Déluge du Saguenay
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Le déluge du Saguenay est une série d'inondations qui ont frappé le Saguenay–Lac-Saint-Jean, au centre de la province canadienne du Québec, les 19 et 20 juillet 1996.
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[modifier] Situation météorologique

Après un printemps et un début d'été frais et pluvieux, surtout les deux semaines avant le déluge, le sol composé de graben était déjà saturé d'eau. De plus, il y a plusieurs barrages hydroélectriques dans les régions les plus affectées, dont plusieurs ont des digues secondaires en terre et roches, et leurs bassins étaient pleins.
La situation météorologique synoptique observée du 18 au 21 juillet 1996 était donc peu commune en pleine période estivale sur l'est du Canada. Une dépression majeure est passée des Grands Lacs vers Montréal puis est remontée lentement le long de Appalaches vers le golfe du Saint-Laurent. L’intensification explosive du système sur le sud du Québec puis sur l’État du Maine est typique du développement d’une tempête hivernale.
Les principales caractéristiques et les traits thermodynamiques de cette dépression étaient selon Environnement Canada:
- la trajectoire de la dépression a balayé le sud du Québec
- l’intensification marquée de la tempête sur le Québec
- la décélération importante de la dépression sur l’État du Maine
- la stagnation des zones de précipitations sur le centre et l’est du Québec
- le contraste thermique qui n’était pas particulièrement intense au départ s’intensifie sur le Québec
- l’humidité disponible importante
- la libération de chaleur latente a été le principal moteur au développement
- l’activité orageuse imbriquée et l’orographie, c’est-à-dire l'effet de soulèvement supplémentaire des vents d'est remontant les montagne, ont été les composantes principales de la variabilité spatiale des hauteurs de pluie enregistrées.

Ce système a laissé de 50 à 100 mm de pluie sur tout le sud-ouest du Québec. Les quantités ont cependant atteint jusqu'à 275 mm sur les régions autour du Saguenay. Ces quantités sont à peu près ce que la région reçoit au total en un mois de juillet normal. Des axes secondaires de précipitations de moindre intensité sont également observables en Abitibi et dans l’Estrie.
Selon Environnement Canada: « Les analyses de récurrence de précipitations maximales, pour cet événement, démontrent des périodes de retour locales de plus de 100 ans pour plusieurs sites pour lesquels le total de précipitations dépassait 120 mm en 48 heures. D’un point de vue historique canadien, les pluies diluviennes du 18 au 21 juillet 1996 se retrouvent parmi les plus importants événements de pluies abondantes mesurées. »
L'afflux soudain de pluie a surchargé les bassins des barrages. Même si les vannes ont été ouvertes sur ces derniers, le surplus d'eau a créé des brèches dans certaines digues autour de Chicoutimi. Les régions de la Côte-Nord ont également reçu des quantités importantes de pluie et subit des inondations.
[modifier] Dommages
Près de deux mètres d'eau a déferlé dans les villes de Chicoutimi et La Baie, tuant sept personnes (deux à La Baie et cinq sur la Côte-Nord) et provoquant l'évacuation de 16 000 autres. Les dommages matériels ont été évalués à 1,5 milliard de dollars canadiens.
La rivière des Ha! Ha!, au sud de Chicoutimi, est également sortie de son cours régulier pour s'en tracer un nouveau tout en coupant les routes, isolant une bonne partie de la région du bas Saguenay et de l'arrière-pays.
Ailleurs, plusieurs ponceaux ont cédé le long de la route 138 entre Tadoussac et Sept-Iles. Trois autres personnes ont perdu la vie dans ces régions.
[modifier] Commission d'enquête
À la suite des événements, une commission d'enquête, présidée par l'ingénieur Robert Nicolet, fut instituée. Tous les intervenants sont venus témoigner: le Service météorologique du Canada (SMC) d'Environnement Canada, les propriétaires des barrages (Alcan, Hydro-Québec), les autorités gouvernementales et municipales, les experts en sinistres, les chercheurs en hydrologie comme ceux de l'INRS-eau ainsi que des citoyens.
Parmi les recommandations de la commission, il est affirmé que la société québécoise doit se doter de normes plus strictes au niveau de la construction et de la surveillance des barrages. En effet, les barrages de cette région datent de plus de 50 ans et certaines des vannes des évacuateurs de crues étaient non fonctionnelles. De plus, même si un avertissement météo de pluie abondante avait été émis, les opérateurs n'ont pas réagi rapidement. Le rapport recommande également l'aménagement du territoire des zones inondables et celles à risque ainsi que le respect par les municipalités de la gestion publique de ces zones.
Il existe environ 11 000 barrages au Québec. Parmi ceux-ci, 2200 sont considérés à forte contenance d'eau en fonction de leur hauteur et du volume d'eau retenu. Le Québec possède également 2600 vestiges de barrages ce qui nécessite un plan global en cas de situation critique.
Une autre des recommandations était de prévoir un plan d'urgence pour chaque municipalité du Québec pour toute éventualité, pas seulement les inondations. Ces plans commençaient à être définis en janvier 1998 quand le sud-ouest de la province a subi un verglas massif. Cela a permis de mieux gérer la crise.
[modifier] Anecdotes et autres effets

L'image de gauche montre l'inondation à Chicoutimi. On voit l'eau passant au-dessus de la digue et déferlant en cascades. Tous ces bâtiments ont été emportés plus tard sauf la petite maison blanche et l'église qui ont été miraculeusement épargnées. Cette maison est devenue plus tard un symbole pour la région et un musée sur le déluge.
Les rivières Saguenay et Ha! Ha! ont vu leurs sédiments fortement pollués recouverts par une nouvelle couche de sédiments. Donc l'inondation aura eu cet effet écologiquement bénéfique (du moins, à court terme) inattendu.