Eau potable et assainissement en Haïti
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Haïti fait face aux défis considérables dans le secteur d'eau potable et assainissement: Notamment l'accès aux services publics est très bas, leur qualité est douteuse et les institutions publiques restent très faibles malgré l'aide étrangère et la volonté déclarée du gouvernment de renforcer les institutions du secteur. Les ONG étrangères et haïtiennes jouent un rôle important dans le secteur, surtout en milieu rural et dans les quartiers défavorisés.
Sommaire |
[modifier] Accès
Les taux de couverture d'approvisionnement en eau potable et en assainissement dans les zones urbaines et rurales d'Haïti sont les plus basses dans toute l'hémisphère. Des systèmes d'évacuation et de traitement des eaux usées n'existent pas.
Urbain (46% de la population) | Rurale (54% de la population) | Totale | ||
---|---|---|---|---|
Eau | Définition Large | 52% | 56% | 54% |
Connections Domiciliares | 24% | 3% | 11% | |
Assainissement | Definition Large | 57% | 14% | 30% |
Source: WHO/UNICEF Joint Monitoring Program, 2004 estimation basée sur l'Enquête de Mortalité, Morbidité, et Utilisation de Services (EMMUS) de 1994 et 2000 [1]
[modifier] Qualité de Service
Les taux de couverture n'indiquent pas le niveau de qualité de service, qui est généralement très bas. Dans les zones rurales agglomérées, les systèmes en réseau sont souvent dans un état de délabrement avancé. Ou ils ne fournissent pas d'eau du tout ou ils approvisionnent en eau uniquement ceux qui habitent près de la source, et ceux qui se sont situés à la fin de la ligne n'ont pas de service. Dans presque toutes les zones urbaines l'approvisionnement en eau potable en réseau est irrégulier. Les pompes à bras sont aussi souvent en panne.
[modifier] Responsibilité pour l'approvisionnement en eau potable et assainissement
Les institutions publiques principales dans le secteur d'eau potable en Haïti sont deux entreprises publiques qui ont été chacune créée par une loi spécifique: la CAMEP (Centrale Autonome Métropolitaine d’Eau Potable), qui est responsable de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, et le SNEP (Service National d’Eau Potable), qui est responsable des villes secondaires et, en théorie, des zones rurales. Il n'y a pas d'institution responsable de l'assainissement en Haïti, étant donné que les mandats de la CAMEP et du SNEP actuellement ne couvrent pas l'assainissement. Les deux entités théoriquement sont sous l'autorité de leur conseil d'administration respectif qui incluent des représentants de plusieurs Ministères. Comme ces Conseils ne se réunissent pas depuis une dizaine d'années, les deux institutions sont de fait sous le contrôle du Ministre des Travaux Publics, Transport et Communications (MTPTC).
Les agences publiques du secteur d'eau potable ont perdu du personnel qualifié et formé, souvent à cause des ONG et des bailleurs, qui peuvent offrir des salaires supérieurs. Cependant, il y a des gérants et du personnel competents et motivés dans le secteur public d'eau potable en Haïti. Malheureusement, il manque une claire volonté publique et un soutien financier aux employées pour les motiver et leurs permettre d'être plus productifs.
Les autres entités publiques qui travaillent dans le secteur sont le FAES (Fond d'Assistance Economique et Sociale) et le POCHEP (Postes Communautaires d’Hygiène et d’Eau Potable), une unité sous le Ministère de la Santé qui un jour a été l'agence d'exécution des projets d'approvisionnement en eau potable et assainissement. Les municipalités ne jouent pas un rôle important dans le secteur, bien qu'on s'attend qu'ils jouent un plus grand rôle à l'avenir selon la loi cadre du secteur qui est en train d'être débatue au Parlement. Les ONG réalisent une beaucoup d'activités dans le secteur et souvent attirent le personnel le plus compétent à cause de leur niveau de salaires supérieuer. Ils travaillent surtout dans les zones rurales, mais aussi dans les petites villes et les zones défavorisées des grandes villes.
[modifier] Prestation de Services
Il y a des centaines des comités d'eau, qui sont appellés CAEPs (Comités d’Aprovisionnement en Eau Potable) ou simplement Comités d’Eau, qui gèrent des systèmes d'approvisionnement en eau potable dans le milieu rural et dans les petites villes. Le niveau de formalité et d'efficacité du comité varie pour chaque CAEP. Les meilleurs se réunissent regulièrement, tiennent les rélations étroites avec les communautés, récupèrent les revenus regulièrement, embauchent des plombiers qui s'occupent de l'entretien du système, tiennent un compte bancaire, et sont enregistrées et approuvées par le SNEP. Cependant, plusieurs comités ne fonctionnent pas aussi bien. Il n'y a pas de registre national des comités d'eau ou des systèmes d'eau et, à la différence d'autres pays, il n'y a pas d'associations des comités d'eau au niveau municipal, départemental, ou national. Le Ministère des Travaux Publics actuellement utilise l'appellation Comité d’Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement (CAEPA) en vue de l'élargissement des fonctions des comités à l'assainissement dans l'avenir.
[modifier] Politique et régulation
Actuellement il n'y a pas de direction d'eau potable et assainissement au Ministre des Travaux Publics, Transport et Communications (MTPTC), mais on prévoit la création d'une Direction Générale d'Eau Potable et d'Assainissement rattachée au MTPTC. La manque d'institutionalisation crée une situation où le Ministre s'implique dans le secteur dans une manière ad hoc, sans l'existence d'une politique à longue terme ou des objectifs spécifiques à atteindre. La direction s'en chargera du développement d'une politique sectorielle et la surveillance des entreprises publiques du secteur, parmi d'autres résponsabilités.
L'Unité de Réforme du Secteur de l'Eau Potable (URSEP) du MTPTC est l'unité de gestion d'un projet de réforme du secteur d'eau financé par la Banque Interaméricaine de Développement (BID). Une de ses fonctions principales est la mise en oeuvre des interventions en eau potable et assainissement dans les villes secondaires avec des systèmes gérés par le SNEP. L'URSEP encourage aussi l'augmentation de l'autonomie des centres d'exploitation du SNEP.
[modifier] L'histoire et développements récents
En 1964 le gouvernement de François Duvalier a créé la CAMEP et l'a chargée de l'approvisionnement en eau potable pour l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. Ensuite, en 1977 le gouvernement de son fils Jean-Claude Duvalier a créé le SNEP pour se charger de l'approvisionnement en eau potable pour le reste du pays. Comme le SNEP se concentrait sur les villes secondaires et ne pouvait pas s'occuper de milieu rural, une unité d'eau potable et hygiène en milieu rural a été créée au Ministère de la Santé Publique.
Ces trois entités oeuvraient à augmenter le taux de couverture et de s'assurer un niveau de qualité de service. Cependent, pendant les années quatre-vingts le taux de couverture a augmenté, comme c'était la décennie internationale d'eau potable et assainissement, qui a était financée par plusieurs bailleurs, entre eux la Banque Mondiale et la BID, et aussi par des ONG.
Pendant les années quatre-vingt dix Haïti a essuyé une série de revers, et par conséquence le secteur d'eau potable et assainissement a souffert aussi. Après le coup d'état de 1991, l'aide de l'etranger a été suspendu pendant trois ans. Quand Jean-Bertrand Aristide est revenu au pays à 1994, l'aide a commencé à rentrer au pays. Pendant cette époque les comités d'eau ont émergé à Port-au-Prince. Ces organizations communautaires vendent de l'eau aux habitants des quartiers défavorisés pour faire un petit profit, qui est investi dans les petits projets d'infrastructure au niveau communautaire comme les terrains de sport ou des blocs sanitaires. Les comités achètent de l'eau de la CAMEP et ils sont parmi les meilleurs clients de l'entreprise.

L'aide de l'étranger a diminué à la fin des années quatre-vingt dix. Le secteur a donc souffert, et par conséquance une grande partie de la population n'a pas reçu des services. Après la chute d'Aristide en 2004, l'aide est revenue sous le gouvernement de transition et la deuxième présidence de René Préval. L'aide se concentre sur les villes de province et le milieu rural, pendant que l'aire métropolitaine de la capitale n'est pas suffisament approvisionnée en eau potable et n'a pas de système de l'évacuation des eaux usées.
Le gouvernement de René Préval considère des reformes du secteur d'eau potable, par exemple l'etablissement des prestataires de service regionaux, qui remplaçeraient la CAMEP et le SNEP, et le renforcement de la capacite du gouvernement dans les domaines de politique et régulation. Spécifiquement, le gouvernement veut donner des directives opérationnelles aux nombreuses ONG qui sont devenues les acteurs clés pour l'approvisionnement en eau potable, surtout dans le milieu rural, et qui ne sont pas coordonées. Le Ministre des Travaux Publics a nommé un conseiller pour gérer le processus de réforme. (Voir "politique et régulation" au-dessus.)
[modifier] Tarifs, recouvrement des coûts et financement
Les tarifs en Haïti sont forfaitaires, comme la majorité des usagers n'a pas de compteur. Les tarifs varient beaucoup selon la zone et le prestataire. Ceux de la CAMEP sont plus élevés que ceux du SNEP, et les tarifs du SNEP dépassent ceux des comités d'eau dans les zones rurales. Pour le SNEP, les tariffs sont basés plus ou moins sur la capacité de payer des usagers, et varient selon la région. La gamme des prix varie entre l'équivalent de $1 US par mois dans le plateau central à environ $7.30 US par mois à Kenscoff près de la capitale.
Un petit nombre des usagers de la CAMEP a des compteurs, parmi eux les comités d'eau dans les quartiers défavorisés de Port-au-Prince et les clients industriels. Plusieurs personnes et quelques grands clients, par exemple les hôtels de luxe, se sont déconnectés du réseau public et sont approvisionnés par les camions-citernes.
Les revenus de la CAMEP et le SNEP couvrent à peine les frais d'exploitation. Donc il n'y a pas assez de resources pour l'entretien des systèmes ni pour les investissements. C'est un problème qui touche également les petits systèmes privés ou communautaires à travers le pays. La CAMEP a besoin de couper le service des usagers qui ne paient pas, parce que le système judiciaire ne permet pas de faire respecter les paiements aux entreprises publiques. Cependant, beaucoup de personnes qui avaient eu leur service coupé connectent de nouveau clandestinement. Le bureau national du SNEP reçoit un soutien modeste de la part du Ministère des Finances (pour payer une partie des frais de personnel) et une partie des revenus des bureaux regionaux, mais son budget n'est pas suffisant pour permettre le bon fonctionnement de l'entreprise.
Casi tous les investissements sont financés par les dons et les credits des bailleurs étrangers (la Banque Intéraméricaine de Développement, la Banque Mondiale, USAID et l'Union Européenne), et aussi par les dons des ONG. Plusieurs ONG reçoivent aide des bailleurs directement ou indirectement par le gouvernement Haïtien.
[modifier] References
- ↑ WHO/UNICEF JMP Water et Sanitation