Une femme est une femme
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[modifier] Fiche technique
- Texte et mise en scène : Jean-Luc Godard
- Producteurs : Carlo Ponti, Georges de Beauregard
- Durée : 1 h 20 min
- Visa d'exploitation : 23572
[modifier] Distribution
- Anna Karina : Angela
- Jean-Claude Brialy : Émile Récamier
- Jean-Paul Belmondo : Alfred Lubitsch
- Marie Dubois : une amie d'Angela
- Jeanne Moreau : femme du bar
- Dominique Zardi : premier faux aveugle
- Henri Attal : second faux aveugle
- Nicole Paquin : Suzanne
- Ernest Menzer : propriétaire du bar
[modifier] Commentaires
Bienvenue dans le nouveau monde cinématographique, celui qui filme les marchés et les visages des anonymes dans la rue, qui encourage de larges mouvements sur un immense balcon d’une fenêtre à l’autre, qui délie les langues dans des dialogues déstructurés, qui respecte l’oreille en lui offrant intégralement la douce musique d’un titre légendaire de Charles Aznavour, qui fait de Jeanne Moreau l’apparition que d’un seul mot « Moderato ».
Cette véritable porte Saint Martin filmée d’en haut envoie à la benne Alexandre Trauner et son gigantisme architectural reconstituée naguère en studio.
« Tu te laisses aller » cela pourrait servir de sous titre à ce film aux concepts extrêmement neufs où Émile fait du vélo dans son appartement sous les toits.
Ses apparitions épisodiques dans ce petit nid sous les étoiles assurent une refonte des sentiments qui deviennent libres, Angela et Émile s’aiment tout en valorisant un ailleurs rythmant les pulsions de leurs existences.
Nous sommes dans le royaume de l’oisiveté et de la patience, les scènes prennent le temps de se faire aimer en se dupliquant. Angela affublée d’une lampe de nuit se laisse véhiculer par le mouvement répétitif qui sans aucun doute est la principale dominante de ce courant nouvelle vague qui envoie au diable le comédien d’antan crispé dans ses marques.
Le dialogue est volontairement incohérent, la musique forte et folle de Michel Legrand habille d’une seconde peau ce film où il est impératif d’avoir un regard neuf sur une conception que l’on peut comparer scientifiquement aux idées d’Einstein par rapport à celle de Galilée, tout est nouveau, surprenant, irritant parfois.
Une amicale pensée est distillée à François Truffaut par Marie Dubois qui mime adroitement « Tirez sur le pianiste ». La caméra de Raoul Coutard indispensable au nouveau règne du décor naturel donne une confortable liberté aux comédiens.
Jean-Luc Godard impose sa loi, son propre style, plusieurs films seront nécessaires afin de glaner un public qui doit « ramer » pour comprendre les méandres intellectuels du maître sans claquer la porte.
Tout ceci ressemble à un esthétisme cérébral révélateur, un concept visuel et verbal novateur qui extermine le courant cinématographique d’antan. Jean Luc Godard se hisse sur les épaules de René Clair et soudain l’horizon parait plus éloigné.
Émile lance cette phrase : « Angela, tu es infâme », Angela répond : « Mais non, je ne suis pas infâme, je suis une femme ». La mutation intellectuelle du 7ème art peut s'intepréter par cette conclusion.
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