La jeune fille à la gerbe
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La jeune fille à la gerbe est une sculpture de Camille Claudel.
Admirable par l’expression de pureté, de retenue, de modestie qui s’en dégage, alliée à l’éveil de la sensualité, mais tout en douceur, tout en nuance.. sans forcer le trait de l’innocence ni celui des courbes charnelles du corps.
Le geste du bras replié, la main vers la poitrine très pudiquement, est comme un retour vers soi, une introspection saisie par le sculpteur, incarnée, et l’on ne sait si ce geste immortalisé signifie « je suis peu de choses, je me situe au sein du monde comme une fleur certes jolie mais presque insignifiante » ou dénote la découverte à la fois émerveillée et craintive de sa propre sensualité. Profondeur du recueillement ou esquisse de caresse… Toute la beauté de l’œuvre réside dans cette ambivalence ; comme si la grâce était toujours une question d’équilibre instable, d’ambiguïté, d’incertitude quant aux intentions et aux sentiments que recèle en son cœur la personne qui en est douée. Trésor à jamais inaccessible des passions et des premiers éblouissements, ces fleurs sauvages de la jeunesse…
La jeune fille est saisie à ce moment, à cette phase psychologique et sensible qui précède la première étreinte amoureuse, juste avant « la cruche cassée » de Greuze. Mais ici on est loin de la « caricature », des caractères trop tranchés, et des figures toujours un peu mythologiques et figées des classiques. C’est un art vivant, un instantané révélateur, qui saisit une phase bien précise de la vie d’une femme, et non une image, un stéréotype ou un quelconque topos sur la perte de virginité.
