La Grande Transformation
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
La Grande Transformation est le livre phare de l'économiste hongrois Karl Polanyi.
Écrit en 1944, il est actuellement de plus en plus perçu, à travers les études économistes, comme une approche encore non épuisée ni même désavouée, quant à la conception et la raison de la logique économique de l'Occident. Son analyse s'insère depuis les prémices de "modernisation" agricole anglo-saxonne du XVe siècle, vers la compréhension de la société à l'avènement de la Seconde Guerre mondiale. La démarche de Karl Polanyi est novatrice : elle associe l'histoire et l'anthropologie pour démontrer que l'économie de marché est une construction socio-historique et non un trait de la nature. Son socialisme humaniste se situe à l'opposé des déterminismes libéraux et marxistes
[modifier] Résumé
La présentation suivante se constitue comme une prise de note régulière, dans un esprit d'attention et de compréhension de cette œuvre de Polanyi ; elle se présente comme une fiche de lecture, chapitre par chapitre...
[modifier] Chapitre Premier
Selon sa démarche, Polanyi propose que "l'idée d'un marché s'ajustant lui-même était purement utopique" comme postulat et que pour saisir la notion de marché, il faut "repérer le mécanisme institutionnel de décadence d'une civilisation". Rappelons que l'auteur écrit son œuvre en période de guerre... Le plan du livre sera donc le suivant : "Il faut définir la condition présente de l'Homme en fonction des origines institutionnelles en crise". Cette approche sera par la suite perçue comme substantiviste, en ceci que toute crise est à comprendre en sa substance. La "Haute Finance", c'est-à-dire la gestion économique des finances par des spécialistes, mais aussi en tant que substance, est situé comme facteur indécis et anonyme dans un maintien, voire une obtention de la paix, et ceci sans en avoir la vocation, mais avec le mobile du gain : "la guerre dictait sa loi au commerce"... Dès lors, l'anthropologue hongrois analyse que le "haut fait politique fut l'apparition d'une entité spécifique, la Haute Finance, qui fut le lien tout trouvé entre l'organisation politique et l'organisation économique de la vie internationale". Ainsi donc, l'Equilibre des Puissances par le politique fait appel à une loi historique, en principe et système.
Karl Polanyi a exprimé avec vigueur le pouvoir destructeur sur toutes les formes de régulation sociale de ce qu’il appelle « le marché autorégulé », c’est-à-dire un marché qui n’obéirait qu’à ses propres lois ou à ses propres intérêts. Le marché s’impose en réduisant toute chose, naturelle, humaine ou sociale, à sa valeur marchande, et pour lui « le monde est une marchandise »
Les économies libérales du laisser-faire n’étaient pas du tout une évolution « naturelle » mais au contraire elles s’appuyaient sur une législation étatique importante. L’économie du laisser-faire n’était rien de moins qu’une « utopie du marché imposée par l’État » : « L’idée d’un marché s’ajustant de lui-même était purement utopique ». Ce qui était vraiment spontané, en revanche, ce fut l’activité à contre-courant, qui mena au mouvement prônant une planification sociale. Autrement dit, selon Polanyi, « le laisser-faire était planifié, la planification ne l’était pas ». Le XIXe siècle imaginait que cette évolution était le résultat naturel de l'extension des marchés, alors que Polanyi y voit plutôt la conséquence de l'effet de « stimulants extrêmement artificiels que l'on avait administrés au corps social afin de répondre à une situation créée par le phénomène non moins artificiel de la machine ».
[modifier] Extraits
"[Il y a une] véritable foi dans le salut de l'homme ici-bas grâce à un marché autorégulateur, le conflit entre le marché et les exigences élémentaires d'une vie sociale organisée a donné au siècle sa dynamique et a produit les tensions et les contraintes caractéristiques qui ont finalement détruit cette société".
"Réglementer et diriger, cela peut être la manière de réaliser la liberté non seulement pour quelques-uns uns, mais pour tous."
"Tout ce que demandent les physiocrates dans un monde mercantile, c’est la liberté d’exporter les céréales de manière à assurer un meilleur revenu aux fermiers, aux locataires et aux propriétaires. Pour le reste, leur ordre naturel n’est rien de plus qu’un principe directeur pour la réglementation de l’industrie et de l’agriculture par un gouvernement supposé omnipotent et omniscient. L’idée d’un système de marché autorégulateur n’est jamais venue à l’esprit de Quesnay."
"Le laisser-faire était planifié, la planification ne l’était pas."
