Fusillade de la rue d'Isly
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La fusillade de la rue d'Isly a eu lieu le 26 mars 1962 devant la grande poste dans le centre d'Alger (Algérie). Ce jour là une manifestation pacifique de citoyens français partisans de l'Algérie française destinée à forcer les barrages des forces de l'ordre qui fouillaient le quartier de Bab El-Oued suite au massacre d'appelés. La foule se heurta à un barrage tenu par l'armée française. On relève 46 cadavres.
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[modifier] Le contexte
En 1962, le général Salan (chef de l'OAS) avait pour objectif de contrer la mise en œuvre des accords d'Évian signés le 18 mars, en provoquant le soulèvement commun des Français d'Algérie, des unités de l'armée favorables à l'Algérie française et des Harkis. Les chefs de commandos à Salan s'attaquèrent systématiquement aux musulmans, dans l'espoir de provoquer une réaction sanglante du FLN et le retour de la troupe ; ils bombardèrent notamment la foule musulmane le 22 mars sur la place du Gouvernement. Le 22 mars à Bab El-Oued des éléments de l'OAS abattent froidement six jeunes appelés du contingent qui refusaient de donner leurs armes.
Le 23 mars, des commandos de l'OAS prennent le contrôle du quartier de Bab El-Oued, qui se trouve isolé du reste d'Alger par les forces de l'ordre et par l'armée qui fait intervenir l'aviation. Pour tenter de rompre l'encerclement des insurgés, l'OAS lança un appel à la grève générale et organisa une manifestation devant la Grande Poste, à l'entrée de la rue d'Isly qui conduit vers Bab-el-Oued.
[modifier] Les faits
Le service d'ordre était assuré par l'Armée qui avait reçu de Paris la consigne de ne pas céder à l'émeute. Le barrage à l'entrée de la rue d'Isly était tenu par 8 tirailleurs du 4e RT. Ces tirailleurs, venus récemment du bled n'étaient pas adaptés à ce type de mission de maintien de l'ordre. Cette consigne est traduite par le commandement de la Xe région militaire aux soldats dirigeant le barrage de la rue d'Isly par : « Si les manifestants insistent, ouvrez le feu »[réf. nécessaire].
Selon certains témoins, des coups de feu d'origine inconnue seraient à l'origine du déclenchement du tir des militaires, qui mitraillent alors la foule à bout portant. Yves Courrière[1] montre les positions de tir supposées de membres de l'OAS. Il montre que si les circonstances restent peu claires, il est évident que les soldats n'ont pas tiré à bout portant dans la foule car vu le nombre de munitions tirées, il y aurait eu alors plusieurs centaines de morts. Les soldats ont donc tiré vers les terrasses d'où provenaient des tirs. Cette version des faits est en contradiction avec des témoignages directs. De nombreuses terrasses étaient en effet occupées par des gardes mobiles bien visibles et reconnaissables à leurs képis. On s'époumone "Halte au feu" mais les rafales durent plus de dix minutes.
Ces gardes mobiles ont mitraillé la foule à partir des terrasses, notamment à l'angle des rues Charras et Charles Péguy. Le bilan officiel est de 46 morts et 150 blessés, mais beaucoup de blessés décéderont à l'hôpital. Aucune liste définitive des victimes n'a jamais été établie. Toutes les victimes étaient des civils. Les Européens, revenus de leur stupeur, rendent les musulmans responsables de la tuerie. Pour eux, ce sont des provocateurs FLN qui l'ont organisé. La fusillade achevée, ils "font justice" à Belcourt et 10 musulmans son assassinés sur le champ[2].
[modifier] Les conséquences
La fusillade de la rue d'Isly marque la fin des espérances européennes dans l'OAS et par ricochet le début de l'exode massif des Européens d'Algérie. Elle constitue, avec l'echec de la prise de Bab el Oued, un echec majeur pour l'OAS.
Selon des partisans de l'Algérie française ou certaines associations de Pieds-Noirs, ce drame aurait été minimisé, voire oublié par la France. Cependant, lors des documentaires sur la guerre d'indépendance de l'Algérie on peut voir des images la fusillade au cours de laquelle on entend crier désespérement « Halte au feu ! ». Aucune commission d'enquête officielle n'a jamais été créée pour éclaircir les faits et les responsabilités dans ce drame, comme pour le massacre du 17 octobre 1961 ou l'affaire du métro Charonne.
[modifier] Notes et références
[modifier] Voir aussi
[modifier] Sources
- http://guy.perville.free.fr/
- http://perso.wanadoo.fr/felina/doc/alg/isly.htm
- http://perso.wanadoo.fr/isly/index.htm
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