Couleur (héraldique)
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| Héraldique |
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La couleur héraldique désigne l'attribut de champ, quand il est uni. Il s'agit de couleurs symboliques : ainsi le gueules se représente par un rouge, qu'il soit vermillon, écarlate, carmin ou autre.
| Principaux émaux | Métaux héraldiques | ||||
|---|---|---|---|---|---|
Azur |
Gueules |
Sable |
Sinople |
Or |
Argent |
Il faut noter que certains auteurs utilisent d'une façon inverse les termes couleur et émail. Suivant les auteurs, ce terme peut être utilisé dans un sens plus ou moins étendu:
- Dans un sens général, toutes les teintes unies utilisées en héraldique sont des émaux. Ce terme s'oppose alors aux fourrures, et on peut distinguer dans les émaux les métaux (or et le argent) des émaux au sens strict, qui sont alors désignés par le terme "couleurs".
- Dans un sens strict, ce terme ne désigne que les couleurs proprement dites, à l'exclusion des métaux.
- Beaucoup plus rarement, dans un sens très élargi, certains auteurs incluent également les fourrures dans le terme "émail", qui désigne alors l'attribut d'un champ ou d'un fond.
Ces deux termes n’apparaissant pas dans le blasonnement, mais uniquement dans la description théorique de l'héraldique, cette différence est sans conséquence notable. Le seul point où cette distinction soit importante est dans la règle de contrariété des couleurs, qui veut qu'il ny ait jamais émail sur émail, ou métal sur métal. Dans cette formulation, "émail" est bien entendu pris dans un sens strict.
À l'origine les écus étaient de bois peint d'un peinture « émaillée » parfois couvert de métaux, et l'émail s'opposait aux métaux. Plus tard, les couleurs métalliques ont été peintes comme les autres, et le terme d'émail a fini par désigner l'ensemble.
Certains émaux étaient autrefois des fourrures comme le sable et probablement le gueules. Le pourpre a longtemps été un émail ambigü fonctionnant parfois comme une fourrure.
Les décorations "aux couleurs" d'une ville ou d'un pays reprennent la couleur du champ et celle de sa figure principale, ou celle des deux partitions dans le cas d'armes composées. C'est ainsi que les couleurs de Paris sont bleu et rouge, son blason étant de gueules (à une nef d'argent sur une mer du même) au chef d'azur (semé de fleurs de lys d'or). Les couleurs nationales reprises dans les drapeaux sont souvent celles des anciennes armes.
[modifier] Couleur des blasons
Bien que l'émail soit une caractéristique essentielle des blasons, il n'est pas apparent quand les armoiries figurent sur des sceaux, des monnaies, voire des sculptures sur des édifices ou des meubles. Ces armoiries sont non peintes, ou la peinture en a été effacée. Pour cette raison, on évite que des blasons ne diffèrent que par l'émail. Par voie de conséquence, la donnée des figures suffit souvent à identifier des armes (et préciser l'émail correspondant).
Pour la représentation des armoiries par des gravures imprimées, les émaux sont représentés par des hachures conventionnelles.
Chaque émail a un nom héraldique conventionnel, qu'il est important de connaître pour déchiffrer correctement des blasons. Cependant, les noms spécifiques des émaux ne sont imposés que par la tradition, non pour des raisons techniques. D'autres noms évocateurs sont parfois utilisés (sang ou écorché pour gueules…), et une description reste parfaitement compréhensible —donc légitime— si les termes modernes équivalent leurs sont substitués, surtout pour les moins connus (vert, noir, chair...). On peut d'ailleurs remarquer que «sinople» est désigné par «vert» en héraldique anglaise. La seule restriction concerne les «métaux», qu'il est préférable de désigner par «or» et «argent» pour mieux marquer la règle d'alternance des émaux.
Pour ce qui est de la colorimétrie, les émaux sont normalement rendus par des teintes saturées, mais la nuance et la luminosité peut être variable d'une interprétation à l'autre. D'autre part, les couleurs peuvent être passées ou délavées avec le temps. Il est donc normal de trouver, pour des mêmes armes, des écarts notables d'une représentation à l'autre.
[modifier] Règle des émaux
La principale règle du blason concerne les émaux. Cette règle interdit de superposer ou de juxtaposer deux «couleurs» ou deux «métaux». Cette règle impose en fait que le motif figuré soit suffisamment contrasté, puisque les «métaux» (jaune et blanc) sont des émaux clairs, alors que les «couleurs» sont perçues comme sombre.
Pour rester cohérent avec cette règle, il faut considérer que l'«acier» (gris clair légèrement bleuté) est également un métal. La question ne se pose guère pour la «carnation», puisque cet émail clair (donc théoriquement un métal) n'est employé que pour des tenants ou des parties de figure, mais pratiquement jamais comme champ de pièces plaines.
La règle s'applique aux deux émaux qui forment un fond composé, ou dans le cas de fonds unis, aux pièces et meubles qui les chargent. Elle ne s'applique pas aux petits détails d'un meuble, ou aux figures à plusieurs émaux, ni aux figures brochant sur plusieurs émaux.
[modifier] Enquerre
Les armes à enquerre font exception à la règle des émaux. L'expression signifie qu'il faut s'enquérir de l'ancienneté du blason, et de la raison de l'anomalie qu'il représente. C'est ainsi que les armes de Jérusalem portent «d'argent à la croix potencée d'or, cantonnée de quarte croisettes de même», et sont donc à enquerre car elles superposent les deux métaux héraldiques. Il est plaisant de remarquer que tout le monde cite cet exemple, mais que personne n'a pris la peine d'en chercher la raison.
[modifier] Couleurs principales et secondaires
Il y a six couleurs principales : or = jaune, argent = blanc, gueules (rouge), l’azur (bleu), le sable (noir), et enfin le sinople (vert) plus rare.
S'y ajoutent trois couleurs secondaires : acier = gris, pourpre (violet), orangé = orange. Les trois émaux secondaires ne sont pas toujours cités comme émaux héraldiques. Ils sont apparus plus tardivement, restent d'un emploi assez rare et souvent local, et les conventions sur les hachures sont très hésitantes à leur sujet. De même, la tradition hésite sur leur statut de métal ou de couleur, la règle des émaux ayant été formulée avant leur introduction.
Enfin, la représentation héraldique admet le naturel, c'est à dire la couleur naturelle d'un meuble, et ses deux cas particuliers de carnation = chair et tanné = brun cuir. Les couleurs naturelles ne peuvent pas s'employer pour des champs ou des pièces. Elles s'appliquent uniquement aux meubles, et doivent respecter la couleur naturelle du meuble en question : il serait parfaitement ridicule de blasonner « un lion de carnation ». Un feuillage « au naturel » sera représenté de sinople, et une mer « au naturel », d'azur. Les neuf autres émaux peuvent au contraire s'employer pour toutes sortes de fonds.
[modifier] Liste des couleurs héraldiques
- Acier
- Couleur très rarement employée dans les armes, représentée gris. L'acier peut être de n'importe quelle nuance de gris, du moment qu'il se distingue suffisamment du sable et de l'argent, et qu'il n'est pas sensiblement coloré (faible saturation et forte luminosité, il peut être légèrement bleuté). Il intervient surtout dans les ornements extérieurs, pour colorer les pièces d'armement au naturel. Il peut être employé conventionnellement pour matérialiser une table d'attente. “De gueules à un léopard lionné d’or, couronné d’acier et tenant une longue croix d’argent, qui est de Vladimir.”
- Argent
- Un des deux métaux, représenté dans les gravures par un fond blanc et uni. D'argent plain. Le blanc ne doit pas être cassé par une teinte sensible, en particulier pour le distinguer de l'acier (plus gris ou bleuté) et de l'or (jaune).
- Aurore
- Synonyme de orangé.
- Azur
- Couleur bleue. Se représente par des hachures horizontales. D'azur plain. L'azur doit se distinguer du sinople (vert) et du pourpre (violet). Il est préférable que la couleur, déjà naturellement sombre, soit bien saturée : trop sombre, elle peut être confondu avec le sable (noir), surtout quand l'un et l'autre ont vieilli. Traditionnellement, l'azur des armes de France est plutôt bleu marine, alors que l'azur de Bavière est généralement rendu bleu ciel, mais ces deux représentations correspondent à un même émail et peuvent être employées indifféremment l'une pour l'autre. Le bleu ciel peu saturé correspond le plus souvent à l’acier.
- Carnation
- Couleur secondaire, utilisée pour les membres et personnages humains, correspondant à la chair au naturel. «D'argent à la foi de carnation, emmanchée d'azur». Représenté par un rose pâle (blanc teinté de rouge), proche du blanc, qui doit se distinguer nettement de l'orangé (dont la couleur est plus saturée) et du rouge (gueules).
- Gueules
- Couleur rouge. Se représente par des hachures verticales. «De gueules plain». Un quartier de gueules plain correspond dans l’empire d’Allemagne au «privilège royal», c’est à dire que son titulaire avait le droit de participer à l’élection de l’empereur. Le rouge doit être suffisamment franc pour se distinguer du pourpre, pas trop sombre pour ne pas être pris pour du tanné, et pas trop clair pour se distinguer nettement. de l'orangé, et du rose de la carnation. Un animal de gueules peut être dit écorché.
- Or
- Métal jaune franc. Se représente par un semis de pointillés. «D'or plain.». Le jaune peut être très légèrement assombri pour rappeler l'or au naturel, mais doit se distinguer nettement du tanné (nettement plus sombre) et surtout de l'orangé.
- Orangé
- Couleur orange, couleur secondaire utilisée surtout dans les blasons étrangers. On dit aussi aurore. Se représente par des hachures en combinant le jaune et le rouge : tantôt par des traits verticaux combinés avec le pointillé de l'or, parfois encore avec des hachures verticales superposées aux pointillés de l'or. «D'orangé plain». La teinte retenue pour l'orangé doit se distinguer nettement des émaux d'or et de gueules.
- Pourpre
- Couleur violette. Se représente par des hachures en barre (descendant de senestre vers dextre). De pourpre plain. La teinte doit différer nettement des émaux de gueules et d'azur, et la distinction n'est pas facile à faire quand les teintes deviennent passées ou délavées. L'identification de l'émail sera plus facile si la teinte est franchement saturée, et dans le contexte héraldique, un pourpre tirant légèrement sur le bleu paraîtra plus naturel qu'un fuchsia trop agressif. Cependant, les limites de l'azur étant très étendues, il faut prendre garde à ce que la composante rouge soit clairement affirmée. D’argent au lion de pourpre, qui est de Léon (ancien).
- Sable
- Couleur noire. Se représente en noir, ou par des hachures échiquetées. De sable plain. Le noir ne pose pas de problème de représentation, mais des couleurs délavées peuvent entraîner une confusion avec l'azur, également sombre.
- Sanguine
- Couleur secondaire (rouge brunâtre) utilisée surtout dans les blasons étrangers. Synonyme de tanné.
- Sinople
- Couleur verte. Se représente par des hachures en bande. «De sinople plain». Le vert "fluo" présent dans l'arc en ciel (vert saturé) serait trop agressif pour un usage héraldique, et doit être légèrement assombri (vert sombre) ou délavé (vert pâle). Il ne doit pas cependant être trop sombre, pour se distinguer nettement de l'azur. Cette couleur était l'emblème de l'amour, de la jeunesse, de la beauté et de la liberté. C'est pourquoi on mettait des sceaux de cire verte et des lacets de soie verte aux lettres d'abolition.
- Tanné, tenné
- Brun (sombre), ou parfois synonyme de orangé (plus clair). Se représente par des hachures losangées (obliques croisées avec des horizontales), c'est à dire un mélange de rouge et de vert (ce qui donne une couleur maronasse). Le tanné tire son nom de la couleur naturelle du cuir tanné. C'est un rouge nettement assombri, qui reste suffisamment clair pour se distinguer du sable noir.
