Passe-vite
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Le Passe-Vite est le nom commercial donné par son inventeur au moulin à légumes, marque devenue nom commun, et désigne l’ustensile ménager ayant « pour objet un système de passoire qui est destiné au travail de la cuisine, et au moyen de laquelle on arrive, plus rapidement et à raison d’un effort moindre à passer soit les légumes, soit d’autres comestibles ».
[modifier] Histoire
Le 31 mars 1928, est délivré à Monsieur Victor Simon, 125, rue du Polychène à Morlanwelz (Belgique), un brevet d’invention pour passoire d’action rapide pour légumes et autres comestibles par le Ministère belge de l’industrie du travail et de la prévoyance sociale sous le n° 348610. La marque Passe-Vite est enregistrée le 2 mars 1928 et le premier enregistrement international intervient le 18 novembre 1929.
- « Si l’on adopte cet appareil pour des travaux culinaires, on peut arriver en une minute à y faire passer la quantité de légumes qui est nécessaire pour un repas de huit personnes, et ce avec toute facilité, sans l’inconvénient de faire passer du même coup les peaux et parties coriaces (haricots, tomates, etc) grâce au ressort qui exerce sa compression vers le bas. Le dispositif est en outre très solide, et se prête au traitement de n’importe quel comestible, purées, compotes, préparation de pâtisseries et ainsi de suite », lit-on en introduction au brevet.
L’exploitation industrielle de cette invention intervient en 1929, par la rencontre de Victor Simon et Richard Denis, quincaillier de son état, à qui le premier cède la moitié de ses droits à son brevet d’invention et ses brevets de perfectionnement, pour une somme de 100 francs belges de l’époque. Ils forment, le 31 mars 1929, une société en nom collectif sous la raison sociale « Simon et Denis », qui aura pour objet « la fabrication et la vente d’articles de ménage en général et, en particulier, l’exploitation des brevets n° 275276, 351911, 279509, se rapportant à une passoire mécanique d’action rapide pour soupe, légumes, etc de la marque « Passe-Vite », perfectionnement n° 348610 ». La société prend la forme d’une société anonyme en 1935 et s’installe à Carnières (Belgique), inaugurant la participation des cadres au capital de l’entreprise : des parts sont détenues par le directeur d’usine, le comptable, et les représentants commerciaux principalement.
La société sera déclarée en faillite le 6 mars 1978, cinquante ans après la date de l’invention qui l’a justifiée, et cela, même si, entre-temps, d’autres produits sont venus étoffer le catalogue : un passe-vite à manche amovible, une râpe à légume, une persillette, une râpe à fromage, un moulin à café de la marque PAVI, un mixer électrique, etc. Le slogan publicitaire est resté et trouve sa source dans le descriptif même de l’invention : « Tout Passe-Vite est une passoire mais toute passoire n’est pas un Passe-Vite ».
L’histoire de cette invention mérite d’être contée : c’est constatant les difficultés de son épouse, institutrice, à passer la soupe et le temps qu’elle y consacrait, après l’école et les corrections, que Victor Simon imagina de remplacer l’effort vertical discontinu du pilon par un effort horizontal continu et fit, dans sa cuisine, le premier croquis de cet ustensile. Ce croquis fit bientôt, dans un cadre, la principale pièce du décor de cette cuisine, en même temps que la fierté des propriétaires.
[modifier] Controverse
C’est pratiquement la même histoire que raconte Jean Mantelet, qui revendiqua l’invention du Moulin-Légumes, après avoir été fâché par une « pomme mousseline » alourdie de grumeaux et concoctée par sa femme Fernande. Cette histoire il la raconte en 1987, à 87 ans, au Figaro Magazine, et détaille ce qui fera un petit recueil quelques années plus tard: suite à une purée mal écrasée, j’ai bâti un empire industriel.
Cet empire industriel, c’est la marque Moulin-Légumes, avec des ustensiles qui hachent, coupent, pulvérisent et… passent les légumes cuits, avec 4 modèles et 3 grilles. Mais surtout, en 1955, avec la révolution électrique, c’est la marque Légumex qui apparaît, financée par Moulin-Légumes, avant de se changer en Moulinex en 1957 : moulin à café électrique, moulinette électrique, éplucheuse électrique, pilon rotatif électrique, mini-four électrique,… des idées, Jean Mantelet va en avoir en pagaille et les faire fructifier avec un génie commercial et publicitaire sans égal : Moulinex libère la femme, trouvaille de Jean Mantelet, va marquer une époque, voire influencer une société en pleine mutation, en contribuant à la prise de conscience par les femmes de la « condition féminine ».
Mais revenons aux débuts : Jean Mantelet, de son côté, a déposé en 1932 un brevet n° 732 100 et ses schémas fort détaillés ayant pour objet un presse-purée. On lit dans le brevet d’invention délivré par la Direction de la Propriété Industrielle du Ministère du Commerce et de l’industrie de la République française délivré le 6 juin 1932 et publié le 13 septembre 1932, au bénéfice de la société MANTELET et BOUCHER, résidant en France que l’idée est repose sur ce que « d’une part, les tamis coniques facilitent singulièrement le passage à travers eux de la matière à tamiser et, d’autre part, sur ce que les surfaces hélicoïdales rotatives formant les organes de pression à action progressive peuvent fonctionner avec un minimum d’effort ». A cet hachoir presse-purée, Jean Mantelet donne le nom de « Moulinette ».
1928, 1932. Mantelet a-t-il copié les dessins de Simon et Denis, ou cette même bonne idée est-elle venue à quatre années de distance à deux personnes, Mantelet à Bagnolet et Simon, à Morlanwelz, dans des circonstances présentées comme somme toute assez similaires ?
C’est là qu’on ne peut faire l’économie d’une volet juridique d’importance : après une saisie, le 10 octobre 1938, dans divers lieux de l’agglomération lyonnaise à la demande de Simon et Denis, une action juridique est entamée, qui durera huit années. En première instance, Mantelet perd par décision du Tribunal de Première Instance de Lyon du 9 juin 1939, qui décide qu’il y a contre-façon et fait défense de continuer la fabrication et la vente des moulins-légumes. La décision est confirmée en appel le 10 avril 1940. Mantelet porte l’affaire en cassation mais la guerre met une opportune parenthèse à cette bataille juridique. Le 26 mars 1946, la chambre civile de la Cour de Cassation annule l’arrêt rendu et le 2 mai 1947, la Cour de Dijon donne raison à la société Moulin-Légumes : les brillants avocats de Mantelet sont allés chercher une loi de 1844 et si la contrefaçon n’est pas contestée — il faut voir jusqu’au bouton rouge en bois qui permet la prise en main de la manivelle — , Simon et Denis sont déboutés pour n’avoir pas fait fabriquer leur produit sur le sol français dans un délai de trois ans à compter de la date de dépôt (article 32 de la loi du 6 juillet 1844). Et déchus de leurs droits, sur le territoire français. Cette loi de 1844, on le voit, visait à protéger le travail national et c’est en vain qu’on estimerait que le législateur aurait dû la modifier depuis longtemps, compte tenu notamment des accords de 1925 qui ébauchaient le droit international des brevets et des modèles.
[modifier] Lien externe
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