Archétype (psychanalyse)
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L’archétype est un concept propre à la psychanalyse jungienne, mieux nommée psychologie analytique.
Les archétypes sont, pour Carl Gustav Jung, les organisateurs de la vie psychique de l'être humain. Ils constituent ce qu'il a appelé l'inconscient collectif, ou inconscient impersonnel, réalité psychique objective de la psyché, lieu de l'inhumain et du psychotique.
L'archétype est doublement bipolaire selon deux axes, deux couples d'opposés : instinctif / spirituel et création / destruction. Il est partie prenante des plus hautes réalisations des cultures humaines autant que de leurs pires dérives, souvent dans le même mouvement.
Il faut bien distinguer l'archétype de ses représentations : seul l'archétype est hérité, constitutif du bagage instinctuel de l'être humain, alors que ses représentations sont très variées, d'une culture à l'autre, et d'un individu à l'autre, en fonction de l'extrême variabilité des histoires de chacun.
L'archétype est tout à la fois une préforme vide, une structure de représentation et un pattern of behaviour (motif comportemental) :
- Une préforme vide, car l’archétype ne peut se représenter de lui-même. Il ne peut qu’organiser les comportements et processus psychiques dans le sens de son programme instinctuel, mais non se représenter a priori. « On doit toujours garder à la conscience que ce que nous voulons signifier par “archétype” est non représentable en soi, mais a des effets qui permettent des illustrations, lesquelles sont les représentations archétypiques. » (C.G. Jung, « Réflexions théoriques sur la nature du psychisme » (1946), in Les racines de la conscience, Buchet-Chastel, PARIS, 1971 p.539)
- Une structure de représentation car, s’il ne peut se représenter a priori, il le peut au travers des représentations des expériences qu’il suscite et organise. « Les archétypes sont les formes instinctives de représentation mentale » (C.G. Jung, « Lettre à J.C. Vernon du 18 juin 1957 », Letters, vol.2, Princeton University Press, Princeton, 1976, pp. 372-37 ) . C’est dire que ces représentations doivent naître d’expériences suffisamment satisfaisantes. Pour Jung, en effet, une représentation est une forme de la libido (de même que, dans la théorie de la relativité, la matière est une forme de l’énergie), et non simplement une trace mnésique. C’est au travers d’une satisfaction suffisante de l’expérience qu’il organise, que l’archétype peut en investir la trace mnésique, transformant ainsi, concomitamment, cette trace mnésique et la libido archétypique en une même représentation.
- Un pattern of behaviour (motif comportemental) car il organise non seulement les perceptions, représentations et processus psychiques, mais aussi l’activité et les comportements du sujet, son expérience du monde. Jung insiste à de nombreuses reprises sur la parenté entre son concept d’archétype et le concept biologique de pattern of behaviour, comme en témoigne ce qu’il écrit le 13 février 1954 au Pr. G.A. von den Bergh : « “Archétype” est pratiquement synonyme du concept biologique de pattern of behaviour. Mais comme ce concept renvoie avant tout à des phénomènes extérieurs, j’ai choisi pour le “pattern of behaviour” le terme d’“archétype”. Nous ne savons pas si le tisserin a la vision d’une image intérieure lorsqu’il se conforme, en construisant son nid, à une structure formelle reçue d’une antique hérédité, mais tout ce que nous avons d’expérience nous assure qu’aucun tisserin n’a jamais inventé lui-même son nid. Tout se passe comme si l’image du nid à construire naissait avec l’oiseau. » (C.G. Jung, Correspondance 1950-1954, Paris, Albin Michel, 1994, pp.219-220). C’est en effet l’expérience qui prime la représentation — l’expérience, c’est-à-dire l’ensemble complexe des éprouvés vécus par le sujet dans une situation elle-même complexe.