Jacques Izoard
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Poète et essayiste belge, Jacques Delmotte dit Jacques Izoard est né le 29 mai 1936 à Liège dans le quartier populaire de Sainte-Marguerite.
Ce fervent animateur de la poésie en Wallonie, surtout à Liège est lui-même un des grands poètes de langue française d’aujourd’hui de renommée internationale.
Jacques Izoard est resté l'inspirateur de « l'école de Liège » dont l'enjeu fut de « publier la poésie contemporaine » dans l'esprit de la revue Odradek (30 numéros de 1972 à 1980), d'après l'expression de Kafka « Odradek » pour désigner un objet qui bouge tout le temps et qui ne se laisse pas attraper.
Il s'occupera ensuite de la Revue 25 (ou M25) créée par Robert Varlez en 1977, où il sera rejoint par Françoise Favretto en 1979. Au total, 152 numéros et 12 plaquettes (fin de publication en 1992).
Sommaire |
[modifier] Un enracinement universaliste
Dans Ce manteau de pauvreté - poèmes et autres récits (1962) il chante Liège
je suis des yeux les autobus
effrénés
rouges à l'assaut des montées
prénom de mon pénom Liège ensorceleuse
orageuse orange été de nos meuses
orangeade amère aux soifs d'outremeuse
les flots verts de l'ourthe
les nuits de l'amblève
ou de la place Saint-Jacques ou le pont d'Avroy
Dans Petites merveilles, poings levés (1980), il évoque les pays au-delà de Liège, les mots de passe à traduire dans toutes les langues, pour que tous y perçoivent ce que nous ressentons dans l'immédiat: Bons Enfants, Hoù-si-ploût, Cutes Peûres, Bom bom lom so li stokèt, djambe di bwè n'a nin d'ohès... Et les jurons noirs qui jubilent: non di djû! De Bouvignes à Stavelot, par exemple, suivons les traces invisibles des chemins disparus. Qu'en reste-t-il? Et donnez-moi des nouvelles de l'ancien chemin qui allait de Nassogne à Marche... Et venez respirer l'odeur des tilleuls dans la drève de Grune... Cette région plante sa force tranquille dans les étuis des hampes d'herbes, et l'herbe elle-même effilée, coupe la peau, fait jaillir la goutte de sang qui fait frémir. L'Europe afflue ici et là. Je ne le prouverai qe par un exemple irréfutable: ce chemin pierreux des environs de Spa, je l'ai déjà suivi dans les montagnes des Asturies, plus loin que Soto de Lorio! Ainsi, ce qui nous rattache à notre propre espace, en l'occurrence, la Wallonie, ne serait point le fait d'assumer un pesant patriotisme dont nous n'avons que faire. Il s'agirait plutôt, de manière pertinente, de vivre en symbiose avec notre entourage, notre paysage, notre eau vive, nos collines et de les défendre avec vigilance contre toute injure...
Et il revient finalement à Liège dans Corps, maisons, tumultes (1991):
Batte.Ivrognes d'hiver. Ou ivoire ivre.
Batte inventée. Bateau-lavoir des violettes.
Batte invulnérable où la cité dort.
Batte. Averse nue ou nue averse.
Batte: insultes et jurons, jérémiades, débandades.
Batte: instrument aigu des supplices.
Ou sommeil. Inouïe léthargie.
Insensé brasier de paroles."
[modifier] Le jugement de Jean-Marie Klinkenberg
Parlant de ce dernier poème, Jean-Marie Klinkenberg parle de l'initiateur généreux qu'est Jacques Izoard [qui]] continue sa grande oeuvre d'exploration [...] On retrouve ici , comme dans La Patrie empaillée ou Vêtu, dévêtu, libre, une volonté tendue et douloureuse pour dissocier puis réassocier les mots et les choses, pour faire éclater le corps et les objets construits, afin d'en mieux voir la vérité. Pour dire cette vérité en phrases toujours nues, aux mots toujours simples, mais réorganisés savamment, géométriquement, comme dans un jeu de tangran. Les trois mots du titre sont emblématiques d'une oeuvre qui aborde en triades, comme pour mlieux se protéger des dualités qui blessent. Le corps, chez Izoard, n'est jamais un tout organique avec quyoi on entredendrait une relation facile: on ne peut jamais en toucher une partie; il est à la fois objet mécanique et pétrifié - os, articulations, paquets d'organes, leviers - et instrument vivant de l'appréhension du monde. [1]
[modifier] Publications
- Œuvres complètes, édition La Différence (établie, présentée et annotée par Gérald Purnelle).
- Volume I, 992 p. (ISBN 2-7291-1617-6)
- Volume II, 960 p. (ISBN 2-7291-1618-4)
- Ce manteau de pauvreté - poèmes et autres récits, Liège, Éditions de l'Essai, 1962.
- Les sources de feu brûlent le feu contraire, Bruxelles, Société des Écrivains, 1964
- Aveuglement Orphée, Paris, Guy Chambelland, 1967.
- Des lierres, des neiges, des chats, Bruxelles, Henry Fagne, 1968.
- Un chemin de sel pur (suivi de) Aveuglément Orphée, Paris, Guy Chambelland, 1969.
- Le papier, l'aveugle, Liège, Éditions de l'Essai, 1970.
- Voix, vêtements, saccages, Paris, Bernard Grasset, 1971.
- Des laitiers, des scélérats, Paris, Saint-Germain-des-Prés, 1971.
- Six poèmes, Liège, Tête de Houille, 1972.
- La Maison des cent dormeurs, Paris, Gaston Puel, 1973.
- La Patrie empaillée, Paris, Bernard Grasset, 1973.
- Bègue, bogue, borgne, Waremme, Éditions de la revue Donner à voir, 1974.
- Le Poing près du c.ur, dans Verticales 12, n° 21-22, Decazeville, 1974.
- Poèmes, Saint-Gengoux-le-National, Louis Dubost, 1974.
- La Maison dans le doigt, dans Cahiers de Roture, n° 4, Liège, 1974.
- Poulpes, papiers, Paris, Commune Mesure, 1975.
- Rue obscure (avec Eugène Savitzkaya). Liège, Atelier de l'Agneau, 1975.
- Le Corps caressé, Paris, Commune Mesure, 1976.
- La Chambre d'Iris, Awan-Aywaille, Fonds de la Ville, 1976.
- Andrée Chédid (essai), Paris, Seghers, 1977.
- Vêtu, dévêtu, libre, Paris, Pierre Belfond, 1978.
- Plaisirs solitaires (avec Eugène Savitzkaya), Liège, Atelier de l'Agneau, 1979.
- Avec la rouille et les crocs du renard, dans Douze poètes sans impatience, Paris, Luneau-Ascot, 1979.
- Enclos de nuit, Senningerberg (Grand-Duché de Luxembourg), Origine, 1980.
- Langue, Nantes, Cahiers du Pré Nian, 1980
- Petites merveilles, poings levés, Herstal, Atelier de l'Agneau, 1980.
- Frappé de cécité dans sa cité ardente. Liège, Atelier de la Soif étanche, 1980.
- Le Corps et l'image. Liège, « Aux dépens de l'artiste », 1980.
- Axe de l'.il, Herstal, Atelier de l'Agneau, 1982.
- Pavois du bleu, Saint-Laurent-du-Pont (Isère), Le Verbe et l'Empreinte, 1983.
- Voyage sous la peau, Nantes, Pré Nian, 1983.
- M'avait il dit, dans La Lettre internationale, nE 16, printemps 1988.
- Sommeil d'encre, Ougrée, M25 productions, (1988).
- Corps, maisons, tumultes, Paris, Belfond, 1990.
- Ourthe sourde, S.L., MYRDDlN, 1991.
- Poèmes (avec Andrée Chédid), Épinal, Ville d'Épinal, 1991.
- La patrie empaillée suivi de Vêtu, dévêtu, libre, Ed. Labor, coll. Espace Nord, 1992.
- Le Bleu et la poussière, éd. La Différence, 1998 (Prix Alain Bosquet 1999 et Prix Triennal de poésie 2001)
- Dormir sept ans, éd. La Différence, 2001
- Les Girafes du Sud, éd. La Différence, 2003 (avec Selçuk Mutlu)
[modifier] Lien externe
[modifier] Notes
- ↑ Jean-Marie Klinkenberg, Prends ces mots dans tes mains et vois comme ils sont faits, revue TOUDI (annuelle), n° 6, pp.243-244)