Paradoxe de Berry
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Le paradoxe de Berry a été formulé par Bertrand Russell en 1906. On le trouve dans un article, paru en français cette même année, de la Revue de métaphysique et de morale. Russell introduit, dans une discussion à propos du paradoxe de Richard, le « plus petit entier non nommable en moins de dix-huit syllabes qui paraît être ainsi nommé en dix-sept syllabes »[1], et attribue cette définition paradoxale à un bibliothécaire londonien, G. G. Berry.
Toujours selon Russell, c'est une simplification, qui « a le mérite de ne pas dépasser les nombres finis », du paradoxe du « plus petit ordinal indéfinissable qui semble défini par la phrase même qui annonce qu'il est indéfinissable » (forme probablement due à Russell lui-même). Ces énoncés sont repris dans l'article de Russell de 1908 sur la théorie des types.
Sommaire |
[modifier] Énoncé
« Le plus petit entier naturel non descriptible par une expression de quinze mots ou moins. »
Ce nombre appartient-il à l'ensemble des entiers naturels descriptible par une expression de quinze mots ou moins ?
[modifier] Explications
Les entiers naturels peuvent être décrits par des énoncés (en français) tels que : « dix puissance cent » ou « le plus grand nombre premier connu au vingtième siècle ». Comme le vocabulaire disponible est fini (mettons qu'il y ait 200 000 mots en français), les énoncés de N mots ne peuvent décrire plus de 200000N entiers (et en fait beaucoup moins, la plupart des « phrases » ne voulant en fait rien dire, ou ne parlant pas d'entiers).
L'ensemble des « nombres entiers naturels descriptibles par une expression de quinze mots ou moins » est donc fini; aussi existe-t-il forcément de nombreux entiers hors de cet ensemble. Le plus petit d'entre eux est donc « le plus petit entier naturel non descriptible par une expression de quinze mots ou moins ». Mais justement, cet énoncé qui le décrit parfaitement, ne comporte que quinze mots.
On pourrait aussi proposer de créer des mots nouveaux, mais ils ne sont pas en nombre infini si on pose une limite au nombre de lettres: il suffirait de réécrire l'énoncé avec une limite de lettres et non de mots pour contourner cet argument.
Ce paradoxe est très proche du paradoxe de Richard, dont il peut être considéré comme une variante (il est d'ailleurs parfois donné sous ce nom). On peut considérer qu'il met en jeu le même genre de questions que certaines formes du paradoxe du menteur (la phrase qui dit d'elle-même qu'elle est fausse), et se résout de même (voir également l'article sur le paradoxe de Richard).
[modifier] Notes
- ↑ p 645 de l'article cité
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- paradoxe de Richard.
- paradoxe de Russell.
- Paradoxe de Burali-Forti
- Paradoxe de Cantor
[modifier] Références
- Bertrand Russell, Les paradoxes de la logique, revue de métaphysique et de morale 14, VOL 5, pp627-650 (1906) ; accessible sur le site de la BNF, au format "image" [1] (24 pages).
- (en)Bertrand Russell, Mathematical logic as based on the theory of types, American journal of mathematics 30, repris dans A source Book in Mathematical Logic 1879-1931, pp 150-182.
- (en)A source Book in Mathematical Logic 1879-1931, Heijenoort J. van (ed.), (Harvard Univ. Press, Cambridge, 1967), ISBN 0-674-32450-1, ISBN 0-674-32449-8.
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