Pierre Pinoncelli
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Pierre Pinoncelli, de son vrai nom Pierre Pinoncely, est un peintre et artiste comportemental français, spécialiste des « happenings » artistiques, né à Saint-Étienne (Loire)en 1929.
Sommaire |
[modifier] Biographie
La première partie de sa vie artistique est consacrée à la peinture. Il commence à peindre en 1954. Ses toiles les plus connues sont des grands formats un peu inquiétants représentant des êtres fantomatiques ou squelettiques. La matière picturale est très dense un peu à la manière de Jean Dubuffet.
Cadre commercial dans une société de négoce de grains, il se revendique comme membre de l'École de Nice. Il se fait connaître par les happenings spectaculaires et provocants, auxquels il se consacre uniquement à partir de 1967.
En 1969, il asperge André Malraux d'encre rouge avec un pistolet à peinture lors de l'inauguration du musée Chagall de Nice. La même année, il signe à Bordeaux son happening "anti pain" en brulant publiquement des baguettes en chantant "A bas le pain". En 1975, il attaque symboliquement une banque à Nice, muni d'un fusil chargé à blanc et pour un butin d'un franc, pour protester contre le jumelage de cette ville avec Le Cap, durant l'apartheid. En juin 2002, il se tranche une phalange du petit doigt avec une hache en hommage à Ingrid Betancourt.
Le 25 août 1993, au Carré d'Art de Nîmes, il urine dans la Fontaine de Marcel Duchamp, puis lui donne un violent coup de marteau ; il est condamné à un mois de prison avec sursis[1] et 286 000 francs de dommages-intérêts[2]. Le 4 janvier 2006, il attaque de même au marteau un urinoir de Duchamp figurant dans l'exposition Dada au Centre Georges-Pompidou à Paris, l'ébréchant légèrerement. Il est condamné, en première instance, à trois mois de prison avec sursis et 214 000 euros de dommages-intérêts[3]; et en appel, à trois mois de prison avec sursis, le musée n'obtenant pas de dommages et intérêts[4].
« L’esprit dada, revendique-t-il, c’est l’irrespect [...] C'était un clin d'oeil au dadaïsme, j'ai voulu rendre hommage à l'esprit dada. » Il accuse par ailleurs le directeur du musée national d'Art moderne, Alfred Pacquement, qui s'est porté partie civile, de diriger une institution qui représente « le point extrême de l'imbécillité convulsive ». Lors de sa défense devant le tribunal correctionnel de Nîmes, il avait déclaré qu'il s'agissait « d'achever l'oeuvre de Duchamp, en attente d'une réponse depuis plus de quatre-vingts ans ; un urinoir dans un musée doit forcément s'attendre à ce que quelqu'un urine dedans un jour, en réponse à la provocation inhérente à la présentation de ce genre d'objet trivial dans un musée [...]. L'appel à l'urine est en effet contenu ipso facto - et ce dans le concept même de l'oeuvre - dans l'objet, vu son état d'urinoir. L'urine fait partie de l'oeuvre et en est l'une des composantes [...]. Y uriner termine l'oeuvre et lui donne sa pleine qualification. [...] On devrait pouvoir se servir d'un Rembrandt comme planche à repasser ».
[modifier] Références
[modifier] Notes
- ↑ Trib. corr. Nîmes, 26 août 1993
- ↑ TGI de Tarascon, 20 novembre 1998, Dalloz 2000, p. 128
- ↑ TGI Paris, 24 janvier 2006
- ↑ Cour d'appel de Paris, 9 février 2007 (« Urinoir de Duchamp: trois mois avec sursis pour Pinoncelli », Agence France-Presse, 9 février 2007)
[modifier] Liens externes
- (en) Article du New York Times soutenant la portée artistique derrière le vandalisme de la Fontaine.
![]() |
Portail de l'art contemporain – Accédez aux articles de Wikipédia concernant l'art contemporain. |