Catholiques réformateurs
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S'ils se réfèrent plus volontiers au Concile Vatican II, ceux qui se nomment catholiques réformateurs ou catholiques critiques s'enracinent dans le catholicisme libéral du XIXe siècle dont l'essentiel se trouve dans la crise moderniste.
La postérité du succès du catholicisme libéral est donnée par le Concile Vatican II, ouvert en octobre 1962, notamment la déclaration sur la liberté religieuse, le pluralisme religieux, et la constitution conciliaire Gaudium et Spes considérée comme un contre-Syllabus. Toutefois, on peut considérer que la fenêtre ouverte (selon le mot de Yves Congar o.p. dans son Journal du Concile, Cerf, 2001) s'est refermée comme une parenthèse. Voir Vatican II, 40 ans après
Actuellement, le triomphe des catholiques libéraux est battu en brêche, car les textes de Jean-Paul II contredisent la doctrine précédemment évoquée et montrent la nécessité, pour l'État, d'être guidé par une vérité dernière, d'être soumis à une loi morale, d'être basé sur des fondements immuables, (...) qui, en définitive, ne peuvent être que religieux.
Le libéralisme catholique tend à l'effacement, involontaire peut-être, des principes augustinistes selon lesquels il y a forcément un gagnant et un perdant ; il revisite l'affirmation de la doctrine au profit d'un réinvestissement des évangiles, ferment de liberté suivant Paul de Tarse : « la Vérité vous rendra libres ». L'un de ses principaux vecteurs serait d'ailleurs la nécessité du réalisme en matière sociale et politique comme le montrent les Théologie catholique du XXe siècle et la déconfessionalisation des syndicats agricoles et de la CFDT
- Voir aussi libéralisme théologique
Sommaire |
[modifier] Catholiques Réformateurs
Leurs prises de position concernent:
[modifier] l'éthique
- la contraception,
- le préservatifs et le SIDA,[1]
- les récents scandales pédophiles dans le diocèse de Boston, malencontreusement intervenus en même temps que la révélation d'une vague de scandales pédophiles plus vaste et européens,
- l'homosexualité : les prises de position homophobes [2] sont régulièrement contestées par David et Jonathan, association de chrétiens gays[3]. L'invocation d'une malédiction biblique concernant spécifiquement les homosexuels date du XIXe siècle et se fonde sur une modification de la traduction [4]. Sur les considérations concernant les autres chrétiens gays, voir la page de discussion
Sur les questions d'éthique sexuelle, on fera bien de se souvenir que sexe et religions ont partie liée depuis toujours comme l'exposent Roger Lussier et Guy Ménard dans l'article « Religion et Sexualité »[1]. En effet, si l'Église catholique romaine considère que l'éthique est substantielle (de substantialisme) et normative, les groupes de catholiques réformateurs pensent plutôt une éthique de l'effet sur les sociétés.
[modifier] sur la discipline
Ces associations se font porteuses de revendications diverses, dont quelques-unes sur la discipline :
- le mariage des prêtres ;
- le sacerdoce féminin sujet sur lequel on consultera la douloureuse affaire de Ludmila Javorova, femme prêtre catholique ordonnée en Tchécoslovaquie du temps des années de plomb [2]
- les compagnes de prêtres dont s'occupe l'association Plein Jour [3].
[modifier] sur la dogmatique
La critique de la dogmatique telle que l'envisage les catholiques réformateurs pourrait se définir ainsi :
« La foi dont se réclament la plupart des grandes religions reflète bien plus les traditions, les croyances, les normes et les rites de ces religions que les élaborations doctrinales ou théologiques de leurs convictions. Plusieurs de ces croyances ou de ces rituels se trouvent d'ailleurs en contradiction avec les événements historiques et les interprétations rationnelles qui en découlent. Au cours des siècles, les croyances et les dévotions populaires ont ainsi eu plus d'influence que les recherches et les conclusions intellectuelles. Celles-ci ont souvent dû se mettre au service des premières, au détriment de la vérité ou du simple bon sens. Cette évolution de la foi accentue ainsi sa dimension irrationnelle, confondant celle-ci parfois avec sa dimension spirituelle. » « Face à la croissance de l'éducation et des connaissances scientifiques, la foi paraît aussi mystérieuse et insaisissable que l'art et le monde de l'imaginaire. En revanche, l'histoire de la foi, surtout chez ceux et celles qui consacrent leur vie au spirituel et au mysticisme, nous laisse une image bien réelle de cette partie de nous-mêmes qui nous échappera toujours. L'histoire personnelle de notre propre foi démontre d'ailleurs une tendance naturelle à vouloir nous évader des limites du merveilleux ou de l'imposé qui préside souvent aux origines de la foi religieuse des institutions. » « Ce n'est pas la foi, en soi, qui est détestable, mais la foi qui s'enracine dans l'ignorance et qui s'érige en absolu au mépris de l'intelligence et de la raison. C'est cette foi-là qui soutient le culte de la personnalité, l'absolutisme et le fanatisme. » Bourgault (Pierre), Le Journal de Montréal, 15 septembre 2002
Autour de quelques théologiens, mis à l'écart ou non, se réunissent de groupes de pensée, groupes de parole, ou communauté de base. Tous notent :
- que l'exégèse progresse et qu'elle n'a aucun effet sur une dogmatique reposant essentiellement sur la philosophie néo-platonicienne, spécialemnt celle du philosophe grec Plotin dont la trinité est restée célèbre : l'Un-souverain Bien, le Logos engendré, et L'Esprit qu'il ne va pas jusqu'à hypostasier cependant.
- ils regrettent que ces connaissances ne soient pas plus répandues mais remarquent que chaque tentative faite par un théologien est sanctionnée par la Curie comme le signalait déjà Yves Congar o.p. dans son journal d'un théologien 1946-1954. Il en est ainsi du chanoine Jean Kamp et de son ouvrage Le grand silence des prêtres (Ed Mols) qui continue d'assurer bien des conférences et séminaires de formation de laïcs du groupe Culture et Foi. Jean Kamp expose que tous les prêtres sont au fait des travaux exégétiques qui contraignent à distinguer le Christ de la foi du Jésus de l'Histoire mais qu'ils se taisent. Ainsi, ils continuent de promouvoir l'ignorance dont parle Bourgault ci-dessus.
- Pour épargner les clercs, les laïcs se retrouvent en première ligne. Un résumé de la critique dogmatique telle que l'entendent les catholiques réformateurs est présenté dans le Manifeste pour le Schisme Mou rédigé dans l'entourage de Eugen Drewermann
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- ↑ Les Soeurs de la perpétuelle indulgence sont une association critique de cette attitude en même temps qu'une forme de militance pour de bonnes pratiques
- ↑ [NdlR : Si les membres de l'association David et Jonathan ne se disent pas catholiques, mais chrétiens, les nombreux interviews de ses responsables montrent qu'ils choisissent ce terme du fait de l'excommunication mineure dont ils se sentent victime au même titre que les divorcés remariés.
- ↑ David et Jonathan
- ↑ La traduction de John Darby introduit le terme "homosexuel" là où les bibles du XVIe siècle parlaient de "masturbateurs". Chaque siècle a ses préoccupations, comme le montre le professeur Thomas Römer dans Homosexualité et Ancien Testament
[modifier] Principales associations
[modifier] Europe
- Wir Sind Kirche, fondée à la suite du limogeage de Eugen Drewermann, dont la branche française est NSAE «Nous sommes aussi l'Église» (voir le site web de leur siège social francophone)
- Réseau des Parvis (voir leur portail web)
[modifier] aussi, outre-Atlantique
- Future Church [4]
- National Catholic Reporter portail [5] (dont le pendant francophone serait Golias, mensuel assez mal vu dans une bonne partie de l'épiscopat.)
- Catholic for a free choice
[modifier] Voir aussi
[modifier] liens internes
- Catholicisme, Concile Vatican II, Catholicisme libéral
- Théologie catholique du XXe siècle
- Crise moderniste
- Frédéric Ozanam
[modifier] Liens externes
- des théologiens à risques, Le Monde, 12 Octobre 2003