Un bonheur insoutenable
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Un bonheur insoutenable (ISBN 2-290-33285-2, titre original The Perfect Day) est un roman d'anticipation contre-utopique états-unien d'Ira Levin, publié en 1969.
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[modifier] Histoire
[modifier] Un monde parfait ?
L'action se situe dans le futur après l'année 2000. L'Humanité (désignée sous le nom de Famille) est unifiée. Son destin dépend d'un ordinateur caché sous les Alpes : UniOrd ou Uni. Violence et égoïsme ont disparu de la surface de la Terre. Uni contrôle tout : il éduque, oriente, autorise ou non les mariages et la procréation. Hommes et Femmes reçoivent un traitement médicamenteux (dans les médicentres) chargé de prolonger leur vie en les protégeant des accidents de la vie. Seul le bonheur des membres de la Famille compte et Uni y pourvoit.
[modifier] Un monde sans volonté
Dans ce monde idéal, où la pluie ne semble pas exister, toute volonté humaine semble avoir disparu. Cependant certains membres de la Famille sont des révoltés : ils refusent de voir leur existence contrôlée par une machine. Copeau, héros du roman, vient à haïr ce monde où le bonheur est imposé.
[modifier] Personnages
[modifier] Personnage central
Li RM35M4419 dit Copeau : enfant, il reçoit la même éducation que tous les autres. Il n'a donc aucune raison de se révolter contre Uni, l'ordinateur bienfaiteur. C'est son grand père Jan qui lui ouvrira les yeux sur l'artificialité du monde où il vit. Pour cela, le grand-père de Li ne demande qu'une chose : penser souvent à vouloir quelque chose. Idée inconcevable dans le monde U (U pour Uni), où l'humain n'a pas à faire de choix.
[modifier] Personnages secondaires
Karl WL35S7497 dit Ashi : Ashi sera le deuxième personnage après le grand-père qui conduira Copeau à s'interroger sur le monde d'Uni. Etudiant en génétique, il passe son temps libre à dessiner. Trop, au goût d'Uni, qui voit dans l'art un moyen de se libérer, et lui refuse l'accès aux fusains et cahiers. Karl demande alors à Copeau de s'en procurer pour lui.
Jésus HL dit Roi : chef d'un médicentre mais surtout chef d'un groupe de révoltés dont fait parti Copeau qui s'accorde illégalement des temps de liberté échappant au contrôle d'Uni. Jésus HL connaît l'existence d'un monde sans Uni mais se refuse à quitter le confort de la société au bonheur insoutenable.
[modifier] Une critique des totalitarismes même originaux
Comme dans 1984 d'Orwell, Ira Levin développe l'histoire de l'Homme seul révolté contre un État totalitaire. L'originalité du roman repose sur le fait que ce totalitarisme ne s'impose pas par la violence ou la répression.
Uni, l'ordinateur abrité sous les Alpes, annihile la volonté des Hommes par l'administration d'un traitement médicamenteux mensuel. Les drogues permettent de contrôler les humeurs des membres de la Famille. Les membres se révoltant reçoivent rapidement un traitement spécial permettant de supprimer leur esprit critique et de revenir dans la normalité.
Pour les incurables, qui échappent au contrôle d'Uni, il ne reste qu'une solution : fuir à la recherche d'îles ou de terres où vivent les relents d'humanité non contrôlés par l'ordinateur.
Dans ce monde parfait, les forces de répressions sont inexistantes. Uni compte sur la sollicitude de toute la Famille. Chaque membre a le devoir d'aider un malade en signalant les comportements étranges aux conseillers du comportement. Les déviants sont alors signalés à l'ordinateur qui ajuste les doses du traitement.
[modifier] Critique et inspiration
[modifier] Une critique des idéologies
Superficiellement, Ira Levin semble s'attaquer à la fois au communisme (comme dans 1984), au capitalisme ou à la religion. En effet, la société d'Uni semble être un syncrétisme de tous ces éléments.
Toutefois, le discours psychothérapeutique et lénifiant conditionné aux habitants de la Famille rappelle fortement le discours psychologique, sécuritaire et "politically correct" actuel. En fait, c'est la plus "moderne" des contre-utopies similaires.
Le communisme est très présent : par les symboles (faucille or, prédominance du rouge dans les drapeaux, le mardi est appelé marxdi, le mois de mars marx...) et dans le discours (la promesse d'une société solidaire, les travaux réalisés pour le bonheur commun et non pas par passion...). Cependant dans cette société la religion tient aussi une place importante : le prénom Jésus est un des quatre prénoms masculins autorisés, le Christ est une des quatre références de cette société, présence de la croix dans le drapeau... D'autres références parsèment l'œuvre : Ashi, ami de Copeau, signe ses toiles d'un A cerclé (référence à l'anarchie)...
Si ce roman est considéré par la critique littéraire comme inférieur à 1984, il semble aussi moins engagé alors qu'Ira Levin l'a rédigé lors de la Guerre froide (comme Orwell).
[modifier] La menace n'est pas la technologie mais l'Homme
La fin du roman donne la clé de l'origine du totalitarisme. Dès le début du roman, les personnages et le lecteur vivent sur l'idée que le totalitarisme décrit, s'il est d'origine humaine, est technologique. Ira Levin renforce la dénonciation de la technologie en décrivant des êtres génétiquement modifiés, ou le rôle abrutissant de la télévision. Le message est donc clair : la technologie menace l'Homme et sa Liberté.
Cependant Ira Levin change radicalement de discours à la fin du roman où le héros du roman, Copeau, apprend qu'Uni n'est qu'une machine programmée au jour le jour par des Hommes. La « caste » des programmeurs contrôle l'Humanité dans son expansion, dans ses désirs afin de façonner le monde à son idée. Ainsi, trouve-t-on affirmée la source de tout totalitarisme : l'Homme et seulement l'Homme.
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