L'Idiot international
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L'Idiot international est un journal pamphlétaire français fondé et dirigé par Jean-Edern Hallier, et patronné à ses débuts par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Journal polémique avant tout, indépendant de toute idéologie, il disparaîtra en 1994, ne pouvant faire face financièrement, écrasé sous le poids des condamnations de justice. En juillet 1991, Jean-Edern Hallier est condamné à cinquante mille francs d'amende et 80 000 francs de dommages et intérêts à plusieurs associations antiracistes, pour « provocation à la haine raciale », par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, suite aux « qualificatifs outrageants ou abjects s'appliquant à désigner [les juifs] comme la lie de l'humanité » dans un éditorial de L'Idiot international publié pendant la guerre du Golfe[1]. En septembre de la même année, l'écrivain et son journal sont condamnés à payer 800 000 F de dommages et intérêts à Bernard Tapie pour avoir écrit, dans L'Idiot international, des propos « diffamatoires, injurieux, et attentatoires à sa vie privée ». En 1989, Jean-Edern Hallier avait déjà été condamné verser 400 000 F à M. Tapie pour des « atteintes d'une gravité exceptionnelle que ni l'humour ni les principes régissant la liberté de la presse ne sauraient justifier », selon les termes du tribunal correctionnel de Paris[2].
De 1969 à 1972, le journal se situe dans la mouvance gauchiste. Puis, après une tentative avortée de renaissance en 1984, il fut relancé en 1989 pour devenir un journal d'écrivains : insolence, bravoure, panache à toutes les pages. Les meilleures plumes de l'époque y ont collaboré, faisant de L'Idiot à la fois un grand journal culturel et, sur le plan politique, le fer de lance de l'anti-mitterrandie. Bien entendu, la totale liberté de pensée qui régnait dans ce journal, et son combat contre le "politiquement correct", ne furent pas du goût de tout le monde. Didier Daenincks dénonça ainsi L'Idiot comme le repaire de comploteurs "rouges-bruns". Ces accusations furent notamment relayées par deux journalistes du monde, Edwy Plenel et Olivier Biffaud : « A l'abri de la réputation d'écrivain maudit qu'il s'est plu à construire, Jean-Edern Hallier fut donc bien l'alibi principal et l'acteur premier de ce théâtre d'ombres où se croisent, depuis plusieurs années, apprentis sorciers communistes et théoriciens néo-fascistes d'une " troisième voie " entre communisme et capitalisme. Toute la collection de l'Idiot international en témoigne[3]. »
Outre les condamnations financières déjà évoquées, L'Idiot international fut victime d'une véritable persécution de la part du pouvoir de l'époque. D’étranges personnages infiltrèrent l’entourage de Jean-Edern Hallier. D’autres le suivaient dans la rue. Les émissions télévisées auxquelles on avait l’audace de l’inviter étaient subitement déprogrammées. Ses lignes téléphoniques furent bien sûr « branchées », mais aussi celles de sa cuisinière, de ses avocats, éditeurs et amis sans oublier celles de son bistrot et de son restaurant habituels. On « visita » son appartement, cambriola le coffre-fort d’un de ses éditeurs, vola la voiture d’un autre, braqua son conseiller financier. Ses imprimeurs potentiels furent menacés ; quand ils s’obstinaient, leurs locaux étaient mis à sac. (Voir le récit de ces persécutions dans "La mise à mort de Jean-Edern Hallier", de Dominique Lacout et Christian Lançon, ainsi que dans le témoignage d'un gendarme en poste à l'Élysée, Interlocuteur privilégié de Daniel Gamba (Lattès) et dans Une famille au secret, de Ariane Chemin et Géraldine Catalano (Stock) - Ces persécutions sont d'ailleurs confirmées par le propre directeur de cabinet de François Mitterrand, le préfet Gilles Ménage, qui note dans son livre l'Œil du pouvoir (Fayard) que, pour entraver la parution de l'Idiot « furent mis à contribution, hors les cercles élyséens, le ministère de la Défense, le ministère de l’Intérieur, le ministère du Budget et le cabinet du Premier ministre. Les ministres et leurs collaborateurs directs, ainsi que les responsables des principaux services étaient parfaitement informés de ce qu’ils avaient à faire. Si, par hasard, leur zèle fléchissait, le Président se chargeait de leur rappeler sa volonté. »
[modifier] Les auteurs
Jean-Edern Hallier, Patrick Besson, Marc-Édouard Nabe, Christian Laborde, Gabriel Matzneff, Jean Dutourd, Michel Déon, Jacques Laurent, Jean Cau, Philippe Sollers, Olivier Bailly, Philippe Muray, Gilles Martin-Chauffier, Charles Dantzig, Benoît Duteurtre, Frédéric Berthet, Alain Paucard, Thierry Séchan, Michel Houellebecq, Dominique Noguez, Frédéric Beigbeder, Morgan Sportès, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, Laurent Hallier, Philippe de Saint-Robert, Édouard Limonov, Jacques Vergès, Alice Massat, Dominique Lacout, Renaud, Charles Ficat, Frédéric Taddéi, Philippe Lecardonnel, Jean-Paul Cruse, Alain de Benoist, Jacques Bacelon, Roch Saüquere, Antony Palou, Marc Cohen, Philippe Palat, Bruno Guigue.
L'équipe des dessinateurs était dirigée par Gébé (qui signa également quelques textes) et comprenait notamment Konk, Lefred-Thouron, Pascal, Vuillemin, Placid, Captain Cavern, Loup, Tignous.
L'ancien magistrat Jacques Bidalou, que Nabe appelait "le juge maudit" est le seul collaborateur présent à l'Idiot de la relance de 1989 au dernier numéro de mars 1994. Au fil des années, il apparaît dans l'ours comme membre du service enquête, puis comme responsable du service "justice", enfin comme "conseiller de la direction". Il avait son équipe personnelle d'informateurs, dont certains ne furent jamais identifiés par les Renseignements généraux, malgré la surveillance serrée qu'ils exerçaient : Gisèle Néron, Guy Grall, Christian Lançon, Robert Walmsley, etc. Par ailleurs, Bidalou était le conseiller juridique de Jean-Edern Hallier. C'est lui qui, en 1993, récusa le tribunal lors de la mise en vente avortée, à l'initiative de Bernard Tapie, de l'appartement d'Hallier.
[modifier] Notes
- ↑ « Auteur d'un éditorial contre la guerre “américano-sioniste” — M. Jean-Edern Hallier est condamné pour provocation à la haine raciale », Le Monde, 3 juillet 1991
- ↑ « Poursuivi en diffamation par Bernard Tapie Jean-Edern Hallier et “l'Idiot international” condamnés à 400 000 F de dommages-intérêts », Le Monde, 7 juillet 1989
- ↑ « “La tentation national-communiste” — “L'Idiot”, laboratoire rouge-brun », Le Monde, 1er juillet 1993