Chiliarque
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
|
|
Le terme chiliarque (en grec ancien χιλιάρχης / khiliarkhês, de χίλιοι / khilioi, « mille » et de ἀρχή / arkhê, « le commandement », à l'origine un commandement de mille hommes) désigne une fonction militaire et/ou administrative, d'abord dans l'Empire perse, puis dans le royaume de Macédoine et les monarchies hellénistiques.
Sommaire |
[modifier] Dans l'Empire perse
Au sujet de la Perse des Achéménides, le terme est utilisé par des écrivains grecs pour désigner plusieurs éléments. D'abord, la chiliarchie est une circonscription militaire ainsi que tributaire. Le terme est également utilisé pour traduire l'iranien hazarapatiš, « commandant de mille », connu des Grecs sous la forme exacte (Hésychios d'Alexandrie) ou sous celle d’azabaritēs (Ctésias, §46). Comme son nom l'indique, il s'agit d'un officier commandant 1000 hommes, situé dans la hiérarchie au-dessus des lochages (commandant un loche), et au-dessous du myriarque, responsable d'une myriade d'hommes (10 000)[1].
À la cour perse, le chiliarque est le chef des mille homme de la garde personnelle du Grand Roi, les Immortels ou Mélophores (littéralement « porteurs de pommes »). C'est à lui qu'il faut demander audience auprès du roi[2]. Il sert également d'introducteur des ambassadeurs[3] ou de messager de ces derniers auprès du roi, c'est pourquoi il apparaît souvent dans les récits grecs. Au cours de sa discussion avec les envoyés étrangers, il doit leur demander d'accomplir la proskynèse, c'est-à-dire une prosternation, devant le Grand Roi. Ainsi, au IVe siècle av. J.-C., le chiliarque Tithraustès déclare à Isménias, ambassadeur de Thèbes :
« Hôte thébain (…), la coutume indigène des Perses veut qu'arrivé à la vue du roi, il ne soit pas possible d'obtenir la parole avant de s'être prosterné. Si tu veux le rencontrer en personne, veille à respecter cette coutume[4]. »
Ces prérogatives donnent au chiliarque un rôle important. Cornélius Népos n'hésite pas à indiquer, en parlant de Tithraustès, qu'il « tenait le second rang dans l'État » (Conon, III, 2). À partir de là, l'historiographie a souvent cru voir dans le chiliarque une sorte de vizir. En fait, les fonctions à la cour perse dépendent toujours du bon vouloir du Grand Roi. Les dignitaires ne sont chargés de telle ou telle prérogative qu'en fonction des circonstances. Dans ces conditions, il paraît peu vraisemblable que le Grand Roi délègue une partie de ses pouvoirs à un seul « premier ministre ».
En outre, plusieurs personnes peuvent porter en même temps le titre de chiliarque, qu'Hésychius définit plus simplement comme « les introducteurs (eisaggeleis) chez les Perses ». On suppose que le dignitaire représenté sur les bas-reliefs de Persépolis, incliné vers le trône, est un chiliarque. De plus, on sait que d'autres dignitaires pouvaient, à l'occasion, remplir un rôle similaire auprès des ambassadeurs. En comparaison, Xénophon indique qu'à la cour d'Astyage, dernier roi des Mèdes, c'est un échanson, Sakas, qui gère les audiences.
[modifier] En Grèce antique
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Bibliographie
- Pierre Briant :
- Rois, tributs et paysans : études sur les formations tributaires du Moyen-Orient ancien, Presses universitaires de Franche-Comté, 1989 (ASIN 2251602690),
- Histoire de l’Empire perse, de Cyrus à Alexandre, Fayard, 1996 (ISBN 2-213-59667-0).
[modifier] Notes
- ↑ Xénophon, Cyropédie [lire en ligne], VIII, 1, 4.
- ↑ Cornélius Népos, Conon, III, 2, 3 et Plutarque, Vie de Thémistocle, XXVII, 2, 7.
- ↑ Élien, Histoires variées [lire en ligne], I, 21.
- ↑ Élien, ibid.. Extrait de la traduction d'A. Lukinovitch et d'A.-M. Morand, Belles Lettres, 2004.
Portail de l'Iran – Accédez aux articles de Wikipédia concernant l'Iran. |