André Marty
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André Marty, né le 6 novembre 1886 à Perpignan, et mort le 23 novembre 1956 à Toulouse, était un homme politique français, dirigeant du parti communiste français exclu en 1952. Il a également été député, de 1924 à 1955, avec quelques interruptions, et secrétaire de l'Internationale communiste de 1935 à 1943.
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[modifier] Biographie succincte
Né d'un père, négociant en vins, qui avait participé à la commune de Narbonne et professait des opinions libertaires, André Marty échoue au concours d'entrée de l'École Navale et apprend le métier de chaudronnier sur cuivre. Il s'engage dans la marine nationale et devient finalement ingénieur mécanicien en 1917. Il était devenu franc-maçon avant la guerre. En 1919, alors que le bâtiment sur lequel il sert, mouille avec son escadre dans la rade d'Odessa dans le but de contrer la progression de l'armée rouge. Marty est au cœur de la mutinerie de matelots éclate, à la fois par sympathie avec les "rouges" en raison de la mauvaise nourriture et de la déconvenue de ne pas être démobilisés alors que la guerre était terminée. Marty se solidarise avec les mutins, ce qui lui vaut une condamnation à vingt ans de travaux forcés. Son nom devient un symbole, le jeune parti communiste issu du congrès de Tours prend alors sa défense, et il est élu au Soviet de Moscou par les ouvriers de l'usine "Dynamo".
Gracié en 1923, il ne tarde pas à donner son adhésion au parti communiste, et il est élu député de Seine-et-Oise en 1924 et devient membre du Comité central. En 1927, à l'instar de nombreux autres dirigeants communistes, il est condamné et incarcéré à la Santé pour action antimilitariste.
A partir de 1931, il est de plus en plus impliqué dans l'appareil de l'Internationale communiste appelée également "Komintern" à l'exécutif duquel il représente le parti français. En 1935, il sera nommé au présidium et au secrétariat, devenant ainsi le Français au grade le plus élevé au sein du Komintern. Il entre également au bureau politique qu parti français en 1932.
Pendant la guerre d'Espagne, à partir de 1936, le Komintern le nomme inspecteur général des Brigades internationales et il restera en Espagne jusqu'à la fin de la guerre, en 1939. En France, il est violemment pris à partie par le journal anarchiste Le Libertaire.
André Marty est à Moscou lors de l'annonce de la signature du pacte germano-soviétique, et de la déclaration de guerre, en septembre 1939. Il y est rejoint par Maurice Thorez, avec qui il n'a jamais eu de bons rapports. Il travaille pour le Komintern jusqu'à la dissolution de celui-ci, en mai 43, et en octobre 43, il arrive à Alger pour représenter le PCF auprès du gouvernement provisoire de de Gaulle et siéger à l'assemblée consultative. De la Libération à 1952, il est l'un des trois secrétaires du parti et apparaît ainsi formellement comme le numéro 3, après Maurice Thorez et Jacques Duclos. Dés 1947, il est marginalisé au sein du bureau politique, mais en reste membre jusqu'en 1952, en n'exerçant que des responsabilités de plus en plus secondaires.
Le 1er septembre 1952, il est mis en accusation devant le bureau politique, exclu de cet organisme le 7 décembre, et exclu du parti par sa cellule le 24 décembre. Un article signé Etienne Fajon dénoncera les "liaisons policières de Marty". Jacques Duclos, avait également déclaré que Marty avait été démasqué comme policier, accusation dont personne n'a jamais trouvé le moindre fondement.
Complètement isolé, après avoir essayé, en vain d'en appeler à l'autorité de Staline, et s'être finalement rapproché des anarchistes et des trotskistes, il meurt d'un cancer au poumon
Homme d'appareil tourné vers l'international, André Marty avait accumulé une grande quantité de documents sur le PCF et le Komintern. Les "archives Marty", léguées à Jean Maitron constituent aujourd'hui une mine pour les historiens du communisme.
[modifier] Le rôle de Marty pendant la Guerre d'Espagne
André Marty fut envoyé par l'IC dés août 1936 auprès du gouvernement républicain espagnol pour organiser ce qui va devenir les Brigades internationales. Il portera le titre d'inspecteur général des B I. Il pouvait justifier de cette responsabilité, outre son grade élevé au sein du Komintern, par sa connaissance de l'espagnol et du catalan et par son passé d'officier de marine.
Les brigades internationales furent basées à Albacete. Assez vite, les rapports de Marty avec les Espagnols se dégradèrent et il fut rappelé à Moscou où Dimitrov le chargea des affaires d'Amérique Latine, mais Marty insista pour retourner en Espagne et réussit à se faire passer pour l'homme de la situation après l'intégration des Brigades dans l'armée populaire espagnole. Lorsqu'il revient à Albacete en octobre 1937, il doit accepter d'être contrôlé par Palmiro Togliatti.
André Marty fut-il le bourreau d'Albacete dénoncé par la presse libertaire française ou le commissaire Massart borné que décrit Hemingway dans Pour qui sonne le glas ?
Togliatti, dans un rapport de novembre 1937, insistait pour que Marty "change radicalement ses méthodes de travail" et "évite d'intervenir dans les questions militaires et techniques des Brigades" mais en janvier 1938 il se félicite de son attitude mais continue d'évoquer "sa façon un peu rude de se comporter parfois avec les camarades". Selon le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, certains combattants revenus en France dénoncèrent ses excès d'autorité et démissionnèrent du Parti communiste.
Si les méthodes brutales de Marty semblent indéniables, le fait qu'il ait pu faire "exécuter un grand nombre de volontaires pour des motifs futiles" comme cela lui fut reprocher au point d'être affublé du nom de "boucher d'Albacete" est plus discutable bien que sa participation la condamnation et l'exécution du commandant Delesalle, dans le contexte de la lutte contre les anarchistes et les poumistes, est établie par Nick Guillain.
Philippe Robrieux voit en lui un emporté et un fanatique quelque peu mythomane, mais pas l'organisateur des crimes staliniens commis par le Guépéou en Espagne.
[modifier] L'« Affaire Marty », ou l'exclusion du PCF en 1952
En 1952, alors que Thorez, malade, était à Moscou, ou en convalescence dans le Caucase, André Marty fut mis en cause avec Charles Tillon devant le Bureau politique auquel ils appartenaient tous les deux. Il était reproché aux deux hommes de s'être rencontrés au domicile du beau-frère de Tillon, Charles Beyer.
Une commission d'enquête formée de Léon Mauvais et Marcel Servin préparait ce « procès interne » depuis plusieurs mois. Selon Charles Tillon (On chantait Rouge), Duclos avait rencontré Thorez et même Staline à ce sujet, mais c'était l'époque des grands procès dans les démocraties populaires comme celui de London et Rajk en Tchécoslovaquie, et dans ce contexte, Duclos avait pu faire comprendre à Staline qu'en France aussi, il y avait des traîtres. On ne voit guère d'autre explication concernant cette affaire que l'hostilité qui avait toujours existé entre Thorez et Marty, et l'accusation voilée de « non-Résistance » que Tillon aurait faite à Jeannette Vermeersch, la femme de Thorez.
Le rapport que Mauvais présenta le 4 septembre 1952 au Bureau Politique n'était qu'un assemblage hétéroclite de broutilles qui devenaient la preuve d'une longue opposition à la ligne du parti. L'affaire se transforma en une véritable campagne de dénonciation politique des accusés qui s'étendit à Jean, le frère d'André Marty, franc-maçon qui « a des liaisons avec des milieux policiers ». Le Comité central de Gennevilliers (du 5 jusqu'au 7 décembre) raya de ses rangs Marty et Tillon.
[modifier] Sources
- Philippe Robrieux, Histoire intérieure du parti communiste français, Tome 4, Fayard, 1984
- Article de Jean Maitron et Claude Pennetier in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier
[modifier] Bibliographie
Sur la participation d'André Marty à la guerre d'Espagne :
- Pierre Broué et Émile Témime, La Révolution et la guerre d'Espagne, Éd. de Minuit, 1961.
- Carlos Serrano, L'enjeu espagnol : PCF et guerre d'Espagne, Messidor, 1987.
- Nick Guillain, Le mercenaire : carnet de route d'un combattant rouge, Fayard, 1938.