Explosion de Halifax
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L'explosion de Halifax se produisit le 6 décembre 1917 à Halifax, en Nouvelle-Écosse au Canada, lorsqu'un navire français transportant des munitions, le Mont-Blanc, entra en collision avec un navire norvégien, le Imo, qui se rendait en Belgique, à l'époque plongée en pleine Première Guerre mondiale. Le Mont-Blanc prit feu et explosa, tuant 2 000 personnes et en blessant des milliers d'autres. L'explosion engendra un tsunami, et une onde de choc si puissante qu'elle cassa des arbres, plia des rails de chemin de fer et démolit des édifices, transportant les fragments sur des centaines de mètres.
Ce fut la plus grande explosion créée par l'activité humaine jusqu'au premier essai atomique en 1945 et elle figure toujours parmi les plus grandes explosions non-nucléaires artificielles.
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[modifier] Évènements
Le 6 décembre 1917, à 8h45, le navire de munitions français Mont-Blanc et le navire de secours norvégien Imo entrèrent en collision dans les détroits du port d'Halifax. Le Mont-Blanc attendait d'être admis au port le 5 décembre, car il était arrivé trop tard. Le port était protégé par des filets qui empêchaient les sous-marins ennemis d'entrer. Ils empêchaient aussi les autres navires d'entrer. Au même moment, le Imo attendait de pouvoir sortir du port. Le 6 décembre, le Imo tenta de sortir par le canal droit, mais un autre navire bloquait le passage. Il s'engagea donc dans le canal gauche. Le Mont-Blanc était à ce moment en train d'entrer par le canal gauche, et aucun des deux navires n'accepta de céder le passage. Finalement, le Mont-Blanc décida de passer à côté du Imo par le centre. Le Imo stoppa alors complètement ses machines, mais cette action sur les propulseurs poussa le navire au centre, et les deux navires entrèrent en collision. Le Imo tenta alors de faire marche arrière, ce qui créa des étincelles qui mirent le Mont-Blanc en feu.
Les vapeurs du benzène qui était entreposé sur le pont du Mont-Blanc s'étaient répandues sur le côté du navire, et elles furent enflammées par les étincelles provoquées par la collision. Le Mont-Blanc transportait de grandes quantités de munitions pour l'Europe, qui était plongée dans la Première Guerre mondiale. Sa cale contenait plus de 2 400 tonnes d'explosifs, incluant du TNT, du fulmicoton et de l'acide picrique. Le feu, en se propageant, empêcha l'équipage d'accéder à l'équipement de lutte contre l'incendie et les marins abandonnèrent rapidement le navire sur les ordres du capitaine. L'équipage s'enfuit dans deux canots de sauvetage, rejoignant le rivage de Dartmouth, tandis que le navire en feu continuait de dériver vers le rivage d'Halifax. Pendant qu'il brûlait, d'autres navires tentèrent de lui venir en aide, et des spectateurs s'assemblèrent sur le rivage. Par la suite, le vaisseau en feu frappa la jetée, et le feu se propagea à terre. À 9 heures, 4 minutes et 35 secondes précisément, le contenu du Mont-Blanc explosa. Le navire fut instantanément pulvérisé, la plus grande partie étant vaporisée en une gigantesque boule de feu qui s'éleva à plus de 1,6 km dans les airs, formant l'un des premiers nuages champignons faits par l'homme. La puissance de la détonation déclencha un tsunami qui s'éleva à plus de deux mètres au-dessus du niveau des hautes eaux. Le tsunami emporta le Imo jusqu'au rivage.
Plus de 2,5 km² de la ville de Halifax furent rasés et des vitres furent fracassées jusqu'à Truro, en Nouvelle-Écosse, à 100 kilomètres de là. Une ancre provenant du Mont-Blanc fut retrouvée à cinq kilomètres du port. Approximativement 2 000 personnes sont mortes dans le désastre (dont 1000 qui sont mortes instantanément), 9 000 blessés (dont 6 000 gravement) et, selon une estimation minimale, à peu près 30 millions de dollars (en dollars américains de 1917) en dommages ont été occasionnés. Quelque 324 acres (1,3 km²) d'aire urbaine furent détruits, laissant 1500 sans-abris. Une estimation détaillée démontrait que, parmi les personnes tuées : 600 avaient moins de 15 ans ; 166 était des travailleurs manuels ; 134 étaient des soldats et/ou marins ; 125 étaient artisans ; et 39 étaient des travailleurs pour le chemin de fer. Beaucoup des blessures furent handicapantes à vie, bien des gens étant partiellement rendus aveugles par les éclats de verre. Le très grand nombre de blessures oculaires entraîna de grands efforts de la part des médecins, à l'origine de grands progrès accomplis dans le traitement des yeux endommagés.
[modifier] Suite
Le lendemain, un blizzard frappa la ville, faisant obstacle aux secours. De l'aide immédiate arriva rapidement du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve. Dans la semaine qui suivit, de l'assistance arriva de partout en Amérique du nord, et des dons parvinrent de partout dans le monde. L'effort le plus célèbre et le plus complet vint de la Croix-Rouge de Boston et du Comité de Sécurité Publique du Massachusetts. Depuis ce jour, les citoyens de Halifax font don d'un grand sapin de Noël chaque année à la ville de Boston. Cette amitié explique aussi pourquoi bon nombre de néo-écossais sont, encore aujourd'hui, fans des équipes sportives bostoniennes comme les Bruins et les Red Sox.
Une bonne partie du folklore local fut inspiré de cet évènement. Une histoire concerne une fenêtre du côté, à l'abri du vent dans le port, dans l'église St. Paul, au Parade Square : le trou fait par l'explosion dans la vitre ressemble au buste d'un moine, et un morceau des débris provenant du désastre est encore incrusté dans le mur du vestibule au-dessus de l'entrée du sanctuaire. Un des héros les plus célèbres de l'évènement fut Vince Coleman ; il prit le risque de retourner à son bureau du télégraphe pour envoyer un message à deux trains de passagers qui se rendaient à la station de North Street pour les alerter du danger imminent. Il fut tué dans la déflagration, mais les trains reçurent son avertissement et s'arrêtèrent à l'orée de la ville de Rockingham ; ils échappèrent aux dommages de l'explosion et relayèrent le message pour appeler à l'aide.
Avant l'explosion de Halifax, l'explosion minière de Nanaimo en 1887 avait été la plus grande explosion non-naturelle au monde.
[modifier] Filmographie
Un téléfim fut réalisé en 2003 sur l'explosion de Halifax; Shattered City: The Halifax Explosion réalisé par Bruce Pittman.
[modifier] Liens externes
- Histoire de la ville
- (en) Halifax Explosion (en anglais)
- Les Archives de Radio-Canada : Halifax renaît de ses cendres
- Bibliothèque et Archives Canada : L'explosion d'Halifax
- Minutes du patrimoine : L'explosion d'Halifax
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