Kastelo De Prelongo
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Kastelo de Prelongo (Le Chateau de Prélong) est un roman originalement écrit en espéranto par Henri Vallienne sorti en 1907. Publié vingt ans après la naissance officielle de la langue espéranto, il a essentiellement une valeur historique, puisqu'on considère cet ouvrage de plus de cinq cent pages comme le premier roman jamais écrit dans la langue de Zamenhof. Malheureusement, certains esprits chagrins refusent d'y reconnaître une quelconque valeur littéraire.
La critique est donc très partagée vis-à-vis de ce roman. On comprend l'enthousiasme des premiers lecteurs: "J'ai été très ému en recevant le gros volume. Des amours, mais pas de salon et très convenues, non, des passions sauvgages, amour, sang et larmes, flammes magnifiquement débridées. Pas de description superflue ni de dissertation philosophique. Une prose vive et rapide dans le style clair d'une langue simple." (R. Deshays, L I, 1907, p. 473.).
On peut comprendre aussi que les lecteurs plus tardifs soient plus exigeants: "À vrai dire, le contenu de ses romans n'est pas très inspiré. Ils appartiennent à la plus basse espèce du roman-feuilleton, avec crime, indendie, mystères, jeune noble déflorée (le Château de Prélong) [...] - le tout rempli de surprises, dépourvu de la plus élémentaire psychologie, relevé ça et là d'allusions sensuelles. Seules sont dignes d'íntérêt les parties ou l'auteur dévoile sa profession par des dissertations médicales. Le style est simple, un peu journalistique: ces livres font apparaître un apprentissage insuffisant de la langue, une assimilation superficielle de l'esprit de l'espéranto." (G. Waringhien, Enciklopedio de Esperanto, 1934, p. 557)
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[modifier] Résumé
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Ce qui suit dévoile des moments clefs de l’intrigue.
Un serviteur du marquis de Prélong en Normandie, par des manœuvres habiles et discrètes dépossède ses maîtres et permet ainsi l'ascension sociale de sa famille, au point que son fils Victor ambitionne d'épouser Mathilde, la fille du marquis. Entré dans l'armée, son courage lui vaut une carrière fulgurante: il devient capitaine et espère par son titre d'officier compenser les titres de noblesse qui lui manquent. Cependant, la demande en mariage est rejetée sans ménagement, et le jeune homme jure de se venger de cet affront.
Faisant espionner Mathilde, il apprend qu'elle visite une maison du bord de mer, où son amie Valentine doit accoucher en secret. Victor - aidé de Dupont et de son amie Joséphine - enlèvent le bébé, dans le but de faire chanter Mathilde. Ce faisant ils sauvent la vie du bébé, car justement cette nuit-là, une tempête balaie la maison dans la mer. Mathilde épouse Gaston, duc de Blasane, mais immédiatement après la cérémonie, on retrouve dans l'église une corbeille contenant le bébé de Valentine, avec un petit mot assurant que Mathilde est la mère de cet enfant. Cette dernière reconnaissant le bébé ne veut pas nier, car elle a promis à Valentine de ne jamais trahir son secret.
Déséspéré, le pauvre Gaston se suicide, laissant ainsi la voie libre au père présumé du bébé. Victor, usant de menaces contre le bébé et contre les parents de Mathilde parvient à ses fins et finit par épouser Mathilde. Mais c'est à contre-coeur qu'elle accepte, et quant à „accomplir ses devoirs conjugaux“, elle refusera avec la dernière obstination de céder aux pressions de Victor (qui ira jusqu'à l'enfermer pour briser sa vonlonté).
Deux ans plus tard, Valentine, sauvée par des marins américains, réapparait. Gaston également est vivant, sa mort apparente n'étant que l'effet d'une maladie dont il souffre depuis l'âge de seize ans. Victor est donc chassé, ses manœuvres démasquées, et Mathilde retourne à son vrai mari.
[modifier] Commentaire
[modifier] La controverse sur le genre littéraire
Le roman ressemble un peu aux œuvres de Alexandre Dumas (Père) ou aux romans gothiques de (Ann Radcliffe). Tout est dans l'exagération, la surprise et le mystère propre au genre rocambolesque: Poignard empoisonné, tunnels secrets, réveil dans une crypte, chambre-prison sans fenêtre, déguisements etc. Les cinq cent pages du romans se lisent très facilement et avec plaisir, et Valienne à incontestablement le talent qu'il faut pour tenir son lecteur en haleine. D'aucuns lui auront d'ailleurs reproché de se cantonner à ce genre de littérature peu prisé des intellectuels.
Cependant, force est de constater que, même dépourvu de modèles et sources d'inspiration, avec une langue littéraire encore largement à inventer (Peut-on vraiment considérer que les historiettes de la Fundamenta Krestomatio, les livres d'exercices et autres matériaux disparates aient pu fournir suffisamment de matière pour un livre pareil?), Valienne s'en sort très bien, et lui reprocher son style, c'est clairement méconnaître les conditions dans lesquelles il a travaillé. Personne ne reproche à Rabelais de n'avoir pas écrit en français classique!
[modifier] Et sur le genre tout court
Une exigence posée par diverses théories du roman, est que les évènements doivent amener les personnages à subir une évolution psychologique. Indéniablement, le Château de Prélong rate ici complètement le coche. La psychologie est tout à fait superficielle, ou se limite à des clichés, et les personnages sont incorrigiblement bons ou méchants. Valienne ne réussit pas vraiment ses personnages, mais il questionne indubitablement la société de son temps, sur les questions de genre en particulier, et on pourrait tout-à-fait lire son roman comme une dénonciation du machisme ambiant.
L'insistance sur le sexe, tout ce tohu-bohu autour de la virginité de Mathilde, sur les devoirs conjugaux, sur le libre choix de la femme de se donner ou non à l'homme qui vient par amour ou par force chercher son plaisir (deux femmes différentes en font l'illustration), ne constituent pas que des passages destinés à relever par quelque érotisme obstiné la fadeur du texte. Ce sont les passages les plus importants du roman, au sens où, revenant comme un leitmotiv, on ne peut passer à côté. Ils constituent peut-être autant une revendication de la liberté absolue des femmes qu'une dénonciation de l'indécence de la société qui se mèle un peu trop de ce qui se passe dans leur lit. Bien sûr, on n'atteint pas là au féminisme militant, et le roman peut être lu également comme un éloge convenu du mariage, résistant à toutes les intrigues et même à la mort. Mais un mariage consenti par les deux parties et pas imposé, ni par la famille, ni par l'homme seul.
[modifier] Liens
Le texte intégral en esperanto (pdf) sur http://82.182.30.179/inko/169-0.pdf
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