Quatrième circonscription de Moselle
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[modifier] Description géographique et démographique
La 4ème circonscription de Moselle, centrée autour de la ville de Sarrebourg, est la plus vaste du département. Elle reste marquée par sa division linguistique entre cantons historiquement francophones et dialectophones. Cette différence linguistique a souvent été considérée comme un facteur déterminant des attitudes électorales très clivées de la circonscription.
Quatre cantons sont majoritairement dialectophones, dialecte germanique assez proche de l'Alsacien:
Six cantons, les moins peuplés, sont majoritairement francophones:
- Canton de Château-Salins
- Canton de Delme
- Canton de Dieuze
- Canton de Lorquin
- Canton de Réchicourt-le-Château
- Canton de Vic-sur-Seille. Canton le moins peuplé de Moselle.
[modifier] Description politique
Circonscription la plus vaste et pourtant la moins peuplée de Moselle, la circonscription de Sarrebourg reste assez largement rurale. L'antagonisme linguistique entre cantons dialectophones-germanophones et cantons francophones a longtemps représenté ici le facteur déterminant d'élections des députés. Lors des élections du Landtag d'Alsace-Lorraine de 1911 on retrouvait déjà cette séparation, les cantons francophones choisissant un élu du "Bloc Lorrain" (droite francophile), alors que les cantons germanophones se prononçaient pour le candidat du Zentrum (Centre Catholique). Les élections de 1919 à 1939 n'atténuèrent pas cette division. Au contraire, l'émergence d'un mouvement autonomiste catholique mosellan, fort à Fénétrange et Sarreguemines, opposé à la domination de la droite lorraine cliva un peu plus la circonscription. Enfin les élections de 1946 à 1958 ont perpétué le vote pour une droite modérée des cantons francophones - qui choisissaient alors la liste CNIP de Raymond Mondon - alors même que les cantons germanophones continuaient à se prononcer pour la démocratie-chrétienne, en votant pour la liste MRP de Robert Schuman.
Depuis 1958 les évolutions récentes ont certes atténué cette division, mais celle-ci reste tout de même encore très prégnante. Largement orientée à droite depuis 1958, les duels ont ainsi longtemps continué d'opposer la droite gaulliste, héritière des mouvements de la droite lorraine, à la démocratie-chrétienne. De 1958 à 1968 la circonscription connut de ce fait une certaine instabilité, alternant entre le MRP et l'UNR aux élections législatives. Les notables locaux restaient cependant pour une large part MRP ou CNIP. A la suite du score impressionnant réalisé par le général de Gaulle en 1965 (86% au 2ème Tour son meilleur score national) l'élection d'un candidat MRP en 1967 apparut à beaucoup d'observateurs comme un paradoxe incompréhensible. Les gaullistes choisirent donc de "parachuter" une personnalité influente du gouvernement, le ministre de la défense puis premier ministre Pierre Messmer. Celui-ci domina la circonscription très largement de 1968 à 1988, se montrant capable de fédérer les cantons francophones et germanophones sur son nom, étant réélu au 1er tour à chaque élection de 1968 à 1988. Les candidats démocrates-chrétiens réalisaient alors de faibles scores, sans doutes affaiblis sur leurs bases traditionelles par le reflexe légitimiste d'une partie des électeurs de la circonscription.
Au regard des scores "africains" réalisés jusqu'alors par Pierre Messmer dans la circonscription, les élections de 1988 furent ressentis par la plupart des observateurs comme un "tremblement de terre" attirant même l'attention des médias nationaux sur la région de Sarrebourg. Pierre Messmer fut en effet battu d'une courte tête (50,4%) par un candidat démocrate-chrétien, conseiller général de Sarrebourg, Aloyse Wahrhouver dissident du CDS, qui se déclarait proche de Michel Rocard et Pierre Méhaignerie. L'usure du pouvoir, ainsi qu'une mauvaise campagne locale explique l'échec de Messmer, qui avait par ailleurs fort à faire face à un candidat très implanté localement. A cette occasion le clivage linguistique réapparut à nouveau, les cantons germanophones choisissant largement Wahrhouver alors que les cantons francophones votaient à nouveau Messmer. Les élections de 1993, 1997 et 2002 renouvelèrent l'affrontement entre la droite gaulliste et le député sortant centriste, proche de la gauche. Cet affrontement se doubla d'une rivalité personnelle entre le maire de Sarrebourg, successeur et ex "dauphin" de Messmer, Alain Marty et le conseiller général de Sarrebourg et prétendant malheureux à la mairie, Aloyse Wahrhouver. Wahrhouver fut facilement réélu en triangulaire en 1993 et 1997, avec le soutien de la gauche au deuxième tour. A sa troisième tentaive, en 2002, Alain Marty s'imposa assez nettement avec plus de 52% contre lui.
La circonscription reste donc largement acquise à la droite et au centre-droit, ici très bien implantés dans l'ensemble des cantons. Les candidats officiels du PS n'ont jamais réalisé de scores importants et n'ont jamais été présents au deuxième tour, ils y ont soutenu Wahrhouver en 1993, 1997 et 2002. On peut difficilement classé l'électorat de ce dernier à gauche, si l'on compare par ailleurs les votes nationaux de la circonscription. Par ailleurs, la division linguistique impose toujours une division entre droite "patriote" et démocratie-chrétienne. A l'exception du canton de Sarrebourg l'ensemble des cantons dialectophones sont détenus par des démocrates-chrétiens; à l'opposé des proches du RPR détiennent les cantons francophones. On note par ailleurs une poussée assez généralisée du FN dans la circonscription, particulièrement dans le canton de Fénétrange. J.M Le Pen avait provoqué une très forte surprise en devançant J.Chirac à Sarrebourg en 1988. Il est arrivée en tête de la circonscription en 1995 et 2002.
Lors des dernières élections présidentielles, la circonscription a choisi largement les candidatures de droite.En 1988 elle votait pour J.Chirac au second tour (53,4%). En 1995 elle plaçait J.M Le Pen (26%) en tête devant E.Balladur, soutenu par Messmer, (24,6%), J.Chirac (18,5%) et L.Jospin (14%). Elle votait à plus de 60% pour J.Chirac au second tour. En 2002 J.M Le Pen renouvellait sa performance de 1995 (26%), devant J.Chirac (22,5%) et L.Jospin (9,7%).
[modifier] Historique des élections
Législature | Député élu | Parti Politique | Mandat Local |
---|---|---|---|
1958-1962 | Georges Thomas | MRP | Conseiller général de Phalsbourg, maire de Dannelbourg |
1962-1967 | Henri Karcher | UDR | |
1967-1968 | Georges Thomas | Centre démocrate-MRP | Conseiller général de Phalsbourg, maire de Dannelbourg |
1968-1973 | Pierre Messmer | UDR | Ministre de la défense |
1973-1978 | Pierre Messmer | UDR | Maire de Sarrebourg, Premier Ministre |
1978-1981 | Pierre Messmer | RPR | Maire de Sarrebourg |
1981-1986 | Pierre Messmer | RPR | Maire de Sarrebourg |
1986-1988 | Pierre Messmer | RPR | Maire de Sarrebourg |
1988-1993 | Aloyse Wahrhouver | UDF-CDS | Conseiller général de Sarrebourg |
1993-1997 | Aloyse Wahrhouver | Divers Gauche | Maire de Xouaxange |
1997-2002 | Aloyse Wahrhouver | Divers Gauche | Maire de Xouaxange |
2002-2007 | Alain Marty | UMP | Maire de Sarrebourg |