Causes de la Révolution française
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Plusieurs facteurs ont permis le déclenchement de la Révolution française. On distingue généralement des causes structurelles profondes, auxquelles se sont combinées d'autres causes dues à la conjoncture de la période. La révolution n'est pas due à un seul événement mais à un ensemble d'événements qui, associés ont créé un choc suffisamment important pour occasionner des transformations irréversibles dans la conception de l'organisation du pouvoir politique, de la société et des libertés individuelles.
[modifier] Des causes multiples
- une crise sociale
Une des causes serait l'inadéquation du pouvoir politique à la réalité économique : alors que la bourgeoisie détient une part croissante de la richesse et des moyens de production, le pouvoir continue d'être exercé par une minorité d'aristocrates. Il est en tout cas certain que, ayant un niveau de vie se rapprochant de celui de la noblesse, la bourgeoisie se sentait de plus en plus fondée à réclamer une part des responsabilités politiques, de façon moins occasionnelle que par l'ascension d'un Jean-Baptiste Colbert au sommet de l'État.
Il est vrai que, malgré les transformations économiques liées notamment à l'essor du commerce et de l'industrie, l'organisation de la société française reste figée : les trois ordres Noblesse,Clergé,Tiers Etat reproduisent à peu de choses près la situation de l'an Mil (le seigneur, le prêtre, le paysan). Cette situation anachronique est de moins en moins acceptée, et une pièce comme le Mariage de Figaro (1784) traduit bien l'exaspération qui gagne à la fois la bourgeoisie, le peuple et même la petite noblesse.
Mais les inégalites sociales ne sont pas uniquement liées à la division de la société française de l'époque en trois ordres, mais proviennent également du fait des énormes différences de niveau de vie à l'intérieur même de ces ordres. En effet, quoi de plus différent d'une famille de la haute bourgeoisie qui a fait fortune dans le commerce avec les colonies qu'un paysan qui parvient à peine à produire de quoi nourrir sa famille toute l'année? Et quoi de plus différent d'un évêque, issu de la noblesse, vivant comme un prince, dépensant son argent sans compter, qu'un curé de campagne, entré dans les ordres par vocation, et qui ne recoit de la dîme que la portion congrue?
Cette exaspération est aggravée par une profonde crise économique et financière : l'État est criblé de dettes en raison de son train de vie et de son soutien à l'Indépendance américaine (en 1788, plus de 80 % des recettes de l'État sont absorbées par le service de la dette), mais il maintient un niveau élevé d'impôts et de taxes sur une population du Tiers qui doit supporter la quasi-totalité de la ponction financière. Les nombreux cahiers de doléances venus des provinces sont pratiquement unanimes à dénoncer la lourdeur et la structure de la répartition de l'impôt. Les classes les plus aisées (noblesse et haut-clergé) sont en effet exemptées d'impôts et défendent ce privilège séculaire, voire accentuent le prélèvement des droits seigneuriaux en une prérévolution aristocratique. Plusieurs tentatives de réformes financières successives vont échouer (celles des ministres des finances Turgot, puis Necker, Charles Alexandre de Calonne et Loménie de Brienne).
Le blocage est aussi un blocage institutionnel . Le roi gouverne seul, ses divers conseillers n'ont pas de pouvoir décisionnel et sont de simples techniciens. Le pouvoir est tiraillé entre deux logiques : la centralisation monarchique, et l'octroi de libertés provinciales matérialisées par les Parlements. Enfin, Louis XVI n'a pas été formé à la pratique gouvernementale car il ne devait pas régner : sa volonté de réformes se heurte aux traditions, aux pressions des privilégiés et à l'influence du parti de la Reine. On a évoqué aussi la personnalité du roi, homme influençable et velléitaire.
On ajoutera l'importance de la Philosophie des Lumières par la dénonciation du pouvoir absolu de droit divin et de l'arbitraire royal, mais aussi l'exemple récent des révolutions anglaises en 1640 et 1680, la Constitution des États-Unis de 1787, le tout formant une sorte de mélange détonnant qui n'attendait qu'une étincelle pour exploser.