Stance
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On nomme stance, en poésie, un nombre défini de vers comprenant un sens parfait et arrangé d’une manière particulière qui s’observe dans tout le poème.
Stance vient de l’italien stanza qui signifie demeure, parce qu’il faut qu’il y ait un sens complet et un repos à la fin de chaque stance. Les stances sont, dans les sujets graves et spirituels, ce que le couplet est dans les chansons et la strophe dans les odes.
La poésie emploie indifféremment toutes sortes de stances, des stances régulières et des stances irrégulières. On appelle stance irrégulière des stances de suite, qui ne sont pas assujetties à des règles déterminées. Le mélange des rimes y est purement arbitraire pourvu qu’il n’y ait jamais plus de deux rimes masculines ou féminines de suite.
Les stances sont de quatre, six, huit, dix, douze et quatorze vers. On fait aussi des stances de cinq, de sept, de neuf et de dix vers. Les stances de quatre vers font un quatrain, cinq vers font un quintil, six, un sixain, huit, un huitain, dix, un dixain et douze, un alexendrain.
Il n’y a que les stances composées de sept, de neuf, de douze, de treize et de quatorze vers, qui n’ont pas un nom particulier. Les stances de douze vers se composent comme le dixain, auquel on ajoute deux vers, qui sont ordinairement de même rime que ceux qui les précèdent. Les stances de quatorze vers sont des stances de dix vers à la fin desquels on ajoute quatre vers qu’on peut faire rimer avec ceux qui précédent. Ces sortes de stances, encore plus celles de treize et de seize vers sont très rares. Les stances de sept vers se composent d’un quatrain et d’un tercet, ou autrement d’un tercet et d’un quatrain. Dans le premier cas, il se trouve un repos après le quatrième vers et dans le second, ce repos est après le troisième vers. Les stances de neuf vers ne se sont que d’une façon, c'est-à-dire qu’il s’agit d’un quatrain suivi d’un quintil ainsi le repos dans cette stance est placé après le quatrième vers.
- Je ne prends point pour vertu
- Les noirs accès de tristesse
- D’un loup-garou revêtu
- Des habits de la sagesse
- Plus légère que le vent,
- Elle fuit d’un faux savant
- La sombre mélancolie
- Et se sauve bien souvent
- Dans les bras de la folie.
Une loi essentielle de la stance est de ne pas enjamber d’une stance à l’autre de sorte qu’on ne rencontre pas, en passant d’une stance à l’autre, deux vers masculins, ou deux vers féminins consécutifs qui riment ensemble, c'est-à-dire le dernier de la stance lue et le premier de celle à lire.
Les stances n’ont été introduites dans la poésie française, que sous le règne de Henri III en 1580. Lingendes, dont les poésies ont beaucoup de douceur et de facilité, est le premier poète français qui ait fait des stances. Les irrésolutions, les douces rêveries s’accommodent assez à leur cadence inégale. Cependant leur matière peut être enjouée et les vers sont arrangés de telle façon que, dans les sujets galants, chaque stance se termine par un masculin et par un féminin dans les tristes, les rimes masculines sonnant moins languissantes que les féminines.
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[modifier] Source
- Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d’Alembert, vol. 15, p. 491