Madame de Montesson
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Charlotte Jeanne Béraud de La Haye de Riou, marquise de Montesson, est née en 1738 et morte en 1806.
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[modifier] Biographie
Charlotte Jeanne Béraud de La Haye de Riou épousa très jeune, vers 1754, le vieux marquis Jean-Baptiste de Montesson, qui la laissa veuve en 1769, non sans l'avoir introduite à la Cour de Versailles. Après la mort de la duchesse de Chartres en 1749, et peu de temps avant son veuvage, elle devint la maîtresse en titre de Louis Philippe d'Orléans (1725-1785) dit « le Gros », duc de Chartres puis duc d'Orléans en 1752, qu'elle appelait « Gros-Père ».
Pendant des années, le duc d'Orléans tenta d'obtenir de Louis XV la permission de l'épouser. Le duc de Chartres, fils du duc d'Orléans, s'y opposait résolument. Le roi n'y consentit qu'en 1772, et à la condition expresse que le mariage ne fût que morganatique et que Mme de Montesson ne devînt duchesse d'Orléans, ce qui fit dire que faute d'avoir pu faire de la marquise de Montesson une duchesse d'Orléans, le duc d'Orléans s'était fait marquis de Montesson.
Après le mariage, qui eut lieu le 23 avril 1773 dans la chapelle de l'hôtel de Mme de Montesson à la chaussée d'Antin, le duc d'Orléans et sa nouvelle épouse durent fuir le Palais-Royal et Saint-Cloud, leur situation étant désormais incompatible avec les obligations de l'étiquette. Ils vécurent discrètement entre le château du Raincy et le château de Sainte-Assise, cadeau de mariage offert à Mme de Montesson, situé à Seine-Port (actuel département de Seine-et-Marne), au bord de la Seine, et où, en dépit de plusieurs années d'intrigue, elle n'eut jamais l'honneur d'une visite royale.
Elle y divertissait son époux en donnant de petites comédies qu'elle écrivait – mais que Carmontelle revoyait avant qu'on les jouât – et où mari et femme jouaient souvent eux-mêmes : Marianne ou l'orpheline, L'Heureux échange, L'Amant romanesque, Le Sourd volontaire, La Fausse vertu, etc. Au dire de sa nièce Mme de Genlis (qui ne l'aimait guère), le jeu de Mme de Montesson était aussi médiocre que ses pièces, mais ces représentations n'attiraient pas moins à Sainte-Assise la société la mieux choisie. On dit que d'Alembert alla jusqu'à envisager d'admettre des femmes à l'Académie française pour y faire entrer Mme de Montesson.
Bien que censément résidence privée de Mme de Montesson et simple maison de campagne, on menait grand train au château de Sainte-Assise. Une abondante domesticité composait une véritable maison civile et militaire.
Vive, spirituelle et gaie, Mme de Montesson fut également la bienfaitrice de Seine-Port, encourageant le développement du village par d'importantes attributions foncières et faisant montre de beaucoup de charité à l'égard des nécessiteux. Sur un terrain dépendant de son domaine, elle fit aménager une grande place pour accueillir deux foires annuelles. Elle organisé également un marché tous les jeudis, fit ouvrir de nouvelles rues pour développer le village. Elle céda des terrains à des conditions avantageuses à ceux qui souhaitaient s'établir à Seine-Port. Elle créa également une ferme hollandaise appelée la Vachette flamande.
Selon Mme de Chastenay dans ses Mémoires : « Cette femme, sans supériorité dans aucun genre, avait pourtant de véritables talents : elle peignait les fleurs d'une façon pleine d'agrément ; elle avait joué de la harpe et chanté avec succès ; elle avait beaucoup joué la comédie. Un peu gourmée dans ses manières et même, si l'on veut, affectée, à cause de l'incertitude de son attitude dans le monde, elle maintenait autour d'elle une sorte de cérémonial et d'apprêt. Parlant bas et assez lentement, le son de sa voix devenait comme le diapason au ton duquel restaient les conversations autour d'elle. Jamais Mme de Montesson n'avait dû briller par sa taille et par l'élégance des formes mais toute sa personne était gracieuse : la douceur de son esprit, la bonté parfaite de son cœur, la complaisance, l'aménité que l'on trouvait toujours en elle en faisaient la personne la meilleure à connaître et la plus sûre à aimer. »
Vers la fin de la vie du duc d'Orléans, Mme de Montesson prit pour amant le jeune Cyrus de Valence, qui aurait pu être son fils et qui avait d'ailleurs épousé une de ses petites-nièces, Pulchérie de Genlis. Elle n'en fut pas moins très affectée par la mort subite du duc et par l'humiliation que lui fit le roi en lui interdisant de porter son deuil de manière voyante et de le faire porter à ses domestiques. Elle fit inhumer le cœur de son mari dans l'église de Seine-Port et, délaissant Sainte-Assise, se retira pendant un an au couvent de l'Assomption. Plus tard, elle fit élever dans l'église de Seine-Port une chapelle, la chapelle Saint-Louis, pour recevoir les restes de son époux, en prévoyant de s'y faire inhumer elle-même, à la suite de quoi elle vendit Sainte-Assise et alla s'installer dans sa maison de la rue de Provence où elle résida jusqu'à sa mort en 1806. Brièvement emprisonnée sous la Terreur, elle fut libérée après le 9 Thermidor. Elle devint l'amie de l'impératrice Joséphine[1] et joua un rôle mondain de premier plan, tenant un salon très brillant.
En 1802, elle se fit aménager par Brongniart une retraite paisible dans une propriété appelée le moulin de Romainville[2].
Selon son désir, son neveu, le général de Valence, la fit inhumer à Seine-Port, dans le superbe monument qui abrite le cœur du duc d'Orléans. Mais, ultime avanie, l'inscription qu'y fit graver le roi Louis-Philippe Ier ne mentionne pas sa présence.
[modifier] Notes
- ↑ « N'oubliez jamais, lui disait-elle, que vous avez épousé un grand homme. »
- ↑ « Madame de Montesson habite le bois (de Romainville) été comme hiver au milieu de jeunes femmes avec qui elle confectionne pour Joséphine, en 1804, de beaux ouvrages de crochet, de broderie et de tapisserie. » (Jean Huret, Les Lilas, histoire de la colline des Lilas et de ses occupants au cours des âges, 1993)
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- G. Strenger, « La Société de la marquise de Montesson », Nouvelle revue, 1902
- Joseph Turquan, Madame de Montesson douairière d'Orléans, Paris, Émile Paul, 1904
- Gustave Capon et R. Ive-Plessis, Les Théâtres clandestins du XVIIIe siècle, 1904