Architecture d'intérieur
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L'espace interne comme l'espace externe procèdent tous deux de l'architecture. Cependant, dans leur usage, ils ne répondent pas aux mêmes degrés de complexité, de variété, de mutabilité, d'obsolescence, etc. La fréquence de transformation des logements, bureaux, commerces, lieux de spectacle..., n'affecte pas généralement l'espace de la rue, et peu la structure même des bâtiments ; quant aux exigences, elles s'accumulent, de plus en plus rigoureuses, en fonction du degré d'intimité des espaces et de la spécificité des activités que l'on y pratique.
Parler d'architecture intérieure c'est concevoir l'architecture à l'échelle intime de la vie quotidienne. C'est inscrire dans l'architecture les comportements domestiques, professionnels, culturels des hommes.
C'est mener l'architecture à son terme et donc poursuivre dans le détail un jeu rationnel et poétique entre les espaces, la lumière, la couleur, le mobilier, les équipements, les objets... et les individualités, afin de créer des lieux non seulement opérationnels et confortables, mais qui touchent leurs occupants et retentissent sur eux.
L'architecture d'intérieur consacre son activité à cela.
Située dans cette perspective très spécifique, sa pratique professionnelle est néanmoins structurée comme celle de l'architecture : le processus de conception et de réalisation des projets suit le même trajet.
Sommaire |
[modifier] Le qui fait quoi ?
Résumé express:
Les Architectes:
Ils s'occupent, dans la grande majorité, principalement de constructions neuves et de gros oeuvre.
C'est de la conception sur mesure de AàZ.
Les Architectes d'Intérieur:
Ils s'occupent, dans la grande majorité, principalement de rénovation et de second oeuvre.
C'est de la conception sur mesure de AàZ avec la contrainte de l'existant.
Les Designers:
Ils s'occupent, dans la grande majorité, principalement de concevoir des objets, des mobiliers, ou gamme de produit.
C'est de la reformulation de fonction au travers de technique.
Les Décorateurs / scénographes:
Ils s'occupent, dans la grande majorité, principalement de mettre en scéne du mobilier standard, du textile, mise en couleur provenant d'éditeur de produit ou gamme de produit.
C'est un assemblage harmonieux d'éléments. C'est de l'événementiel.
Souvent des glissements s'opérent entre ses différents métiers. Cela dépend des savoir faire et compétences des acteurs. Tous ces métiers peuvent cohabiter dans une même agence, sans qu'il y ai de conflits. On peut dire qu'il y a complémentarité entre eux.
[modifier] Le public et le privé
Pour la grande majorité des habitants du continent européen, le concept de vie privée n'existe pas jusqu'au XVIIe siècle : on habite, on travaille parfois et l'on dort dans la même pièce que les autres membres de la maisonnée. Maîtres et serviteurs partagent la même chambre, la salle commune - le bois est rare et cher et se chauffer un luxe que l'on partage.
Dans l'architecture palatine, le concept du passage de la sphère publique à la sphère privée se dessine peu à peu. Des salons de réception - publics - ont pour objet de montrer aux visiteurs la richesse et la puissance du propriétaire. Une ou plusieurs antichambres ont pour objet de filtrer les « clients » et autres quémandeurs.
La chambre d'apparat contient le lit qui, à une époque ou le mobilier est rare et consiste en quelques tabourets, quelques coffres, est le meuble le plus riche et le plus orné. C'est là qu'on reçoit ses hôtes. « Chambre » ne deviendra le synonyme de « chambre à coucher » que plus tard, vers la fin du XVIIIe siècle, à cause, précisément, de la présence de ce lit d'apparat alors qu'elle n'est qu'un dérivé du latin camera qui signifie « pièce ».
Lorsque le rang le permet, elle est précédée d'une salle d'audience pour recevoir les personnes de rang moindre. La « chambre » étant réservée alors aux personnes que l'on veut honorer, aux pairs, aux intimes.
Cette enfilade est ensuite prolongée par les « appartements », ces pièces où se forme le sentiment de l'intimité et du privé, où l'on se tient « à part ». Ceux-ci, typiquement, sont constitué d'un boudoir (si ce sont les appartements de madame) ou d'une étude, d'un garderobe où l'on s'habille, de lieux d'aisance où l'on se soulage et se lave.
Sur le plan de l'hôtel d'Espinchal par Claude Nicolas Ledoux, ci-dessus, on remarque sur la gauche l'enfilade Salon (public), second antichambre (semi-public) et antichambre (plus privé). Les appartements privés déroulent l'enfilade classique : chambre à coucher (où l'on peut recevoir ses intimes) avec le garderobe adjacent, cabinet (réservé au calme et au travail) et boudoir (totalement privé - notons la proximité avec les lieux à l'anglaise). L'escalier, souvent morceau de bravoure architectural et pièce centrale sinon principale des palais, est ici relégué au rôle utilitaire de jonction avec l'étage supérieur privé et n'est accessible depuis les pièces de réception que par un passage discret presque dérobé.
Avec l'élévation du niveau de vie consécutif à la révolution industrielle, ce modèle nobiliaire séparant vie publique (réception) et privée (habitation) va être copié par la bourgeoisie puis la petite bourgeoisie pour devenir un standard.
[modifier] La cuisine
L'évolution de la place de la cuisine dans l'architecture intérieure aide à comprendre les enjeux auxquelles celle-ci doit faire face : reflet sociologique des usages du temps, soumis aux contraintes techniques.
Les exemples qui nous restent du Moyen-Âge de cuisine témoignent de la peur des incendies : ce foyer qui chauffe et nourrit est aussi source d'un feu destructeur aussi les cuisines sont séparées du corps de bâtiment principal et, comme le donjon défensif, sont en dur quand la plupart des maisons, hangars et autres bâtiments utilitaires sont en bois.
Si elles intègrent l'architecture intérieure des palais et châteaux, elles sont rarement mentionnées et décrites en tant que telles sur les plans par les architectes : elles sont de l'ordre du « commun » et ne valent pas la peine d'être mentionnées.
Notons que sur le plan de l'hôtel d'Espinchal illustré ci-dessus, les cuisines sont sans doute situées en sous-sol et les domestiques montent les plats aux maitres de maison qui déjeunent selon toute probabilité dans l'antichambre (lorsqu'il s'agit de repas privés) ou dans le salon (pour des réceptions plus publiques). La salle à manger est encore « flottante » et les repas souvent servis sur des tables à tréteaux facilement démontables. En tous les cas de figure, elle n'est pas indiquée sur le plan de cet hôtel particulier.
Avec l'émergence de la bourgeoisie, au XIXe siècle, la cuisine apparait sur les plans des maisons d'habitation. Mais dans l'articulation public/privé évoquée ci-dessus, elle fait partie de la sphère privée (on ne la montre pas) et quand le niveau de vie des propriétaires le permet, elle fait encore partie de la zone de la maison ou de l'appartement réservée aux domestiques.
C'est à partir de 1945, sous l'influence de l'American way of life, avec l'émergence de la femme active (la « bourgeoise » cesse d'être une femme dite « au foyer »), que la cuisine change. Les appareils électroménagers facilitent la vie de la ménagère. L'homme participe de plus en plus aux tâches de la vie de famille.
La cuisine qui était jusqu'alors rejetée dans un no man's land a droit de cité et rentre dans la sphère du public et du montrable. Elle s'intègre dans l'espace public par excellence qu'est le salon et la salle à manger qui sont désormais scindés en un tout avec les cuisines dites « à l'américaine » qui donne sur la salle de séjour.
[modifier] Voir aussi
- Chambre à coucher
- Cuisine
- Garage
- Salle de bain
- Salle de séjour
- Toilettes
[modifier] Liens externes
Organismes
* Fédération Nationale des Architectes d'Intérieur * Union Nationale des Architectes d'Intérieur et Designers
Ecoles
* ecole d'architecture d'interieur * Ecole Boulle ou ESAA Boulle * Ecole Duperré ou ESAA Duperré * (http://www.coursbessil.fr Ecole superieure d'architecture interieure Montpellier)
Infos
* DecoEco portail de décoration d'intérieur * Blog sur la décoration d'intérieur * La décoration d'interieur d'inspiration orientale
[modifier] Bibliographie
- Monique Eleb-Vital et Anne Debarre-Blanchard, Architectures de la vie privée, Archives d'Architecture Moderne, Bruxelles, 1989, (ISBN 2-87143-064-0)
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