Henri François d'Aguesseau
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Henri François d'Aguesseau, seigneur de Fresnes, est un magistrat français né le 27 novembre 1668 à Limoges et mort le 9 février 1751 à Paris.
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[modifier] Biographie
Henri François d'Aguesseau, fils d'Henri d'Aguesseau, maître des requêtes et intendant du Languedoc, et d'Anne Le Picart de Périgny, nièce d'Omer Talon, était issu d'une famille parlementaire et fut élevé dans un milieu fortement influencé par le jansénisme. Lui-même épousa, le 4 octobre 1694, Anne Lefèvre d'Ormesson, également issue d'une grande famille de robe. Ce mariage représentait, selon un contemporain, « l'alliance du mérite et de la vertu ».
[modifier] Le parlementaire
Après avoir étudié le droit sous la direction de Jean Domat, dont l'influence se fait sentir à la fois dans ses écrits et dans son œuvre législative, d'Aguesseau fit une brillante carrière au service du roi. D'abord avocat du roi au parquet du Châtelet (1689), il devint en 1691, avocat général au Parlement de Paris, où il se fit remarquer par son éloquence. Le 24 septembre 1700, il devint procureur général, toujours au Parlement de Paris. Dans ces fonctions, il défendit les libertés de l'Église gallicane et résista à la promulgation de la bulle Unigenitus de 1713 condamnant le jansénisme, très bien implanté dans les milieux parlementaires.
[modifier] Le ministre
Le Régent le nomma chancelier et Garde des sceaux en février 1717 mais l'opposition de d'Aguesseau au système de Law lui valut d'être privé des sceaux et exilé dans sa terre de Fresnes dès l'année suivante (janvier 1718).
D'Aguesseau fut rappelé en juin 1720 pour apaiser l'opinion. On dit que John Law lui-même avait préconisé son rappel et que cette circonstance jeta une ombre sur la popularité du chancelier. Il dut contribuer, contre ses propres principes, à faire accepter la bulle Unigenitus par les parlements : il consentit à l'exil des parlementaires rebelles et fit exercer le pouvoir d'enregistrement par le Grand Conseil. Il fut à nouveau renvoyé le 1er mars 1722 à l'avènement du cardinal Dubois comme principal ministre.
Il se retira dans sa propriété de Fresnes où il passa cinq années qu'il devait ensuite se remémorer avec délices. Il étudia les Écritures et la jurisprudence, sans omettre la philosophie et la littérature, et même le jardinage.
Il fut rappelé en 1727 par le cardinal Fleury et fut nommé chancelier le 15 août de cette année, même s'il ne devait retrouver les sceaux que dix ans plus tard. Il rendit un lustre considérable à la fonction de chancelier de France, qui avait été fort abaissée sous ses prédécesseurs, perdant notamment l'essentiel du pouvoir de législation au profit du contrôleur général des finances.
Fleury demanda à d'Aguesseau de poursuivre l'œuvre de codification du droit engagée sous Louis XIV. Entre 1731 et 1747, d'Aguesseau fit adopter par Louis XV quatre importantes ordonnances sur les donations (1731), les testaments (1735), le faux (1737) et les fidéicommissaires (1747). Elles furent préparées par un Bureau de législation placé auprès du chancelier et par des enquêtes auprès des cours supérieures. Les Parlements firent obstacle à la poursuite de ce travail. Les réformes de d'Aguesseau améliorèrent également les procédures judiciaires et tendirent à assurer davantage d'uniformité dans l'application des lois.
Comme garde des sceaux de France, d'Aguesseau se montra souvent indécis, et manqua de fermeté à l'égard des cours souveraines, dont il a pu encourager involontairement la tendance à la rébellion contre le pouvoir royal. En 1746, il signe le privilège de l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert.
Il demissionna de ses fonctions de chancelier le 27 novembre 1750, prit sa retraite et mourut l'année suivante.
Magistrat intègre, juriste éminent, orateur éloquent, d'Aguesseau n'était pas moins remarquable par ses qualités sociales, par sa piété et son immense instruction. Il s'était beaucoup occupé de philosophie : il a laissé des Méditations métaphysiques, où il suit les pas de René Descartes. Il a conçu un système de philosophie politique qui allie rationalisme cartésien, égalitarisme, morale janséniste et gallicanisme, et qui eut une influence considérable au XVIIIe siècle, où d'Aguesseau fut le maître à penser d'un grand nombre de magistrats et de juristes.
L'une des quatre statues devant l'escalier du Palais Bourbon est à son effigie. Son nom a été donné à la promotion de l'École nationale d'administration sortie en 1982.
[modifier] Œuvres
Les Œuvres du chancelier d'Aguesseau ont été imprimées en 13 volumes in-4 (1759-1789), mais l'édition la plus complète est celle de l'éminent juriste Jean-Marie Pardessus, publiée en 16 volumes in-8 (1818-1820). Sa correspondance a été éditée séparément par Dominique Bernard Rives (1823). Une sélection de ses principales œuvres parut, en deux volumes, sous le titre Œuvres choisies, avec une notice biographique, chez E. Falconnet (Paris, 1865).
La plus grande partie de ses travaux concerne des matières directement liées avec son activité politique, mais on y trouve aussi un Traité sur la monnaie, plusieurs essais théologiques, une biographie de son père qui est intéressante pour la manière dont il rend compte de l'éducation qu'il reçut de celui-ci dans sa prime jeunesse, et des méditations métaphysiques, qu'il a écrites pour tenter de démontrer qu'indépendamment de toute révélation et de toute loi positive, il y avait, dans la constitution de l'esprit humain, tout ce qui peut rendre l'homme maître de lui-même et de sa destinée.
Antoine-Léonard Thomas a écrit son Éloge. Auguste-Aimé Boullée, en 1835, et Francis Monnier, en 1859, ont donné une Histoire de la vie et des ouvrages du chancelier d'Aguesseau.
[modifier] Résidences
- Hôtel à Paris, emplacement du n° 41 rue du Faubourg-Saint-Honoré (détruit en 1842).
[modifier] Références
[modifier] Lien interne
[modifier] Source partielle
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