Pilpay
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Pilpay, ou Bidpay (déformation du sanskrit Vidyâpati, « maître de la connaissance ») est le nom que l'on donne en Occident à l'un des fondateurs traditionnels du genre de la fable. Écrivain indien, il serait l'auteur du Pañchatantra, ou des fables plus anciennes qui y seront compilées à l'usage de l'éducation du fils d'un râja. Ce livre écrit sous forme d'apologues racontait l'histoire du chacal KARATAKA et son compère DAMANOKA.Il prit le nom du "LIVRE des LUMIERES ou LA CONDUITE DES ROIS Le Pañchatantra sera traduit en pahlevi (moyen perse) au début du VIe siècle L'empereur perse Khosro Ier, conçut un ardent désir d'avoir une copie de ce livre et envoya dans l'Inde son premier médecin BORZOUYEH , avec comme mission d'en raporter une copie. Grace à la faveur de sa profession BORZOUYEH revint avec un copie de ce qui allait être KALILA ET DIMMA. Une traduction en langue persanne fut faite avec ajonction d'une préface D'ALI B.ACH CHAH AL FARISI; En 570, une traduction Syriaque fut faite, puis sous le règne du Kalife abbaside de Bagdad, ABOU D JAARFAR AL MANSOU (754-775) une traduction en langue arabe par ABD ALLAH IBR AL MOKAFFA. De là, l'ouvrage prit une extension considérable dans toute la littérature islamique.Une traduction latine fut exécutée par RAYMOND de BEZIERS et fut offerte en 1313 à PHILIPPE LE BEL à l'occasion de la chevalerie de son fils LOUIS, Roi de Navarre, le futur LOUIS LE HUTIN. Il faut attendre 1644 pour que le "LIVRE DES LUMIERES" soit traduit en Français par DAVID SAHIB D'ISPAHAN soit publié à Paris chez SIMON PUGET C'est très certainement cette édition qui permit à LA FONTAINE de trouver la source de nombreuses fables de son second recueil paru chez THIERY et BARBIN en 1678, sous le titre "FABLES CHOISIES, mises en vers par M de LA FONTAINE, et par lui revues, corrigées et augmentées" .
Extrait: L.X-F.02 - La Tortue et les deux Canards : Pilpay, Livre des Lumières, pp. 124-126, D'une Tortue et de deux Canards; Cf. Esope, La tortue et l'Aigle, mis en quatrain par Benserade (XCV).
- Par une année de grande sécheresse, des canards abandonnèrent un étang où ils vivaient et vinrent faire leurs adieux à une tortue leur amie.
- - Ce n'est pas sans peine que nous nous éloignons de vous, mais nous y sommes obligées, et quant à ce que vous nous proposez de vous emmener, nous avons une trop longue traite à faire et vous ne pouvez pas nous suivre parce que vous ne sauriez voler; néanmoins, si vous nous promettez de ne dire mot en chemin, nous vous porterons; mais nous rencontrerons des gens qui vous parleront et cela sans cause de votre perte.
- - Non, répondit la tortue, je ferai tout ce qu'il vous plaira.
- Alors les canards firent prendre à la tortue un petit bâton par le milieu, qu'elle serra bien fort entre ses dents et, lui recommandant ensuite de tenir ferme, deux canards prirent le bâton chacun par un bout et enlevèrent la tortue de cette façon. Quand ils furent au-dessus d'un village, les habitants qui les virent, étonnés de la nouveauté de ce spectacle, se mirent à crier tous à la fois, ce qui faisait un charivari que la tortue écoutait impatiemment. À la fin, ne pouvant plus garder le silence, elle voulut dire :
- - Que les envieux aient les yeux crevés s'ils ne peuvent regarder
- Mais, dès qu'elle ouvrit la bouche, elle tomba par terre et se tua.
La Fontaine lui rend hommage dans l'Avertissement de son deuxième recueil de fables (1678) :
- Voici un second recueil de Fables que je présente au public; j'ai jugé à propos de donner à la plupart de celles-ci un air et un tour un peu différent de celui que j'ai donné aux premières, tant à cause de la différence des sujets, que pour remplir de plus de variété mon Ouvrage. [...] Il a donc fallu que j'aie cherché d'autres enrichissements, et étendu davantage les circonstances de ces récits, qui d'ailleurs me semblaient le demander de la sorte. Pour peu que le lecteur y prenne garde, il le reconnaîtra lui-même; ainsi je ne tiens pas qu'il soit nécessaire d'en étaler ici les raisons: non plus que de dire où j'ai puisé ces derniers sujets. Seulement je dirai par reconnaissance que j'en dois la plus grande partie à Pilpay sage Indien.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Jâtaka
- Hitopadesha
- Pañchatantra
- fable
- L'Inde et l'Occident