Shitao
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Cet article est une ébauche à compléter concernant la peinture, vous pouvez partager vos connaissances en le modifiant. |
Shitao ("Vague de pierre", 石濤, Shí Tāo ou Shih-t’ao) fut un moine bouddhiste, un calligraphe, un poète et surtout un peintre chinois. Son œuvre, composée notamment de paysages et de motifs végétaux, exprime avec simplicité des thèmes complexes, comme l'immensité du monde ou la beauté de la vie. Son nom de naissance était Zhū Rùojí (朱若极), et son nom de moine Dàojì (道濟). Il est né en 1642 (d'autres sources évoquent 1641) à Luizhou ou à Qingjiang, dans la province de Guangxi et est mort en 1707 à Yangzhou (certaines sources parlaient jusqu'à il y a quelques années de 1720, à cause de caractères difficilement déchiffrables en marge d'un tableau). Il est également l'auteur du traité "Propos sur la peinture du moine Citrouille-amère".
Sommaire |
[modifier] Biographie
Né dans la période troublée de la fin de la dynastie des Ming et de l'invasion mandchoue, Zhu Ruoji (le nom vériable de Shitao) est le fils d'un aristocrate, Zhu Hengjia, qui est assassiné avec tout le reste de sa famille par une faction rivale après le suicide de l'empereur Chongzhen, en 1644. Zhu Ruoji, qui a alors 3 ans, fut le seul survivant. Il a été sauvé par un serviteur qui le confia aux soins des moines bouddhistes du mont Xiang, près de Quanzhou.
C'est là qu'il grandit jusque vers dix ans. Il s'y initie à la pensée bouddhiste, ainsi qu'à la calligraphie.
En 1651, il quitte le monastère et entame une vie de voyage, accompagné d'un serviteur du nom de Hetao, qui pourrait être celui l'a sauvé lors de la mort de ses parents. Il rejoint Wuchang, en passant par le Hunan et le Yangzi. Shitao y vivra dix ans. À travers les œuvres de Shitao, on voit qu'il a visité tous les environs de la ville. Plus tard, de 1662 à 1664, il est l'élève de Lü'an Benyue à Songjiang. Celui-ci l'envoit ensuite à Xuancheng où Shitao resta 14 ans, de 1666 à 1679. C'est au milieu de ces paysages montagneux qu'il a peint quelques unes de ses œuvres majeures.
En 1679 ou 1680, il va à Nankin. La situation politique s'est stabilisée sous l'influence de la dynastie des Qing, et un nouvel empereur mandchou plus ouvert aux lettrés accède au pouvoir. À Nankin, il fréquente les milieux intellectuels, ce qui donne une nouvelle richesse à son art. Il y peint notamment le rouleau dix mille points méchants, souvent considéré comme son œuvre la plus marquante. Son séjour à Nankin lui apporte la reconnaissance sociale et artistique, bien que les adversaires politiques des Mandchous lui reprochent son allégeance au nouveau pouvoir. Il fait de fréquents voyages à {{Yang-chou]] durant cette période.
De 1689 à 1691 ou 1692, il vit à Pékin où il apprend à connaitre les classiques chinois. Il y collabore avec d'autres peintres, d'école plus traditionnelle, notamment les quatre Wang. Il exerce à ce moment-là également une influence décisive sur les huit excentriques de Yang-chou. Il entretient également une correspondance soutenue avec Chu Ta, échangeant lettres et tableaux. Ils collaborèrent même à distance à la réalisation d'œuvres, l'un envoyant un tableau inachevé à l'autre afin qu'il poursuive le travail. Il semble qu'une grande amitié liait les deux artistes, malgré leur différence d'âge et le fait qu'ils ne se soient sans doute jamais rencontré[1].
Devenu un maitre, reconnu par ses pairs, il se retire pourtant dans une simple chaumière près de Yangzhou, où il restera jusqu'à sa mort. Une lettre adressée à son parent Zhu Da, peintre également, donne à penser qu'il pourrait avoir renoncé à sa vocation de moine et avoir fondé une famille. Il vit de ses peintures, de calligraphie et de la conception de jardins. Mais une maladie diminue sa mobilité et l'empêche peu à peu de peindre. Il meurt à Yangzhou en 1707[2].
[modifier] L'artiste
Le style Shitao a révolutionné la peinture chinoise, en rupture complète avec les styles traditionnels à la mode avant son époque. En particulier, le dépouillement et l'apparente simplicité de ses œuvres, composées principalement de touches rapides, sont totalement novateurs.
[modifier] Sujets
L'œuvre de Shitao comporte beaucoup de paysages, ainsi que des sujets végétaux (bambous, arbres) et des portraits, dont plusieurs autoportraits. Les sujets des paysages qu'il peint sont les endroits qu'il traverse lors des nombreux voyages qui marqueront sa vie. De plus, dans son œuvre, la peinture et la calligraphie sont le plus souvent intimement liées et on trouve sur ses peintures des idéogrammes commentant le tableau, donnant des indications géographiques ou chronologiques, et fréquemment même des poèmes.
[modifier] Technique
Les œuvres de Shitao sont réalisées principalement par lavis, avec de l'encre de Chine, pure ou diluée (ce qui permet d'obtenir des teintes plus claires), et appliquées à l'aide d'un pinceau à calligraphier. Il ajoute dans certaines œuvres des teintes plus vives, mais toujours peu nombreuses dans un même tableau. Les formes sont obtenues avec une économie de traits caractéristique, ainsi que, pour certaines œuvres, en utilisant une technique basée sur des successions de points qui a plus tard inspiré les impressionnistes, comme par exemple Cézanne.
Les compositions reflètent aussi une manière originale, concernant le traitement de la profondeur, en particulier, notamment par l'utilisation d'espace laissés en blanc, figurant le vide du tao[3].
[modifier] Œuvres principales
Les monts Jinting en automne[4] |
- Visite à la grotte de maitre Zhang
[modifier] "Les propos sur la peinture du Moine Citrouille-Amère"
Ce traité de peinture écrit par Shitao est considéré comme l'un des plus fondamentaux de l'histoire de la peinture chinoise.
Cet ouvrage se distingue des autres livres traitant de thèmes similaires écrits à la même époque par deux particularités essentielles. Là où les autres ouvrages exposent leur propos par un ensemble d'aphorismes ayant pour but de connaitre par déduction la pensée de l'auteur, l'ouvrage de Shitao est synthétique et expose explicitement la pensée de son auteur. La seconde différence est que Shitao a centré son propos sur l'aspect philosophique de la peinture, à l'exclusion de toute considération technique ou esthetique.
L'idée fondamentale exposée par Shitao est celle du rôle primordial de l'Unique trait de pinceau. Cette idée, issue de la pensée taoïste et du bouddhisme-chan, veut que l'unique trait de pinceau soit à l'origine de toute peinture et qu'il en soit en quelque sorte la quintessence[5].
[modifier] Influence
Le style révolutionnaire de Shitao a influencé de nombreux autres artistes au fil du temps[6] :
- Chen Shizeng
- Liu Haisu
- Fu Baoshi
- Li Keran
- Zhu Qizhan
[modifier] Sources
- ↑ Chu Ta - 1626-175 - Le génie du trait, François Cheng, Éditions Phébus, ISBN 2-85940-592-5
- ↑ Shitao - 1642-1707 - La saveur du monde, François Cheng, Éditions Phébus, ISBN 2-85940-861-4
- ↑ Vide et plein - Le langage pictural chinois, François Cheng, Éditions Seuil, ISBN 2-02-012575-7
- ↑ Shitao - l'unique trait de pinceau, dans Images d'Orient, Collections Palettes, Éditions Montparnasse
- ↑ Les propos sur la peinture du Moine Citrouille-Amère, Shitao, traduction intégrale et commentaires de Pierre Ryckmans, Éditions Plon, ISBN 2259205232
- ↑ Trois mille ans de peinture chinoise, Yang Xin, Richard M. Barnhart, Nie Chongzheng, James Cahill, Lang Shaojun, Wu Hung, Éditions Philippe Picquier, ISBN 2-87730-667-4