Crusoe
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Lancé par Transmeta, une entreprise innovante qui affirme ainsi « révolutionner le monde du micro-processeur ». Confirmant ce que l'on avait pu déduire de l'analyse des brevets déposés par la société, le Crusoé serait le premier processeur universel. Une sorte de clone intelligent, capable de fonctionner à la demande comme un processeur Intel ou autre, sous n'importe quel système d'exploitation. L'architecture du processeur de Transmeta est loin de tout ce que l'on connaissait jusqu'alors.
Schématiquement, le processeur se compose d'une partie purement matérielle et d'une partie logicielle programmable selon le type de système devant l'accueillir et la compatibilité recherchée.
[modifier] Un moteur de “code morphing”
Côté calcul, Crusoé est un processeur à 128 bits, capable de traiter des instructions, dénommées VLIW (pour Very Long Instruction Word), qui lui sont propres. Mais le cœur du processeur est en fait sa partie logicielle, le moteur de “code morphing”, qui assurera l'interface entre la machine, son système d'exploitation et le processeur proprement dit. Exemple : dans un Crusoé clonant un Pentium, le moteur de “code morphing” traduira les instructions x86 envoyées par les logiciels, pour les transformer en instructions VLIW que le processeur pourra traiter. L'intelligence du moteur de “code morphing” lui permet d'analyser les logiciels qu'il exécute, pour ne pas avoir à “retraduire” les parties de code les plus utilisées, gagnant ainsi en vitesse. Pas de surprise, si Crusoé peut se faire passer pour tout autre processeur, c'est bien aux plateformes Intel qu'il a d'abord été adapté.
[modifier] Optimisation selon le système de destination
Idem côté logiciel, le processeur étant officiellement agnostique et pouvant potentiellement faire fonctionner tout système d'exploitation, que ce soit Linux, Windows, Palm OS ou un autre, sa partie la plus “logicielle” pourra être optimisée pour son système de destination. Dans le kit de développement livré aux constructeurs candidats à l'intégration de Crusoé, Transmeta a inclus une distribution réduite de Linux tenant dans 32 Mo et recelant tout ce qu'il faut pour se connecter à l'internet.La distribution retenue est basée sur Debian, Linus Torvalds ayant dû, pour la première fois, trancher entre différentes distributions de son Linux.
[modifier] Cœur de cible : l'accès mobile au net
S'il sait apparemment tout faire, le cœur de cible déclaré de Crusoé est le marché émergent, mais prometteur, de l'accès mobile à l'Internet, que ce soit à travers un téléphone mobile amélioré, un ordinateur de poche du genre du Palm, une tablette sans fil ou un PC portable. Comme le dit David Ditzel, P-DG de Transmeta, « Si ça comprend une batterie et un navigateur web, ça tournera avec un Crusoé ». Ici, l'avantage de Crusoé, c'est sa très faible consommation électrique (environ 1 watt, contre 10 watts pour les processeurs Intel pour portables), qui va de pair avec une dissipation thermique réduite au minimum. En clair, Crusoé ne chauffe pas, avantage de taille pour des matériels portables. Là encore, c'est le moteur de “code-morphing” qui entre en jeu, adaptant en temps réel la vitesse du processeur et donc sa consommation à la charge du système.
[modifier] Même le prix est attractif
Pour couvrir toutes les applications possible de l'internet nomade, c'est en fait deux processeurs que Transmeta va commercialiser. Pour les applications légères et/ou de poche, le TM3120, qui sera cadencé à 333 et 400 MHz. Le TM5400 affiche pour sa part jusqu'à 700 MHz au compteur, pour faire tourner des ordinateurs portables plus gourmands. L'avantage de Transmeta, c'est aussi le prix : de 65 à 89 dollars (425 à 582 F) pour un Crusoe 3120 et de 119 à 329 dollars (778 à 2 151 F) pour un 5400, selon les versions. À titre de comparaison, un processeur Mobile Celeron à 333 MHz d'Intel coûtait, en septembre 1999, 106 dollars (693 F) l'unité, par lot de 1 000
Côté technique, les processeurs Crusoé sont gravés à 0,22 ou 0,18 micromètre, avec une mémoire cache de premier niveau variant entre 96 et 128 Kio, le Crusoé 5400 embarquant en outre 128 Kio de cache de second niveau. Enfin, pas de mémoire Rambus pour les machines à base de Crusoé, Transmeta ayant choisi de privilégier les mémoires SDR et DDR, moins coûteuses et surtout plus disponibles.
[modifier] La production sera assurée par IBM
Dernier détail : Transmeta s'est arrêté à la conception du Crusoé. sa production sera assurée par IBM. Ce choix a son importance. IBM a en effet accès, par des accords de licences croisées, à une bonne partie des technologies contenues dans les processeurs d'Intel. Reste qu'il manquait deux détails au lancement de Crusoé pour que la fête soit parfaite. Lorsqu'Intel et les autres lancent un nouveau processeur, ils le font en invitant sur l'estrade leurs premiers clients, les constructeurs de PC, pour donner l'image d'un produit déjà plébiscité par l'industrie. Rien de ça chez Transmeta, qui dit pourtant compter d'ores et déjà sur une douzaine de partenaires constructeurs.
[modifier] Réaction des constructeurs de PC
Diamond Multimedia, spécialiste des processeurs graphiques mais aussi promoteur du baladeur MP3 Rio, a ainsi annoncé avoir signé avec Transmeta avec pour projet l'intégration du Crusoé dans des tablettes internet sans fil, sans pour autant confirmer si les prototypes montrés lors de la conférence de lancement étaient bien les siens. Manque encore un ou deux grands noms pour valider, sur le marché et dans les esprits, la viabilité de Crusoé. Mais un représentant de Compaq a néanmoins confirmé son intérêt pour le processeur et Transmeta promet que les noms de ses autres partenaires ne devraient plus rester secrets bien longtemps.
[modifier] Quid de la vélocité réelle des Crusoé ?
Plus gênant : le flou relatif sur la vélocité réelle des processeurs Crusoé. Plutôt que d'afficher des résultats de benchmarks standards, Transmeta n'a publié que des chiffres pas forcément très parlants, pondérant performances et consommation d'énergie, tout en proposant dans un long document un nouveau standard de test des plateformes mobiles. Pas facile alors de séduire une industrie littéralement accro aux tests de vitesse, « La technologie de Crusoé est formidable mais ne représente pas une menace immédiate pour Intel ». Joséphine Mong où l'avantage se gagne parfois en décimales après la virgule. Selon Joséphine Mong, analyste chez IDC, « Transmeta a peut-être de très bonnes raisons d'utiliser ses propres benchmarks mais il leur sera difficile de convaincre quiconque dans l'industrie que leurs prétentions tiennent la route s'ils ne les appuient pas avec des benchmarks standards ». Pour l'analyste, « La technologie de Crusoé est formidable mais ne représente pas une menace immédiate pour Intel ». Justement, quelle réaction attendre d'Intel face au lancement de processeurs dont l'architecture renvoie celle de son vieux P6 (le cœur des processeurs Pentium) au musée ? Deux hypothèses possibles, et pas incompatibles. D'abord, communiquer sur les quelques manques de Crusoé.
[modifier] Comment Intel va-t-il faire face ?
Ainsi, si ce dernier pourra intégrer les extensions MMX, il ne devrait pas, pour le moment, supporter les nouvelles instructions SIMD, destinées aux applications multimédias, introduites avec le Pentium III. Intel pourrait être tenté de communiquer largement sur cette lacune toute relative. Car, dans le monde réel, les logiciels exploitant les fonctions SIMD du Pentium III sont rares (à peu près aussi nombreux que ceux qui, en leur temps, exploitaient la “révolution” MMX). Mais, si vous croyez déjà Intel quand il vous dit que surfer sur le web nécessite un processeur à 500 MHz, libre à vous de le suivre quand il décrit SIMD comme le « futur de la technologie du développement ». D'autre part, il serait étonnant qu'au moment où vous lisez ces lignes, les avocats d'Intel ne soient pas en train d'éplucher tout ce que l'on sait déjà sur les processeurs de Transmeta, à la recherche d'un bout de technologie ressemblant de près ou de loin à sa “propriété intellectuelle”. Un procès aurait l'avantage de faire hésiter les constructeurs à sauter le pas. Chez Transmeta, on assure avoir conçu le Crusoé de A à Z, en ayant même pris la précaution luxueuse de ne recruter aucun ancien employé d'Intel.
[modifier] 5 ans de travail silencieux
Le Crusoé 5400 Pour Transmeta, le lancement de Crusoé signe son arrivée dans la cour des grands mais aussi l'aboutissement de presque cinq ans d'efforts, conduits dans le plus grand secret - si l'on met de côté les fuites multiples des derniers mois de 1999. Selon son P-DG, « Si Linus (ndlr : Torvalds) n'avait pas été impliqué dans le projet, nous aurions pu garder le secret jusqu'au bout ». Pour les 200 employés de Transmeta, la fin du secret ressemble à un soulagement. Comme l'expliquait un ingénieur présent au lancement, « J'ai dû faire signer des accords de confidentialité à mon épouse et à mon frère pour pouvoir leur dire de temps en temps ce que je faisais de mes journées au bureau ». Mais l'attente n'était pas vaine. Après avoir englouti plus de cent millions de dollars dans le projet Crusoé, on sait chez Transmeta que l'on tient probablement le bon bout de la révolution “internet anywhere”.
[modifier] Différents modèles
- Modèles TM5400
Technologie 0.18 micromètres (µm) 500-700 MHz - 64 Kio L1 instruction cache, 64 Kio L1 datacache, 256 Kio write byte cache, C-DVD=1.27 W C-MP3=0.53 W Nota: C-DVD : consommation énergie cœur du processeur quand lecture DVD, etc.
- Modèles TM5500
Technologie 0.13 micromètres (µm) 667 à 800 MHz - 64 Kio L1 instruction cache, 64 Kio L1 datacache, 256 Kio write byte cache, C-DVD=1.05W C-MP3=0.42 W
- Modèles TM5600
Technologie 0.18 µ–surface 88 mm² 500 à 700 MHz, 64 Kio L1 instruction cache, 64 Kio L1 datacache, 512 Kio write byte cache, C-DVD(core)=1.27W C-MP3(core)=0.53W
- Modèle TM5800
Technologie 0.13 µ – surface 55 mm² 667 à 800 MHz - 64 Kio L1 instruction cache, 64 Kio L1 datacache, 512 Kio write byte cache, C-DVD=1.05 W C-MP3=0.42 W
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens externes
- (en) Site officiel
- (en) Spécifications du Crusoe
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