Maria Chapdelaine
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
La forme (style, orthographe…) ou le fond (validité des informations, neutralité…) de cet article est à vérifier. Discutez-en ou améliorez-le ! Si vous venez d'apposer le bandeau, veuillez cliquer sur ce lien pour créer la discussion. |
Maria Chapdelaine est un roman rédigé en 1913 par l'écrivain français Louis Hémon, alors résident au Québec.
Sommaire |
[modifier] Essai
[modifier] Roman de la terre ou roman parodique ?
Voir discussion
Aujourd'hui, il peut être lu comme un roman parodique. En habile pasticheur de la littérature terroiriste du Québec, Hémon construit un récit de la vie agricole dans une famille du Saguenay–Lac-Saint-Jean (à Péribonka, sur le bord de la rivière Péribonka) qui parvient habilement à rendre le climat hivernal, les valeurs traditionnelles (terre, famille et religion), et le motif de la quête identitaire, particulièrement récurrent dans la littérature québécoise.
Avec autant d'adresse, le romancier reproduit le français québécois de façon très nuancée et fournit un inventaire foisonnant de québécismes et d'emplois locaux.
[modifier] Opportunisme, consécration et mythification
Comme la mort l'emporte au moment où il quitte le Québec, et avant même de publier en volume son roman, paru en feuilleton à Paris, en 1913, Hémon ignore le grand intérêt que suscite son roman. Les lecteurs canadiens y voient un « classique » avant la lettre, le chef-d'œuvre du Canada français. Aveuglés par leur culte du français de France et par la nostalgie de la « mère patrie » partout chantée par les poètes néo-romantiques, les premiers lecteurs du roman hissent son auteur au rang de mythe national.
Ce roman, que les spécialistes bretons ne considèrent pas avec autant d'éclat, reste une œuvre de voyage et d'aventures, catégorie dans laquelle s'inscrit d'ailleurs les autres écrits de Louis Hémon, presque tous publiés après sa mort.
Encore parfois considéré comme un chef-d'œuvre de la littérature québécoise, et soutenu massivement par les institutions universitaires du Québec (qui pourtant ne déclarent jamais que Lizie Blackstone, par exemple, est un roman britannique), Maria Chapdelaine fait oublier l'origine bretonne de son auteur.
Pourtant, le roman présente une dimension satirique et critique, notamment lorsqu'on considère la nomenclature paysanne et régionale qui traverse lourdement le récit.
Ces signes d'altérité ne doivent pas manquer d'amuser Hémon lui-même, sans doute désireux de produire un ouvrage exotique (type de littérature, pour les Parisiens particulièrement friands de ce genre à cette époque. Son ouvrage est plutôt une œuvre destinée à lui fournir les moyens de poursuivre sa vie de bohème, brutalement interrompue à 33 ans lorsqu'il est renversé par un train en Ontario où il se rendait pour les moissons.
Enfin, l'ouverture du roman sur un Ite missa est (« La messe est dite ») et l'insistance sur les mœurs religieuses et la misère des colons ne manque pas non plus d'audace pour un vagabond tel qu'Hémon, bien connu pour son opportunisme et sa fréquentation de milieux libertaires.
Il reste étonnant de voir, dans les années 1920, un écrivain « réactionnaire » et nationaliste comme le maurrassien Henri Massis faire l'apologie du roman de Louis Hémon. Le reste de l'œuvre de l'écrivain, pourtant, est loin d'un plaidoyer pour l'enracinement et le sédentarisme.
[modifier] François Paradis ou l'allégorie d'un peuple « né pour un petit pain »
Le pessimisme sur lequel s'achève le roman (résignation de Maria à épouser un colon), les descriptions vives de l'agonie de la mère Chapdelaine, etc., font apparaître un univers barbare sans salut hors du bois et de la terre, un univers obscur, froid et clos, bref un univers d'« éternel retour du même » où tout principe d'espérance ou d'avenir est réduit à néant.
Voilà le sens de l'allégorie de François Paradis, le prétendant de Maria, qui meurt pétrifié dans une tempête de neige. C'est une vision assez juste d'une province immobiliste et traditionnaliste, vers 1900. Le roman est à comparer à la Promise du Lac, écrite par un autre compatriote de Hémon, Philippe Porée-Kurrer, soixante-dix ans plus tard.
Selon certains analystes littéraires, l'allégorie va encore plus loin. Le nom que Louis Hémon a choisi pour les trois prétendants de Maria n'est pas le fruit du hasard. Ainsi, François Paradis représente la liberté du peuple québécois ("François", ancienne forme de "Français", et "Paradis", ce à quoi tous aspiraient à l'époque). Coureur des bois et épris de grands espaces, il représente l'idéal du Canadien-français.
De son côté, Lorenzo Surprenant offre à Maria de quitter la misère du Lac-St-Jean pour le suivre aux États-Unis. Il représente donc l'attrait de certains Canadiens-français pour l'étranger, surtout qu'à l'époque, les "États" représentaient le Klondyke pour eux. D'où le prénom à consonnance étrangère (Lorenzo) et le nom de famille évocateur (Surprenant).
Finalement, l'auteur a choisi un nom tout ce qu'il y a de plus "terroir" pour le cultivateur traditionnaliste attaché à la terre. Eutrope Gagnon représente tout ce qu'il y a de plus commun dans la société de l'époque. Le fait que Maria l'épousera représente la résignation du peuple canadien-français de l'époque. Ce roman est bon.
[modifier] Adaptations
Le roman connaîtra de trois adaptations cinématographiques, 2 françaises et 1 québécoise :
- en 1934 par Julien Duvivier avec Madeleine Renaud (Maria Chapdelaine) et Jean Gabin (François Paradis), tourné en partie à Péribonka
- en 1950 par Marc Allégret dans une libre interprétation de l'œuvre
- en 1984 par Gilles Carle avec Carole Laure
Le roman sera aussi transformé en BD, pièces de théâtre, roman illustré, radio-roman, série télévisée. Des auteurs publieront même des suites au roman.
[modifier] Texte de Projet Gutenberg
|
|