Discours sur le colonialisme
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Le Discours sur le colonialisme est un pamphlet anticolonialiste d'Aimé Césaire, paru aux éditions Réclame en 1950, puis à Présence africaine en 1955.
L'auteur dénonce avec force la barbarie interne à la civilisation occidentale, qui trouva un exutoire en dehors de l'Europe, avec l'implantation coloniale. A des territoires européens de droits et de libertés, Césaire oppose des territoires extra-européens colonisés, soumis à l'oppression et à la haine, au racisme et au fascisme. A des pratiques démocratiques et policées en Europe, il oppose des actions violentes et criminelles commises dans les colonies. Ainsi, moins d'un an après le début de la guerre d'Algérie, il s'élève contre la torture infligée par l'armée française aux Algériens.
Marxiste, Césaire critique violemment la position de la classe bourgeoise qu'il qualifie de décadente, car ne connaissant plus de limite dans le mal qu'elle commet au travers du système économique capitaliste.
Œuvre d'un génie de la littérature, le Discours reste un propos d'actualité malgré le demi-siècle passé depuis sa rédaction.
[modifier] Extrait
- « Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au Viet Nam une tête coupée et un oeil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent. [...] »