Alvarez Kelly

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Alvarez Kelly est un film américain réalisé par Edward Dmytryk, sorti en 1966.

Sommaire

1 Synopsis
2 Commentaire
3 Fiche technique
4 Distribution
5 Lien externe

[modifier] Synopsis

Aux abords de Richmond, pendant la guerre de Sécession, les nordistes accueillent un troupeau de bétail conduit par un spécialiste réputé, Alvarez Kelly. Les confédérés aux aguets décident de s'emparer de cet approvisionnement pour leur compte. Leur armée se fait nécessiteuse, cette nourriture en abondance devient un enjeu important mais il leur faut aussi l'homme qui a les qualifications nécessaires pour convoyer le troupeau.

[modifier] Commentaire

Edward Dmytryk aborde ce film de guerre, à la fois western, d'une façon plutôt originale. Il s'agit là de l'approvisionnement des troupes, aspect stratégique souvent négligé par les films du genre. Le sujet est, il est vrai, peu engageant car exempt de noblesse et d'héroïsme, et par ce biais, il permet au réalisateur de livrer une vision désabusée de la guerre de sécession.

Comme le dit le pré-générique : "Car pour tuer, les soldats doivent vivre". Ce constat pourrait être celui du personnage singulier d'Alvarez Kelly. C'est un "profiteur de guerre" doué, charismatique, pour autant non dénué d'une certaine intégrité. Le massacre de sa famille lors de la Guerre américano-mexicaine le rend hermétique à toute idéologie. C'est pourquoi, sollicité par les deux camps de la guerre de Sécession, nous trouvons un homme sourd aux discours de ralliement à l'une ou l'autre cause.

Le conflit est débarrassé de son vernis politique sous le regard de celui qui le nourrit — et s'en nourrit. En fait, chacun se nourrit de la guerre. Le commandant nordiste est, dans le civil, un avocat ambitieux. Démobilisé, il se servira certainement de sa carrière d'officier pour réhausser son prestige. Dans l'autre camp, face à Alvarez Kelly, la sincérité de l'engagement du colonel Tom Rossiter n'est plus qu'une exaltation furieuse criminelle et même suicidaire lorsque, mis en échec, il ambitionne de condamner troupeau et hommes. Le réalisateur souligne d'ailleurs habilement le caractère passionel de ce personnage en le privant d'un œil. Sa vision est troublée sous l'empire de la passion et, de borgne, sa fiancée craint qu'il devienne aveugle, aveuglé par la pureté qu'il prête à sa cause que l'adversité n'a finalement de cesse d'alimenter.

Lui-même victime idéologique, Edward Dmytrick renvoie donc dos à dos les deux partis. Il n'épargne pas même la cause des nordistes - quand le commandant Steadman interpelle une jeune noire en lui demandant pourquoi elle apporte son aide aux confédérés alors qu'ils la maintiennent en esclavage, elle ne répond pas. La guerre est simplement brutale et absurde. Et, c'est Alvarez kelly, l'homme qui nourrit, celui qui attache en définitive le plus d'importance à la vie qui va sauver la mise aux soldats.

Le film fait partie des derniers de l'importante filmographie de Dmytryck. Si son contenu comporte une certaine amertume, il est néanmoins beaucoup moins tourmenté que d'autres tel L'Homme aux colts d'or. Plus posé, l'auteur puise dans l'assurance de son héros une certaine volonté de restaurer une forme d'humanisme dépolitisé.