Acédie
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L'acédie est un trouble du comportement conduisant la personne qui en est atteinte à ne plus prendre soin d'elle. Dans le cas extrême, la personne cesse toute lutte pour survivre et s'abandonne à la mort.
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Ακηδείά ( prononcer « akêdéia ») signifie en Grec ancien : négligence, indifférence[1]. Ce nom appartient à la famille du verbe άκηδέώ ( prononcer « akêdéo »), qui veut dire « ne pas prendre soin de ». On a l’image de quelqu’un qui néglige de prendre soin de lui-même, et finit par se désintéresser de tout.
Ce concept s’est élargi au long des siècles en englobant des notions aussi différentes que celles de fatigue, paresse, ennui, accablement, aboulie, désintérêt, mélancolie, spleen romantique, désenchantement, dépression, crise morale. Le vocabulaire religieux chrétien s’en est emparé pour nommer l’état de quelqu’un qui est en perte de foi, ou du moins ne la ressent plus, dont le doute l’emporte sur la croyance, et qui cesse de faire des efforts par l’étude et la connaissance de Dieu et les pratiques religieuses telles que la prière, l’adoration, les lectures saintes, la participation régulière aux offices et le service du prochain. Ce terme d’acédie figure même sur la liste des sept péchés capitaux. Cependant, ces dernières décennies, on a affaibli le sens de l’acédie en la réduisant à la simple « paresse ».
De nombreux penseurs, religieux ou non, se sont penchés sur cette notion, qu’ils considèrent comme une maladie, de l’âme pour les uns, de la psychè pour les autres. Les voix les plus prudentes conseillent d’abord la consultation médicale à tous ceux qui vivent douloureusement cette situation. Ce n’est qu’après élimination de causes pathologiques avérées, physiologiques et/ou psychiques, et la tentative de les éradiquer, qu’on est invité à se tourner vers un prêtre. En vérité, il ne doit pas exister deux cas semblables dans ce genre d’expérience, car l’histoire de chacun est unique. Saint Jean de la Croix a connu, semble-t-il, un long épisode douloureux de ce type, raconté par lui comme une crise violente de sa foi mais aussi une mise à l’épreuve, dans un livre intitulé La nuit obscure. Beaucoup d’autres saints ont témoigné d’expériences similaires.
De nos jours, le doute subsiste sur ce qu’est vraiment une personne en état d’acédie : malade ou pécheur ? La réponse est peut-être dans les évangiles où Jésus affirme à plusieurs reprises n’être pas venu « pour les bien-portants ni pour les justes » mais « pour les malades et les pécheurs ». Ce qui semble corroborer la relation maladie/péché. De là à rendre les gens en souffrance responsables de leur état, il n’y a qu’un pas trop vite franchi, qui génère un sentiment de culpabilité et peut achever la personne, la conduisant au désespoir et parfois au suicide. Cependant Jésus n’a jamais dit qu’être malade était être pécheur. Ce sont des interprétations successives qui ont fait ce dangereux amalgame. Des théologiens avertis ont considéré au contraire qu’il pouvait s’agir dans certains cas d’une mise à l’épreuve d’âmes « fortes » (On pense à l’histoire de Job) : affronter cet état de déréliction et rester quand même fidèle à sa foi et à ses engagements mène à la victoire sur soi et à la récompense éternelle.
Face à quelqu’un qui souffre de cette manière, il n’y a qu’une attitude juste : l’écouter avec réelle compassion, le comprendre, l’aider avec discernement, le conseiller si nécessaire ou l’orienter vers plus compétent que soi, mais surtout l’aimer.
[modifier] Notes
- ↑ A.Bailly, Dictionnaire Grec-Français, Édition 1963