Enceinte de Philippe Auguste
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L’enceinte de Philippe Auguste est la plus ancienne des enceintes de Paris dont on connaisse le tracé avec précision. Partiellement intégrée dans les constructions ultérieures, elle a laissé plus de traces de sa présence que les fortifications ultérieures, remplacées par des boulevards.
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[modifier] Construction de l'enceinte
La construction de l'enceinte se place dans le contexte des luttes entre Philippe Auguste et la dynastie anglaise des Plantagenêt. Afin de protéger Paris, le roi français, avant de partir pour la troisième croisade, ordonna la construction d'une muraille de pierre afin de protéger la capitale en son absence. La rive droite fut fortifiée de 1190 à 1209 et la rive gauche de 1200 à 1215. L'enceinte englobait des champs qui devaient nourrir la cité en cas de siège.
Le rempart mesurait de six à huit mètres de hauteur, voire neuf en comptant le parapet, pour une épaisseur de trois mètres à la base. Il était flanqué de tours rondes d'une quinzaine de mètres de hauteur tous les 70 mètres et percé de quatorze grandes portes ouvrant sur les routes menant aux principales villes du royaume.
Composée de deux parois murales entre lesquelles on avait introduit des pierres et du mortier pour la renforcer, la muraille possédait un chemin de ronde d'environ deux mètres et des créneaux.
À l'ouest, point le plus faible de sa défense contre les Anglais, à proximité du fleuve, Philippe Auguste fait construire une forteresse composée d'un donjon fortifié et de dix tours de défense et entourée d'un fossé : le Louvre.
L'enceinte de Philippe Auguste englobait un espace de 253 hectares. Les habitations remplacèrent peu à peu les champs et, à partir de 1356, Charles V commença à construire une autre enceinte sur la rive droite, laissant celle de Philippe Auguste à l'abandon.
[modifier] Tracé
L'enceinte de Philippe Auguste traversait les actuels Ier, IVe, Ve et VIe arrondissements de Paris :
- Sur la rive gauche, on peut déduire son tracé de celui des rues qui la longent du côté extérieur : rue des Fossés-Saint-Bernard, rue du Cardinal-Lemoine, rue Blainville, rue de l'Estrapade, rue des Fossés-Saint-Jacques, rue Malebranche, rue Monsieur-le-Prince, rue de l'Ancienne Comédie, rue Mazarine.
- Sur la rive droite, en revanche, son tracé a complètement disparu. Elle partait de la Seine au niveau de l'actuel Pont des Arts par la Grosse Tour du Louvre, dont on peut toujours voir les fondations sous la cour Carrée. Elle montait vers le nord et le nord-est en englobant l'église de Saint-Eustache et obliquait ensuite vers l'est au niveau de la rue Étienne-Marcel et de la rue aux Ours. Les remparts rejoignaient la rue Saint-Antoine à l'extrémité de la rue François-Miron. Les murs traversaient l'île Saint-Louis, alors divisée en deux îlots.
En amont de la Seine, la continuité de la muraille était assurée par la forteresse du Louvre, pour la rive droite, et la tour de Nesle (auparavant nommée tour Hamelin), pour la rive gauche. En aval, un barrage de grosses chaînes en travers du fleuve reliait la tour Barbeau à la tour Loriaux, située dans l'île, et elle-même reliée à la Tournelle de la rive gauche. Les chaînes reposaient sur des radeaux amarrées à des pieux profondément enfoncés dans le fleuve.
[modifier] Portes
L'enceinte était percée de 15 portes (en partant de la plus proche de la Seine rive droite, à l'ouest, puis en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre)
Rive droite :
- La porte Saint-Honoré (rue Saint-Honoré, au niveau de la rue de l'Oratoire)
- La porte Coquillière (rue Coquillière, près de la rue Jean-Jacques-Rousseau)
- La porte Montmartre (rue Montmartre, près de la rue Étienne-Marcel)
- La porte Saint-Denis ou porte aux Peintres (rue Saint-Denis, au croisement de la rue de Turbigo et de l'impasse des Peintres)
- La porte Saint-Martin (rue Saint-Martin, près de la rue du Grenier-Saint-Lazare)
- La porte du Temple (rue du Temple, entre la rue de Braque et la rue Rambuteau)
- La porte Barbette (rue Vieille-du-Temple, entre la rue des Blancs-Manteaux et la rue des Francs-Bourgeois)
- La porte Baudet ou porte Baudoyer (rue Saint-Antoine, au niveau de la rue de Sévigné)
Rive gauche :
- La porte Saint-Victor (rue des Écoles, près de la rue du Cardinal-Lemoine)
- La porte Bordet ou porte Bordelles, ou porte Saint-Marcel (rue Descartes, près de la rue Thouin)
- La porte Papale (à l'extrémité de l'actuelle rue d'Ulm)
- La porte Saint-Jacques (rue Saint-Jacques, à l'angle de la rue Soufflot)
- La porte Gibard ou porte d'Enfer, ou porte Saint-Michel (à l'angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Monsieur-le-Prince)
- La porte des Cordeliers (à l'angle de la rue Monsieur le Prince et de la rue Dupuytren)
- La porte Saint-Germain (renommée porte de Buci en 1352) (rue Saint-André-des-Arts, près de la rue Dauphine)
Outre ces portes constituées d'une grande ouverture fermée par une lourde herse de fer, de deux tours de garde et souvent d'un fortin, la muraille était percée de plusieurs poternes.
[modifier] Vestiges de l'enceinte de Philippe Auguste
De nombreux pans de mur de l'enceinte ont été intégrés dans des constructions plus récentes : on les retrouve au fond de cours privées ou dans des caves. Ils demeurent visibles dans quelques lieux publics : dans la rue Clovis (Ve arrondissement), dans un parking souterrain de la rue de l'Ancienne-Comédie (VIe) et surtout le long du lycée Charlemagne dans la rue des Jardins-Saint-Paul (IVe).
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
[modifier] Bibliographie
- Danielle Chadych et Dominique Leborgne : Atlas de Paris, Parigramme, 2002 (ISBN 2-84096-249-7).
- Jacques Hillairet : Dictionnaire historique des rues de Paris.