Discuter:Bleu
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[modifier] Disparition d’un photo de bic bleu
Aujourd’hui je viens de découvrir la disparition de la photo du bic bleu dans la gallerie. C’est-à-dire que l’espace réservé à la photo était toujours là, mais avec un carré blanc. La photo provenait de Wikimédia common et trouvait partement sa place dans la gallerie des “êtres, choses et objets” de couleur bleue. Quoiqu’en pensent les censeurs de wikimédia commons, le bic fait partie de notre culture, qui n’a pas utilisé un bic bleu pour écrire, faire un devoir scolaire ? Et pourtant, la photo a été censurée, si j’aibien compris, pour “non conformité” au règles wiki. C’est con. La photo datait de juillet 2006.
Image:Bic Cristal Pen 2006-07-11.jpg|Bic bleu --Wazouille 24 septembre 2006 à 20:28 (CEST)
[modifier] histoire de bleu
Bonjour,
Je me demandais si l'étymologie qu'il est fait de bleu, ici blao en althochdeutsch, était valable pour le français, langue latine. Ca l'est probablement pour l'anglais, mais que dire du français, de l'italien... du grec Μπλε, du finnois Sininen et du tchèque ou il se dit Modrà ? Enfin peut être est-ce pour ces langues une autre histoire. 7 jun 2005 à 23:01 (CEST) Vlad2i поговорить / أن يتحدّث
- Il faudrait que je relise Le Bleu de Michel Pastoureau, mais je crois me souvenir que le mot « bleu » est d'apparition tardive en Europe latine. sebjd 7 jun 2005 à 23:05 (CEST)
- Après relecture de la première partie « Une couleur discrète. Des origines au XIIe siècle ». Le bleu apparaît peu dans la littérature et les vestiges de l'Antiquité grecque et romaine. Les couleurs majeures et signifiantes de l'époque sont souvent le rouge, le noir et le blanc (et parfois le vert) ; Pastoureau signale que c'est plus des symboles que des couleurs qui sont employés.
- En grec, deux mots désignent fréquemment les choses bleus : glaukos (racine non grecque, sens imprécis, d'un minerai ?) et kyaneos. Les deux désignent souvent autant le bleu plus ou moins clair que des couleurs diverses et variées. Quand des choses à coup sûr bleu sont désignés par des adjectifs reliant habituellement à d'autres couleurs.
- En latin, beaucoup de mots désignant le bleu sont polysémiques et d'usage discordant et fluctuant. Le bleu est aussi la couleur des barbares (ils s'en peignent par exemple).
- En sciences, l'arc-en-ciel comprend selon sept auteurs antiques plusieurs couleurs, jamais le bleu.
- Pour Pastoureau, le bleu devient une couleur omniprésente au XIIe siècle, certainement par conjonction de deux évolutions : une évolution technique (on sait faire une belle teinture bleue qui tienne) et une évolution des mentalités (emploi du bleu comme couleur de la Vierge en remplacement du blanc, et utilisation de l'azur dans ses armes par le roi de France fin XIIe).
- Pour l'auteur, les deux mots azur et bleu viennent de langues étrangères au monde gréco-romain car la couleur n'est alors pas porteuse de sens. D'où l'emploi médiéval d'un mot germanique (bleu) et d'un mot arabe (azur).
- Pour le moment, je ne sais comment utiliser le livre de Pastoureau dans cet article, de peur de plagier. Si ces données peuvent au moins éclairer la question de Vlad2i. sebjd 8 jun 2005 à 19:01 (CEST)
- Pour le grec ancien, j'avais une idée (ca a donné glaucome et cyan, au passage). Pour l'antiquité, les toges grecques étaient bleues me semble-t-il, mais leur nom ne me revient pas. Si ce que tu dis est vrai, alors ma remarque est à annuler, effectivement, bleu viendrait du germanique blao - et azur de l'arabe. 9 jun 2005 à 13:37 (CEST) Vlad2i поговорить / أن يتحدّث
[modifier] partie coupée de l'article pour y être retravaillé par ceux qui veulent
Le suite est une sorte de résumé assez complet du livre de michel pastoureau bleu histoire d'une couleur'travail fait avec sérieux pour le module de couleur de l'académie royale des beaux arts de bruxelles pour Mr Clemens professeur. Michel Pastoureau : Bleu : Histoire d’une couleur
Comme le dit Michel Pastoureau, la couleur est avant toute chose un fait de société car ce sont les sociétés qui donnent leurs significations aux couleurs. Le présent travail a comme objectif de présenter et d’expliquer à l’aide du livre « Bleu : histoire d’une couleur » quels sont les ingrédients qui ont servi à créer la couleur mais aussi les supports qui ont servi à recevoir la couleur et enfin les sociétés qui en ont fait usage. La préhistoire nous a laissée les premières formes de peintures sur les parois des cavernes. Ainsi depuis les premières formes de peintures pariétales jusqu’à aujourd’hui, l’homme a tenté d’associer son activités social je parle ici des scènes de chasses à une activités artistique je parle ici de la peinture. La peinture en elle-même n’est rien d’autre qu’un médium qui servira à exprimer l’activité d’un groupe.
Commençons par le début c’est à dire par le travail de l’historien qui éprouvera des difficultés qui sont de trois ordres. Michel Pastoureau démontre que les premiers documents qui serviront à la recherche de l’historien comportent les couleurs que le passé nous a transmis et que nous ne voyons pas avec le même regard et le même éclairage pour résumer nous ne regardons pas ces documents dans les mêmes conditions. Nos sociétés ont prient l’habitude d’étudier des images et des documents au moyens de photographies en noir et blanc et même avec l’avancées des technologies, les historiens de l’art ont gardés se schéma et ces habitudes.
En second lieu la méthodologie de recherche fait que l’historien est confronté à divers problèmes qui caractérisent la couleur, c’est à dire l’aspect physique, chimique, matériel, technique, iconographique, idéologique, emblématique, et enfin symbolique. Ce n’est que lorsque ces problèmes apparaissent que l’historien choisit d’encadrer une problématique de la couleur et en délaisse le reste en plaquant sur les objets et sur les images des informations que nous apportent les textes. La méthodologie voudrait que ces mêmes historiens procèdent comme l’ont fait et le font les préhistoriens en présence uniquement de peintures pariétales qui ne bénéficient pour cette époque aucunement de document écrit.
Les préhistoriens analysent les dites peintures pariétales et tirent de ces images et de ces objets du sens, des logiques, des systèmes, en étudiant par exemple les fréquences et les raretés, les dispositions, les rapports entre le haut et le bas, la gauche et la droite, le devant et le derrière, le centre et la périphérie. Je pense que les études d’Henry Leroy Gourand présentes un intérêt particulier dans une méthodologie de recherche sur la couleur. A ce sujet Henry Leroy Gourand dira : « Ces faits avaient attirés depuis longtemps l’attention de l’abbé Breuil qui, au sujet de Niaux, prit position pour considérer ces signes comme des indications topographiques qui permettaient de reconnaître les dangers du parcours et de s’orienter » dans les sanctuaires.
En troisième lieu la difficulté est d’ordre épistémologique car il est impossible aujourd’hui de poser sur les images, les objets, les monuments, produits dans les siècles passé nos points de vus, conceptions et nos classements de la couleur car notre vision de la couleur aujourd’hui n’était pas celle des sociétés d’autre fois et ce ne sera probablement pas celle des sociétés futur. Il faut savoir que durant des siècles et des siècles le blanc et le noir faisait parti intégrante du registre des couleurs et que le spectre et l’ordre spectral des couleurs sont inconnus avant le 17ème siècle, et que l’articulation des couleurs primaire et secondaire n’émerge que très lentement durant ce même siècle et ne s’imposeront vraiment qu’au 19ème siècle.
Le travail de Michel Pastoureau est intéressant car pour entreprendre cette histoire de la couleur bleu, il prend en compte toutes les autres couleurs qui l’entourent sans en isoler aucune et comme il le dira lui même : « pour entreprendre cette enquête sur la couleur, le travail de l’historien est double…, d’une part il lui faut essayer de cerner ce qu’à pu être l’univers des couleurs pour les différentes sociétés qui nous ont précédés, leurs lexiques, leurs nominations, la chimie des pigments, les techniques de teinture, les systèmes vestimentaires, les codes qui les sous-tendent,…… les instances moralisatrices, les spéculations d’hommes de science, les créations des hommes d’arts »
Le présent livre pose les jalons d’une histoire de la couleur bleue en commençant par les peuples de l’Antiquité donc de manière chronologique nous commencerons notre découverte au Néolithique. Il faut savoir que le bleu dans l’Antiquité et pour les peuples qui vécurent à cette époque n’est pas placé sur un piédestal contrairement aux civilisations du 20ème siècle. Cette couleur compte peux compte tenu du fait que pour les grecques elle est une couleur de deuil et pour les romains désagréable et dévalorisante. Pour Rome elle est la couleur des barbares des Celtes et des Germains. Or cette couleur aujourd’hui est la couleur préférée des Européens loin devant le vert et le rouge. La première observation que l’on peut faire c’est qu’au fil des siècles la tendance pour les codes de couleurs s’est renversé, le livre présent ce renversement et insiste sur ce fait marquant. Il montre d’abord le désintérêt du bleu dans les sociétés de l’Antiquité et du Haut Moyen Âge, et insiste sur un revirement à 180 degré pour les sociétés du 12ème siècle et la valorisation qu’elles accordent au tons de bleu notamment dans le domaine du vêtement et de la vie quotidienne. Le livre insiste aussi sur les enjeux socio-économiques, artistiques, religieux lié à la couleur bleu jusqu’à la période romantique et met en valeur le triomphe du bleu à l’époque contemporaine. Parler du bleu c’est parler des autres couleurs comme je l’ai dis plus haut, opposer au bleu ses contraires mais aussi des couleurs auquel il a été associé pendant longtemps notamment le vert et le noir. Le jaune et le blanc ont fréquemment été mis en couple avec le bleu et enfin le rouge qui fut pendant longtemps son contraire, son complice et surtout son rival dans l’industrie de la teinturerie au 12ème siècle.
Le livre entretien des rapports plus que privilégiés avec le domaine du textile car c’est sans conteste le domaine qui lie le plus souvent l’artisanale à l’économique en passant par le domaine du chimique du théorique et enfin à la morale. Le domaine du Tissu lié à la teinturerie et un vecteur liant une recherche pluridisciplinaire. Pour ce qui concerne les sociétés les plus anciennes, le silence des documents et des témoignages étant absent car nous sommes dans une période de laquelle nous n’avons aucun document écrit ou présentant des théories sur la couleur. L’état actuel des connaissances fait partir l’activité de la teinturerie en Europe au quatrième millénaires avant notre ère ce qui permet de recueillir les premiers indices et témoignages visuelles et colorimétriques. Tous ces témoignages s’inscrivent dans les gammes des rouges. L’ingrédient « garance » servant donc à teindre les vêtements est probablement le plus ancien à avoir servit comme colorant sans mettre de coté le Kermès et autre substance végétale bois et écorces. L’époque Romaine sera sans doutes celle qui aura le plus mis en valeur la couleur rouge et mettra en place le vocabulaire latin coloré « coloratus » qui aura comme synonyme rouge « ruber »
Une première constatation peux être faite donc autour de la couleur rouge, c’est qu’elle semble remonter bien en amont de l’époque romaine et constitue une donnée anthropologique qui permet d’expliquer pourquoi dans les sociétés Indo-européennes la blanc a longtemps eu deux contraires. Une sorte de trinité imperturbable. Le rouge et le noir représentent les deux opposés du blanc, le rouge portant en lui la signification d’un tissu teint, le noir un tissu souillé, sale et non teint. Le blanc par contre représente un tissu non teint, pur et propre. C’est autour de ces trois pôles que s’articule les codes sociaux et les système de représentations jusqu’en plein Moyen Âge. Il est aussi bon de savoir que l’axe de sensibilité antique et médiévale s’articule autour de la luminosité et de la densité, paramètres organisé autour de cette double opposition (blanc/noir) et (blanc/rouge). La première organisé autour du problème du rapport à la lumière, son intensité et sa pureté, la seconde autour du rapport à la matière colorante à sa présence ou à son absence, à sa richesse et enfin à sa concentration dans le tissu. Pour résumer le noir c’est le sombre, le rouge c’est le dense et le blanc est à la fois le contraire de l’un et de l’autre.
La seconde constatation c’est que le bleu n’a pas sa place dans cette organisation, non pas que cette couleur n’existe pas mais sur un plan symbolique et social elle ne joue pas dans la même cour que les trois couleur citée c’est à dire le blanc/rouge/noire. Je remarque aussi qu’entre le milieu du 12ème et le milieu du 13ème siècle le système provenant de la protohistoire s’articulant autour des trois couleurs « primaire » prend fin de manière assez brusque en quelques décennies. Cette trinité est chamboulée en grande partie par les théories scientifiques faisant place à un schéma passant de trois couleurs à un système à six couleurs autour du quelle nous vivons encore en grande partie aujourd’hui.
L’ingrédient Indigo est connus depuis le Néolithique et favorise son expansion dans l’industrie du vêtement et de l’étoffe. L’indigo est aussi un produit d’exportation notamment l’indigo des indes. Les peuples de la Bible s’en servent bien avant la naissance du Christ, le seule inconvénient c’est que c’est un produit cher très peux répandus en Europe et réservé uniquement au étoffes de qualité. Cela est du au coût d’exportation. Il faut aussi différencier L’indigo venant d’Asie et la guède des celtes et des germains. La première étant de nature florale la second étant de nature minérale. Les croyances veulent que l’indigo est de nature minérale et est même associé à une pierre semi-précieuse voisine du Lapis-lazuli, cette croyance perdura jusqu’au 16ème siècle.
Les enjeux religieux, économiques, stratégiques rentrent en ligne de compte dans la promotion du bleu en Europe médiévale. Commençons par l’enjeu religieux car on sait que la Bible parle beaucoup des étoffes et des vêtements mais très peux de teintures et de couleurs. La Bible est le siège de certains termes de couleurs qui varient beaucoup d’une langue à l’autre et se font de plus en plus précis au fil des traductions. Le Latin introduit beaucoup de termes de couleur là ou l’hébreu, l’araméen et le grec n’employaient que des termes de matières, de lumière, de densité, ou de qualité ; Par exemple là ou l’hébreu dit brillant, le latin lui dit « candidus » qui signifie blanc ou même « ruber » qui signifie rouge. Avant toute considération sur la symbolique des couleurs, une minutieuse enquête heuristique et philologique s’impose chaque fois que le texte des Ecritures est sollicité par l’historien.
Parlons des textes bibliques mais avant cela des textes théorique qui ont précédés car ils sont nombreux et divers. Tant en Grecque qu’en Latin, le terme bleu est difficile à nommer faute d’un ou plusieurs termes de bases comme je l’ai dis plus haut contrairement à la couleur blanche, noir, ou rouge. Les mots qui qualifient à l’époque grecque le bleu sont « Glaukos » et « Kyaneos ». Ces termes désignent sans doute un minerai ou un métal, sa racine n’est pas grecque et son sens est longtemps resté imprécis. Dans les récits homérique « l’Iliade et l’Odyssée » il n’existe pas moins de soixante adjectifs qualifiant le paysage et le décors et seulement trois qui parle de couleurs. A l’époque classique le terme « Kyaneos » désigne une couleur sombre tel que le bleu foncé mais aussi le violet, le noir, le brun etc.… En fait les termes de cette époque semblent désigner plus souvent un sentiment, une idée de couleur qu’ils n’indiquent sa coloration.
Mais à l’inverse pour qualifier la couleur bleue de certains objets minéraux, végétaux, les auteurs grecs emploie parfois des termes de couleurs qui ne correspondent pas au lexique grammatical de la couleur bleu. Par exemple on utilisera pour citer la couleur de la fleur d’iris le terme de rouge (erythros) ou le vert (prasos). D’où cette question historique que l’on s’est posé à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème : les Grecs voyaient-ils le bleu comme nous le voyons aujourd’hui ? Oui car l’appareil servant aux Grecs de l’antiquité est absolument identique à celui des Européens du 20ème siècle. Ce problème de pouvoir nommer le bleu se retrouve aussi dans le Latin classique et plus tard en latin médiéval.
Cette imprécision du lexique des bleus dans le Grecque antique et dans le Latin classique est en quelque sorte du pain bénis car c’est la preuve que l’on ne porte pas d’importance au bleu chez les auteurs Grecques et Romains et à la suite ceux du premier Moyen Âge chrétien. Cela favorisera en faite l’introduction de deux mots nouveaux dans le lexique latin pour désigner le bleu, l’un venu des langues germanique (blavus) l’autre, venant de l’arabe (azureus). Ce sont ces termes qui prendrons une place importante dans le lexique grammaticale et finirent par s’imposer dans les langues romanes.
Ainsi les Romains ne sont pas aveugles au bleu mais simplement ils lui sont hostile car comme je le dis plus haut c’est la couleur des barbares, qui au dire de César, de Tacite, d’Ovide et de Pline l'Ancien, ont l’habitude de se teindre les cheveux ou le corps afin d’effrayer leurs adversaires. Donc c’est une couleur de laquelle il faut se détourner à cette époque.
Au niveau des théories sur la vision et les couleurs, celles des grecques et des romains semblent traverser les siècles sans jamais s’affaiblir ni évoluer. Nous les appellerons « les courants qui s’opposent » et ils sont aux nombres de trois. Soit on est du coté de la théorie de Pythagore qui six siècles avant notre ère prétend que des rayons sortent de l’œil pour aller chercher la substance et les qualités des objets qui sont vus. Soit on est du coté d’Epicure qui pense le contraire c’est à dire que se sont les objets qui émettent des rayons se dirigeant vers l’œil. Soit on est Platonicien et on pense que la couleur provient d’un feu visuel sorti de l’œil et de rayons émis par les objets que l’œil perçoit. Malgré les compléments apportés par Aristote à cette hypothèse et malgré les améliorations des connaissances à propos de l’ancêtre de l’ophtalmologie, c’est cette théorie mixte héritée de Platon qui perdura jusqu’à l’aube des temps modernes.
Dans l’Eglise à partir de l’époque carolingienne et même avant (dès le 7ème siècle lorsqu’un certains luxe fait son apparition dans l’église), l’or et les couleurs brillantes s’emparent des tissus et du vestiaire cultuels. Ils faut savoir qu’à cette époque la liturgie est en grande partie placé sous le contrôle des évêques et les rares discours livresque sur la symbolique des couleurs n’ont pas de portée pratique, soit ne valent que pour certains diocèses. Ainsi les instances religieuse interdisent de manière très générale les vêtements rayés, bariolés ou trop voyants et cette tendance continuera dans ce sens jusqu’au concile de Trente. La couleur dominante dans le milieu du christianisme est le blanc, symbole d’innocence de pureté, du baptême, de la conversion, de la joie, de la résurrection, de la gloire et enfin de la vie éternelle. En l’an mille des textes font leurs apparitions ici et là glosant sur un nombre de couleurs (sept, huit, douze), supérieur à celui dont se sert alors le culte chrétien et dont il se servira par la suite. Chose étonnante c’est qu’aucun discours n’est fait sur la couleur Bleu. Même le cardinal Lothaire Conti de Segni futur pape sous le nom d’innocent 3 qui écrira les discours liturgiques les plus important et les plus dominant jusqu’au concile de Trente n’y fera pas allusion. C’est une chose troublante car les écrits d’innocent 3 deviendront des autorités à l’époque et repris par de nombreux auteurs au 13ème siècle. A cette même époque pourtant une révolution à lieu dans l’art des vitraux d’église, dans l’émail, dans la peinture, dans les vêtements et les étoffes, mais le bleu reste banni du système liturgique qui comme le pense Michel Pastoureau est un système né prématurément que pour accorder une place importante au bleu.
Il faut évidemment faire une différence entre les périodes de la chrétienté et l’usage du bleu. Il faut savoir que le bleu est utilisé de manière différente selon que l’on se trouve dans les îles Britannique ou la péninsule Ibérique au 10ème et 11ème siècle dans l’enluminure d’où le bleu est au abonné absent. Mais dès le 9ème siècle à l’intérieur de l’Empire carolingien, les miniatures sont peintes avec du bleu sombre servant souvent de fond à une scène, tantôt utiliser comme couleur pour le ciel afin de signifier la présence divine et enfin comme couleur pour les vêtements de la Vierge, de l’Empereur, ou de tel ou tel saint. Le bleu en l’an Mille est utiliser afin d’illuminer les plans les plus rapproché de l’œil. Considéré déjà à cette époque, le bleu pouvait ainsi se frayer un chemin dans l’art des vitraux au 12ème siècle et jouera le rôle de lumière divine et surface d’inscription des figures.
Mais voilà certains conflits viennent envenimer l’ascension de cette couleur au sein même de l’Eglise en mettant en scène des prélats chromophiles et prélats chromophobes. Si au 7ème siècle certains hommes de sciences pensent la couleur comme de la lumière, d’autre comme Claude évêque de Turin 9ème siècle et Saint Bernard au 12ème siècle pensent eux que la couleur est matière, recouvrant, qui cache (celare), ce qui trompe ainsi il faut s’en abstenir.
Ces conflits dans l’église viendront s’étaler depuis le 9ème siècle jusqu'au 12ème siècle et perdureront jusqu’à la Réforme Protestante au 16ème siècle. Les chromophiles dont le plus célèbre est Suger accordera énormément d’importance à la couleur à l’horizon des années 1130-1140 en l’église abbatiale de Saint Denis. Pour lui comme pour tous les abbés de Cluny depuis deux siècles rien n’est trop beau pour la maison du seigneur. Ainsi les mentalités acquiescent que Dieu s’exprime par les couleurs entre autre le bleu. Il faut donc considérer que le bleu n’aura son heure de Gloire qu’à dater du 12ème siècle et ainsi pour les siècles qui suivront, il y aura dans l’art occidental presque synonyme entre la lumière, l’or et le bleu. Ce Bleu et Or, on le verra apparaître comme signe distinctif du pouvoir royale de la maison de France et même plus en amont avec les rois capétiens qui userons d’un écu d’azur semé de fleurs de lis d’or. Les chromophobes dont leurs plus grand représentant est Saint Bernard pense que la couleur est une enveloppe, un fard une (vanitas) dont il faut absolument s’affranchir. Ainsi dans toutes les églises cisterciennes, il y a absence de couleur et la seule chose qui soit tolérable est le crucifix.
Il faut aussi remarquer qu’à dater du 12ème siècle même les icônes de l’église chrétienne ne sont pas épargnées par cette révolution de la couleur. Je prendrais comme exemple la vierge Marie qui nous le savons n’a pas toujours été habillée en bleu. Comme je le dis au début ce travail le bleu et la couleur en générale sont associés à un paramètre de luminosité et de densité. Le bleu ayant été à l’époque Antique et médiévale associé au noir, on comprendra que les vêtement de la vierge Marie dans la peinture ecclésiastique soit toujours de couleur foncé car associé à l’affliction, au deuil de son fils Jésus. C’est une idée qui est depuis longtemps présente dans l’art paléochrétien, qui se développe dans l’art carolingien et enfin dans l’art Ottonien. C’est pour cela que le Bleu connaîtra une telle ascension et ce grâce au culte Marial.
L’art gothique construit donc le succès de la couleur bleu par contre il n’arrive pas complètement à le vouer au culte Marial même si on n’en est pas loin. Arrive alors l’époque moderne et on constate que le bleu reste son attribut chromatique privilégié. Le baroque installe une sorte de nouvelle mode de la vierge dorée associé au divin, mode qui triomphe au 18ème siècle et surtout au 19ème siècle. Le dogme de la vierge immaculé vient chambouler ces modes car par définition Marie a depuis sa naissance été préservé du pêché originel. Ainsi de manière définitive sa couleur deviendra le blanc reconnu par le pape Pie 9 en 1854. La couleur iconographique de la vierge Marie est symbole de pureté et de virginité. Donc l’Eglise s’accorde enfin et ce depuis des temps anciens sur la couleur iconographique et liturgique du culte Marial. Cela n’est pas nouveau car on sait que depuis le 5ème siècle pour certain diocèse et le pape Innocent 3 au 12ème siècle, que les fêtes de la Vierge sont associées à la couleur blanche.
On peut dire que la Vierge Marie est un référent plus qu’intéressant pour un historien de l’art car il permet de montrer que le culte Marial est passé par toutes les modes et à toutes les sauces.
Les armoiries font aussi l’objet de ces modes et elle touche les domaines de la vie sociale. Les armoiries apparaissent un peux partout en Europe occidentale dans le courant du 12ème siècle et leurs diffusion sont très rapides. Pourquoi cela ? Elle sont très importante d’un point de vu social et géographique. Elle sont une sorte de carte d’identité de l’époque et elle permettent de reconnaître tel ou tel grand seigneur ou syndicat (ex drapier). Les armoiries du roi de France dont j’ai un peux parler plus haut présentent une couleur azur (qualifiant ici la couleur bleue dans la langue française du blason) semé de fleurs de lis d’or. La couleur du blason par définition n’a aucune signification car un grand nombre d’armoiries médiévales ne nous sont pas connues par des représentations en couleurs mais seulement par le biais du langage héraldique qui donne les armoriaux ou les textes littéraires. Dans ces textes les termes de nuances ne sont jamais précisés et les termes de couleur se réduisent à des catégories pures. Ce qui veut dire que techniquement parlant toute la symbolique qui réside dans le médium (armoiries, blason) ne dépend pas du contexte technique, colorant ou pictural. C’est là que réside l’avantage de ce sujet d’études sur tous les autres documents.
Une autre source permet de s’informer sur l’utilisation de l’azur, il s’agit des armoiries imaginaire ou littéraire. Ainsi dans la littérature arthurienne, on voit apparaître dans le cours du récit un chevalier inconnu portant des armoiries plaines c’est à dire d’une seule couleur. C’est un moyen à fonctionnalité retardé qui permet à l’auteur de faire sentir à qui l’on à faire et de laisser libre cour à la pensée sur ce qui pourrait se passer. Les romans arthuriens français du 12ème et 13ème siècle, comporte en eux des codes de couleurs fortement récurrent. Par exemple un chevalier dont l’armure serait rouge est assimilé à une être animé de mauvaise intention ou bien il s’agirait d’un personnage venu de l’autre monde. Un chevalier noir serait un personnage du premier plan qui cherche à cacher son identité ; il est bon ou l’inverse car le noir dans ce genre de littérature n’est pas assimilé au côté obscur. Le chevalier blanc est quand à lui l’être gentil, c’est souvent un personnage âgé, ami ou protecteur du héros. Un chevalier vert peut être soit bon soit mauvais et est fréquemment associé à un jeune imprudent, impétueux, cause de désordre. Jusqu’au 13ème siècle dans ce genre de littérature le bleu n’a pas sa place ne signifie rien et est trop pauvre d’un point de vue héraldique et symbolique pour être utiliser dans un tel procédé narratif.
Mais voilà tout évolues et au 14ème siècle on peut voir apparaître des chevaliers bleus qui ont comme qualité d’être des personnages courageux, loyaux, fidèles. Ils sont au début des personnages de second zone et ensuite ils apparaissent au premier rang au point que Froissart lui même en 1361 et 1367 va jusqu’à rédiger un Dit du bleu chevalier, ce qui aurait été impensable, car non signifiant, à l’époque de Chrétien de Troyes ou des deux générations qui l’ont suivi.
La promotion du bleu est en grande partie du au succès du roi de France comme cela a été le cas pour le culte Marial. Depuis la fin du 12ème siècle et même plus en amont les rois capétiens avaient un écu d’azur semé de fleurs de lis d’or, c’est à dire d’un écu à fond bleu parsemé de fleurs stylisé de couleur jaune. Cette couleur était d’abord dynastique avant de devenir héraldique suite à la symbolique qu’elle a jouée dans le culte de la vierge protectrice du royaume de France et de la monarchie capétienne. Le prestige du roi de France est tel que toute les grandes familles royales d’Europe imitent et font entré dans leurs propres armoiries d’abord en France et ensuite dans toutes la chrétienté occidentales. Cet engouement est telle qu’il contribue donc grandement à la vogue des tons de bleus entre le 13ème et 14ème siècle. D’autant que sur les étoffes, le progrès des techniques tinctoriales réalisé à partir du 12ème siècle permet la fabrication d’un bleu clair et lumineux au lieu des bleus ternes, grisâtres ou délavés des siècles précédents. Les foyers de résistance que sont les pays germaniques et l’Italie ne résisterons pas longtemps à cette tendance et à la fin du Moyen Âge même les hauts dignitaire d’Allemagne et d’Italie adopte la couleur bleu. Le rouge reste d’actualité afin de signifier le pouvoir impérial et papal.
Une chose est sur à cette époque le fait d’être teinturier ou drapier demande beaucoup de courage, énormément d’organisation et enfin de réglementation. On voit s’installer une certaines rivalités au sein des foyers de la teinturerie dans les grandes villes d’Europe. Ainsi on peut constater que ces métiers sont cloisonnés et sévèrement réglementé. Les textes sont nombreux dès le 13ème siècles et ceux-ci montre l’organisation, le cursus, la localisation mais aussi les droits et obligation de ses travailleurs. Il s’agit là d’une activité qui pollue beaucoup les eaux et les rivières. On sait que ces activités représentent un pôle majeur dans les grandes villes Européenne médiéval et sont représenté par des syndicats de teinturiers et de drapiers puissamment organisés. Beaucoup de conflits sont présent à cette période surtout entre teinturier qui travail des couleurs différentes mais surtout des oppositions entre drapier, tisserands ou tanneurs. Des procès verbaux sont les documents qui permettent de comprendre et savoir comment s’organise le travail de ces grands industriels.
Prenons l’exemple des tanneurs qui travaillent avec des cadavres d’animaux, la plupart des conflits qui ont lieux ne portent pas sur le tissu mais sur l’eau de rivière qui est pollué par l’activités des tanneurs et que les teinturiers ne peuvent plus utiliser faute d’eau propre. Mais d’autres anecdotes portent aussi sur les conflits des teinturiers entre eux ; qui du fait que le voisin teinturiers teint en rouge et l’autre en bleu. Lorsque l’on possède une licence pour teindre en rouge on le fait uniquement pour cette couleur et pas en bleu c’est interdit et vise versa. Si donc dans une ville donnée, les teinturiers de rouge sont passés les premiers, les eaux de rivière seront fortement rougis, ainsi les teinturiers de bleu ne pourront pas avoir accès à l’eau du fait qu’elle est souillé par le colorant rouge. A Rouen au 16ème siècle la ville instaure un calendrier pour l’accès des teinturiers à l’eau des rivières avoisinantes, que l’on inverse ou modifie chaque semaine, afin que tour à tour chacun puisse bénéficier des eaux propres. Cette réglementation est poussé plus loin à Milan au 14ème et 15ème siècle ou l’on sépare les teinturiers d’une même couleurs selon l’ingrédient qu’ils utilisent. Les teinturiers de rouge qui utilise du kermès ou de la cochenille (produit très cher importé d’Europe occidentale et d’Orient) ne sont logés à la même enseigne que ceux qui utilisent la garance (produits moins coûteux de fabrication régionale). Les utilisateur de Kermès visent une clientèles très riches ainsi leurs techniques est plus nobles et l’activités n’est pas soumise au même taxes au même réglementation contrairement aux utilisateur de garance qui eux visent une clientèle dirons nous plus terre à terre.
Pour l’historien, la question la plus importante est de savoir quel est le moteur de cette soudaine promotion du bleu et la cause profonde des différentes mutations qui affectèrent l’ordre des couleurs dans son ensemble. S’agit il d’un progrès technique ou d’une découverte chimique qui permettra soudainement aux teinturiers occidentaux de réussir en quelques décennies ce qu’ils avaient été incapable de faire pendant des siècles. La réponse étant que c’est le symbolique et l’idéologique qui précède l’avancé chimique et technique, et c’est la demande qui précède l’offre. Il est clair que la promotion du bleu entre le 12ème et le 14ème siècle est la conséquence d’un bouleversement des valeurs sociales, des systèmes de pensée et des modes de sensibilités. L’essor du bleu n’est pas un acte isolé mais n’est par métaphore que la partie visible d’un iceberg et que la partie cachée de celui-ci tend à dire qu’il y a un profond bouleversement en ce qui concerne l’ensemble des couleurs et des relations qu’elles entretiennent entre elles. L’ordre ancien fait place à un ordre nouveau des couleurs.
On peut aussi observer que le bleu tout en passant par la phase royal et marial, il devient une couleur moral, la raison étant que durant tout le Moyen Âge cette couleur à été influencé par des courants moralisateurs en phase d’épuisement. La seconde raison réside de l’attitude des grands réformateurs protestants du 16ème siècle, à l’égard des pratiques sociales, artistiques et religieuses de la couleur. On trouve à cette période de grandes mutations, mais aussi la promotion du noir à partir du milieu du 14ème siècle qui profitera grandement au bleu au détriment du rouge. Cette promotion du noir nous la subissons encore aujourd’hui dans nos modes d’habillement par nos fameux smokings noirs et petit robe noir en passant par nos vêtements de deuil. Il faut savoir que rien n’arrive par hasard et que cette promotion des couleurs sombres fait suite à divers facteur d’abord moraux, économique, et démographique. Après la peste noire qui à fait rage en Europe au 14ème siècle certains décrets vestimentaires furent instauré, certains avant même l’arrivée de la peste. Il est aussi bon de savoir que la raison d’être de ces lois est triple. Elle sont là pour freiner les dépenses à tous les niveaux de classe sociale, freiner l’endettement mais aussi le luxe ostentatoire qui ne fait pas bon ménage avec l’image que véhicule la tradition chrétienne de modestie et de vertu.
Les courants moralisateurs de cette époque dont la Réforme protestante est l’héritière tentent par tous les moyens d’instaurer des lois contre toutes les innovations et bouleversements sociaux qui pourraient surgir à cette époque. Ces tentatives sont souvent dirigées contre les jeunes et les femmes en quête de nouveauté et de confort. Ces lois et décrets sont une sorte de frontière sociale idéologique afin de maintenir une certaine cohésion sociale, mais aussi d’éviter les glissements d’une classe à une autre. Le vêtement est le premier indice qui permets de savoir à quelle catégories social on appartient et donc de surcroît, rompre ces barrières équivaut à rompre l’ordre établit par Dieu sur terre ce qui est à la fois sacrilège et dangereux. Il faut savoir aussi que certaines couleurs sont formellement interdites aux modestes couches sociales, on en voit un parfait exemple en Italie avec les célèbres « écarlates de Venise » obtenus à l’aide de Kermès que l’on sait venir d’Orient et destinée au princes et grands dignitaires. La tentative de la réforme protestante sera de faire sortir des temples de culte toute la couleur, comme tentera de le faire Saint Bernard au 12ème siècle, ou encore carlstadt, Melanchton, Zwingli et Calvin. Par contre l’attitude de Luther semble plus nuancée car après les saccages de l’été 1566 dans le Nord des Pays Bas, celui-ci éprouve un certains respect pour les images anciennes que l’on retire des sanctuaires ou que l’on recouvre. Cela prouve qu’il y a une certaines tolérance à l’égard des œuvres composée de couleur jugé « honnêtes » qui sont le noir, le gris, le blanc, le bleu.
Cette réforme se base sur les récits bibliques entre autre ceux de Jérémie s’emportant contre le roi Joachim, qu’il accuse de bâtir des église semblable à des palais « y percent des fenêtres, les revêtent de cèdre et les enduisent de vermillon » . La couleur rouge qui était jusque là la couleur de la Bible ne renvois plus au sang du christ mais au pêché et au luxe comme la figure emblématique de la Rome papiste, colorée comme la grande prostituée de Babylone.
Les écrits à propose de l’art et de la couleur au moment de la réforme sont souvent dispersé dans un grand nombre de pages très élevé, mais un auteur semble se démarquer et il s’agit de Calvin. Calvin ne condamne pas la couleur mais celle-ci doit être au service du religieux et tenté d’instruire et de réjouir au sens théologique et à honorer Dieu. L’art doit pour ainsi dire servir Dieu, l’art doit aider à la compréhension du Divin sinon l’art n’a pas sa place dans le lieu de culte. Ainsi un le grand représentant de l’art Calviniste se trouve en la personne de Rembrandt qui pratique souvent une sorte d’ascèse de la couleur, appuyé sur des tons foncés, peux nombreux (au point qu’on l’a parfois accusé de monochromie). La question qui se pose : « existe-t-il une palette calviniste ou une palette protestante ? ». Les protestants ont dans leurs palettes quelques dominantes et récurrences qui leur donnent une authentique spécificité chromatique, sobriété générale, horreur du bariolage, teintes sombres, effets de grisaille, jeux de camaïeux, recherche de la couleur locale, fuite de tout ce qui agresse l’œil en transgressant l’économie chromatique du tableau par des ruptures de tonalité. Chez les calvinistes on peut même parler d’un véritable puritanisme de la couleur, tant ces principes sont appliqués de façon radicale ce qui est le cas de Rembrandt.
On est droit de le penser. Pour Calvin l’église est coupable de faire étalage de parures et de richesses considérées comme inutiles chez Luther et Melanchton, la Réforme ne pouvait que partir en guerre contre la couleur et débarrasser l’église de toute vanité humaine. Pour Carlstadt l’église doit être aussi pur qu’une synagogue. La réforme à amené au vêtement protestant une image non seulement austère mais aussi passéiste, quelque peu réactionnaire car hostile aux modes et au changements. La réforme à amené une notion importante ; le bleu est la seule couleur honnête pour un chrétien La réforme prépara aussi le terrain à la science de Newton qui lui-même fit partie d’une secte Anglicane.
J’ai parlé plus haut des vêtements bariolés ou rayés formellement interdit, car ils sont jugés indignes d’un bon chrétien. Il en va de même pour tous ceux qui doivent de par leur travail ou leur situation, afficher une apparence digne et réservée comme par exemple les veuves, les magistrats, les membres du clergé et tous ceux dont la robe est longs.
Cette société réformatrice du 15ème siècle installe une sorte de code de l’habillement en vu de discerné les honnêtes citoyens de ceux qui sont en marge de la société. Les lois somptuaires ne table plus sur les couleurs interdites mais bien sur les couleurs prescrites. La couleur devient pour certaines couches sociales des marques infamantes, cela va de l’activité du chirurgien en passant par le bourreau, pour arriver à la prostituée et enfin aux infirmes et aux non-chrétiens.
Ces lois pour les non-chrétiens ont été instauré dès le 13ème siècle par le concile de Latran afin d’éviter le mariage entre chrétien et non-chrétien et la volonté de bien identifier ces derniers. Mais une chose est sur le bleu n’est pas infamant ni discriminatoire. C’est sans doute dans le domaine de l’habillement que la réforme a jouée le plus grand rôle et de manière durable. C’est aussi dans ce domaine que la plupart des penseurs de la réforme trouve le plus souvent des convergences et ce en liant l’habillement au domaine de l’art, du temple, de la liturgie. Pour la réforme le vêtement représente la déchéance de l’être humain. Il est admis par le réforme protestant les couleurs dites « honnête » mais proscrit les couleurs dites chatoyante tel que le rouge , le jaune, l’orange, le violet, le rose, et de nombreux vert catalogué déshonorantes. Dès le 16ème siècle le bleu est admis e définitivement rangés dans le tiroir des couleurs « honnêtes ». Parlons de la palette des peintres ou revenons un peux sur la peinture de Vermeer. La réforme et ses peintres avaient le monopole de la couleur mais à partir du 17ème siècle ce n’est plus le cas. Cette caractéristique se retrouve chez les peintres catholiques de mouvance Janséniste caractérisé par une palette sombre, dépouillé se rapprochant de la palette de Rembrandt qualifié de fuyante et nocturne. Quand à la palette de Vermeer qualifié par pastoureau comme le plus grand peintre du siècle. Ses bleus sont toujours fait à partir de Lapis-lazuli. Les coloris de Vermeer sont plus harmonieux, veloutés, plus raffinés, cela étant dû à un incomparable travail sur la lumière. Le travail des bleues de Vermeer distingue celui-ci de ses contemporains et surtout des peintres néerlandais du 17ème siècle.
Le 17ème siècle est un siècle qui verra naître un illuminé du nom d’Isaac Newton et des expériences sur le prisme et la décomposition de la lumière blanche en rayons colorés. Cette révolution exclura définitivement du registre des couleurs le noir et le blanc. Newton permettra à l’aide de ses expériences de quantifier par des mesures l’analyse de la couleur. Le début du 18ème siècle voit apparaître les nuanciers, les schémas et les échelles chromatiques qui mettent en valeur les lois, les nombres et les normes auxquels est soumise la couleur. La couleur perdra de son mystère. Ces théories font place nette sur toutes les croyances et bases de la couleur réduisant pour ainsi dire le schéma que l’on connaît au Moyen âge et à la renaissance s’articulant autour de six couleurs à trois couleurs. Les recherches que permette la gravure prouvent qu’il est possible à partir de trois couleurs que sont le rouge, le bleu, le jaune, d’obtenir toutes les autres couleurs de l’ordre spectral. Cette hiérarchisation permet d’installer le système des couleurs primaires et secondaires. Le triomphale totale du bleu à lieu à partir du 18ème siècle grâce à l’aide d’un colorant naturel qu’est l’indigo. Il est une substance dont l’emploi n’est pas libre mais aussi par la découverte d’un nouveau pigment artificiel permettant l’obtention tant en teinture qu’en peinture des tons nouveau parmi eux le bleu de prusse. Le bleu obtient à l’unanimité la place de leader des couleurs devant l’éternel rouge qu’il viendra remplacer dans le domaine des sciences. La connotation que le bleu avait dans l’Antiquité n’est plus et deviens la couleur par « excellence ». Cette réputation il l’entretien et l’amplifie avec l’arrivée du 21ème siècle.
Comme je le dis plus haut, la littérature permet la promotion du bleu à travers l’histoire par les récits du roi Arthur et autre roman de chevalerie. Mais il en est aussi de la littérature des lumières puis de celles des romantiques qui se fera l’écho de ce nouvel engouement pour les tons de bleus. L’habit bleu et jaune de Werther que Goethe décrit dans son roman épistolaire les souffrances du jeune Werther publié à Leipzig en 1774. Ce récit permet de voir quelle ont été les allés et venus du bleu au le Moyen Âge et le 20ème siècle entre la société et la littérature. La preuve est faite que l’imaginaire et la littérature font pleinement partis intégrants des réalités sociales. Goethe sera aussi le premier à avoir contre les newtoniens affirmer que la couleur ne peut en aucun cas se limiter à de simple formules mathématiques. Il a réintroduit l’être humain dans les problèmes de la couleur et ait osé affirmer qu’une couleur que personne ne regarde est une couleur qui n’existe pas. Partout le bleu profite d’un support de promotion que sont les textes, les romans mais aussi la poésie. Le bleu devient la couleur de l’amour, de la mélancolie et du rêve ; ce qu’il à été dans un sens dans la poésie médiévale où le terme »ancolie » (fleur de couleur bleu) et « «mélancolie » existait déjà.
A coté du bleu romantique, mélancolique, onirique, on voit naître le bleu national et militaire et politique.
Ce bleu jouera un rôle important durant la révolution française avec la cocarde mais aussi dans le choix des couleurs des drapeaux nationales de pays comme les Etats-Unis, de la Grande Bretagne de celui de la France, mais aussi de celui de la Hollande. Il faut se remettre dans le contexte des guerres coloniales en particulier celui qui opposa les insurgés des colonies d’Amérique qui se dote à cette époque d’un drapeau tricolore présentant les mêmes caractéristiques que celui du drapeau da la couronne Britannique. Mais voilà il s’agit d’une sorte de contre drapeau ayant de par la disposition de ses couleurs une autre signification que celui de la couronne britannique. On se dit alors que si le drapeau britannique n’avait pas comporté de bleu celui des insurgés américain n’en aurait pas comporté et de surcroît ceux de la révolution française, de la France impériale et enfin celui de la France républicaine non plus. Et pour pousser l’explication un peux plus en amont il faut retourner en 1603 avec le roi d’Ecosse après son accession au trône d’Angleterre. Jacques Stuart réunira sous une seule bannière, la bannière écossaise en blanc et bleu et la bannière anglaise en blanc et rouge pour en faire le légendaire « Union Jack ».
Le bleu est la couleur la plus portée des uniformes en passant par les jeans, il n’en fut pas toujours ainsi comme on a pu le constater à la moitié du 18ème siècle. Cette montée des tons bleus au siècle des lumières s’essoufflera un peux après les ravages de la révolution, puis déclinera au 19ème siècle. En ville comme à la campagne, le noir revient à la charge mais uniquement pour quelques décennies. On verra le bleu utiliser pour des tas de vêtements est à divers moments à commencer par le phénomène qui à lieux avant et au sortir de le première guerre mondiale. La population européenne commence à diversifier ses styles vestimentaires, phénomène qui prendra de l’ampleur à partir des années 1920 notamment en ville avec les costumes bleu marine en passant par les uniformes de l’armée et des fonctionnaire tel que la police. De 1910 à 1950 le bleu prendra la place du noir en Europe et aux States pour tous ce qui concerne les personne qui sont amenées à porter un costume ou un uniforme. Le Blazer fut et reste l signe le plus patent de cette révolution qui à coup sûr demeura comme un des grands événements vestimentaires du 20ème siècle. Mais il faut compter à coté de ce succès avec le légendaire « Jeans Levi’s Strauss » fabriqué en 1853 à base de toile et ensuite à partir du tissus de « Gênes ». D’abord utilisé comme pantalon de travail, il devient le symbole d’une nouvelle révolution du code vestimentaire à partir de 1936. Mode peux à peux mis à la portée des femmes et de toutes les autres catégories sociales de la classe ouvrière.
Le bleu fait aussi son apparition dans le domaine de la musique à travers le « Blues » dont la signification est associée à un état d’ébriété associé à l’alcool. Le blues c’est l’héritage du romantique et de la mélancolie, mais aussi celui de la poésie pure et des rêves infinis qui a traversé des décennies mais s’est quelque peut transformé. En Allemagne il est présent dans l’expression « BLAU SEIN » qui signifie « être ivre », avoir l’esprit l’embrumé et les anesthésiés. Aux Etats Unis d’Amérique l’expression “THE BLUE HOUR” signifie”l’heure bleue” qui représente le moment des sorties des bureaucrates qui après le travail se dirige vers les bars pour siffler quelques verres. Cela créera plus tard cette forme musicale associé à l’imaginaire romantique Allemand caractérisé par un rythme à quatre temps, traduisant des états d’âmes mélancoliques. La racine du mot « blues » vient du syntagme blue devils (démon bleu) désignant le cafard, la nostalgie faisant écho à tous ce que le français qualifie d’idée noires. Ce qui relit ces expressions c’est « to be blue ou in the blue » ayant en Allemand « alles schwarz » en Italien « vedere tutto nero » et en « Français broyer du noir ».
Le constat est fait et est irrévocable, la couleur bleue porte en elle toute une symbolique et elle est sans aucun doute synonyme de magie, apaisement, et de rêve. Elle évoque le ciel, la mer, le repos, l’amour, le voyage, les vacances, l’infini.
Ce succès n’est pas dû au fait de la symbolique dont est chargé la couleur bleue, bien au contraire c’est parce qu’à travers l’histoire la couleur bleue à été la moins chargé et la moins connoté en terme de symbolique contrairement au rouge au blanc ou au noir. Elle possède un potentiel symbolique faible car elle ne révèle rien de personnelle de notre personnalité contrairement aux autres couleurs que j’ai citées plus haut. Le bleu aujourd’hui est présent ou que nous allions, cela va du bleu des panneaux de signalisation routier qui exprime tous ce qui est autorisé pour aller jusqu’à la couleur des organisme internationaux tel que l’ONU ou l’UNICEF en faisant un détour par le drapeaux de l’union Européenne. Le bleu n’agresse pas mais il rassure et il rassemble. Cette relation entre le bleu et la paix est très ancienne car présente dans la symbolique médiévale mais plus près de nous la relation faite entre le bleu et l’eau et surtout entre le bleu et le froid.