Charles Despiau

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Cet article est une ébauche à compléter concernant les arts plastiques, vous pouvez partager vos connaissances en le modifiant.

Charles Despiau

Charles Despiau (4 novembre 1874 – 30 octobre 1946), sculpteur originaire de Mont-de-Marsan.

[modifier] Biographie

Charles Despiau s’installe à Paris à l’âge de 17 ans, entre à l’École des Arts décoratifs puis à l’Ecole des Beaux-Arts dans l’atelier du sculpteur Barrias. En 1904 il épouse Marie Rudel.

Le buste est un des moyens d’expression privilégiés de Despiau et il expose beaucoup de figures au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. Par leur puissance plastique et leur saisissante vérité psychologique, elles sont le fruit d’un très long travail. En 1907 attiré par le buste en plâtre de Paulette, Rodin lui demande de travailler avec lui. C’est le début de sa période de praticien qui dure jusqu’en 1914. Il devient un membre éminent de la « Bande à Schnegg ». Le couple Despiau s’enrichit un peu et loue un atelier Villa Corot.

Le buste en marbre de Paulette est montré au Salon de 1910 puis acheté par l’État pour le musée du Luxembourg. Aujourd’hui on peut admirer ce visage épris de vie intérieure au musée de Mont-de-Marsan où il a été déposé par l’Etat. Modelé d’après le visage de la jeune montoise Paule Pallus surnommée Paulette, il dégage une sérénité intemporelle qui en fait un des plus beaux portraits de la collection. Dans cette veine se situent le buste de la fille du galeriste Adolphe Basler et Nénette, fille du critique d’art Georges Wernert (1923), la Petite fille des Landes de 1904, Cra-Cra de 1917 et le portrait d’Alice Derain de 1922. On sent dans ces oeuvres d’une grande originalité l’influence de Schnegg qui réagit contre le lyrisme de Rodin et l’académisme des sphères officielles.

La guerre de 1914-1918 arrive, Despiau mobilisé est affecté au service du camoufflage. Il rencontre d’autres artistes. Quelques commandes, certaines importantes, telles la Circé (1912), le monument à Aristobulo del Valle pour Buenos-Aires en Argentine (1914) sont insuffisamment rémunératrices. Erigé par souscription, le Monument aux morts de Mont-de-Marsan (1918-1920) est à l’origine en pierre. Elle a été mise à l’abri au musée en 1981 et remplacée au Square des Anciens Combattants de Mont-de-Marsan par une copie en ciment-pierre. Après un premier projet allégorique qui prévoyait la glorification d’une Victoire, Despiau établit une composition d’un grand équilibre. Le monument est flanqué de part et d’autre de de la stèle où sont gravés les noms des victimes, de deux statues de monumentales paysannes, la vieille femme et la mère tenant dans ses bras un orphelin. Elles sont venues rendre un dernier hommage aux trois cents montois disparus pendant le premier conflit mondial. Les deux femmes aux visages épurés, poignantes de sentiment retenu, témoignent de leur souffrance avec beaucoup de dignité. La mère joint les mains, courbe le dos comme la Vierge au pied de la croix et baisse un visage meurtri. La jeune femme, que l’on a identifiée comme étant Jeanne Kamienska, belle-soeur du peintre Berthold Man, appuie doucement la tête sur le mur. La grande originalité de la composition vient de l’absence de toute gesticulation anecdotique à laquelle l’artiste restera toute sa vie attaché.

En 1923, Despiau est membre co-fondateur du Salon des Tuileries. En 1927, le succès commercial arrive. Le Réalisateur est le plâtre original d’une statue commandée en 1929 par la veuve de l’industriel luxembourgeois, Emile Mayrisch, fondateur en 1911 du puissant groupe de sidérurgie Arbed. On peut voir la statue de bronze qui en est issue, dans le parc du château de Colpach (Grand duché du Luxembourg). Elle domine le tombeau qu’avait dessiné l’architecte Auguste Perret. Elle ne représente pas Emile Mayrisch lui-même qui avait plutôt un physique à la Armand Fallières, avec une barbe abondante comme on aimait les arborer sous la IIIe République. Pour les Luxembourgeois, cette statue est connue de tous sous un autre titre plus concret, L’homme qui va se lever. Manifestement l’homme représenté, après s’être profondément concentré, va se lever pour accomplir un acte bien réfléchi. Le visage au volume clair et strict, casqué de cheveux bien courts, est celui d’un ‘penseur actif’. ‘Il est tourné vers l’intérieur’, disait Despiau.

À partir de 1932, la rencontre avec Assia, modèle professionnel que nombre d’artistes de Dora Maar à Germaine Krull en passant par Soutine, font régulièrement poser, permet à Despiau d’exprimer la « modernité » en sculpture. La jambe gauche avance, la jambe droite porteuse laisse apparaître un léger déhanchement. La tête tournée sur le côté, les bras rejetés en arrière, les coudes un peu pliés montrent tout l’intérêt pour la valorisation d’un corps dont la belle poitrine s’offre à la lumière. Le visage est encore à l’état d’esquisse, ainsi que les mains et les pieds, accentuant ainsi la volonté de mettre en valeur les formes à la lumière et dépouiller le sujet de tout récit. Assia marque dans l’oeuvre sculpté de Despiau un aboutissement qui la hisse au rang des plus beaux nus féminins de l’histoire de la sculpture. Elle obéit au canon d’une jeune fille moderne, bien stable sur ses chevilles.

En 1937, Despiau reçoit la commande la commande d’une statue colossale de 5 mètres de hauteur, Apollon, destinée au parvis du musée d’Art moderne de la ville de Paris à l’Exposition de 1937. Cette figure préocupe Despiau régulièrement et il y travaille jusqu’à la fin de sa vie sans répit. Mais le sculpteur meurt avant d’avoir pu mener à son terme la commande et c’est Paul Belmondo qui l’achève. Le musée de Mont-de-Marsan possède un tirage en bronze du dernier état mesurant 1, 16 m de hauteur et la municipalité a commandé un agrandissement de 2, 20 m, situé aujourd’hui en plein air dans une rue du centre-ville. Certes destiné à la monumentalité, mais fin et délicat, tout en retenue et en subtilité, Apollon sera sa seule commande d’Etat.

Chef de file des Sculpteurs Indépendants, modeleur sensible et grand bustier, Despiau est glorieusement consacré à l’étranger, notamment aux Etats Unis où le succès de son exposition personnelle à New York en novembre 1927 est suivi d’autres hommages de 1939 à 1948. Il participe à l’Exposition Internationale des Arts et Techniques de 1937 à Paris où il expose 52 sculptures.

Despiau refuse avec constance d’avoir des élèves, ayant peu de goût pour l’enseignement. Cependant on retrouve les principes proches de ses convictions artistiques chez Arnold, Wlérick ou Belmondo qui l’admire beaucoup. De plus la prédilection pour les formes classiques de la statuaire grecque, l’utilisation pacifiée de la lumière, la synthèse plastique de ses modèles, le calme qui caractérisent son oeuvre amènent une pépinière d’artistes à trouver en lui un maître à penser.

[modifier] Hommage

Il faut attendre 1968 pour que le musée de sa ville natale, Mont-de-Marsan, célèbre sa gloire et celle de son ami Robert Wlérick à travers l’exposition permanente de la collection municipale au musée despiau-Wlérick. Le centenaire de sa naissance est fêté en 1974 au musée Rodin mais aussi au Japon, à Tokyo et Osaka. Le Japon organise encore en 1996 une rétrospective de son oeuvre pour le cinquantenaire de sa mort.

Les œuvres de Despiau, outre dans des collections particulières, se trouvent pour la plupart au musée de Mont-de-Marsan et au Musée des Beaux-Arts d’Alger.