Herbier
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En botanique et en mycologie, un herbier est une collection de plantes[1] séchées et pressées entre des feuilles de papier qui sert de support physique à différentes études sur les plantes, et principalement à la taxinomie et à la systématique. Le terme herbier (herbarium) désigne aussi l’établissement ou l’institution qui assure la conservation d’une telle collection. Constitués au fil du temps, les nombreux herbiers, publics et privés, existant dans le monde constituent un matériel indispensable à la typification et aux études botaniques.
Le terme a désigné jusqu'au XVe siècle des ouvrages traitant de plantes. Le sens actuel désignant la collection de plantes séchées apparaît au XVIIIe siècle. On dit ainsi que Sextus Apulieus Barbarus est l'auteur d'un herbier en employant la première signification.
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[modifier] Historique
On considère souvent que l’inventeur de l’herbier est Luca Ghini (1500-1556), botaniste italien, professeur de botanique à Bologne. Son herbier de 300 plantes n’a pas été conservé. Un des plus anciens est probablement celui de Félix Platter (1536-1614), médecin à Bâle. Au Muséum national d'histoire naturelle de Paris est conservé un herbier datant de 1558, un petit volume relié contenant 313 plantes récoltées par Jehan Girault, médecin lyonnais.
[modifier] Finalités et utilisations
La désignation du type et l'indication de l'endroit où l'herbier est conservé sont aujourd'hui obligatoires lors de la publication d'un nouveaux taxon botanique ou mycologique (voir holotype).
Les herbiers sont donc essentiels à l'étude taxinomique des plantes (de leurs caractères botaniques), de leur répartition géographique, permettant la détermination et la comparaison de spécimens conduisant à la publication d'un nouveau taxon ou, au contraire, de détecter un synonyme superflu, contribuant ainsi à la stabilisation de la nomenclature.
Les herbiers (de moins de six mois) se révèlent également une source utile d'ADN pour des études phylogénétiques (cladistique).
[modifier] Constitution d’un herbier
Un peu de bon sens doit être une prérogative à toute entreprise sérieuse de constitution d'un herbier important. Les plantes rares et menacées ne devraient pas, en tout logique, faire partie d'un herbier personnel. Les ouvrages de détermination que l'on trouve dans les rayons des librairies sont en général suffisants pour identifier les espèces les plus communes, mais comportent souvent peu d'indications sur les espèces protégées. L'idéal étant de limiter les prélèvements sauvages aux seules sorties encadrées par des botanistes ou des enseignants avertis dans le cadre d'une association agréée.
Dans le cas de la constitution d'un herbier, on peut préconiser les conseils suivants :
- ne récolter que des individus dont l'identification ne fait aucun doute ;
- ne pas récolter d'individus isolés ou présents en petit nombre : on imagine facilement qu'un petit groupe de plantes complètement isolé, de quelques individus seulement, peut potentiellement voir ces derniers appartenir à une espèce peu commune dans le secteur. Mais attention, on peut très bien tomber sur la station la plus abondante pour une espèce unique au monde, ce n'est pas pour autant que l'on peut récolter cette espèce ;
- pour les botanistes amateurs, il peut être très utile de se procurer la liste des espèces végétales protégées dans la région ou le département où l'on prospecte, afin d'éviter une cueillette accidentelle[2].
Paul Fournier, botaniste français auteur des Quatre flores de France précise à juste titre :
« Ne traitons pas la plante rare en simple objet de collection et ne l’exterminons pas dans ses stations pour satisfaire une simple passion tournée à la manie. Détruire ce que l’on aime est une assez mauvaise façon d’aimer. »
[modifier] Récolte
Il faut prévoir :
- des feuilles de buvard au format A3 pliées en deux, qui formeront les cahiers de récolte. Il faut en général en en prévoir beaucoup : un par variété de plante ;
- des étiquettes pour numéroter chaque échantillon, sur lesquelles on prendra bien soin de noter au moins la date et le lieu de récolte.
Sur le terrain :
- prendre une plante entière, ou seulement des morceaux représentatifs (fleurs, feuilles, graines, éventuellement racines) ; pour chaque espèce, prélever au moins deux individus, l'un sera séché, le second servira à l'identification ;
- les placer dans un cahier de récolte avec l’étiquette pour identification.
[modifier] Séchage
Idéalement, il faut pouvoir disposer de :
- deux planches de bois, 30x40 cm, en aggloméré, ou mieux, en latté;
- de nombreux feuillets : feuilles de journaux pliées en deux et coupées en 30x40
Pour chaque plante, on ouvre un feuillet, pliure à gauche, et l'on pose la plante à sécher à plat sur la page de droite, avec beaucoup de soin (ne pas plier les dents), on y ajoute l'étiquette, on referme, et on place le tout dans un feuillet pliure à droite.
Sur une planche qui sera celle du dessous placer :
- quatre feuillets, pliures positionnées à gauche ;
- une plante ;
- quatre feuillets, pliures positionnées à gauche ;
- une plante…
Finir par quatre feuillets, et placer la planche du dessus.
Pour serrer le tout, on utilise soit des sangles, soit 4 tiges filetées avec écrous, une à chaque coin, (mais dans ce cas les planches, trouées, doivent être plus grandes que les feuillets), ou plus simplement en plaçant le tout par terre, et en posant dessus un poids quelconque. Mais pour commencer, ou lors de collectes non prévues, loin de son matériel de séchage personnel, il est tout à fait possible d'utiliser des feuilles de journaux simplement pressées sous un carton rempli ou un quelconque objet très lourd. Il est préférable, pour le séchage, de ne pas utiliser de papier glacé.
[modifier] Entretien
Durant les trois ou quatre premiers jours, il est recommandé de changer tous les journaux suivant l’avancement du séchage, puis les jours suivants, tous les deux ou trois jours, jusqu'au séchage complet.
Une fois le séchage complet de toutes les feuilles, l'échantillon est prêt à entrer dans l'herbier. On peut alors disposer la plante correctement sur une feuille, avec les références que l'on a conservées depuis sa collecte. Les grands herbiers présentés dans les chapitres suivants précisent en général le nom latin et le nom vernaculaire de l'échantillon, la date et le lieu de récolte, et parfois une indication de l'habitat dans lequel la plante a été récoltée.
Correctement conservé à l'abri de la lumière, de l'humidité et des insectes phytophages et xylophages, un herbier peut être conservé toute une vie et bien plus longtemps encore dans certains grandes institutions botaniques.
[modifier] Les grands herbiers du monde
Dans les grandes collections regroupant des espèces du monde entier, plusieurs dizaines d'échantillons de chaque plante peuvent être rassemblés. Au cours du temps, chaque herbier institutionnel a ainsi rassemblé les échantillons récoltés par plusieurs botanistes-collecteurs, dans les régions du monde les plus diverses. Chaque échantillon porte une étiquette mentionnant précisément le nom du collecteur, la date et le lieu de collecte, le nom latin que l'échantillon a reçu initialement (ainsi que les éventuelles corrections effectuées par les chercheurs successifs), et des indications de couleur, de taille, de port, et de volume de la plante en milieu naturel.
L’herbier du Muséum national d'histoire naturelle de Paris qui compte environ huit millions d’échantillons est, numériquement, le plus important du monde (290 000 espèces présentes sur les 320 000 espèces vasculaires dénombrées). Les collections conservées dans ces grands herbiers sont tenues à la disposition des botanistes du monde entier. Une sélection d'échantillons peuvent être envoyés en prêt d'un établissement à un autre pour plus de commodité, mais les collections les plus précieuses ne voyagent pas : ce sont les chercheurs qui viennent les consulter, parfois depuis l'autre bout du monde.
Les planches sont classées selon le nom binominal de l'espèce et groupées par rangs taxinomiques croissant, selon la systématique traditionnelle :
- toutes les récoltes représentant une même espèce sont rassemblées. On a ainsi côte à côte des plantes qui peuvent avoir été collectées sur deux continents différents et à deux siècles différents, mais appartenant à la même espèce. Cela permet notamment une étude précise sur la répartition naturelle de l'espèce, et sur l'évolution de cette répartition dans le temps ;
- puis toutes les espèces appartenant au même genre sont regroupées ;
- et enfin tous les genres d'une même famille sont rassemblés.
Une liste des grands herbiers au niveau mondial est tenue à jour et publiée sous le nom d’Index herbariorum. Chaque grande collection est identifiée par un code à une, deux ou trois lettres. Par exemple le British Museum, section Histoire naturelle, est codé BM.
[modifier] Herbiers disponibles sur Internet
On trouve sur Internet un certain nombre d’herbiers publiés par des institutions. À titre d’exemple, l’herbier de Lamarck, qui se trouve à l'Herbier National de Paris au Muséum national, publié sous l’égide du CNRS, est disponible à l’adresse suivante :
La base de données Sonnerat initialement destinée à informatiser l'Herbier national est utilisée en ligne par plusieurs institutions : les herbiers de Montpellier, de Nancy, de Limoges et de Cherbourg, sans oublier celui de l'harmas de Fabre (FABR). Elle contient en 2006 plus de 500 000 enregistrements et plus de 40 000 photos de spécimens en ligne. Elle est consultable à l'adresse suivante :
Il existe également des herbiers virtuels, constitués de fiches illustrées de photos numériques d’échantillons de plantes présentés comme dans un herbier réel. À titre d’exemple, pour la région parisienne, la flore virtuelle d’Orsay, à l’adresse suivante :
- L'herbier MPU de l'Institut botanique de Montpellier
- Herbier des plantes toxiques de la flore française
[modifier] Notes
- ↑ Au sens large, inclus les cryptogames et les champignons, autrefois considérés comme des végétaux. On parle donc toujours d'herbier (mycologique) pour les spécimens de champignons séchés.
- ↑ Pour la France, ces informations sont en général disponibles auprès des directions régionales de l'environnement de chaque région.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
[modifier] Bibliographie
- Philippe Morat (dir.), L'Herbier du monde. Cinq siècles d'aventures et de passions botaniques au Muséum d'histoire naturelle, Les Arènes, 2004 (ISBN 2-912485-71-1);
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