Concertos pour violon de Paganini
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Les concertos de Paganini possèdent une homogénéité de style et de structure remarquable, l'on doit cependant noter que le "n°6" (le premier écrit) révèle une structure et un violonisme moins élaborée. Le concerto "n°5" témoigne au contraire d'une maturité exceptionnelle sur le plan du violonisme.
Cette série d'oeuvre, (auxquelles il faut adjoindre les fantaisies) à l'instar des symphonies de Beethoven représentent certainement un des sommets de l'art musical et une révolution par rapport au style violonistique de l'époque, mais surtout sur le plan de la pensée et sur le plan thématique. Si la littérature violonistique continua d'évoluer en empruntant diverses colorations (école franco-belge, école polonaise, russe...), il semble que Paganini, instigateur de toutes ces écoles, ne fut jamais dépassé ni sur le plan de la virtuosité, ni sur le plan purement musical.
Les concertos de Paganini obéissent à une structure originale nettement caractérisée. Peu d'oeuvres sont charpentées de manière aussi rigoureuse malgré l'inspiration très lyrique. On distingue notamment dans le premier mouvement un thème moderato una corda legato, un thème staccato dubbia corda staccato, un motif central lent très pathétique, une grande cadence centrale d'une intensité lyrique maximale comprenant un immense crescendo en double cordes. Le troisième mouvement fait alterner à l'inverse du premier mouvement un thème lent dubbia corda legato et un thème vivace una corda staccato. Ce qui caractérise Paganini c'est la puissance lyrique, mais l'on retrouve dans ses mouvements et motifs lents des accents envoûtants à la manière de Berlioz, Chopin et Vieuxtemps où l'âme donne l'impression de l'apitoyer sur elle-même. De ce point de vue, le motif lent du premier mouvement du "Concerto n°5", ou le second mouvement du "Concerto n°2" sont saisissants. Dans les passages les plus virtuoses, qui sont souvent les plus inspirés, n'a-t-on pas l'impression que la musique atteint une sorte d'expression "impressionniste" indéfinissable en dehors de toute norme ?
Paganini, atteint les hauteurs du génie les plus vertigineuses. Le parallèle avec Beethoven s'impose. Aucune référence musicale ne peut permettre de comprendre cet art dont on ne sait d'où il est sorti. Paganini reste une énigme, même si le violonisme de Giuliani témoigne d'une partie du chemin accomplie depuis les oeuvres baroques de Locatelli. Comme le fut Chopin, Paganini est l'artiste au sens le plus élevé du terme. Son oeuvre, indépendante de toute rhétorique, de toute théorisation, demeure irréductible à toute analyse. L'orchestration, surtout composée de tutti aux cordes, n'est pas un élément négligeable dans les oeuvres pour violon et orchestre de Paganini, bien qu'elle ne témoigne pas d'une élaboration aussi poussée que celle, berliozienne, des concertos de Vieuxtemps. L'originalité symphonique de Paganini, à mon avis, ne fait cependant aucun doute sur le plan thématique, et elle se distingue nettement de l'orchestration rossinienne. Il semble que l'orchestre romantique doit beaucoup à Paganini car de nombreux procédés violonistiques du soliste ont été appliqués à l'orchestre, notamment par Berlioz. Il est difficile de mettre en exergue tel ou tel mouvement dans une intégrale aussi parfaite.
Le concerto où l'inspiration apparaît la plus soutenue de la première à la dernière note est peut-être le premier, notamment par son mouvement lent exceptionnel. Le "Concerto n°2" se caractérise par son célèbre troisième mouvement (la Campanella) qui contient un des crescendo en pizzicati sans doute les plus étonnants. Moins connu, le "Concerto n°3" est peut-être le plus riche thématiquement. On retiendra l'accompagnement en pizzicati à l'orchestre dans le premier mouvement. Le "Concerto n°5" , moins brillant, plus sombre, plus sévère, envoûte par son mélodisme complexe, sa recherche de romantisme dans une teinte plus nostalgique. Il faut y ajouter le dernier mouvement "Alla zingareza" qui accentue cette coloration. On retiendra un magnifique passage, fort peu courant chez Paganini, où le violon solo se contente d'accompagner par des figurations un thème exposé à l'orchestre.
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