa suzeraineté sur l'ancien royaume de Provence. Conrad affirme son autorité en créant le marquisat de Provence et en nommant trois comtes et des vicomtes, étrangers au pays, dont un à Arles qui va rapidement supplanter tous les autres. Il s'agit du comte d'origine bourguignonne Boson II (parent éloigné du Boson de la fin IXe siècle), à l'origine de la première lignée des comtes de Provence.
Le roi Conrad se manifeste dès 945 à Arles où il tient de nombreux plaids à partir des années 963 ainsi qu'en 976 et 978. Il participe également en 948 à la donation qui permet la fondation de l'abbaye de Montmajour à une lieue d'Arles. Sa présence pourtant va devenir sporadique après 980, compte tenu de l'évolution du pouvoir en Provence.
En effet, le problème sécuritaire le plus important en Provence surtout dans la partie orientale, ce sont les Sarrasins. La lutte contre ces pillards n'est d'abord que sporadique dans la mesure où les comtes de Provence se trouvent engagés en Italie dans leurs entreprises de conquête. On peut par exemple rappeler :
- En 940, Hugues d'Arles demande au calife de Cordoue de protéger les marchands provençaux qui commercent avec l'Andalousie, des pirates du Freinet.
- En 941, Hugues entreprend une expédition qui tourne court (il fait alliance au dernier moment avec les Sarrasins contre ses ennemis)
La lutte devient plus efficace à la fin du siècle qui voit l'éradication des dernières bases sarrasines. À la suite à l'enlèvement de l'abbé Mayeul, les princes de Provence réunis sous l'égide du comte Guillaume Ier, qui a succédé à son père Boson en 968, sont définitivement victorieux des Maures à la bataille de Tourtour en 973 (972 ou 975 selon d'autres historiens).
Cette victoire obtenue sans les troupes de Conrad est importante : elle permet à Guillaume d'obtenir la suzeraineté de fait de la Provence (il va distribuer les terres reconquises à ses vassaux) et à Arles de retrouver son statut de capitale où peu après 981, le comte devenu marquis de Provence revient s'y établir.
Débute alors une période de paix et de stabilité politique qui se traduit à Arles par :
- un renouveau économique, marqué par un fort accroissement démographique et le développement agricole (vigne et céréales)
- l'assèchement des marais qui entourent l'abbaye de Montmajour en 972
- l'extension, déjà commencée en 972, de la ville en dehors de ses remparts (le Vieux Bourg au sud)[89]
- la création vers 980 d'un des premiers chapitres de France (avec celui d'Avignon)
Sur le plan politique Arles rayonne du fait de la renommée et de la puissance du comte. Par exemple, la princesse Azalaïs appelée aussi Adélaïde d'Anjou (947-1026), ancienne épouse du futur roi de France Louis V, se réfugie à Arles en 983 et se marie contre l'avis du pape avec le comte Guillaume en 984. Leur fille, Constance d'Arles (986-1032) sera reine de France par son mariage avec Robert II.
En parallèle à cette émancipation de la Provence vis-à-vis des rois de Bourgogne, apparaît entre 950 et l'an 1000, le système féodal et ses castes (miles et caballerius). À Arles, il s'agit des fondateurs des plus illustres familles arlésiennes : d'abord Pons juvenis pour la famille des Baux dès 952 et ensuite Daidonat pour celle des Porcelet en 972. La féodalité arlésienne a ses propres particularités : elle est bien sûr rurale, mais aussi urbaine et commerciale. Cette naissance s'accompagne de spoliations/restitutions de temporels religieux, de conflits féodaux et au final d'une perte de ressources du comte. Ainsi, dès la mort de Guillaume en 993, ses successeurs moins puissants, ne contrôleront plus que la région d'Arles.
[modifier] Moyen Âge
[modifier] XIe siècle
[modifier] Affaiblissement du pouvoir comtal
Dès les premières années du XIe siècle, les comtes Guillaume III dit le Pieux (993-1019) et Roubaud de Provence, son oncle, ne sont plus en mesure de tenir les grands lignages en respect. Dès 1008, à la mort de Roubaud, s'ouvre donc une période de troubles : les deux branches de la famille comtale sont alors représentées par des filles ou des garçons en bas âge ; et les conseils de régence sont rapidement dépassés par les évènements.
Une première révolte (1018-1022) éclate menée par les châtelains de Fos contre le comte de Provence, Guillaume III, qui périra d'ailleurs lors du siège de ce château en 1019; elle sera suivie d'une seconde sédition dans les années 1033 - 1038.
Le pouvoir comtal s'effondre et les différentes factions de la noblesse tentent d'imposer leur loi en recourant au recrutement de guerriers professionnels. Ainsi à Arles, les couches aisées de la population se militarisent (miles) à l'instar des Porcelet et adoptent un genre de vie guerrier. Une des conséquences en est la transformation du bâti de la ville avec la construction de nombreux bastions privés urbains.
De plus, en ce début de siècle jusque vers les années 1030-1040, le patrimoine des grandes familles, notamment celle des Baux et des Vicomtes de Marseille, s'agrandit, moins par des spoliations de biens ecclésiastiques que par des concessions archiépiscopales en bénéfice ou précaire rapidement intégrées au patrimoine héréditaire. Ces concessions sont souvent les contreparties de l'appui à l'Église arlésienne des familles aristocratiques dont les prélats sont issus.
En septembre 1032 à la mort de Rodolphe III de Bourgogne, Arles qui fait partie du Royaume de Bourgogne depuis 934 est rattachée à l'Empire. Cette situation ne change rien : les empereurs germaniques non possessionnés en Provence ne disposent malgré leur titre d'aucun pouvoir supplémentaire. Toutefois des liens sont établis entre l'Empire et Arles. Par exemple, en 1046 l'archevêque d'Arles Raimbaud (1030-1069) agit en prélat du Saint-Empire : il participe au concile de Sutri et assiste à Rome, au couronnement de l'empereur Henri III qu'il rencontre personnellement. L'archevêque devient en quelque sorte le vicaire de l'Empereur à Arles. Les Arlésiens vont par la suite profiter de cette situation jusqu'au milieu du XIIIe siècle (mort de Frédéric II) pour jouer l'empereur distant contre le comte relativement trop présent.
La papauté de son côté, va instrumentaliser une réforme, la réforme grégorienne, pour en faire le vecteur d'une politique visant directement l'archevêque d'Arles et de manière plus subtile, le comte de Provence.
[modifier] La réforme Grégorienne à Arles
En réaction à cette violence, l'Église tente de promouvoir la paix de Dieu. En 1037 et 1041, les conciles tenus à Arles ou dans ses environs et présidés par Raimbaud de Reillanne, archevêque d'Arles (cf. conciles d'Arles), précisent les règles de la Paix de Dieu : les chevaliers ont interdiction de faire la guerre, d'abord le samedi, puis du mercredi soir jusqu'au lundi matin. Raimbaud de Reillanne est le seul prélat arlésien du XIe siècle qui affirme encore la primauté de son siège sur les autres diocèses provençaux. Il sera également un promoteur actif de la réforme grégorienne en Provence tout en ménageant jusqu'à la fin de sa vie les grandes familles aristocratiques de Provence.
Dans le cadre de cette réforme, le Saint-Siège essaye aussi d'éliminer les prélats issus des grandes familles provençales qui ont tendance à mener une politique personnelle plus dans l'intérêt du patrimoine familial que de celui de l'Église. En Provence, cette politique se radicalise après l'archiépiscopat de Raimbaud. Le cas d'Aicard, archevêque de la ville, de la famille des vicomtes de Marseille, qui a pris parti pour l'empereur Henri IV contre le pape Grégoire VII dans la Querelle des Investitures à la fin des années 1070, en est un bon exemple. En l'espèce à Arles, cette tension d'ordre religieux se double d'un problème politique entre le comte et l'archevêque qui à cette époque est aussi un seigneur féodal.
Le comte de Provence Bertrand (1063-1093) qui a transféré la résidence comtale d'Arles à Tarascon en 1063 se trouve alors affaibli. Incapable d'assurer la paix, le comte demande par exemple en 1065 aux puissantes familles arlésiennes d'assurer la protection des biens de l'Abbaye de Saint-Victor de Marseille.
Il est par ailleurs triplement opposé à Aicard :
- d'abord à propos de la nomination de Bermond comme abbé de Montmajour (les comtes considèrent en effet comme faisant partie de leur domaine cette riche abbaye qu'ils ont transformée en nécropole familiale)
- ensuite probablement, comme le souligne l'historien arlésien Anibert, parce que l’ami de mon ennemi est mon ennemi; en effet Aicard dès 1076 s'est rapproché du comte de Saint-Gilles, excommunié par le pape
- enfin parce qu'il redoute la puissance de la famille de l'archevêque, celle des vicomtes de Marseille.
Il recherche donc l'appui du pape en accusant l'archevêque de simonie et en se plaçant sous la suzeraineté papale, reniant ainsi ses liens de vassalité avec l'Empereur Germanique.
Le prélat arlésien est toutefois soutenu par le peuple, le clergé, les familles des Baux et des Porcelet et le comte de Saint-Gilles, Raimon IV. Ainsi, la ville refuse la destitution en 1080 de son archevêque Aicard et interdit l'entrée à Gibelin de Sabran, le nouveau prélat désigné par le pape au concile d'Avignon.[90].
Ce n'est qu'après 1096 que l'Église profitant de l'absence des dynasties locales, parties en croisade, pourra mettre de l'ordre dans sa hiérarchie, plaçant des réformateurs non liés aux familles vicomtales à la tête de son évêché. À Arles, la rébellion épiscole d'Aicard va entraîner un déclin du diocèse arlésien jusqu'au milieu du XIIe siècle. De son côté, Anibert[91] y voit le ferment des idées d'émancipation de la cité qui se concrétiseront cinquante ans plus tard par le consulat.
[modifier] La vie économique : défrichements et commerce
Sur le plan économique, le mouvement de reprise amorcé dès la fin du Xe siècle continue après l'an 1000. Des terres sont remises en culture et dans la région de nombreuses chapelles sont bâties pour le service paroissial des laboureurs nouvellement installés. La cité elle-même se développe : une charte de l'année 1015 (cartulaire de Saint-Victor) signale la présence de maisons à l'extérieur des murs de la ville, non loin de la porte Saint-Étienne.
Après les années de tension et de conflits 1015 - 1040, la ville s'ouvre aux commerçants italiens au milieu du XIe siècle à l'époque où Gênes et Pise deviennent des puissances en Méditerranée. Un acte authentique précise : les Pisans, les Génois et les autres Lombards qui viennent à Arles. Ils remplacent les marchands juifs (Radhanites) des siècles précédents qui à partir des ports du pays franc se dirigeaient vers le Moyen-Orient.
Dans la seconde moité du siècle, les défrichements reprennent essentiellement sous la forme d'assèchements de marais, comme par exemple ceux entourant l'abbaye de Montmajour sur lesquels les moines et la ville d'Arles s'opposent avant de conclure un compromis en 1067. De même en 1073, un document indique que les moines de Saint-Victor peuvent assécher les marais de Vaquières en Crau.
…
[modifier] XIIe siècle
La cité va être au cours de ce siècle l'objet d'un mouvement d'émancipation urbaine, l'un des plus anciens de Provence. Ce mouvement s'inscrit dans un contexte d'une grande instabilité politique.
[modifier] Installation de la 2e dynastie des comtes de Provence et du consulat
Probablement à l'initiative de l'Église qui profite de l'absence de la maison de Toulouse (avec qui elle est plus ou moins en conflit, cf. affaire de l'archevêque d'Arles Aicard), le comté de Provence passe en 1112, par le jeu d'un mariage et de donations, de la comtesse Gerberge de Provence à Raimond Berenger, comte de Barcelone et époux de sa fille aînée Douce. C'est le début officiel de la deuxième dynastie des comtes de Provence. Toutefois cette transaction est contestée et dès le début du siècle, entre 1110 et 1125, la Provence est déchirée par la rivalité entre les différents comtes qui peuvent prétendre au comté par la branche féminine (comtes d'Urgell, de Barcelone et de Saint-Gilles). Ce conflit oblige chacun à se prononcer sur son camp en tenant compte de ses intérêts (impacts de la réforme, politique patrimoniale…) :
- Entre 1110 et 1116, les Baux interviennent avec le comte de Provence dans un faide contre les meurtriers du comte Gerbert (ou Gilbert) assassiné en 1110, dont ils récupèrent les domaines (notamment en Camargue).
- En 1114-1115, de nombreux nobles arlésiens (les Porcelet, les Baux) participent avec le comte de Provence et les Pisans à la croisade de Majorque. Ceci dit, cette participation de laïcs à cette expédition ne traduit pas forcément, comme l'histoire le montrera, une adhésion au programme de réforme de l'Église.
- de 1119 à la fin des années 1120, ce conflit reprend à la majorité d'Alphonse Jourdain qui marque le retour de la maison de Toulouse après vingt-cinq ans d'absence en Provence, à la suite des croisades et de la jeunesse du prince. À cette occasion Alphonse Jourdain reçoit l'appui des grandes familles, notamment arlésiennes, en mémoire des liens tissés par son père Raimon IV avec la noblesse provençale et en raison des oppositions suscitées par les progrès de la réforme de l'Église. Dans ce conflit opposant les maisons de Toulouse et de Barcelone, l'archevêque d'Arles suit le parti du pape, c’est-à-dire les comtes de Barcelone. Ce conflit va entraîner de vives tensions entre la maison des Baux, qui soutient Alphonse Jourdain, et l’archevêque Atton (1115-† 1129). L’engagement de l’archevêque Aton aux côtés de Raimond Berenger I…, alors que les Baux choisissent le camp d’Alphonse Jourdain, provoque sans doute une première rupture, que vient consommer le statut des légats du pape Innocent II (1130-1143) de ses deux successeurs . Ainsi le 3 février 1120, le pape Calixte II mande l'archevêque d’Arles, de réprimer les déprédations de Guilhem Porcelet, seigneur arlésien allié des Baux. Ce même pape, le 22 avril 1122, informe Atton de l’excommunication d’Alphonse Jourdain de Toulouse.
Finalement un accord est signé le 15 septembre 1125 [92]. Ce traité qui partage la Provence en un marquisat au Nord attribué à Alphonse Jourdain (comte de Toulouse) et un comté au Sud, dont Arles est la capitale, revenant à Raimond Bérenger (Comte de Barcelone), n'inaugure toutefois pas une période de calme. Désormais les comtes de Toulouse, soutenus par les Baux qui ont changé d'alliance, et de Barcelone-Provence saisissent toutes les occasions pour améliorer leurs positions respectives. Ce jeu d'intrigues et de compétition va être la raison de chocs ininterrompus d'autant plus que la capitale de la Provence, Arles, se trouve elle-même dans une situation politique instable. La ville en effet est découpée en quartiers appartenant à des seigneurs féodaux (archevêque, familles aristocratiques, comte de Toulouse) différents, souvent en conflit, mais unis objectivement dans le refus de laisser le comte de Provence devenir possessionné dans la cité.
La mort de Raimond-Berenger, le 19 juillet 1131 affaiblit la maison de Barcelone et donne l’impulsion supplémentaire nécessaire dans la cité d'Arles à la création dès 1131 d’un consulat. Les Arlésiens s'inspirent des villes italiennes Pise et Gênes dont les marchands fréquentent leur port, et de leur voisine Avignon qui a instauré un consulat deux ans plus tôt.
- D’après Anibert, historien arlésien du XVIIIe siècle, le consulat aurait été créé en réponse à la montée des menaces de conflit entre la Maison des Baux et celle des comtes de Provence : Les préparatifs de guerre que faisaient sourdement les seigneurs des Baux, contre la Maison de Barcelone à la mort de Raymond-Berenger premier (il s’agit de Raimond Berenger III comte de Barcelone, 1082-1131, parfois appelé Raimond Berenger Ier comte de Provence) et peut-être quelque temps auparavant, durent décider les Arlésiens à ce grand changement, et engager l’archevêque à s’y prêter. Les circonstances exigeaient qu’on donnât à la ville des chefs capables de porter les armes au besoin… Quoiqu’il en soit, l’archevêque lui-même concourut à l’institution du Consulat, non comme un seigneur qui autorise les démarches de ses vassaux, mais comme chef de la confédération.
- Un historien moderne, Jean Pierre Poly précise : c’est la force et la puissance des chevaliers citadins qui donnent naissance aux premières communes provençales, avant le milieu du XIIe siècle.
Le rôle grandissant des Arlésiens est ainsi consacré par l’apparition d’un consulat de caractère aristocratique avec le soutien (opportuniste ?) de l'archevêque d'Arles, Bernard Guerin (1129-1138). Quelques années plus tard en 1150, ce consulat est renforcé par une charte de l'archevêque Raimon de Montredon (1142-1160), prélat d'origine languedocienne qui manifeste une neutralité bienveillante vis-à-vis d’Alphonse Jourdain dans le conflit opposant les maisons d’Aragon et de Toulouse. Toutefois en 1156 (ou en 1150 ?), on signale une révolte de la ville d'Arles contre son archevêque, sans très bien en connaître les détails et les raisons. Quoi qu'il en soit, les premiers statuts de ce consulat sont rédigés dès les années 1160.
Dans les années 1130-1140, malgré le traité de 1125, l'autorité du comte autour de la région d'Arles est presque nulle, en dehors d'une suzeraineté nominale. Et les seigneurs des Baux font valoir dès 1131[93], au titre de leur union avec la fille cadette de Gerberge, Étiennette, leurs droits au comté de Provence auprès de l'empereur Conrad. En 1144, la mort sans doute non fortuite du comte Berenger Raimond à Melgueil tué par les Génois alliés du comte de Toulouse déclenche les Guerres Baussenques qui vont durer jusqu'en 1162 et se terminer par la défaite des Baux.
Ces guerres, auxquelles participent dans un premier temps les Arlésiens comme alliés des Baux, ont pour cadre la région d'Arles et plus particulièrement le château de Trinquetaille, place forte de cette famille. C'est probablement en relation avec ces luttes qu'il faut appréhender la révolte évoquée précédemment des Arlésiens contre leur archevêque en 1156 ou en 1150. Au terme de conflits successifs (1144-1150, 1156 et 1162), le comte de Provence fait raser le château de Trinquetaille et bloque le développement économique de ce quartier -il contrôle ainsi la richesse de la maison des Baux- en interdisant port et foires commerciales.
C'est à peu près à cette époque (1150-1160) que les archevêques d'Arles font de Salon-de-Provence leur résidence principale lorsque l'archevêque d'Arles, Raymond de Montredon devient seigneur de Salon. La richesse du terroir, la protection offerte par le château de l'Empéri d'une part et l'agitation urbaine d'Arles d'autre part, expliquent ce choix dans une période troublée par les guerres et les révoltes. La ville et son château sont ainsi liés pendant presque huit siècles à la temporalité de l'Église d'Arles.
À Arles, la diffusion des usages féodo-vassaliques au bénéfice des seigneuries ecclésiastiques qui est contemporaine de la normalisation des relations entre les évêques et les grands laïcs après les graves tensions de la période grégorienne, s’applique avec une particularité : l’augmentation des domaines inféodés de la famille des Baux.
…(1165-1180) / à faire : paix de J. 1176
Dans ce contexte de faiblesse des comtes, Frédéric Ier Barberousse (1122-1190), empereur germanique depuis 1155 et suzerain de la Provence souhaite reprendre le vieux titre de Roi d'Arles et rappeler ainsi son autorité. Il confirme alors de nombreux privilèges de l'Église d'Arles, intervient diplomatiquement dans les guerres Baussenques et se fait couronner le 31 juillet 1178 dans la basilique Saint-Trophime par l'archevêque Raimond de Bollène (1163-1182) en présence de tous les grands du royaume à l'exception notable du comte de Provence et de Barcelone.
Cause ou conséquence, c'est à cette époque, vers 1180, que les comtes de Provence délaissent Arles et s'installent à Aix et que la cité se dote d'un gouvernement connu dans l'histoire sous le nom de République d'Arles (1180-1251) à l'instar des villes italiennes avec qui la cité entretient de nombreuses relations. Après la création de la République d'Arles, et la disparition de conflits internes entre quartiers de la cité, les habitants décident d'enfermer le vieux Bourg, le Bourg-neuf et le Marché dans une nouvelle enceinte pratiquement terminée en 1190[94].
…(1180-1200) / à faire : avant et après 1190, mort de F Barberousse
[modifier] Vie économique et religieuse au XIIe siècle
Sur le plan économique, au XIIe siècle, le port d'Arles est actif comme en témoignent les épisodes de la guerre maritime et les statuts de la ville.
- Il existe une flotte militaire arlésienne : en 1114, des bateaux de la cité participent à la croisade de Majorque; en 1120, la flotte d'Arles (14 navires conduits par les Baux et les Porcelet) aide les Galiciens contre les musulmans de Espagne; enfin, en 1165, des navires arlésiens participent avec les Pisans à la tentative d'interception du pape Alexandre III.
- l'article 140 des statuts de la ville (rédigé entre 1160 et 1200) précise les conditions d'embarquement des pèlerins à Arles.
Les chevaliers et les probi homines arlésiens bénéficient du développement des échanges, notamment par les revenus de la lesde, des tonlieux et du sel. Accumulant d'énormes richesses qui en feront les bailleurs de fonds des comtes, ils deviennent extrêmement puissants.
La communauté juive d'Arles, relativement importante, profite également de l'essor du commerce. En 1165, Benjamin de Tudèle dénombre deux cents chefs de famille dans la cité; ils contrôlent une partie du commerce des produits de luxe et celui du vermillon et certains d'entre eux s'occupent des affaires de l'archevêque, du comte et des Baux.
Sur cette base de deux cents chefs de famille juifs, on peut tenter une estimation de la population globale de la cité : environ 8.000 à 10.000 habitants. C'est une estimation proche de celle de l'historien Louis STOUFF qui juge le chiffre de 5.000 à 6.000 avancé par Erika Engelmann à la date de 1200, comme probablement en-deçà de la vérité.
Arles bénéficie aussi des croisades; on rapporte ainsi que la première attestation en France de moulins à vent (d'origine moyen-orientale), figure dans une charte de la ville d'Arles datée de 1170.
Toutefois, au XIIe siècle Arles ne réussit pas à capter à son profit le trafic international renaissant (draps des Flandres, épices et produits du Levant) qui fait la fortune de Saint-Gilles, ville neuve établie à environ vingt kilomètres en aval du Petit Rhône à côté d'un ancien marché aux portes d'une abbaye, favorisée par un pèlerinage et par l'installation de marchands italiens qui en quelques années en font le port commercial le plus actif de la région rhodanienne.
Le XIIe siècle est sur le plan religieux une époque de transformations.
Le 29 septembre 1152, Raimon de Montredon organise la translation des reliques de saint Trophime, des Alyscamps à la basilique Saint-Étienne, qui perd probablement alors ce patronyme au profit de l'actuel Saint-Trophime. En 1170, débute la réalisation des façades sculptées de la basilique Saint-Trophime d'Arles et de Saint-Gilles-du-Gard (art roman) (fin en 1220). Selon d'autres sources, ces travaux commencés plutôt dès les années 1152, seraient terminés en 1178, à la date du couronnement dans cette basilique de l'Empereur romain germanique, Frédéric Ier Barberousse. Des travaux de transformation ou de reconstruction dans le style roman sont également signalés à cette époque dans Arles même et de sa région (cf. l'église des Saintes-Maries-de-la-Mer, vers 1175).
À côté des modifications du bâti cultuel, les nouveaux ordres religieux fondés à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle s'implantent dans la cité et contribuent à l'évolution religieuse de la ville.
- Les ordres militaires :
- les Hospitaliers de Saint-Jean créent la maison de Saint-Thomas de Trinquetaille ;
- l'ordre des Templiers, fondé en 1119, est à Arles vers 1142 au nord de la porte du Bourg-Neuf à laquelle ils ont donné leur nom (Porte de la Milice ou Porte de la Cavalerie) et s'installe ensuite rapidement en Camargue dès les années 1160.
Les deux ordres y acquièrent de très grands domaines ce qui entraîne l'hostilité du patriciat arlésien et des conflits de propriété et d'usage avec des monastères. - les Cisterciens : ils fondent une abbaye en Camargue initialement à Ulmet vers 1180, puis à Sylvéral.
[modifier] XIIIe siècle
[modifier] La fin de la république d’Arles
Le mouvement d'émancipation qui a miné le pouvoir politique de l'archevêque et menacé celui du comte de Provence à la fin du XIIe siècle va se poursuivre jusqu'au milieu du siècle suivant dans un contexte différent avec de nouveaux belligérants. Il s'agit principalement des nouvelles familles aristocratiques arlésiennes, des seigneurs du nord attirés par les terres méridionales, des rois de France avec leurs ambitions sur l'Aquitaine et la Provence, de la maison de Toulouse, de l'empereur germanique et des papes confrontés à l'hérésie cathare. Sur le plan local, s'y rajoute le problème récurrent du pouvoir urbain entre les grandes familles, le comte et l'archevêque, problème qui se complique avec les aspirations politiques et économiques des classes arlésiennes.
La cité connaît donc dès le début du XIIIe siècle une série de troubles urbains qui vont opposer progressivement l'ensemble de ces protagonistes, anciens et nouveaux, au gré d'alliances fluctuantes et du sort des armes :
- d'abord un conflit entre les familles des Baux et celle des Porcelet, entre l'ancienne aristocratie provençale et la nouvelle. Ce conflit qui a des racines locales dès 1200, résulte aussi d'un processus politique concernant l'application du traité de 1193 relatif au comté de Forcalquier. À partir de 1202, il oppose d'un côté Guilhem IV de Forcalquier, Raimon VI de Toulouse et la famille des Baux, et de l'autre côté, le comte de Provence et les Porcelet. À Arles même, il dégénère en une lutte entre quartiers : le Vieux-Bourg des Porcelet, le Bourg-Neuf des Baux et la Cité de l'archevêque. L'enjeu en est le contrôle du Méjan, quartier frontalier aux lisières du Rhône, du Vieux-Bourg et de la Cité.
- ensuite le comte de Provence adopte une nouvelle stratégie anti-épiscopale et d'alliance avec le comte de Toulouse dans la mesure où il craint les visées politiques de l'église, avec la tournée du légat Peire de Castelnau (1203). Dans ces conditions, les Baux et les Porcelet passent en juillet 1207 à Arles un pacte avec Alphonse II avec lequel ils décident d'unir leurs efforts contre l'archevêque de la ville.
- en janvier 1208, cette attitude anti-épiscopale se traduit par le meurtre de Peire de Castelnau assassiné par un proche du comte de Toulouse et des Porcelet aux portes d'Arles (probablement à Fourques ou à Trinquetaille). Les conséquences de ce meurtre, c'est la croisade des albigeois entreprise dès l'été 1209 par les troupes conduites par Simon de Montfort qui déferlent en Provence et Languedoc. Le parti anticlérical arlésien est alors sévèrement châtié : le château des Porcelet érigé sur l'île de la Cappe est par exemple démantelé.
À la veille de la bataille de Muret (1213), l'archevêque d'Arles, Michel de Morèse qui a su profité du retrait du comte de Provence [1] et de la présence des légats et croisés, parvient ainsi à rétablir sa domination complète sur la cité.
En 1214, Hugues des Baux s’allie à Nuno Sanche et à Bertrand Porcelet contre la ville d’Arles. Le patriciat est en effet opposé à toute forme d’intervention de l’Eglise dans le gouvernement urbain. Il est particulièrement sensible à l’exemple fourni par le consulat de Saint-Gilles en pleine décadence sous l’influence de l’abbé et encouragé par l’émancipation de Marseille contre son évêque. Après le concile de Latran de 1215 où Guilhem Porcelet conseille le comte Raimon VII de Toulouse, les Porcelet participent au siège de Beaucaire et à la reconquête de la Basse Provence par la maison de Toulouse en 1216. Ils ne parviennent cependant pas à rallier les arlésiens à la cause du comte de Toulouse et à les détacher de leur fidélité à leur archevêque. En effet à la suite de rapports conflictuels entre le patriciat et les autres classes arlésiennes l’archevêque essaye de tirer partie de ces dissensions et y réussit.
En 1217, les nouveaux consuls élus font allégeance à l’Église. Toutefois, le conflit avec le parti aristocratique risque d’être une aubaine pour les puissances extérieures à la cité, en particulier pour le comte de Provence. Ce dernier entreprend en effet de réduire l'autonomie des familles aristocratiques de Provence.
En réaction à cette tentative entre 1220 et 1235, les Porcelet, les Baux et les autres familles unissent leurs efforts à l'oligarchie arlésienne (République d'Arles) qui entame une politique unitaire sous l'égide du podestat. Ce mode de gouvernement correspond à un nouvel équilibre des forces et apporte des limitations aux prérogatives de l’archevêque. Sous la direction de ces gouverneurs[95] aux pouvoirs temporaires mais quasi dictatoriaux, les arlésiens agrandissent le territoire de la commune et entrent en conflit avec Marseille (vers 1228-1230) qui cherche également à construire un hinterland. La cité, courtisée par l'Empereur et le comte de Provence[96], a également une politique étrangère et passe des accords avec des villes voisines (Nîmes…) et des cités républiques italiennes.
L’équilibre va se rompre vers les années 1232 - 1234 à la suite des transformations sociales et de l’afflux des richesses qui entraînent des luttes pour une meilleure répartition des profits et des charges. Ainsi en 1234, le podestat et l’archevêque concluent un accord favorable aux couches moyennes de la population.
Mais pour le patriciat et les familles les plus riches de la cité, l’émancipation communale doit prendre une autre voie : ça sera la confrérie des bailes (septembre 1235 – juillet 1238). D’origine essentiellement aristocratique avec quelques bourgeois enrichis, cette confrérie est dirigée par Bertrand et Raymond Porcelet. Elle est profondément anticléricale et liée à l’hérésie cathare [97], le patriciat redoutant la richesse croissante des ordres religieux et réagissant aux tracasseries de l’Eglise [98]. Ce mouvement est extrêmement violent avec des assassinats, le sac du palais de l’archevêque qui doit s’exiler, l’usurpation de biens ecclésiastiques et la suppression des sacrements ecclésiastiques.
Cependant, manquant à la fois de soutiens dans la bourgeoisie moyenne, dans les classes populaires et le bas clergé et menacée de l’extérieur, la confrérie des bailles doit capituler. C’est un recul sur la voie de l’émancipation communale. Malgré le compromis mis en place entre le patriciat et l’archevêque, le nouvel accord n’apporte pas l’apaisement et ne répond pas aux aspirations des classes moyennes et inférieures arlésiennes.
Cette nouvelle situation est une aubaine pour les puissances extérieures ; l’empereur Frédéric II la saisit en premier en désignant dès novembre 1237 un vicaire impérial, puis en 1238 en nommant Béroard de Lorette, vice-roi du royaume impérial avec Arles comme résidence.
/ à compléter …/ …
L'épiscopat de Jean Baussan marque un tournant dans l'histoire de la ville d'Arles : à la suite des troubles de 1234-1237 puis surtout de ceux de 1245-1250, l'archevêque qui a demandé l'aide du comte de Provence dans son conflit avec le pouvoir urbain, perd la plupart de ses prérogatives temporelles sur la ville. L'émancipation de la cité est également stoppée à la suite de la capitulation de la ville en 1251[99] devant les troupes de Charles d'Anjou. En effet, la ville ayant perdu son principal protecteur, l'empereur Frédéric II[100], ne peut prolonger longtemps la résistance, surtout lorsque Charles d'Anjou vient mettre le siège devant ses murs.
C'est la fin de la République d'Arles qui n'a pas réussi à se libérer du joug de l'évêque et du prince. Arles perd alors une grande partie de ses droits et son autonomie. Elle est spoliée de tous ses biens par le comte de Provence qui lui en laisse cependant la jouissance et l'autorité est désormais assurée par un représentant de comte, le viguier.
notes
1. - Jusqu'en 1216 …
[modifier] La fin du XIIIe : un déclin politique accompagné d'une prospérité économique
La convention passée entre le comte et la ville en avril 1251, marque l'entrée de la ville dans une nouvelle phase de son histoire placée sous le double signe de la soumission à la nouvelle dynastie comtale (3ème dynastie comtale de Provence ou Ière dynastie d'Anjou des comtes de Provence) et de la défense de ses privilèges.
Le nouveau comte met rapidement en place une administration tatillonne et fait procéder à l'examen des droits de propriété des grandes familles et des communautés.
[modifier] l'administration comtale
À Arles, l'administration comtale siège au Palais du Podestat, au cœur de la Cité. Comme dans tous les chefs lieux de Viguerie, on trouve à la tête de cette administration le viguier, c'est-à-dire le représentant du comte qui :
- veille à la conservation des droits et possessions du comte,
- convoque et préside les assemblées générales des habitants et les réunions du conseil municipal,
- assure le rôle de capitaine de la ville chargé de sa défense (jusqu'en 1368)
Il est assisté par un sous-viguier. La justice est assurée par un ou plusieurs juges et les finances du comte sont gérées par un clavaire. Quatre notaires et plusieurs sergents complètent cette administration.
Si cette convention souligne la puissance du prince désormais propriétaire de tous les biens communaux, elle en laisse en grande partie, en fonction des statuts particuliers de la ville, la jouissance à la communauté. Il y a donc dans cette convention des germes d'une possible transformation des rapports entre la ville et le comte et les arlésiens argueront constamment de ce statut de terre adjacente au comté pour travailler pendant plus de deux siècles à l'élargissement de leurs privilèges.
[modifier] la défense des privilèges
En 1251, le comte a tout et la ville n'a rien si ce n'est quelques privilèges. Les arlésiens entendent toutefois qu'ils soient respectés, notamment dans les domaines suivants : les qualifications des officiers royaux, le bon fonctionnement de la justice, la protection du territoire communal, la conservation des avantages fiscaux acquis, le statut des juifs locaux… Ces privilèges sont soigneusement consignés dans les statuts de la ville et âprement défendus chaque fois que les officiers comtaux ne les respectent pas.
.....
Mais la Provence n'est qu'une étape pour l'ambitieux comte Charles. Une fois son pouvoir affermi, il se lance en 1266 à la conquête du royaume de Naples grâce au soutien de la noblesse provençale au sein de laquelle la famille des Porcellets se distingue. /voir impact de l'aventure italienne pour Arles/
Jacques de Molay, le grand maître des Templiers tient une réunion de l'ordre à Arles en 1296
[modifier] Moyen Âge tardif
Après l'installation de la première dynastie Angevine en 1250, la cité subit un déclin politique (au profit d'Aix, capitale du Comté), ecclésiastique (Arles devient une succursale de la papauté installée en 1309 à Avignon), économique (concurrence de d'Avignon et de Marseille). Ce phénomène se trouve amplifié à compter des années 1340-1350 par un effondrement démographique lié à la trilogie célèbre : guerres, pestes et disettes. Pour Arles, la disette est un accident, la peste un mal périodique et la guerre une menace permanente, venant du continent au XIVe siècle puis de la mer jusqu'à la fin des années 1460. Les guerres liées à l’installation de la seconde dynastie Angevine, permettent toutefois à la ville de retrouver en 1385 une partie de ses droits aliénés en 1250. Paradoxalement dans ce contexte déprimé, le pays d'Arles fort demandeur en main d'œuvre devient un centre d'immigration. Ces flux migratoires seront à l'origine de la reprise démographique de la cité dans les années 1470. À la fin du Moyen Âge, en 1483 quand la Provence est rattachée au Royaume de France, la société arlésienne est devenue une société d'agriculteurs et d'éleveurs, avec une noblesse nombreuse et riche qui va dominer la ville jusqu'à la Révolution.
[modifier] XIVe siècle
Au début du XIVe siècle, la ville d'Arles accueille les juifs chassés du Languedoc. Le rabbin et philosophe juif averroïste Joseph ibn Caspi (Yossef ibn Kaspi ou Yossef Kaspi) ben Abba Mari, (1279, L'Argentière - 1340) également connu sous son nom provençal de Sen Bonfos ou Don Bonafoux de l'Argentière, s’installe ainsi en Provence d'abord à Tarascon en 1306 puis à Arles en 1317. D'après Louis Stouff, la ville aurait alors compris environ 250 feux de confession juive, chiffre qui ne sera jamais plus égalé et qui restera le plus important dans l'histoire d'Arles [101]. La ville avec presque 2.200 feux[102], soit environ 11.000 habitants, est alors la deuxième ville de la Provence. Cette période marque un optimum démographique et économique.
....Rajouter ici une synthèse de la situation d'Arles entre 1320 et 1345 : les métiers, le commerce, le sel, l'agriculture, l'élevage…
- En 1307, les courtiers sont au nombre de 42 : 35 juifs et 7 chrétiens.
- En 1334, huit salins situés au nord du Vaccarès produisent 15.000 tonnes de sel. L'ensemble des droits frappant le sel est donné à ferme par le roi ; après 1332, les marchands italiens accaparent ce fermage ; c'est l'apogée des salines d'Arles
- En février 1334, un passage d'une lettre d'un marchand italien appelé Dantini renferme le passage suivant : Andréa di Bartolomeo de Sienne est allé, le 11 janvier à Arles, pour commencer à acheter de la laine… À présent, le dit Bartolomeo est à Aigues-Mortes pour les embarquer.; elle rappelle le rôle important que joue alors l'élevage ovin dans l'économie arlésienne.
- en 1332, la ville d'Arles compte 23 moulins à vent, essentiellement sur la colline du Mouleyres
- les campagnes sont exploitées avec une présence humaine permanente dans les mas. Cf. mas de Paulon
- Dans la première moitié du XIVe siècle, le trafic fluvial devient important entre Tarascon-Beaucaire-Arles et Aigues-Mortes
Pourtant, des prémices annonçaient déjà un recul du rayonnement de la cité. Sur le plan politique, la ville qui avait perdu un grand nombre de privilèges au milieu du XIIIe siècle, s'était effacée devant la capitale comtale Aix. De même pour l'archevêché d'Arles, le XIVe siècle ne s'annonce pas plus favorable que le XIIIe. Au début du siècle, l'installation de la papauté à Avignon (1309) fait que les prélats arlésiens sont peu présents dans leur diocèse et Arles cesse d'être la résidence de ses archevêques. À ce déclin déjà commencé sur le plan politique, administratif et ecclésiastique, se rajoutent au début des années 1320, les premières difficultés économiques : des récoltes insuffisantes apparaissent dès 1315 et s'aggravent dans les années 1323, 1329 et 1332.
Ce n'est toutefois qu'à partir du milieu du XVe siècle, que la situation se dégrade. La ville d'Arles, toujours aux prises avec des disettes, subit des épidémies dont la fameuse peste noire de 1348 et une série de guerres ; elle voit sa population se réduire fortement.
La peste noire apparait dans la ville d'Arles initialement en janvier 1348, puis à plusieurs reprises jusqu'à la fin du siècle[103]. En éliminant presque la moitié des consommateurs elle apporte un répit à la famine mais les terres désormais en friche et les surtout les guerres de la seconde moitié du XVe siècle rendent tout approvisionnement difficile. Les famines font leur réapparition en 1357 et surtout entre 1368 et 1375.
Les guerres apparaissent peu après et touchent une population fortement affaiblie par les disettes et les épidémies. Venant du continent, elles commencent en 1355 et se terminent en 1399.
Tout débute par un conflit local, quand en 1355, le Sénéchal de Provence, Fouques d'Agout, fait le siège du château des Baux où s'est réfugié Robert de Duras qui meurt en 1356 à la bataille de Poitiers.
La région est ensuite la proie de bandes armées désœuvrées pendant les trêves de la guerre de cent ans :
- 1357-1358 : présence des bandes de Routiers, conduites par Arnaud de Cervola dit l'Archiprêtre et appelées par les comtes des Baux. Ils franchissent le Rhône le 13 juillet 1357 et ne repartent de Provence qu'en octobre 1358.
- 1357-1358 : le 1er octobre, pour lutter contre les Routiers, le sénéchal fait appel au comte d'Armagnac qui amène entre Arles et Tarascon mille sergents. Leur intervention sera aussi terrible que celle des Routiers.
- 1361 : les troupes d'Henri de Trastamare venant d'Espagne arrivent jusque sous les murs d'Arles.
La ville bénéficiant alors de quelques années de tranquillité, le 4 juin 1365, Charles IV roi de Bohême se fait couronner comme son prédécesseur Frédéric Barberousse, roi d'Arles à la cathédrale Saint-Trophime.
Mais le répit est de courte durée. À partir de 1367, les ambitions de Louis d'Anjou en Provence constituent un nouveau danger. Ainsi du 11 avril au 1er mai 1368, la ville est assiégée sans succès par des troupes conduites par Duguesclin, représentant les intérêts de Louis d'Anjou en Provence[104].
À l'automne 1380, l'adoption de Louis d'Anjou par la reine Jeanne met toute la Provence en émoi. La Provence est coupée en deux : d'un côté les partisans de Louis d'Anjou conduits par les villes de Marseille et d'Arles, de l'autre ceux de Charles Duras regroupés autour des villes d'Aix, Nice et Tarascon. De 1382 à 1387, pendant ces troubles appelés guerre de l'Union d'Aix, la confusion est à son comble. À compléter…
L'épisode le plus dramatique pour Arles se déroule en 1384. Au printemps de cette année, le chef tuschin allié de Charles Duras, Étienne Augier plus connu sous le nom de Ferragut, s’installe dans les Alpilles et fait régner la terreur jusqu'au Rhône et Arles qu'il prend avec des complicités internes. Le viguier de la ville est tué. Après quelques heures de troubles, les habitants se révoltent contre les Tuschins et les chassent de la cité. Le lendemain, une répression sévère est menée contre leurs partisans[105].
Enfin, un dernier conflit surgit en 1389 quand Raimond Roger de Beaufort[106], vicomte de Turenne et neveu et petit-neveu des papes Grégoire XI et Clément VI, reprend les armes et de ses châteaux des Baux et de Roquemantine, fait régner la terreur dans la Provence occidentale ; Arles est rançonnée deux fois, en 1392 et 1396. Finalement les arlésiens se mobilisent et avec l'aide de Louis II et son frère Charles de Tarente de retour de Naples en août 1399, pacifient définitivement le comté entre 1398 et 1399.
À côté des impacts démographiques et économiques, cette période agitée apportent également son lot de transformations sur le plan politique et religieux.
Sur le plan religieux, les confréries se développent à partir des années 1350. Longtemps ces associations se sont heurtées à l'autorité des ecclésiastiques, en souvenir de l'ancienne République d'Arles. Ces confréries qui ont une activité charitable, conviviale, religieuse et surtout funéraire se mêlent de manière intime et quotidienne à la vie des arlésiens.
Sur le plan politique, les années 1350-1385 et notamment la période liée à l’installation de la seconde dynastie Angevine permettent paradoxalement à la ville de retrouver[107] une partie des droits aliénés en 1251. / à compléter cf. syndics, etc. /
À partir des années 1380, le chroniqueur arlésien Bertrand Boysset devient un témoin de l'histoire événementielle de la ville. Par exemple, il signale la crue du Rhône du 14 novembre 1396 qui noie les bas quartiers de la ville (la Roquette) sous deux mètres d'eau[108] ou la destruction des ailes des moulins du Mouleyrès par le Mistral. Il évoque également l'épidémie de peste qui se produit entre le 1er avril 1397 et janvier 1399[109].
Le XIVe siècle est donc une période de déclin, à la fois démographique, économique et ecclésiastique. Le recul démographique réduit de manière brutale la population arlésienne et affecte toutes ses activités ainsi que ses clercs. Il entraîne la disparition de paroisses urbaines et les guerres la destruction des églises du faubourg. Mais paradoxalement les troubles politiques de la seconde moitié de ce siècle ont permis à la cité provençale de retrouver une partie de ses droits.
[modifier] XVe siècle
Après la terrible épidémie de 1347-1350 (peste noire), le plus bas démographique est atteint un siècle plus tard, vers 1440, la ville étant alors passée d'environ 12000 (en 1337) à 5000 habitants. D’autres épidémies de peste frappent la ville en 1398, 1450 et 1482. La population arlésienne en est très affectée et la cité ne retrouvera ses effectifs du début du XIVe siècle qu'à la veille de la Révolution.
Deux périodes sont particulièrement difficiles pour la cité :
- 1418-1433, avec les épidémies de 1418, 1420, 1429, la guerre permanente, les récoltes insuffisantes de 1421, 1424, 1426, 1429, 1432 et la cherté du grain en 1428, 1432 et 1433;
- 1481-1484 : pénurie de grains dans la ville en décembre 1481, janvier 1482, septembre 1483, février 1484 et l'épidémie de peste de 1482-1484.
Paradoxalement, la cité et le pays d'Arles forts demandeurs en main d'œuvre (travaux agricoles, volonté d'accueillir des artisans…) deviennent un centre important d'immigration, d'abord avec des populations de la Provence occidentale, puis du sillon rhodanien jusqu'à Genève et enfin du Cantal et de la Lozère. Ce flux migratoire sera à l'origine de la reprise démographique de la cité dans les années 1470.
L'archevêché d'Arles encore brillant au début du siècle, perd de son prestige. En 1475, à la mort de Philippe de Lévis, le pape Sixte IV réduit le diocèse d’Arles : il détache le diocèse d'Avignon attribué en 1474 à son neveu Julien de la Rovere, le futur pape Jules II, de la province d'Arles, l'érige en Archevêché et lui attribue comme suffragants les évêchés comtadins de Carpentras, Cavaillon et Vaison. Quelques années plus tard, les archiépiscopats d'Eustache de Lévis et de son successeur Nicolas Cibo marquent la fin du monnayage d'Arles.
En 1483, Arles, Terre Adjacente de Provence, est réunie avec celle-ci au Royaume de France peu de temps après la mort du Roi René (1481), son dernier comte.
Les Arlésiens de la fin du XVe siècle sont très attachés au culte et même aux traditions légendaires ainsi que le montre l'incident malheureux concernant les reliques de saint Antoine en 1493[110]. Dans cette situation d'exaspération religieuse, entretenue par les prédications des frères mineurs, le climat entre les communautés chrétiennes et juives se dégrade. Sous l’archiépiscopat d’ Eustache de Lévis (1475-1489), et plus particulièrement après le rattachement de la Provence au Royaume de France, les tensions aboutissent au sac de la juiverie d’Arles le 7 juin 1484[111]. Finalement, le 23 septembre 1493, un édit de Charles VIII ordonne l'expulsion des juifs d'Arles.
À la fin du siècle, le ville entreprend les premiers travaux de rénovation urbaine : en 1497, la place située devant Saint-Trophime est agrandie.
[modifier] Ancien Régime
[modifier] XVIe siècle
L'annexion d'Arles au Royaume de France se fait sans difficulté. François Ier passe à Arles en 1516 lors de son retour d'Italie et visite les monuments romains. Quelques années plus tard, le 20 août 1536, les Arlésiens témoignent de leur attachement à leur récente patrie en arrêtant la seconde invasion de la Provence conduite par Charles-Quint.
La paix revenue, Arles s'efface politiquement devant Aix[112] mais s'enrichit grâce à son vaste terroir progressivement mis en culture. C'est de cette époque que datent les premières tentatives modernes de dessèchement des marais qui entourent la ville. En 1540, la ville d'Arles aurait ainsi négocié à ce sujet avec le comte de Paucallier et près d'un demi-siècle plus tard, Jacques Audier et Philippe Larcher font de nouvelles propositions concernant les marais du Trébon, du Plan du Bourg et Coustières de Crau. Ces propositions restent sans suite sans doute à cause des sommes énormes nécessaires. Enfin en 1599, le roi Henri IV fait publier un édit accordant au Hollandais Berg-op-Zoom, le privilège exclusif de faire le dessèchement de tous les marais de France.
Des travaux d'irrigation sont également entrepris, dont le plus significatif, le canal de Craponne (du nom de son constructeur Adam de Craponne) creusé dans les années 1550, relie la Durance au Rhône en aval d'Arles. Le vaste terroir arlésien, rendu ainsi fertile, produit des grains de manière excédentaire. Grenier à blé de la Provence, Arles approvisionne de nombreuses villes méditerranéennes. Le blé est alors le moteur principal du commerce portuaire.
Cette période de prospérité se traduit par le développement artistique de la cité. Plusieurs monuments publics (la Tour de l'Horloge terminée en 1553 et couronnée de la fameuse statue de l'Homme de Bronze coulée en 1555, la porte de la Cavalerie en 1558…) et des hôtels particuliers de style Renaissance (place du Sauvage, rue Jouvène…) sont alors édifiés. Un écrivain arlésien Quiqueran de Beaujeu (1522-1550), évêque de Senez nous a laissé un témoignage de cette époque dans un ouvrage curieux "De laudibus Provinciae" (Éloge de la Provence) dans lequel il décrit la chasse, la pêche et les cultures d'alors. Le voyageur Félix Platter nous livre également un témoignage sur la Camargue :
- on rencontre de grands troupeaux de bœufs et de taureaux qui paissent en liberté ; des hommes, montés sur de petits chevaux agiles les poussent avec de longues perches à trois pointes vers des enclos et avec le concours de curieux on les marque au fer rouge.
Toutefois ces heures heureuses pour la cité s'achèvent au début des années 1560. En effet, la fin du siècle est marquée par des épidémies de peste (en particulier celle de 1579-1580[113]) et des inondations. À ces calamités naturelles se rajoutent les guerres de religion, principalement entre 1561-1562 où Arles est menacée à ses portes (Saint-Gilles, Beaucaire, Les Baux) et entre 1588 -1594, années au cours desquelles la ville suit le parti de la Ligue et la société arlésienne s'entre déchire dans une véritable guerre civile. Ces troubles religieux et politiques, ponctués par la visite royale de Charles IX et de sa mère Catherine de Médicis en automne 1564 [114], ne prendront fin qu'avec l'abjuration et surtout le couronnement d'Henri IV, le 27 février 1594.
Après toutes ces épreuves la situation financière d'Arles est catastrophique : fortement endettée la cité doit dès lors se résoudre à vendre une partie des biens communaux.
[modifier] XVIIe siècle
Au début XVIIe siècle, la ville est toujours dans son enceinte qui est restaurée en raison des conflits de religion latents en Provence et Languedoc. Une extension importante des remparts est même envisagée, mais le projet est stoppé par Henri IV en 1608.
Après 1625, des conditions climatiques favorables et un Rhône clément permettent un accroissement de la production agricole; ces conditions relancent l'idée de l'assèchement des marais, jugés terres improductives et pathogènes. Une convention est ainsi passée le 16 juillet 1642, entre les consuls, une association et Jean Van Ens, ingénieur hollandais, pour le dessèchement des terres marécageuses. Malheureusement, une conception insuffisante, des conflits locaux et une recrudescence des crues entraînant des coûts d'entretien trop importants vont ruiner le succès initial de l'entreprise.
Son activité portuaire évolue entre la fin du XVIe siècle et le milieu du suivant; la marine arlésienne adapte sa flotte fluviale dont le navire caractéristique devient l’allège; ce bâtiment prévu, comme son nom l’indique, pour alléger les navires plus lourds qui ne peuvent pénétrer dans le Rhône, permet de traiter les ruptures de charge entre le port de Marseille et le sillon rhodanien.
Déchue de toute ambition politique au profit d'Aix depuis son rattachement au Royaume de France, Arles ne brille plus que par l'éclat de son archevêché. L'élan pastoral impulsé par le Concile de Trente est relayé dans la cité par des archevêques actifs. Il en résulte une multiplication de congrégations religieuses tandis que la poussée démographique incite à une rénovation des paroisses.
À la suite des dettes contractées et accumulées pendant les Guerres de Religion qui ont obligé la ville à vendre une partie de son immense territoire, on voit apparaître en Camargue de vastes domaines fonciers qui participent à la reconquête agricole de ce terroir déserté depuis des décennies. En retour à cet enrichissement des classes nobles et bourgeoises, les arts se développent et la ville se pare d’un grand nombre d’hôtels particuliers.
La vie artistique et intellectuelle s'inspire de la Cour à la suite du passage du roi Louis XIII en octobre 1622, puis plus tard en janvier 1660 de celui du roi Soleil. C’est de cette époque que date, en 1666 la création de la première académie royale de province à l’imitation de l'Académie française[115].
L’architecture s’ouvre aux idées nouvelles d’Italie mais la Cité reste la même : les riches propriétaires s’agrandissent et construisent de somptueuses demeures héritées de l’art de la Renaissance. Au niveau du tissu urbain, des modifications notables sont apportées aux établissements religieux édifiés récemment dans le cadre de la Contre-Réforme tout autour de la ville (Capucins, Carmes).
Dans ce renouveau architectural émerge le nouvel hôtel de ville conçu par l’architecte arlésien Jacques Peytret aidé de Jules Hardouin-Mansart en hommage au Roi Soleil, en l’honneur duquel on érige face au nouveau monument l’obélisque ornant autrefois le cirque romain. L'édifice est achevé en 1675. À compter de 1679, une politique d’alignement est entreprise par les consuls. Ceux-ci « délibèrent un alignement général des rues pour les rendre plus agréables et plus commode ». Cette politique d’alignement qui se poursuit jusqu’à la Révolution, modifie considérablement l’aspect du centre-ville.
[modifier] XVIIIe siècle
Au tournant du siècle, Arles va renouer avec un épisode de tensions et de catastrophes. En 1706, puis en 1707 la ville entreprend la réfection des remparts (Porte du Marché-neuf et façade du Rhône) sous la direction de M. de Saxy gouverneur du Mont-Royal, contre une invasion possible des troupes du duc de Savoie. Dans la foulée, le terrible l‘hiver 1709 ruine les récoltes et gèle les oliviers. Des inondations et disettes se succèdent et en 1721 la grande peste venue de Marseille provoque un désastre démographique : elle emporte environ 9.000 habitants sur 23.000, soit plus du tiers de la cité.
Au début de 1752 (fin janvier, début février), l’archevêque de Jumillac intervient à Arles pour apaiser une émeute liée à une pénurie de blé générée par la spéculation. Il ordonne de faire des distributions de pain au peuple. Toutefois, les meneurs de l'émeute sont sévèrement châtiés ; l’un est pendu, huit condamnés aux galères à vie et d’autres à dix et cinq ans.
Vers le milieu du XVIIIe siècle, apparaissent des établissements industriels et artisanaux autour des murailles et à Trinquetaille. En 1788, le bois, les pierres, le charbon et les fourrages forment, avec le blé, les principales marchandises figurant dans les chargements des bateaux arlésiens.
En 1788-1789, un rude hiver plonge dans une profonde misère[116] une population accablée par l’impôt[117].
Au mois de mars 1789, des émeutent éclatent partout en Provence. La ville d'Arles se soulève dès le 13 mars; matelots et gens de mer arrachent au premier consul une baisse du prix des comestibles. Les troublent reprennent à l'occasion de la préparation des cahiers de doléances, et après avoir récusé leurs députés aux États Généraux, les Arlésiens se rendent maîtres de la municipalité. La Grande Peur gagne le territoire arlésien à la fin de juillet 1789. Le 4 août, ils déposent leurs consuls et un nouveau conseil est formé, composé de représentants de la noblesse, du clergé, de la bourgeoisie et de diverses corporations.
Dès les premiers mois de la Révolution, Pierre-Antoine Antonelle, d’origine aristocratique et chef mythique des Monnaidiers (partisans de la Révolution) devient le plus important protagoniste de la Révolution française à Arles. Il est élu le 15 février 1790 maire de la ville, grâce aux voix des artisans et des marins. Au cours de sa mandature, le village de Fontvieille devient commune autonome par déduction du territoire arlésien. Aristocrate mais farouchement anti-clérical, Pierre-Antoine Antonelle s’oppose dans la cité à l’archevêque Monseigneur du Lau et aux partisans royalistes, les Chiffonistes. Arles avec une noblesse abondante, en contact avec le Languedoc et les réseaux aristocratiques devient en effet rapidement une plaque tournante contre-révolutionnaire. A la fin de l'année 1790, la crainte d'un complot suscite dans toute la Provence une flambée de violences.
Dans ce climat de tension quotidienne, les deux clans Monnaidiers et Chiffonistes s’affrontent. Les Chiffonistes font régner dès l'été 1791, une véritable terreur contre-révolutionnaire que les délégués du département sont impuissants à réprimer et qui aboutit aux élections de novembre 1791 à la victoire de la Chiffone emmenée par le nouveau maire Pierre Antoine Loys. Les Monnaidiers pourchassés quittent la ville pour se cacher en Camargue et les vainqueurs transforment la ville en camp retranché royaliste[118].
Le 21 mars 1792, Arles est déclarée en état de rébellion contre la République. Une armée de Marseillais se met alors en route et entre le 27 mars dans une ville désertée durant la nuit par les Chiffonistes. En punition des sentiments légitimistes de la cité, la Convention nationale condamne la ville d'Arles à raser ses remparts, ce qui ne sera réalisé que partiellement. Le décret de mise en accusation de Louis XVI du 11 décembre 1792, évoque à l'article 9, les troubles contre-révolutionnaires soutenus par les commissaires envoyés par Paris[119]. Un nouveau club révolutionnaire, le comité «des Sabres» apparait. Il fait la chasse aux chiffonistes ou aux femmes de ceux qui ont émigré.
… Le 14 juillet 1793, trois cents Toulonnais débarquent par le Rhône pour rompre avec l'aide des Monnaidiers arlésiens la résistance chiffoniste. Au cours des combats, il y a sept morts et une trentaine de blessés.
En juillet 1793, les Monnaidiers doivent fuir à leur tour (?).
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[modifier] Après la Révolution
[modifier] XIXe siècle
Au XIXe siècle, Arles est marquée profondément par le choléra. Entre 1832 et 1884, il y a dans la cité 9 épidémies successives correspondant aux 2e, 3e, 4e et 5e pandémies de cette maladie. La ville subit également de profondes mutations : elle redécouvre son passé historique et se transforme de gros bourg agricole et portuaire, en ville ouvrière.
Au début du siècle, une nouvelle aristocratie s'affirme à la tête de la cité comme le montre la riche demeure du Baron de Chartrouse, anobli par Napoléon Ier et rallié à la Restauration en 1814-1815. Maire d'Arles, il entreprend vers 1824 de remettre en valeur la patrimoine bâti en dégageant les Arènes, puis le théâtre antique.
Sur le plan économique, le port d'Arles est encore important au début du XIXe siècle: il possède 104 bateaux en 1804, ce chiffre passant à 152 en 1847. En 1837, le port de la cité est au 13e rang national devant des villes maritimes comme Brest, Saint-Malo ou Cherbourg.
Toutefois dès 1848, peu de temps après l'introduction des premiers bateaux à vapeur (1840), Arles perd son monopole de la navigation sur le Bas-Rhône à cause des chemins de fer (ligne Paris-Lyon-Marseille) puis de Saint-Louis, port créé à l'embouchure du Rhône à partir de 1882. Le chemin de fer révolutionne l’économie et la physionomie des activités au détriment du port fluvial. La cité se vide ainsi de ses marins qui représentaient avec leurs familles près du tiers de la population de la ville.
La ville trouve cependant un second souffle dans l’industrie. Les ateliers des chemins de fer qui recouvrent les Alyscamps attirent dès 1848 une nouvelle population, essentiellement des ouvriers, comprenant une forte composante gardoise et protestante. Un peu plus tard, des ateliers de construction navale apparaissent à Barriol et des dragues fabriquées à Arles sont livrées dans le monde entier. La population rurale, qui constituait encore 40% des habitants de la ville vers 1850, quitte la cité. En moins d’un demi siècle Arles devient une ville ouvrière.
À partir du milieu du XIXe siècle, la ville se transforme profondément en se dotant de nombreux équipements. On voit s’élever les Haras, le canal d’Arles à Bouc est creusé, la promenade des Lices aménagée, les Arènes et le théâtre antique ont été dégagés. Les crues des années 1840 et surtout celle de 1856, entraînent la construction de quais qui protègent la ville du fleuve. L'urbanisme du Second Empire se traduit dans la cité par le percement de nouvelles artères (rue Gambetta…), l’aménagement de deux ponts sur le Rhône, un pour le train en 1850 et l’autre en 1875 pour relier la ville à Trinquetaille sur la rive ouest du Rhône à la place du pont de bateaux, et la construction de nouveaux bâtiments à usage collectif : poste, écoles, théâtre, magasins.
La ville se développe enfin en périphérie par extension de faubourgs, notamment au sud du boulevard des Lices, où s’installe une caserne d’infanterie. Le décor architectural, néoclassique au début du XIXe siècle, devient plus éclectique après 1850.
Son territoire est également mis en valeur. En 1856, des industriels bâtissent Salin-de-Giraud au sud de la commune pour l'exploitation du sel. Sur le plan agricole, les ravages causés au vignoble français par le phylloxéra à partir de 1875 sont une aubaine pour les grands propriétaires arlésiens qui couvrent la Camargue de vignes, les sols sableux et inondés l'hiver protégeant les plants des attaques du parasite. Des travaux d'infrastructures sont alors réalisées : en 1892, deux lignes de chemin de fer sont créées pour la mise en valeur de ces salins et le développement de la Camargue (transport du sel, de produits agricoles, de matériaux de construction et de voyageurs).
[modifier] XXe siècle
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Chronologie d'Arles : les principales dates de l'histoire d'Arles
- Archevêché d'Arles : histoire du diocèse d'Arles avec les évêques et archevêques d'Arles
- conciles d'Arles : conciles tenus à Arles
- Vincent van Gogh : sur le séjour du peintre à Arles et les tableaux de l'artiste représentant la cité
[modifier] Sur le Web
[modifier] Bibliographie
- Crau, Alpilles, Camargue, histoire et archéologie du Groupe Archéologique Arlésien, 1997 - ISBN 2950848311
- Arles antique de Marc Heijmans, Jean-Maurice Rouquette, Claude Sintès, 2006 - ISBN 2858228957
- Arles durant l'antiquité tardive de Marc Heijmans, Paris, Collection de l'École française de Rome, 2004 - ISBN 2728306265
- Arles au Moyen Âge, de Louis Stouff, La Thune Marseille, 2000 - ISBN 291384703X
- Mémoires historiques et critiques sur l'ancienne République d'Arles d'Anibert, 1779-1781.
- La Révolution arlésienne, Ville d’Arles, 1989.
- Espace et urbanisme d'Arles, des origines à nos jours du Groupe archéologique arlésien, 2000 - ISBN 295084832X
[modifier] Notes
- ↑ Cf. Ora Marina, v. 689-691
- ↑ Hannibal arrivé à quatre journées de l'embouchure du Rhône, entreprit de passer, parce que ce fleuve n'avait là que la simple largeur de son lit - Polybe - Chapitre VIII
- ↑ La capitale des Nearchi, Bergine pourrait être identifiée, selon F. BENOÎT, avec le site de Saint-Gabriel à l'extrémité occidentale des Alpilles (futur Ernaginum).
- ↑ Carthage est fondée en 814 av. J.-C.. Les Carthaginois et les Étrusques dominent alors le commerce en Méditerranée occidentale jusqu'à l'arrivée des Grecs. Les Carthaginois interviennent plutôt en Espagne et en Languedoc dans le commerce des minerais, tandis que les Étrusques se limitent à la Provence avec le commerce du vin. Ces deux peuples de navigateurs et commerçants s'opposent initialement victorieusement aux Grecs qui essayent de les supplanter dans ces régions (victoire d'Alalia en 535 av. J.C.). Ils vont perdre toutefois peu à peu leurs prérogatives à la suite d'une série de revers (en particulier la défaite de Cumes en 474 av. J.-C. qui permettront aux Grecs de s'imposer avant que ces derniers abandonnent à leur tour le contrôle du commerce méditerranée aux Romains.
- ↑ Après C.Müller, on a également considéré que le nom de Théliné transmis par Avienus serait grec et qu'il recouvrirait l'appellation locale du lieu ; il s'agirait plus précisément d'une version corrompue Telme, lieu marécageux.
- ↑ Cf. Ora Maritima, v. 689-691 (ou 681-683) :
Arelatus illic civitas attollitur,
Theline vocata sub priore saeculo
Graio incolente.
Le texte original et une traduction de ce texte sont accessibles respectivement ici (ou ici) et là - ↑ L'arrivée des immigrés à Marseille au milieu du VIe siècle av. J.-C. - M. GRAS, 1995
- ↑ Rome, lorsqu'elle va créer à Arles, une de ses plus anciennes colonies en Gaule, ne choisit pas seulement une position géographique favorable mais aussi un milieu évolué sur le plan culturel et capable d'assimiler puis de répercuter rapidement ses propres institutions. La survivance du fond hellénique va transparaître encore sous l'Empire et durant l'Antiquité tardive dans l'architecture et plus directement dans l'usage enseigné de la langue et de la culture grecques.
- ↑ Les Celtes entament au début du IVe siècle une phase d'expansion vers l'Est et vers la Méditerranée; ils sont à Rome en 390 av. JC
- ↑ Hannibal arrivé à quatre journées de l'embouchure du Rhône, entreprit de passer, parce que ce fleuve n'avait là que la simple largeur de son lit - Polybe - Chapitre VIII
- ↑ Les sénateurs romains envoient P. Cornelius pour empêcher Hannibal de traverser le Rhône. Cornelius avec 60 vaisseaux, arrive à Marseille, où il débarque. Il remonte le Rhône et, comme ses troupes n’étaient pas encore assez reposées pour combattre, il envoie en avant 300 de ses cavaliers pour surveiller Hannibal. - Tite-Live - Chapitre XXVI
- ↑ Cf. Texte de Patrice Arcelin, extrait de Du nouveau sur l’Arles antique, exposition, ville d’Arles, 1987
- ↑ Cf. La Provence des origines à l'an mil, sous la direction de P.A FEVRIER - pages 201-202
- ↑ Cf. Histoires, livre XXXIV - exposé géographique décrivant la Gaule, l'Espagne et l'Afrique, toutes parties de la Méditerranée occidentale que Polybe avait visitées.
- ↑ Un témoignage précis vers le milieu du IIe siècle av. J.-C., celui de l'historien grec Polybe, confirme la présence dans cette région de nombreuses barques et de bateaux qui assurent la liaison avec le domaine maritime.
- ↑ Marius, informé que les ennemis approchaient, se hâta de repasser les Alpes ; et ayant placé son camp sur le bord du Rhône, il le fortifia, et le fournit d'une telle abondance de provisions de bouche que jamais la disette des vivres ne pouvait le forcer à combattre quand il n'y trouverait pas son avantage. Mais comme il fallait faire venir par mer toutes les provisions avec beaucoup de temps et de dépense, il trouva le moyen d'en rendre le transport prompt et facile. Les marées avaient rempli de vase et de gravier les embouchures du Rhône ; sa rive était couverte d'une bourbe profonde que les flots y déposaient, et qui en rendait l'entrée aussi difficile que dangereuse aux vaisseaux de charge. Marius, pour occuper son armée pendant ce temps de loisir, fit creuser un large fossé, dans lequel il détourna une grande partie du fleuve, et qu'il conduisit jusqu'à un endroit du rivage sûr et commode. Le fossé avait assez de profondeur pour contenir de grands vaisseaux, et son embouchure dans la mer était unie, et à l'abri du choc des vagues. Ce fossé s'appelle encore aujourd'hui la fosse Mariane. (La vie de Marius - Plutarque)
- ↑ Cf. Histoire de la Provence, sous la direction d'Édouard BARATIER - page 56
- ↑ Tiberius Néron, le père de Tibère, était questeur de C. César dans la guerre d'Alexandrie. Il commandait sa flotte, et contribua beaucoup à la victoire. Aussi fut-il créé pontife à la place de P. Scipion, et chargé de conduire des colonies dans la Gaule, entre autres à Narbonne et à Arles. (Vies des douze Césars - Suétone)
- ↑ Il s'agit de celui qui commandait les douze bateaux arlésiens vainqueurs de la flotte Massaliotte devant les iles de Frioul en 48 av. J.-C.
- ↑ Colonie des Vétérans de la VIelégion fondée à Arles par mon père Jules César
- ↑ Après sa défaite, Marseille est en effet fortement sanctionnée : elle perd sa flotte, son trésor et ses territoires ne conservant que son autonomie et ses prérogatives urbaines
- ↑ Il ne faut pas le confondre avec un autre arc de triomphe dénommé arc Admirable construit au nord de la cité, probablement entre la place Voltaire et la rue Léon Blum actuelles, à l'intersection de la voie qui partait d'Arles en direction d’Ernaginum (Saint-Gabriel) et de celle qui descendait des arènes et rejoignait le pont de bateaux franchissant le Rhône.
- ↑ En référence au monastère de femmes construit au VIe siècle à proximité car en vieux Provençal, mourgue signifie moniale
- ↑ La tour des Mourgues, note sur l'enceinte romaine d'Arles - F. BENOIT (voir sur Gallica, page 206)
- ↑ Cf. Geographie, Livre IV
- ↑ Cf. Histoire Naturelle, III, 71
- ↑ Lettre de Saint-Cyprien (Epistula LXVIII) adressée au pape Etienne
Frère Cyprien à Étienne,
Notre collègue Faustinus, de Lyon, un frère qui nous est très cher, m’a écrit à deux reprises en me disant que Marcianus qui est à Arles, porte contre les chrétiens repentants la très grave accusation d’hérésie, si bien que les serviteurs de Dieu qui se repentent, souffrent et implorent l’église dans les larmes, les gémissements et la douleur, se voient refusées la consolation et l’aide de la piété divine et de la douceur du Père ; alors qu’ils sont blessés, ils n’ont pas le droit de venir soulager leurs blessures, mais sans espoir d’apaisement et de communion, ils sont laissés en pâture aux loups et jetés en proie au diable. - ↑ Quant à Chrocus, il fut capturé près de la ville d'Arles des Gaules, et après avoir subi divers supplices, il mourut frappé d'un coup d'épée, expiant à juste titre les souffrances qu'il avait causées aux saints de Dieu. (Histoire des Francs - Grégoire de Tours)
- ↑ La transformation des cités ouvertes en villes fortifiées se généralise dans la deuxième partie du IIIe et dans la première partie du IVe siècle, sous la poussée des circonstances. Tous les empereurs, dans une proportion variable, y prennent leur part. Le cas le plus célèbre est celui de l'enceinte de Rome, commencée en 271 par [[Aurélien (empereur romain)|]] et achevée par Probus.
Au milieu du IVe siècle l'œuvre s'achève et toutes les provinces, en Orient comme en Occident, sont couvertes d'un réseau de villes fortifiées. Ces enceintes ont généralement des dimensions restreintes : 800 mètres à Vérone, entre 900 et 2.000 mètres dans les Gaules, entre 2 000 et 2.500 mètres à Bordeaux, Poitiers et Sens. La seule exception, mais elle est d'importance, est l'enceinte de Rome qui fait 18.800 mètres, dont la dimension se justifie aisément par la taille et l'importance de la ville.
Les villes fortifiées remplissent bien leur rôle : en 298, menacé par les Alamans, Constance Chlore trouve refuge derrière les remparts de Langres.
D'après un site de ENS ici - ↑ Genès d'après la tradition aurait été un greffier de la milice impériale qui refusa en 303 de transcrire un édit envoyant des chrétiens à la mort. Condamné à la peine capitale, il s'enfuit à la nage se réfugier sur la rive droite du Rhône à Trinquetaille où il fut rejoint et décapité. Sa dépouille, récupérée par des coreligionnaires, fut inhumée aux Alyscamps ainsi que l'écrivait l'archevêque Paulin (?) au Ve siècle : Illic (à Trinquetaille) sanguine, hic (aux Alyscamps) corpore (d'après Frédéric Tondeur, Camargue et Pays d'Arles, pages 62-63).
- ↑ Cf. Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule de Louis Duchesne, page 98
- ↑ Maximien profite d'une absence de son gendre Constantin pour reprendre la pourpre, mettre la main sur le trésor; il s'établit à Arles, puis à Marseille où il est livré à Constantin qui l'épargne une première fois mais de nouvelles intrigues obligent Constantin à se débarrasser de lui. Quelques auteurs, Eusèbe, Lactance, Eumène, parlent eux d'un suicide. En tout cas Constantin fait abattre ses statues et des monuments élevés en son honneur (310).
- ↑ Constantin est venu à plusieurs reprises à Arles, peut-être en 307 pour son mariage avec Fausta, la fille de Maximien, en tout cas en 314 et en 316 quand y naquit son fils Constantin II, source quelques années plus tard du surnom temporaire de la ville : Constantina
- ↑ Cf. l’historien Ammien Marcellin (env. 330 - en.400)
- ↑ La ville constantinienne, d'après Charles Lenthéric (Villes mortes du golfe du Lyon - 1876), a bien deux ports distincts :
- le port en rivière établi sur les deux rives du Rhône qui lui ouvre, par la remonte du fleuve, l'accès de toute la Gaule; mais la route de la mer lui est fermée de ce côté par cette barre du Rhône qui a résisté jusqu'ici aux siècles et aux hommes.
- le second port d'Arles, le port intérieur, ouvert sur les étangs, qui permet aux navires de charge de descendre jusqu'au Grau-de-Galéjon, où, dit Plutarque, se trouve une embouchure profonde capable de recevoir les plus grands navires, calme et à l'abri du choc des vagues. Puis on entre en mer.
- ↑ PALANQUE (J.R.) dans un article : La date du transfert de la Préfecture des Gaules de Trèves à Arles estime que la date est plus ancienne : 395 (voir sur Gallica, page 359)
- ↑ À Trèves et à Lyon pendant l'été 407, il marche sur Arles à la fin de cette même année - ou au début de 408.
- ↑ Constance part d'Arles, probablement en mars 414, passe le Rhône, se rend maître de tout le littoral entre le Rhône et les Pyrénées et coupe le ravitaillement des Wisigoths en s'emparant de Narbonne. Athaulf qui a épousé une première fois Galla Placidia à Forlì en Emilie, selon le rite germanique et le 1er janvier 414, selon le rite romain dans la ville de Narbonne cède aux instances de Placidie, à qui cette guerre contre ses compatriotes est odieuse. Il quitte donc la Narbonaise, et passe en Espagne où, vers la fin de l'année 414, il s'empare de la ville de Barcelone.
Cf. aussi Histoire de la Provence, sous la direction d'Édouard BARATIER - page 78 - ↑ Les Wisigoths combattent tantôt dans le sens de la politique romaine quand ils sont rétribués (contre un usurpateur comme Jovin, contre les bagaudes, contre les Vandales et les Alains), tantôt pour leur propre compte, dès qu'ils manquent de ravitaillement. Ils finissent par s'installer en Aquitaine comme fédérés en 418.
À propos des Wisigoths et deConstance, il y a le problème de Galla Placidia. Constance qui a des visées sur la princesse refuse en effet la collaboration des Wisigoths, pour lutter contre les nombreux usurpateurs présents en Gaule, tant que ceux-ci ne restituent pas la princesse impériale. Il refuse de livrer des vivres promis aux hommes d'Athaulf si bien que ce dernier en 413 tente en vain de prendre Marseille. - ↑ cf. Edit adressé en 418 au préfet du prétoire des Gaules Agricola : …Cette mesure avait déjà été établie, approuvée et mise en vigueur par une sage résolution de l'illustre préfet Pétronius, mais elle tomba en désuétude par les malheurs du temps, et les désordres des usurpateurs : notre prudente autorité ordonne de la rétablir aujourd'hui, Ô Agricola, père très cher et très aimé…
- ↑ Cf. Edit d'Honorius et Théodose (418 - Arles) donné le 15 avant les calendes de Mai ; reçu à Arles le 10 avant les calendes de Juin, les augustes Honorius, consul pour la 12e fois, et Théodose pour la 8e
- ↑ Ce synode provincial tenu à Arles et présidé par Hilaire, archevêque d'Arles, contient 56 canons et proclame que les néophytes (juifs convertis) ne peuvent prétendre aux ordres majeurs et précise les conditions d'élection des évêques.
- ↑ Dans la biographie de l'évêque Hilaire, il est mentionné l'affaire du diacre Cyrille qui a reçu un bloc de marbre sur le pied quand il était en train d'enlever sur ordre d'Hilaire, le décor du théâtre pour réutiliser les pierres pour la construction de basiliques
- ↑ D'après saint Hilaire
- ↑ Le préfet du prétoire des Gaules de l'époque, Exsuperantius nommé par Constance III, est tué par la garnison romaine d'Arles à l'époque de ce siège, probablement à la fin de 424. Les années 424-426 sont en effet particulièrement agitées dans la cité : en 426, l'archevêque d'Arles, Patrocle, meurt lui aussi assassiné, sur ordre d'un dénommé Felix magister militum. La ville est alors très divisée sur la politique vis-à-vis des barbares entre factions anti et factions plutôt favorables :
- En outre le préfet du prétoire des Gaules Exsuperantius, nommé en 421 par Constance III, avait si peu réagi à l’attaque des fédérés wisigoths qu’en 424 la garnison romaine d’Arles s’était mutinée et l’avait tué. Aetius eut donc à ménager tant les assiégés que les assiégeants de la capitale des Gaules. Négocia-t-il le départ des Wisigoths en faisant espérer à leur roi que la régente consentirait à un renouvellement avantageux du foedus de 418 ? Cette négociation exaspéra-t-elle les Gallo-romains d’Arles qui firent massacrer par des soldats en 426 l’évêque Patrocle, autre représentant de la politique pro-barbare de Constance III, mais dont la régente avait confirmé le vicariat pontifical en 425 ? (Cf. L’évolution politique de Galla Placida - Emilienne Demougeot, page 16, accessible ici)
- ↑ Préfet des Gaules de 448 à 449
- ↑ Le préfet du prétoire Ferreolus invite le roi Wisigoth Torismond à un festin et achète son départ avec une lourde coupe ornée de joyaux.
- ↑ Il demande en vain l'assistance de Théodoric qui ne peut répondre à sa demande
- ↑ Le 17 ou 18 octobre 456, il est autorisé à devenir évêque de Plaisance
- ↑ Réunion à laquelle participent également l'empereur Majorien et l'ancien préfet de prétoire des Gaules, Magnus.
- ↑ Cette défaite n'est connue que par la Chronica Gallica de 511 où il est rapporté (no.649) : Antimolus a patre Anthemio imperatore cum Thorisario, Everdingo et Hermiano com. stabuli Arelate directus est, quibus rex Euricus trans Rhodanum occurrit occisisque ducibus omnia vastavit
- ↑ Au moment même où l'Auvergne témoigne énergiquement de son attachement à l'Empire - la ville de Clermont résiste depuis deux ans aux Wisigoths-, un envoyé de l'empereur, le questeur Licinianus arrive de Ravenne, et se concerte avec les évêques d'Aix, de Riez, d'Arles et de Marseille pour conclure un traité avec Euric. Afin de conserver la deuxième Narbonnaise et les Alpes maritimes, Népos consent à céder l'Auvergne aux Wisigoths compte tenu de l'extrême difficulté de garder cette province enclavée dans les conquêtes d'Euric comme en témoigne l'abandon dans lequel l'Empire a laissé les citoyens de Clermont pendant la dernière campagne des Wisigoths
- ↑ Les troupes de Théodoric se mettent en route vers la Gaule le 24 juin 508 (voir sur Gallica, page 92)
- ↑ Comme de nombreuses institutions (comme le Sénat romain), la préfecture du prétoire survit en Occident à la chute de l'Empire romain en 476. Elle est attribuée par des souverains dits barbares qui gouvernent des territoires anciennement romains, et qui perpétuent les coutumes romaines. La nature exacte de leur rôle n'est pas connue, mais l'on sait que Libère nommé par l'ostrogoth Théodoric, roi de Ravennes et d'Italie, doit par exemple se battre contre les Burgondes dans les années 520, ce qui montre une nouvelle évolution : de strictement administrative, la fonction redevient probablement militaire.
- ↑ Il reçoit le pallium en 513. De retour en Gaule, il a des démêlés avec l'évêque d'Aix au sujet des droits de l'église d'Arles. Césaire charge l'abbé Aegidius et le prêtre Messin d'aller les défendre à Rome; en juin 514, Symmaque déclare que l'archevêque d'Arles sera vicaire apostolique en Gaule et en Espagne
- ↑ Cf. Histoire des Francs de Grégoire de Tours
- ↑ Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs (livre IV) donne quelques détails :
Le roi Sigebert, désirant s’emparer de la ville d’Arles, ordonna aux habitants de l’Auvergne de se mettre en marche. Ils avaient alors pour comte Firmin [Firminus] qui se mit à leur tête. D’une autre part vint Audovaire, aussi à la tête d’une armée ; ils entrèrent dans la ville d’Arles, et firent prêter serment au roi Sigebert. Le roi Gontran l’ayant appris, envoya le patrice Celse à la tête d’une armée ; arrivé à Avignon, il prit cette ville, marcha ensuite vers Arles, et l’ayant environnée, commença à attaquer l’armée du roi Sigebert qui y était enfermée. Alors l’évêque Sabaude leur dit : Sortez des murs et livrez le combat ; car, enfermés dans ces murs, vous ne pourriez vous défendre non plus que le territoire de cette ville. Si, par la grâce de Dieu, vous êtes vainqueurs, nous vous garderons la foi que nous vous avons promise ; si au contraire ce sont eux lui l’emportent, voici que vous trouverez les portes ouvertes, entrez-y alors pour ne pas périr. Trompés par cet artifice, ils sortirent des murs et se prirent en bataille ; mais lorsque vaincus par l’armée de Celse, et commençant à fuir, ils revinrent à la ville, ils en trouvèrent les portes fermées ; l’armée ennemie les poursuivant à coups de traits par derrière, et les gens de la ville les accablant de pierres, ils se dirigèrent vers le fleuve du Rhône, et se mirent sur leurs boucliers pour gagner l’autre rive ; mais emportés par la violence du fleuve un grand nombre se noyèrent, et le Rhône fut alors, pour les habitants d’Auvergne, ce que nous lisons que fut autrefois le Simoïs pour les Troyens - ↑ Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs (livre VIII) donne quelques détails :
Après ce temps, trois chefs lombards, Amon, Zaban et Rhodan[lv], firent une irruption dans la Gaule. Amon prit la route d’Embrun jusqu’à Macheville[lvi], dans le territoire d’Avignon, domaine que Mummole tenait d’un présent du roi, et y fixa ses tentes. Zaban descendit par la ville de Die jusqu’à Valence et y plaça son camp ; et Rhodan, arrivé à Grenoble, y déploya ses pavillons. Amon ravagea aussi toute la province d’Arles et les villes situées dans ses environs ; il vint jusqu’au champ de la Crau [Champs des Pierres], qui tient à la ville de Marseille, et en enleva des troupeaux et des hommes : il se disposait aussi à mettre le siège devant la ville d’Aix, mais il s’en éloigna pour le prix de vingt-deux livres d’argent. Rhodan et Zaban en firent autant dans les lieux où ils arrivèrent. - ↑ Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs (livre VIII) donne quelques détails :
Le roi ayant entendu ces nouvelles, nomma pour duc Leudégésile à la place de Calumniosus surnommé Agilan, lui soumit toute la province d’Arles (ie Provence Arlésienne) et lui donna plus de quatre mille hommes pour en garder les frontières. Nicet duc d’Auvergne partit également avec des troupes, et fut chargé de cerner les frontières du pays. - ↑ Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs (livre IX) donne quelques détails :
Les Goths, à cause des ravages que l’année précédente l’armée du roi Gontran avait exercés dans la Septimanie, firent une irruption dans la province d’Arles, enlevèrent beaucoup de butin, et emmenèrent captifs tous les habitants, jusqu’à dix milles de la ville. Ils prirent aussi un château nominé Beaucaire, désolèrent le pays et ses habitants, et s’en retournèrent sans avoir éprouvé aucune résistance. - ↑ Cette date ne fait pas l’unanimité ; d'autres historiens avancent une période plus tardive : au VIIIe, voire au IXe siècle.
D'autres estiment que la réfection des remparts s'est produite plus tôt, comme à Narbonne, où l’enceinte construite dès le IIIe siècle après l’invasion des Alamans fut restaurée au moins une fois au Ve siècle par le préfet du prétoire des Gaules qui releva les portes de la ville, en même temps que le pont et l’aqueduc.
Cf. Histoire de Narbonne, de Jacques Michaud et André Cabanis, dir., Toulouse, Privat, 1981, p. 75.
Toutefois, cette réfection se place obligatoirement après 548, date de la fondation du monastère des Saints-Apôtres, fondé en 548 (ou 547) par l'archevêque d'Arles, Aurélien, à la demande du roi Childebert Ier. Ce monastère intra-muros, est à l’origine de l’église Sainte-Croix dans le Bourg-Vieux (quartier de la Roquette). - ↑ Avec notamment les pierres du cirque romain situé à l'extérieur et au sud-ouest de la ville
- ↑ Le trafic d'esclaves est alors une des activités traditionnellement des moins avouables pour la société chrétienne, mais la plus fructueuse.
- ↑ La formule Victoria Augustorum y est remplacée par Victoria Clotarii (d'après Henri Pirenne - Mahomet et Charlemagne, page 76)
- ↑ Cf. Histoire de la Provence, sous la direction d'Edouard BARATIER - page 94
- ↑ Cf. Arles au Moyen Âge, page 19. Il est possible toutefois que la situation ait été plus complexe, lors des périodes de Provence arlésienne.
- ↑ Il s'agit de la confirmation d'une rente en nature, prise sur les magasins royaux de Fos, accordée à l'abbaye de Corbie le 26 avril 716 (ibidem et Henri Pirenne - Mahomet et Charlemagne, page 60)
- ↑ Sont énumérés : huile, garum, poivre, cumin, olives, cannelle, vin cuit, dattes, figues, amandes, pistaches, olives, riz, piment, peaux de Cordoue, papyrus, etc.. (ibidem)
- ↑ Cf. Henri Pirenne - Mahomet et Charlemagne, pages 123-128
- ↑ Protocole rédigé à Digne en 780, et contenu dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille
- ↑ Cf. Chronique de Frédégaire
Charles Martel fait trois expéditions dont deux, celle de 736 puis celle de 739 concernent Arles
En 736 : L’habile chic Charles ayant levé une armée, marcha du côté de la Bourgogne [736], soumit en sors pouvoir la ville de Lyon, les seigneurs et les préfets de cette province, établit ses juges jusqu’à Marseille et Arles, et revint, chargé de trésors et de butin, dans le royaume des Francs, au siège de son empire..
En 737 : La belliqueuse nation des Ismaélites qu’en langue corrompue on nomme Sarrasins, s’étant encore soulevée, ils passèrent soudain le Rhône. Ces rusés infidèles, à la faveur de la fraude et de la perfidie d’un certain Mauronte et de ses compagnons, entrèrent en armes dans Avignon [737], ville bien fortifiée, entourée de montagnes, et ils ravagèrent tout le pays. Le vaillant duc Charles envoya contre eux, avec un grand appareil de guerre, son frère le duc Childebrand, guerrier courageux, avec d’autres ducs et comtes. Promptement arrivés devant la ville d’Avignon, ils dressent leurs tentes, entourent la ville et les faubourgs, assiègent cette cité très bien fortifiée, et disposent leur armée. Bientôt le duc Charles, arrivant à leur suite, cerne les remparts, assoit son camp, et presse le siège. Les guerriers se précipitent sur les remparts et les murs des maisons, comme jadis à Jéricho, au bruit des armes et au son des trompettes, bien munis de machines et de cordages, et emportant enfin la ville, ils y mettent le feu, pressent leurs ennemis, les renversent, les égorgent, et les réduisent heureusement en leur pouvoir.
Le brave Charles victorieux passa le Rhône avec son armée, pénétra dans le pays des Goths, s’avança jusque dans la Gaule narbonnaise, …
En 739 : Au bout de deux ans [739], Charles envoya dans la Provence son frère Childebrand, dont nous avons parlé, avec des comtes et une armée. Ils arrivèrent à la ville d’Avignon, où Charles se hâta de les rejoindre. Il ramena sous son pouvoir tout le pays, jusqu’au rivage de la grande mer. Le duc Mauronte s’enfuit dans des rochers inaccessibles. Le prince Charles, après avoir acquis tout ce royaume, revint victorieux, personne ne se révoltant contre lui. - ↑ Henri Pirenne - Mahomet et Charlemagne, page 114 : en 735, le gouverneur arabe de Narbonne, Jussef Ibn Abd-er-Rhaman, s'empare d'Arles, appuyé par des complicités qu'il trouve dans le pays.
- ↑ Cf. La Provence des origines à l'an mil, sous la direction de P.A Février, page 463 qui cite la chronique de Frédégaire : en 736, celui-ci (Charles Martel) marcha avec une armée vers Lyon et « établit ses juges jusqu'à Marseille et Arles ». Il s'agit ici d'une opération de « pacification » qui ne semble pas d'après ce texte liée à la présence arabe. En revanche, ce serait l'année suivante, selon la même source, que les Sarrasins auraient passé le Rhône, pris Avignon…
- ↑ Ibidem, page 115
- ↑ Cf. Louis Stouff - Arles au Moyen Âge, page 19
- ↑ Cf. Chronologie des conflits maritimes entre Charlemagne et les Sarrasins.
- ↑ En 797, Charlemagne avait envoyé à Haroun al-Rashid, calife de Bagdad, une ambassade menée par un marchand juif, Isaac, connaisseur de la langue arabe. Celui-ci en revint 5 ans plus tard. Il passa l'hiver 801 à Vercelli, et au printemps débarqua à Marseille et remonta probablement la vallée du Rhône en direction d’Aix-la-Chapelle, transitant peut-être par la ville de Metz, jusqu'à la résidence de l'Empereur à Aix-la-Chapelle, où il arriva le 1er Juillet 802.
- ↑ Cf. Arles au Moyen Âge de Louis STOUFF - page 18
- ↑ Noton Archbishop of Arles and "Letibulfo comitem" agreed to exchange property by charter dated 7 Nov 824.
- ↑ Cf. Chronologie des conflits maritimes entre Charlemagne et les Sarrasins
- ↑ Garin est probablement l'altération de Warin suivant un processus commun à bien d'autres noms et mots : Guillaume pour Wilhem, guerre pour war…
- ↑ Grecs d'Italie du sud qui font le lien entre Constantinople et la Méditerranée occidentale, d'après L. Stouff, Arles au Moyen Âge, page 19
- ↑ Ibidem
- ↑ Neveu d'Hugues, par la sœur de ce dernier, Teutberge
- ↑ Richard le Justicier, son père, et Boson de Provence sont frères
- ↑ La fille de son frère Boson d'Arles
- ↑ Dans le cadre d'alliance, Bérenger avait pourtant épousé en 930 (ou 936) Willa, la nièce du roi Hugues, une fille -probablement la cadette- de son frère Boson
- ↑ Lothaire succède à son père, en 947; il meurt en 950, certainement assassiné sur les ordres de Bérenger, qui s’empare du pouvoir
- ↑ L'église paroissiale Saint-Laurent-du-Bourg est mentionnée en 972, cf. Poly JP, La Provence et la Société Féodale, page 200
- ↑ À propos de cette situation, on peut signaler que le pape Urbain II de passage en France quinze ans plus tard, en 1095-1096, pour prêcher la première croisade (Concile de Clermont en 1095) sillonne de nombreuses villes du Languedoc et de Provence (Montpellier, Nîmes, Saint-Gilles, Tarascon, Avignon, Aix, Cavaillon…) tout en évitant soigneusement la cité d'Arles encore aux mains d'un évêque banni.
- ↑ Cf. Mémoires historiques et critiques sur l'ancienne République d'Arles de M. ANIBERT, 1779 - page 62
- ↑ Ce traité établit un marquisat de Provence, au Nord de la Durance, attribué à Alphonse Jourdain (comte de Toulouse) et un comté de Provence, au Sud, dont Arles est la capitale, et qui revient à Raimond Bérenger (Comte de Barcelone). Cet accord est à la fois un traité de partage de la Provence et une convention destinée à étouffer les revendications provençales d'un prétendant plus modeste : le comte de Forcalquier.
- ↑ Tant que Raimond Béranger est en vie, Etiennette n'émet pas de revendication. Il n'en est plus de même quand les biens de sa mère à la mort de ce dernier (1131) reviennent à ses propres neveux et qu'à la suite d'un partage la Provence échoit à l'un d'eux. Or Etiennette est mariée à Raimond des Baux (jusqu’à cette date fidèle allié du comte de Provence) qui ne se fait pas faute de soutenir les droits que sa femme tiendrait de sa mère Gerberge
- ↑ Cf. Anibert.
- ↑ Il s'agit généralement d'étrangers non liés aux factions arlésiennes, pour la plupart italiens, recrutés et renouvelés chaque année pour assurer un gouvernement neutre de la cité
- ↑ Cf. l'alliance avec l'empereur Frédéric II du 22 mai 1225 et l'accord pour trois ans avec le comte Raymond Béranger en octobre 1228
- ↑ D’après les historiens Fernand BENOIT et Erika ENGELMANN
- ↑ Cf. Voir par exemple les règles adoptées lors du concile présidé par l’évêque d’Arles Jean Baussan
- ↑ Le 30 avril 1251. Les arlésiens saisirent la médiation offerte par le pape Innocent IV et les bons services du moine dominicain Etienne pour se soumettre dans des conditions honorables
- ↑ Il meurt en effet le 13 décembre 1250
- ↑ Les juifs seront également chassés de Provence au début du XIVe siècle. Entre temps à Arles, leur nombre va décroitre régulièrement jusqu'à la période de 1420 (conflit avec les catalans supposés entretenir des relations avec les juifs d'Arles) et aux incidents de la seconde moitié du XVe siècle liés aux prêches enflammés des frères mineurs (cf. pogrom de 1484).
- ↑ 2194 feux en 1319, cf. Louis Stouff, Arles au Moyen Âge, page 110
- ↑ En particulier en 1397-1398
- ↑ Cf. Chronique de Bertrand Boysset : L'an du Seigneur 1368, le 11 avril, qui fut le 3e jour de Pâques, le seigneur Louis, duc d'Anjou, frère du roi de France, assiégea la cité d'Arles et le seigneur Bertrand Duguesclin, comte de Longueville mena pour lui le siège; il dura jusqu'au 1er mai. Ce jour-là, ils s'en allèrent sauf les morts qui restèrent.
- ↑ Cf. Louis Stouff, Arles au Moyen Age, page 101 : Cinq nobles sont décapités place du Setier (l'actuelle place du Forum), vingt et un individus sont pendus, trois sont noyés dans le Rhône, les biens d'un certain nombre de personnages sont confisqués.
- ↑ Sa famille avait reçu de nombreux fiefs en Provence de la reine Jeanne, et ces possessions étaient menacées par les édits de Louis Ier et Louis II d'Anjou qui révoquèrent toutes les aliénations faites depuis le roi Robert.
- ↑ Essentiellement en 1385, après les premières concessions octroyées par la reine Jeanne
- ↑ … il y eut un grand déluge d’eau du Rhône et des marais… et noya Montlong, La Cape, la Haute-Camargue et les marais salants de Peccais… (à Arles). L’eau monta du lundi soir au mardi à l’heure de tierce, de onze palmes de hauteur… (soit environ 2,20 m). J’ai eu tant d’eau dans ma maison que cela recouvrait les six premières marches de l’escalier …
- ↑ L'an 1397 il y eut une grande mortalité par tout dans le monde. De même, à Arles, elle débuta pour Pâques, qui était le premier jour d'avril et elle dura tout l'an 1398 jusqu'en janvier (NDLR - L'année commençait à cette époque en avril). De même, les gens mouraient le plus souvent de bosses, certains de charbons. Un grand nombre de gens moururent, plus des enfants et des gens jeunes que d'autres gens.
- ↑ En 1493, il y a une émeute à Arles émeute à propos de la possession des reliques de saint Antoine convoitées par les moines de Montmajour et l'abbaye de Saint-Antoine en Viennois. Le parlement ayant donné gain de cause au Viennois, les arlésiens tuent plusieurs commissaires venus faire appliquer la sentence.
- ↑ Cf. Protocole du notaire Philippe Mandoni (Archive dépt. des BdR, 405E312,f°21) :
La présente année 1484 et le lundi lendemain de la Pentecôte, le 7 juin, il y eut à quatre heures après-midi ou environ une attaque contre les juifs menée par des Figons (ouvriers agricoles venus à Arles pour les moissons) et par des hommes de la présente cité. Huit ou neuf chrétiens sont morts et un grand nombre ont été blessés. Mais les juifs et les juives ont été tués et noyés dans le Rhône ainsi que cela a été rapporté, mais cinq ou six autres juifs et juives ont fui par les toits en direction de la maison des chrétiens et du couvent des prêcheurs. La juiverie a été entièrement détruite. Leurs livres ont été déchirés et détruits en très grande quantité et, à partir de là, dans les quinze jours qui suivirent, plus de cinquante sont devenus chrétiens ou chrétiennes. - ↑ La généralité de Provence, aussi appelée généralité d'Aix, est créée en 1542. Aix fut en effet le siège d'une des dix-sept recettes générales créées par Henri II et confiées à des trésoriers généraux (Édit donné à Blois en janvier 1551). Son ressort se confondait avec celui du parlement d'Aix.
- ↑ La peste éclate en 1579 et continue ses ravages une grande partie de l'année suivante. Des précautions sont prises contre les imprudents qui font propager le fléau. On signale qu'un dénommé Georget et une femme sont pour ce motif, soumis à la question puis pendus. Tout danger n'est écarté qu'au début 1581 quand, par ordre des consuls, une grande procession du Saint-Sacrement est organisée pour rendre grâces à Dieu de la disparition de l'épidémie. Cf. Comptes de Trésorerie de la Communauté d'Arles tenus par le notaire Vincent Aubert aux Archives municipales
- ↑ Cf. # crue automnale de fin novembre - début décembre 1564 à Arles. Sur le chemin du retour, la caravane royale (Charles IX et sa mère Catherine de Médicis) fut immobilisée dans Arles par une crue du Rhône. Il entra, le jeudi 16, à Arles, où les eaux le retinrent pendant trois semaines. Il quitta la cité le 7 décembre…
- ↑ Par lettres patentes, Louis XIV érige la Société du Bel Esprit créée en 1622, en Académie d'Arles.
- ↑ La destruction des oliviers entraine pour une grande partie du salariat rural, l'inactivité, c'est-à-dire, le chômage et la misère
- ↑ Il s'agit essentiellement d'impôts sur la consommation, dont le fameux piquet de la farine
- ↑ Dès septembre, Marseille projette une expédition contre la cité rebelle. Toutefois, l'opposition des autorités départementales, puis celle de la Législative en empêchent un temps l'exécution.
- ↑ Article 9 - Arles avait levé l’étendard de la révolte: vous l’avez favorisée par l’envoi de trois commissaires civils qui se sont occupés, non à réprimer les contre-révolutionnaires, mais à justifier leurs attentats.
- ↑ À propos de ce tableau van Gogh écrit (lettre 532) : le pont de Trinquetaille avec toutes ces marches est une toile faite par une matinée grise, les pierres, l'asphalte, les pavés sont gris, le ciel d'un bleu pâle, des figures colorées, un malingre arbre à feuillage jaune. Détail amusant, le jeune platane de l'époque existe toujours.
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