Paradoxe temporel
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[modifier] Approche scientifique du paradoxe temporel
Un paradoxe est une proposition qui contient ou semble contenir une contradiction logique, ou un raisonnement qui, bien que sans faille apparente, aboutit à une absurdité, ou encore, une situation qui contredit l'intuition commune.
Il existe dans le domaine scientifique un postulat fondamental qui expose que tout phénomène a une cause, et même dans sa version affaiblie, que si un événement est la cause d'un autre, la cause a lieu avant l'effet.
En introduisant la notion de voyage temporel, il en résulte deux possibilités de violer ce principe, et donc ainsi de créer des paradoxes temporels :
- un phénomène n'a pas de cause, cette cause étant placé dans le futur a disparu du fait de la modification de celui-ci, et
- un phénomène est sa propre cause, c'est à dire que la modification amenée au temps va créer les causes de cette même modification.
Ces deux paradoxes offrent deux théories du temps a priori inconciliables : en effet, suivant que l'on retient le premier type de paradoxe ou le second, on peut ou on ne peut pas modifier le passé. Certains auteurs n'ont pas toujours appréhendé l'existence de ces deux types, ce qui nous amène à un troisième paradoxe où les deux types sont mis en œuvre dans un même récit.
[modifier] Les paradoxes temporels et la science
Bien que le voyage temporel soit une possibilité théorique émanant de la théorie de la relativité générale d'Einstein, il n'est pas encore possible de le mettre en œuvre. Il est donc actuellement impossible de bâtir la moindre théorie sur le paradoxe temporel à partir de l'observation et donc de savoir lequel des deux types de paradoxe s'applique à notre univers.
[modifier] Les types de paradoxes
[modifier] Paradoxe du grand-père et multivers d’Everett
Reprenons le cas du retour en arrière dans le temps. Si un individu Z tue un homme X qui se trouve être son grand-père, la question est de savoir dans ces conditions, dans l’hypothèse de la fidélité de sa grand-mère (ce qui de toute façon aurait engendré non pas Z mais un autre individu ne disposant que de la moitié de son génome), comment Z a pu naître. L’échappatoire la plus classique est de supposer qu’il puisse exister (au moins) deux lignes de temps, l’une où X n’est pas tué et engendre l’un des parents de Z, une autre où il est tué et dans laquelle Z n’est pas né. Ce qui n’empêche pas a priori le Z de la première ligne de temps de s’y promener. Il y évitera au moins le paradoxe de se rencontrer lui-même. On entre dans une notion d’espace des possibles.
Par une coïncidence amusante, cette possibilité de multiplicité des futurs a également un pendant en physique, qui est la théorie énoncée en 1957 par Hugh Everett et reprise depuis par John Wheeler, David Deutsch et quelques autres physiciens, au moins à titre d’hypothèse de travail méritant qu’on en examine les tenants et aboutissants.
[modifier] Paradoxe de l'écrivain
Le cas inverse, celui d’un événement qui serait sa propre cause, est également souvent évoqué en science-fiction. Il est bien entendu exclu dans l’hypothèse du multivers.
[modifier] Solutions en science-fiction
Le premier paradoxe est toujours présenté comme le plus grand risque du voyage dans le temps. Il y a globalement deux voies pour s’en sortir :
- La première consiste à faire reposer cette responsabilité sur le voyageur : à charge pour lui d’éviter de créer tout paradoxe. Les conséquences de la création d’un paradoxe sont souvent floues, mais toujours effrayantes, pouvant aller jusqu’à la destruction de l’Univers. (par exemple dans Retour vers le futur) En revanche, tant qu'on ne provoque pas de paradoxe, il est parfaitement autorisé de modifier radicalement l'histoire.
- La seconde issue est d’adopter l’hypothèse du multivers. On trouve cette hypothèse chez les X-Men. Rachel Summers envoya l’esprit de son amie Kitty Pryde dans le passé pour empêcher les événements survenus avant sa naissance et ayant abouti à la dictature des robots sentinelles. La mission réussit, mais Rachel voit son environnement inchangé. Elle se rend alors elle-même dans le passé. Elle comprend alors que le passé qu’elle a sauvé de la dictature des sentinelles est celui d’un autre univers. Elle ne peut rien faire là-bas pour modifier le passé de son univers. En revanche quand elle retourne dans son propre univers, elle emmène avec elle des amis qui l’aident à renverser les sentinelles. Mais comme elle est retourné dans son univers à une date postérieure à celle de son départ, Rachel n’a violé la causalité à aucun moment.
- On trouve une voie intermédiaire dans laquelle il n’existe pas de multivers mais où les voyageurs venus du futur ne sont pas affectés par ce qui pourra advenir dans le futur à cause de leurs actions. C’est la solution adoptée par exemple dans Terminator 2. Le Terminator provoque la destruction dans l'œuf du projet qui lui a donné naissance.
- Une dernière solution consiste à déclarer qu'il n'existe qu'une seule trame temporelle. Dans ce cas, toutes les actions du voyageur temporel auront en fait eu lieu dans ce qui était le passé avant son voyage (il peut en être plus ou moins conscient). Bien sûr, le paradoxe du grand-père ne peut survenir dans ce cas, qui est aussi le seul à permettre le paradoxe de l'écrivain. Le film L'Armée des douze singes suit non seulement cette voie, mais insiste particulièrement pour le faire sentir au spectateur.
La solution du multivers a l’avantage de résoudre tous les problèmes logiques et même physiques (la conservation de la masse se fait à l’échelle du multivers et la causalité est respectée, si l’on considère que le temps du multivers ne correpond pas aux même dates dans tous les univers). Mais elle est moins intéressante pour de nombreux auteurs puisqu’elle interdit de modifier son propre passé.
Le cas du paradoxe de l'écrivain est plus étrange : dans l’hypothèse du multivers, il est évidemment exclu. Qu’en est-il chez les auteurs ne considérant qu’un seul univers ? Eh bien ce paradoxe est souvent autorisé, si douteux soit-il d’un point de vue logique. Prenons l’exemple d’Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban : Harry survit à sa rencontre avec les détraqueurs parce qu’un homme a lancé un sort pour les mettre en fuite. Il fait ensuite un saut de quelques heures dans le passé. Au cours de ce saut, il lance le sort qui lui a sauvé la vie. Tout semble cohérent. Sauf que sa mort face aux détraqueurs, entraînant l’absence de voyageur temporel, serait aussi une solution cohérente.
Finalement, l’utilisation de boucles de causalité apparaît comme une licence poétique accordée à la plupart des auteurs utilisant le voyage dans le temps.
Il est à noter que certains auteurs s’autorisent à passer d’une voie à l’autre. Par exemple, parmi les solutions proposées, on observe que les deux premiers films de la série des Terminator emploient chacun une solution différente.
[modifier] Les paradoxes temporels et la littérature
[modifier] Le voyageur imprudent de René Barjavel
Le paradoxe temporel le plus connu est le paradoxe du grand-père selon lequel l'intervention tue l'aïeul de l'intervenant empéchant ainsi sa naissance... et donc son intervention. Ici, nous nous trouvons en face du paradoxe du premier type, mais l'auteur avance l'hypothèse d'une autocorrection du temps. En effet, le voyageur est voisin d'un architecte ; malencontreusement, il empêche la naissance de ce voisin, mais les maisons réalisées par ce voisin, n'en sont pas moins dessinées par un autre architecte.
C'est d'ailleurs en voulant vérifier cette autocorrection du temps que le voyageur tente de tuer Bonaparte à Toulon en 1793 et voir si un autre empereur allait apparaître dans l'histoire qu'il tue son ancêtre : n'y a-t-il pas eu autocorrection du temps ?
[modifier] Jean Pierre Andrevon
Une variante est le voyageur temporel qui rencontre sa mère alors qu'elle est jeune fille et devient ainsi son propre père. Jean-Pierre Andrevon semble être le premier auteur à l'avoir formulé. Cependant Poul Anderson y oppose un argument génétique : aucun homme ne peut être son propre père puisque la reproduction sexuée ne transmet que la moitié des chromosomes de chaque parent.
Ici, nous nous trouvons devant un paradoxe du second type.
[modifier] la Patrouille du Temps de Poul Anderson
Le paradoxe temporel a été extensivement utilisé dans la littérature de science-fiction. Au point qu'est apparu l'idée de services gouvernementaux ou privés en charge de protéger l'histoire humaine des paradoxes néfastes.
Sur la même idée, il y a aussi le TIME CORPS de Robert A. Heinlein et le service spatio-temporel de Christin et Mézière.
Poul Anderson développe l'idée d'autocorrection du temps et mèle dans ses récits les deux type de paradoxes : on peut modifier le temps, mais celui-ci finira le plus souvent par se corriger, parfois en utilisant les actions des temponautes, et les effets des changements se seront estompés au bout de quelques décennies. Seules des interventions sur quelques instants clés peuvent modifier irrémédiablement l'histoire (L'autre Monde, nouvelle de la Patrouille du temps)
[modifier] Valérian par Pierre Christin et Jean-Claude Mézières
La cité des eaux mouvantes raconte la mission d'un agent spatio-temporel. Il doit empecher un dissident politique d'intervenir dans le cataclysme qui détruisit la civilisation du XX° siècle et mena à la création du premier vaisseau temporel. Cette intervention mettra en contact un scientifique moyennement intéréssé par la question des déplacements temporels avec un engin spatio-temporel en état de marche.
Les implications scientifiques et politiques de cette intervention créeront à terme la civilisation des voyages dans le temps... et son dissident.
Les albums Les Spectres d'Inverloch et Les Foudres d'Hypsis verront les tentatives d'êtres supérieurs d'empêcher le cataclysme à l'origine de la civilisation spatio-temporelle. Manquant de peu de déclencher ce qu'ils cherchent à éviter, ces êtres accepteront un compromis qui menera à la disparition de la civilisation terrienne plusieurs siècles plus tard.
Sur les frontières verra une tentative d'empêcher cette disparition en reproduisant le cataclysme.
[modifier] Thorgal par Jean Van Hamme et Grzegorz Rosinski
Le maître des montagnes raconte l'histoire d'un esclave échappant à un chef de guerre et tombant amoureux d'une femme. Des translations temporelles en partie incontrolées le verront devenir rétroactivement le chef de guerre puis victime de sa compagne devenue à son tour le chef de guerre par dégoût de la situation précédente.
d'autres albums utiliseront le ressort scénaristique de l'adulte revenu dans le passé pour s'aider lui-même.
[modifier] Voir aussi
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