Insurrection de Varsovie
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L'Insurrection de Varsovie (1er août à 2 octobre 1944) fut un soulèvement armé contre l'occupant allemand organisé par la résistance polonaise (Armia Krajowa) dans le cadre du plan militaire national "Action Tempête". Il s'accompagna de la sortie de la clandestinité des structures de la Résistance et de l'État clandestin ainsi que de l'établissement des institutions de l'État polonais sur le territoire de Varsovie libre.
Côté militaire, le soulèvement a été dirigé contre les forces allemandes, mais le but de ce plan était l'ultime essai de préserver la souveraineté de la Pologne face à l'avancée de l'Armée rouge et la position ambiguë des Alliés occidentaux vis-à-vis des intentions de l'Union soviétique.
Les armées soviétiques franchissent l'ancienne frontière polonaise le 13 juin. Dans cette situation la résistance polonaise est placée devant la décision de déclencher le soulèvement pour essayer de libérer les villes des Allemands où bien de s'exposer à la propagande soviétique décrivant l'AK comme collaborateurs des nazis et comme "planqués". L'urgence d'une action spectaculaire devient claire après quelques tentatives de collaboration militaire avec l'Armée rouge dans la libération des villes polonaises. Par exemple à Wilno où après la prise de la ville, le NKVD qui suivait le front, emprisonna les résistants pour les exécuter sommairement ou pour les envoyer aux goulags.
Les Soviétiques en avançant sur le territoire de la Pologne commencèrent à organiser les structures politiques en s'appuyant sur leurs vassaux, les communistes polonais qui avant la guerre n'étaient pas une force politique significative dans le pays. Suite à la découverte du charnier des officiers polonais massacrés par le NKVD à Katyn, le gouvernement polonais en exil n'a plus de relations diplomatiques avec Staline responsable de ce crime sur les prisonniers de guerre, il n'est donc pas partie dans les négociations entre les grands Alliés (cf. Yalta donnera raison à cette méfiance vis-à-vis de la position des Alliés britanniques et américains face à Staline).
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[modifier] Veille de la bataille
Dès le début de son existence, l'Armia Krajowa fomente un soulèvement armé national contre les forces allemandes. Les plans initiaux de 1942 créés par le gouvernement polonais en exil supposent que l'invasion alliée de l'Europe mènerait les forces allemandes à dégarnir le front de l'est pour la défense du Troisième Reich. L'Armia Krajowa souhaitait initier un tel soulèvement pour empêcher l'envoi vers l'ouest de troupes et ainsi permettre aux forces britanniques et américaines de battre l'Allemagne, en brisant toutes liaisons avec la majorité de forces allemandes amassées en Union soviétique.
[modifier] Les combats
Le soulèvement commença à 17h00 (l'heure W) le 1er août 1944. Certains considèrent ce début des combats durant la journée comme une erreur. Même si les Allemands n'ont pas remarqué d'activité militaire extraordinaire et n'ont pas élaboré de plans pour contrecarrer les résistants, ils ont reçu des informations une heure avant le début des hostilités et ont réussi à partiellement organiser la réponse. Le manque d'effet de surprise associé avec le manque d'expérience des insurgés dans les combats en plein jour ont contribué à la faillite de la prise d'un certain nombre de cibles stratégiques. Les premiers deux jours de l'insurrection ont été capitaux pour la suite des combats puisque la ligne de front établie dans la ville a déterminé son déroulement.
Les plus gros succès militaires ont été accomplis dans le Centre, dans la vieille ville et dans une partie du quartier Wola où presque l'ensemble des objectifs ont été occupés. À Wola, les Allemands tenaient néanmoins toujours les places fortifiées et les fortes pertes ont obligé les insurgés de battre en retraite. Dans les autres parties de la ville, comme à Mokotów, les résistants ont presque complètement manqué leurs objectifs. Sur la rive droite de la Vistule (partie est de Varsovie), la concentration en troupes allemandes était si forte que les résistants étaient rapidement contraints à regagner les cachettes. Le plus dommageable stratégiquement a été que les unités locales n'ont pas réussi de garder de liens, aussi les sections combattirent-elles isolément.
Après quelques heures des combats la plupart des unités ont adopté une tactique plus défensive tandis que la population civile érigeait les barricades dans toute la ville. Le jour des plus grands succès militaires des résistants, le 4 août, a été aussi le jour de l'envoi des renforts nazis. Le général SS Erich von dem Bach fut nommé commandant et aussitôt, initia une contre-attaque pour relier les poches de résistance allemande dans la ville et couper les insurgés de la Vistule. Le 5 août a été marqué par la reprise des terrains de l'ancien ghetto et par le massacre de Wola où les nazis ont exécuté environ 40 000 civils.
La stratégie allemande était de saper le moral des combattants polonais pour reprendre la ville sans avoir à engager de combats de rue : jusqu'à fin de septembre, chaque combattant capturé était exécuté sur place. Les vols et viols sur les civils étaient la règle. Plus tard cette stratégie a été changée puisque le commandement allemand a conclu qu'elle renforçait la détermination des résistants. Ainsi, vers la fin de septembre les insurgés capturés commencèrent à être traités comme les prisonniers de guerre.
Le 7 août le corps punitif renforcé par l'arrivée des compagnies panzer engagea des combats dans la ville (la population civile était utilisée comme bouclier humain dans les offensives allemandes). Les Allemands cherchèrent des succès spectaculaires afin de montrer à l'AK que la continuation des combats était inutile. Néanmoins, ils n'arrivèrent pas à reprendre rapidement les quartiers aux mains des résistants. Entre le 9 et le 18 août, les combats font rage. La Vieille Ville tiendra jusqu'à la fin août. Le 2 septembre les combattants de la vieille ville passeront par les égouts pour se retirer dans les autres parties de la ville.
Le réseau des égouts à été largement utilisé par les insurgés pour effectuer tous types de déplacements, principalement destinés à maintenir les liens entre les unités.
La tactique allemande au cours de l'insurrection a été basée sur les bombardements aériens et d'artillerie – les insurgés ne disposant pas d'armes lourdes ne purent donc riposter.
L'Armé rouge arriva à la rive est de Varsovie le 10 septembre. Au début, cette situation inquiète les nazis, mais très rapidement ils comprennent que les Soviétiques leur laissent les mains libres pour achever la résistance polonaise dans la ville.
Au sein des armées soviétiques qui arrivent ce jour-là au bord de la Vistule, il y a la première Armée polonaise (de l'Armée populaire formée par les Soviétiques). Sur ordre du général Zygmunt Berling, certaines unités traversèrent le fleuve et entrèrent en contact avec l'AK. Mais ces unités laissées sans appui d'artillerie ou d'aviation vont être liquidées par les Allemands ou forcées à la retraite vers l'est. Suite à cette opération, le général Zygmunt Berling fut relevé du commandement de la 1re Armée.
Le soulèvement a reçu un support limité des Alliés occidentaux sous la forme de parachutages d'armes et d'autres matériels (la RAF et l'aviation polonaise ont effectué 223 missions et ont perdu 34 avions), mais l'effet de ces vols a été plus psychologique que militaire. Les avions devaient effectuer des rotations depuis des bases situés en Italie, les Soviétiques n'ayant pas autorisé les appareils dévolus à ces missions de soutien à utiliser les pistes qu'ils contrôlaient en Pologne – ils ont même tiré sur et abattu certains avions des Alliés. Les Américains, devant la réserve de Staline par rapport au soulèvement de Varsovie, n'ont presque pas fourni d'aide.
À partir du moment où l'hostilité des armées soviétiques apparut clairement aux combattants polonais, l'insurrection fut considérée comme un échec. La capitulation des insurgés fut signée le 2 octobre par le général Tadeusz Bór-Komorowski.
[modifier] Solitude des insurgés
Les Varsoviens sont abandonnés par les Soviétiques qui stoppent leur avancée vers ouest, mais un vrai effort militaire comme une pression politique des Alliés occidentaux sur Staline font aussi cruellement défaut.
En effet, l'attitude des Américains et des Britannique vis-à-vis du Gouvernement polonais en exil à Londres (composé des représentants des partis politiques parlementaires d'avant la guerre) - le "Premier allié" - est de plus en plus dépendante des relations avec le nouveau puissant allié soviétique.
Le sentiment d'abandon voir de trahison de la part des leurs alliés a été bien dépeint dans l'ordre du 1er septembre 1944 du Chef Suprême des Armées polonaises (le général Kazimierz Sosnkowski) à l'occasion du cinquième anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale (ordre n°19): Cinq ans sont passés depuis le jour où la Pologne, avec l'encouragement et les garanties du gouvernement britannique, se lança dans le combat contre la puissance allemande (…) Aujourd'hui, depuis un mois les combattants de l'Armia Krajowa ensemble avec le peuple de Varsovie, saignent en solitaire sur les barricades dans la lutte inégale avec un adversaire surpuissant. (…) Le peuple de Varsovie, a été laissé à lui-même sur le front de la guerre commune contre les Allemands – voici la tragique et monstrueuse énigme, laquelle nous Polonais, n'arrivons pas à déchiffrer[1] dans le contexte de la supériorité technique des Alliés cette cinquième année de la guerre. (…) Les experts nous expliquent que l'aide à Varsovie est techniquement difficile, on nous fait la leçon d'optimisation des coûts et des profits. Si compter il faut alors souvenons nous que les pilots de chasse polonais durant la Bataille d'Angleterre ont perdu plus de 40% d'hommes - 15% des avions ont été perdus durant les essais de porter aide à Varsovie. (…) Si les habitants de la capitale polonaise devaient périr sous les ruines, si la passivité, l'indifférence ou le calcul froid les aient laissés se faire massacrer – alors sur la conscience du monde pèserait un poids de souffrance horrible inédit dans l'histoire.
[modifier] Pertes
Les combattants polonais résistèrent jusqu'au 2 octobre soit 63 jours au total. Les pertes s'élevèrent à 18 000 soldats tués, 25 000 blessés et entre 120 000 et 150 000 civils tués. Du côté allemand 17 000 soldats furent tués et 9 000 blessés. Le soulèvement échoua, car les insurgés comptaient sur la progression des armées soviétiques massées en face de Varsovie, sur l'autre côté de la Vistule.
Les Soviétiques n'intervinrent qu'après l'éradication complète des insurgés, en janvier 1945. Cela s'explique par la préparation de l'après-guerre en Pologne. Les Soviétiques savaient que les combattants polonais n'étaient pas très bien disposés vis-à-vis d'une "nouvelle occupation" par les communistes - surtout après l'invasion de la Pologne le 17 septembre 1939 par l'Armée rouge, en coordination avec les forces allemandes. En conséquence, les polonais sont devenus un obstacle aux plans de Staline visant à dominer la région. C'est pourquoi les "libérateurs" préférèrent observer le massacre, prenant soin de bloquer l'accès aux munitions aux unités polonaises de l'Armée populaire (LWP - alliées de Soviétiques) pour qu'elles n'agissent pas de leur propre initiative face à la tragédie vécue par leurs compatriotes, se déroulant devant leurs yeux sur l'autre rive de la Vistule.
Durant les combats env. 25% de la ville ont été complètement détruits et après la fin des hostilités, sur ordre personnel de Hitler, 35% supplémentaires ont été systématiquement anéantis. Pendant le siège de la ville en septembre 1939, env. 10% des bâtiments furent détruits et encore 15% en 1943 suite au soulèvement du Ghetto de Varsovie. Au total, à la fin de la guerre la ville était rasée à hauteur d'environ 85% !
[modifier] Les unités polonaises impliquées dans les combats :
Dans le district de Varsovie l'AK comptait environ 50 000 soldats dont 23 000 équipés et prêts au combat. Les unités manquaient d'armes et de munitions, en particulier après les avoir en partie transférées vers les forces à l'est, où le plan Tempête devait initialement être déclenché – la décision d'inclure Varsovie dans cette action militaire ne fut prise que le 21 juillet. Mis à part les soldats d'Armia Krajowa, d'autres se sont portés volontaires - y compris un certain nombre de Juifs libérés du camp de concentration dans les ruines du ghetto.
- Pro-Londres:
- Armia Krajowa, AK (Armée de l'Interieur)– env. 50.670 combattants
- Pro-soviétiques:
- Armia Ludowa, AL (Armée populaire) (communiste) – env. 800 combattants
- ALP, 500 combattants
- KB, 700 combattants
- Autres:
- Narodowe Siły Zbrojne, NSZ (Forces nationales indépendantes)- env. 500-600 combattants
- Szare Szeregi (les fidèles gris, scouts)
- Żydowska Organizacja Bojowa, ŻOB (organisation de combat juive)
[modifier] Notes
- ↑ Ici, gén. Sosnkowski fait allusion au déchiffrement du code allemand de la machine Enigma par les Polonais. Le code a en fait été cassé par des mathématiciens polonais et transmis aux Britanniques cinq semaines avant l'invasion allemande. On admet généralement que le déchiffrage des messages secrets allemands a permis d'écourter la Seconde Guerre mondiale d'une année.
[modifier] Bibliographie
- Norman Davies, Rising '44: The Battle for Warsaw. Viking Books, 2004. ISBN 0670032840.
- Jan Karski, Story of a Secret State. Simon Publications, 2001. ISBN 1931541396.
[modifier] Voir aussi
- Insurrection du Ghetto de Varsovie en 1943.
il se trouve aussi un ouvrage de l'auteur Léon URIS :"MILA 18", concernant cette insurrection et la vie dans le ghetto.
[modifier] Liens externes
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