Eumène de Cardia
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Eumène de Cardia est le premier secrétaire (archigrammate) d'Alexandre le Grand.
Sommaire |
[modifier] Vie
[modifier] Grand chancelier
Il est Grec, et non Macédonien, né à Cardia (362 av.J-C.) en Chersonèse de Thrace, bien qu'il vive depuis son enfance en Macédoine, son père s'étant attaché au roi Philippe II. Lui mème est le secrétaire de Philippe avant Alexandre [1]. C'est à Eumène que l'on doit la rédaction de cette sorte de journal officiel, où sont relatés les actes du roi, et qui sont publiés plus tard sous le nom d’Éphémérides royales. Ses fonctions comportent aussi le soin de rédiger toute la correspondance royale.
Enfin et surtout, c’est lui qui est chargé de la logistique de l’armée macédonienne en campagne : ravitaillement en vivres pour les hommes et en fourrage pour les bêtes, approvisionnement en munitions, armes, transport de tout ces chargements par animaux de bât ou de trait. Pour y parvenir en évitant le pillage des régions conquises, chose qu’Alexandre voulait éviter, Eumène procède ainsi :
- il fait constituer des stocks aussi importants que possibles avant le déclenchement de la guerre ;
- il constitue une véritable intendance en deux corps, des secrétaires chargés de gérer les besoins (les prévoir, trouver comment les satisfaire, et l’acheminement), et un corps de troupe chargé des réquisitions ;
- pour l’acquisition du ravitaillement, il procède soit par réquisition organisée (ce qui évite les injustices trop criantes), soit, innovation radicale, par achat ;
- enfin, tout au lond des campagnes d’Alexandre, il constitue des dépôts.
Eumène à la tête de la chancellerie du roi a donc un pouvoir considérable, malgré l'inimitié patente d'Héphaïstion. Il épouse, probablement lors des noces de Suse, Artonis[2], sœur de Barsine (avec qui Alexandre a eu un fils) et d'Artacane, épouse de Ptolémée. À la fin du règne, il obtient un commandement militaire (en Inde) et succède à Perdiccas à la tête d'une hipparchie. En disgrâce à la mort d'Héphaïstion, Alexandre en voulant à tous ceux qui avaient eu des désaccords avec son favori, il rentre dans les bonnes grâces du souverain en donnant une importante somme d'argent pour l'édification du tombeau du défunt.
[modifier] Diadoque
Ce fonctionnaire de premier plan obtient, en 323 av. J.-C. à la mort d'Alexandre, les satrapies de Paphlagonie et de Cappadoce, mais celles-ci restent à conquérir. Antigone est chargé par Perdiccas de cette conquête mais se dérobe. C'est finalement Perdiccas lui-même qui se charge de s'emparer de ces provinces (partiellement) et d'y installer Eumène. De fait, Eumène s'attache donc à la cause de Perdiccas et à la défense de l'intégrité de l'empire face aux tendances centrifuges des diadoques. Il est vrai que son origine grecque constitue un handicap et qu'il lui est souvent difficile de conserver la fidélité de ses troupes essentiellement constituées de Macédoniens.
Quand le conflit éclate entre les diadoques en 322 av. J.-C., il est chargé par Perdiccas de contenir en Asie mineure les ambitions d'Antipater, d'Antigone et de Cratère. Il s'acquitte de cette tache avec adresse puisque, bien que trahis par une partie de ses officiers, il est vainqueur de Cratère lequel est tué dans l'affrontement. Mais la mort de Perdiccas, assassiné en Égypte sonne le glas de ses espoirs (321 av. J.-C.). Au partage de Triparadisos en 321 son vieil adversaire Antigone reçoit pour mission de le combattre. Entre 321 et 319 av. J.-C. il est progressivement éliminé de l'Asie mineure tandis que son allié, Alcétas (le frère de Perdiccas) est tué. En 319, il se réfugie dans la citadelle de Nora.
C'est alors que la mort d'Antipater (été 319) modifie profondément la situation. Antigone négocie un armistice avec lui car il est occupé à entreprendre la conquête des satrapies de Lydie et de Phrygie d'Hellespont. Eumène est alors contacté, selon Diodore de Sicile[3], par Polyperchon, qu'Antipater a désigné pour lui succéder au détriment de son fils Cassandre. Polyperchon donne l'ordre aux trésoriers de Kyinda Cilicie (où demeure une partie du trésor de guerre d'Alexandre), de donner les moyens financiers nécessaires à Eumène, à qui le titre de « stratège d'Asie » est donné, pour lever une armée. Un corps de 3000 Argyraspides, des vétérans des campagnes asiatiques, dirigé par Antigénès et Teutamos, se range à ses côtés et à son ambition affichée de lutter pleinement pour le maintien de l'empire[4].
La première action d'Eumène (aux environs de 318 av. J.-C.), qui se trouve rapidement à la tête d'une armèe considérable (sans doute plus de 20 000 hommes), est de descendre sur la Phénicie. Son objectif est de construire une flotte afin de rejoindre Polyperchon en Europe. Mais la menace de la flotte de Ptolémée, allié de Cassandre et d'Antigone, et le désastre de la flotte de Polyperchon le font renoncer à son projet. Il remonte alors vers la Babylonie afin de s'allier aux satrapes de la partie orientale de l'empire en révolte contre Peithon. Il hiverne ainsi en Babylonie vers 318-317 av. J-C. et se heurte à Séleucos et Peithon qui ne peuvent empêcher son passage. En Susiane, Eumène reçoit le renfort des satrapes révoltés dirigés par Peucestas, satrape de Perse. Son armée comporte alors plus de 40 000 hommes et 120 éléphants mais certains de ses alliés sont peu fiables.
La rencontre avec Antigone a lieu à l'automne 317 en Paracétène (entre la Susiane et la Perse) et se termine par la victoire d'Antigone mais avec des pertes sévères. Chaque armée se retire pour hiverner, quand Antigone parvient, par une attaque surprise en plein hiver[5], à contraindre Eumène au combat (bataille de Gabiène). Malgré une vive résistance des Argyraspides, Eumène est vaincu par la trahison de Peucestas qui rompt le combat. Eumène tombe alors aux mains [6]d'Antigone qui le fait exécuter.
[modifier] Notes
- ↑ Plutarque, Vie d'Eumène, II.
- ↑ Arrien, Anabase VII, 4-6.
- ↑ Diodore de Sicile, XVIII, 57-58.
- ↑ Eumène n'hésite pas ainsi à refuser toute gratification personnelle et à s'effacer constamment devant le souvenir d'Alexandre. Inspiré, dit-il, par une vision, il fait dresser dans sa tente d'état-major le trône royal sur lequel on dépose le diadème et le sceptre du roi. Les ordres sont libellés au nom du roi défunt.
- ↑ Au début de l'année 316 av. J.-C.
- ↑ Il est livré par les Argyraspides dont Antigone avait pris le camp avec femmes et enfants
[modifier] Sources
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne] (Alexandre, passim ; Eumène) ;
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne] (XVIII-XIX).
[modifier] Bibliographie
- Pierre Briant, D'Alexandre aux Diadoques : le cas d'Eumène de Cardia, Revue d'Études Anciennes, no 75, 1973, pp. 74-79.
[modifier] Voir aussi
Diadoques |
Antigone le Borgne – Antipater – Asandros – Cassandre de Macédoine Eumène de Cardia – Léonnat – Lysimaque – Peithon – Perdiccas – Ptolémée – Séleucos |
![]() |
Portail Hellenopedia – Accédez aux articles de Wikipédia concernant la Grèce antique. |