Croisades baltes
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Aussi appelées croisades nordiques, les croisades baltes ont été menées par les puissances de l'Occident chrétien contre les peuples païens du nord-est de l'Europe riverains de la mer Baltique à partir de la fin du XIIe siècle : les peuples baltes, et également les habitants originels de la Prusse désignés sous le nom de Vieux-Prussiens.
Leur lancement a été officiellement prononcé par Célestin III en 1193, mais les royaumes germaniques[1] et scandinaves déjà convertis au catholicisme avaient déjà commencé à envoyer des croisés à la conquête de leurs voisins mécréants à cette date.
Elles durent jusque le début du XIVe siècle siècle ; comme bien des croisades, elles se détournent de leur but originel et s'achèvent dans la territorialisation des ordres militaires qui l'ont conduite.
Sommaire |
[modifier] Contexte
- Borusses / Résistances
- 997 : mort de Saint Adalbert décapité, les Vieux-Prussiens refusent la conversion.
- 1009 : mort de Bruno de Querfurt décapité, les Vieux-Prussiens refusent toujours la conversion.
- Finlande / évangélisation
- Baltique / colonisation germanique ;
- Royaume de Pologne / démembrement territorial
- 1138 : la Pologne connaît un "démembrement territorial" (rozbicia dzielnicowego). Au début du XIIIe siècle, Conrad Ier de Mazovie accorde une région aux chevaliers teutoniques pour aller combattre les païens qui attaquaient le duché de Mazovie. Les germaniques arrivent donc dans une situation de délitement de la Pologne.
[modifier] Déroulement des opérations
En 1202, le Prince-Évêque de Livonie instaure la Milice du Christ de Livonie à Rīga, afin de protéger les colons venus de Germanie. En 1218, ils s'allient à un souverain séculier danois, Valdemar Sejr, et soumettent le nord de l'Estonie: la bataille de Lyndanisse (en) le 15 juin 1219 livre Talinn aux Danois[2]. Maîtres de la Livonie[3], ils achèvent la conquête de l'Estonie en 1223.
En 1222, Henri Ier le Barbu, duc de Silésie, combat les Vieux-Prussiens au nom de l'évangélisation chrétienne. Il tente de réunir les duchés polonais sous sa coupe. S'il trouve un terrain d'entente avec Ladislas III, duc de Grande-Pologne, il trouve face à lui Conrad de Mazovie pour le contrôle de la Petite-Pologne, avec lequel il doit guerroyer.
L'évêque missionnaire cistercien Christian, dépêché sur place, trouve un allié en la personne du duc Conrad Ier de Mazovie. Ce dernier fonde un ordre militaire, mais recrute peu.
En 1228, le pape Grégoire reconnaît les Chevaliers de Dobrzyń, mais, trop peu nombreux, ils ne laissèrent leur trace que dans la ville éponyme de Dobrzyń nad Wisłą.
Conrad fait alors appel aux chevaliers teutoniques dans sa lutte contre les Vieux prussiens. Ils s'installent dans la région de Chełmno, sur la Vistule. Puis, son fils Boleslas installe les derniers frères de Dobrin à Drohiczyn.
La même année, le conflit dans le Royaume de Pologne se cristallise sur la domination de la région de Petite-Pologne, où Conrad dépêche une armée.
En 1231, les Teutoniques exterminent les Vieux-Prussiens et s'approprient leur terre, y fondant la cité de Toruń dans la perspective de créer un État teutonique. Il leur faudra 50 ans pour le concrétiser.
Le 22 septembre 1236, les Chevaliers Porte-Glaive livrent bataille contre les Lituaniens de Courlande : c'est la bataille du Soleil [4]. Vaincus, les Porte-Glaives sont incorporés aux Teutoniques.
C'est alors que les Russes s'en mêlent. Un stratège de la république de Novgorod, Alexandre Iaroslavitch Nevski, écrase les Suédois lors de la Bataille de la Neva en 1240.
La Bataille du lac Peïpous en 1242, défaite des Teutoniques et des Porte-Glaives livoniens face à Alexandre Nevski de Novgorod, le même stratège, peut-être considérée comme la fin de la période d'expansion liée aux croisades.
C'est dans la perspective de construction de leur État que les Teutoniques fondent Königsberg en 1255. Jusque la mort de Ulrich von Jungingen au champ de bataille de Grunwald, à l'apogée de leur influence, ils feront leur jeu sans tenir compte des papes du Vatican. Ensuite, le règlement du second traité de Thorn allait ruiner l'Ordre comme l'État des Chevaliers, qui se retranchaient dans leur forteresse de Marienbourg. Les terres qu'ils contrôlaient seront perdues au profit du Grand-Duché de Lituanie.
[modifier] Bilan
Ces croisades ont réussi à asservir les peuples de Livonie, de Latgale et d'Estonie. Restent les Lituaniens, fermement opposés aux Teutoniques et aux Scandinaves. Les habitants de Samogitie, à titre d'exemple, restent de confession païenne jusque le XVe siècle.
L'Ordre teutonique y a gagné les terres qu'il recherchait depuis son éviction de Terre sainte. Il y installe une théocratie dite "monastique"[5].
[modifier] Christianisés, mais non soumis
Les Lituaniens ne se sont pas soumis aux Teutoniques. S'ils se christianisent à la suite de leur grand-duc, c'est pour mieux se fondre dans l'Union de Pologne-Lituanie, qui cristallise l'opposition avec l'État teutonique. Ce contentieux achève donc les croisades nordiques, mais d'autres guerres se préparent, les deux camps étant devenus irréconciliables. La première est la guerre du royaume de Pologne-Lituanie contre l'Ordre Teutonique.
[modifier] Dérive de l'objectif initial
Territorialisés dans l'État teutonique pensé comme une théocratie au sens strict, les chevaliers se battront ensuite sans discontinuer contre les peuples baltes, Russes et Polonais.
La sécularisation de cette théocratie monastique et militaire dans un duché héréditaire de Prusse orientale, prémisse de la fondation de l'État prussien n'enlève rien à sa dangerosité. L'État teutonique laissera une marque de fer sur la mentalité nationale : le militarisme prussien. Leurs opposants durant ces siècles de lutte fonderont une part importante de leur identité nationale sur la germanophobie induite.
[modifier] Voir aussi


[modifier] Notes
- ↑ germaniques et non allemands : Saint-Empire romain germanique. La nation allemande est née plus tard.
- ↑ Voir aussi la légende du Danebrog, qui forme partie du récit national danois.
- ↑ Livonie en Estonie : cette terre porte alors ce nom pour eux et, du reste, pour leurs descendants germano-baltes.
- ↑ Schaulen en allemand, Saule en letton : la bataille se nomme Saulės Mūšis en lituanien et Saules kauja en letton.
- ↑ religieuse et militaire, selon le modèle régulier suivi par l'Ordre.
[modifier] Références historiques
- Autres protagonistes :
[modifier] Bibliographie
- Eric Christiansen, Les croisades nordiques, Alerion, 1995. ISBN 2910963047
[modifier] Liens internes
- Article connexe : État teutonique ; résultat de ces guerres saintes menées dans la région.
Croisades : Ire - IIe - IIIe - IVe - Ve - VIe - VIIe - VIIIe - IXe | |||
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Voir aussi : Reconquista - vocabulaire - sources arabes - chronologie synoptique |
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