Aède
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Un aède (en grec ancien ἀοιδός / aoidós, du verbe ᾄδω / aidô, « chanter ») est, en Grèce antique, un artiste qui chante des épopées en s'accompagnant d'un instrument de musique, la phorminx. Il se distingue du rhapsode, plus tardif, en ce qu'il compose ses propres œuvres. De ce fait, il est l'équivalent d'un barde celte.
Le plus célèbre des aèdes est Homère. L'Odyssée en présente également deux figures : le plus connu, Démodocos, qui chante à la cour d'Alcinoos, mais aussi Phémios, aède de la cour d'Ithaque. Mais il n'est pas du tout certain qu'Homère se décrive à travers eux dans l'exercice de son art, mais qu'il présente plus vraisemblablement ce qu'il pensait de l'utilisation des "megaron" mycéniens par les cours aristocratiques qui s'y tenaient, qui a son époque ont tous été incendiés détruits ou réaffectés en temples depuis -1200 ans comme l'indiquent les fouilles archéologiques.
Ces deux personnages sont d'ailleurs présentés avec une nuance de dépréciation d'un art de courtisan et non pas de démiurge, de travailleur itinérant pour le peuple, c'est à dire commandité par l'assemblée du peuple, qui associe l'aède au médecin au devin et au charpentier de marine sous ce même terme dans plusieurs passages d'Homère. Phémios échappe de peu à l'exécution d'Ulysse, qui a lancé le massacre avec un saisissant parallèle avec l'activité de l'aède, frolant la corde de son acte qui vibre comme la harpe avant le chant de l'aède.
Il est beaucoup plus vraisemblable qu'il chante exactement comme les aèdes physiciens et les poètes lyriques du VIII° siècle, dans une situation de concours, en plein air face au chœur que la communauté leur avait accordé pour ouvrir des Jeux, la fin de l'Iliade dans les jeux funèbres pour Patrocle, ramenant le public à la situation même de son rassemblement en plein air.
Cette considération est très importante, la poésie homérique est chorale, et non monodique, les réactions du chœur sollicitées par le proème, qui est toujours un appel aux Muses, c'est à dire aux jeunes filles qui sont devant lui pour chanter et danser avec lui, sont constamment relancées au cours de l'épopée, le mystère de leur jeu de "mimesis" qui est évoqué dans l'"hymne à Apollon" prêté à Homère, n'en fait pas qu'un point de détail dans la récitation homérique, se serait un élément indispensable de la composition poétique de l'aède, la relance d'un nouvel épisode déclenché par l'inspiration de l'aède, qui ne peut accédér à sa gigantesque mémoire hexamétrique sans leur concours.
C'est ce jeu d'échanges d'une voix chargée de savoirs contre les mouvements du chœur de jeunes filles du coin, accordé par la communauté à l'aède, qui s'est emparé du monde grec à partir d'Homère et d'Hésiode. Une rencontre où le public est en tiers, le poète ne s'adresse pas à lui, mais entièrement à elles, et cette question d'adresse est une clé très importante pour la compréhension du phénomène poétique, que la lecture dévoie forcemment, Homère ne s'adresse pas à un lecteur, faute d'écriture, mais surtout faute d'adresse, il faut saisir des balles au bond, qui s'échangent sur un terrain d'où l'on est qu'on le veuille ou non exclut, la simplicité homérique cache une très grande intensité du rapport de mot à mot entre une voix masculine traduite en gestes et en pas féminins, sur le champ.
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[modifier] Articles connexes
[modifier] Bibliographie
- E.R. Dodds, Les Grecs et l'irrationnel, Flammarion, coll. « Champs », Paris, 1977 (1re édition 1959).
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