Infection nosocomiale
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Une infection est dite nosocomiale ou hospitalière, si elle est absente lors de l'admission du patient à l'hopital et qu'elle se développe 48 heures au moins après l'admission. Ce délai permet de distinguer une infection d'acquisition communautaire d'une infection nosocomiale. Ce critère ne doit pas être appliqué sans réflexion et il est recommandé d'apprécier, dans les cas douteux, la plausibilité du lien causal entre hospitalisation et infection.
Pour les infections de site opératoire, on considère comme nosocomiale les infections survenant dans les 30 jours suivant l'intervention chirurgicale ou s'il y a mise en place d'une matériel prothétique ou d'un implant dans l'année qui suit l'intervention.
Le terme nosocomial vient du grec nosos, maladie et de komein soigner.
Sommaire |
[modifier] Généralités
L'augmentation des infections nosocomiales est en partie liée aux progrès diagnostiques et thérapeutiques de la médecine : la prise en charge de patients de plus en plus fragiles, notamment atteints de déficit congénital de l'immunité ou, le plus souvent, d'un déficit acquis par l'administration de médicaments immunosuppresseurs.
Il faut cependant relativiser cette affirmation d'augmentation : entre l'enquête française de prévalence de 1996 et celle de 2001, bien que la comparaison des résultats soit difficile, on observe une diminution de 13% de la prévalence des infections nosocomiales.
Les nouveaux-nés, les prématurés et les personnes âgées restent particulièrement sujets aux infections nosocomiales.
Les techniques invasives utilisées dans les hôpitaux pour le diagnostic, la surveillance et le traitement ouvrent souvent de nouvelles portes à l'infection : sonde urinaire à demeure, mesure de la pression veineuse centrale, perfusions de toute nature, implantation de prothèses…
Les infections nosocomiales ne sont donc pas toutes évitables, même si près de la moitié de ces infections peuvent être prévenues par des moyens simples, comme le lavage des mains et une formation continue adaptée.
[modifier] Épidémiologie
En France, ces infections ont une prévalence de 6,87%[1], et la prévalence des infections de 7,5% (certains patients ayant contracté deux IN, voire plus)[2]. Les infections urinaires représentant 40% des pathologies nosocomiales suivies par les infections de la peau et des tissus mous à hauteur de 10,8%, des infections du site opératoire (10,3%) et des pneumopathies (10%).
Les infections nosocomiales compliquent 5 à 19% des admissions dans les hôpitaux généraux et jusqu'à 30% des patients en soins intensifs. En moyenne, ces infections prolongent l'hospitalisation de 4 à 5 jours. On estime qu'il y a environ 9 000 morts par ans, mais dans seulement 4 200 cas, le pronostic vital n'était pas engagé avant la déclaration de la maladie.
En Italie, les maladies nosocomiales concernaient dans les années 2000 environ 6,7 % des personnes hospitalisées, soit 450 000 et 700 000 victimes, causant entre 4 500 et 7 000 morts. À la polyclinique Umberto-Ier où les conditions d'hygiène se sont révélées désastreuses en 2006, le taux d'infection dépassait 15 %[3].
Aux États-Unis, on estime[4] que 10 % des patients hospitalisés soient victimes d'une infection nosocomiale, soit 2 millions de patients par an. Cela a représenté 88 000 morts en 1995, et un coût allant de 4,5 à 11 milliards de dollars. Un tiers des maladies nosocomiales seraient évitables.
[modifier] Étiologie
Il faut garder à l'esprit que certaines infections nosocomiales sont « normales » au regard de la pathologie à traiter et des moyens thérapeutiques à mettre en œuvre. Il ne faut donc pas confondre les infections nosocomiales faisant suite à une erreur ou une négligence, avec celles liées à une complication d'une thérapie ou d'un acte invasif.
Ainsi le développement d'une pneumopathie après 1 mois de ventilation artificielle en réanimation n'a pas la même signification que la survenue d'un épisode infectieux le lendemain de la pose d'une voie veineuse centrale.
[modifier] Les modes de transmission
Il y a quatre grands modes de transmission :
[modifier] Auto-infection
La malade s'infecte avec ses propres germes, les « portes d'entrée » sont les lésions des muqueuses, les lésions cutanées (plaies, brûlures, maladies de peau). Les germes seront ceux de la peau, des muqueuses, du tractus digestif, etc. Ce mécanisme est favorisé par différents facteurs, la dissémination des germes du patient dans son environnement (comme par exemple le lit), par l'utilisation de traitement pouvant altérer l'immunocompétence (corticostéroïdes, immunosuppresseurs…), par l'administration de traitements sélectionnant certaines bactéries (antibiothérapie à spectre large…). Enfin, les patients immunodéprimés (sida, aplasiques…) sont les personnes les plus à risque du fait du défaut de vigilance immunitaire de leur organisme, développant ainsi des pathologies strictement endogènes.
[modifier] Hétéro-infection
Dans ce cas, le germe responsable de l'infection nosocomiale provient d'un autre malade, la transmission étant le plus souvent manuportée, par le personnel soignant intervenant auprès de plusieurs patients, disséminant ainsi les germes d'une personne à l'autre. Ces infections sont dites « croisées ». C'est le mode de contamination le plus fréquemment retrouvé lors d'épidémies. Cependant certains germes, comme celui de la tuberculose, sont transmis par voie aérienne. Il peut en outre arriver plus rarement que les germes soient transmis par contact direct entre deux patients.
[modifier] Xéno-infection
Ce mode de transmission est un peu à part, dans ce cas les agents pathogènes sont transmis par des personnes venant de l'extérieur (personnel soignant, visiteurs, sous-traitants), et présentant eux-mêmes une pathologie infectieuse, déclarée ou en cours d'incubation. Ce mode de transmission n'est cependant pas à négliger, car il peut être dévastateur pour les patients particulièrement fragiles. Ainsi, les professionnels de santé sont de plus en plus encouragés à se faire vacciner contre la grippe.
[modifier] Exo-infection
Ce mode de transmission est dû
- soit à un dysfonctionnement technique d'un matériel (filtre à air, autoclave…) destiné à la protection des patients qui, ne remplissant plus son office, les laisse en contact avec des germes qui ne devraient, en principe, pas faire l'objet d'une infection, au vu des mesures prises pour les prévenir (aspergillose, légionelle…),
- soit à une erreur commise dans l'exécution des procédures de traitement du matériel médico-chirurgical.
[modifier] Formes cliniques
En France :
- Infections urinaires : 44% des cas
- Infections post-opératoires : 45% des cas
- Infections pulmonaires : 10-30% des cas
- Infections généralisées : 5-10% des cas
- Infections virales
[modifier] Causes des infections nosocomiales
Pour développer une infection nosocomiale, il faut que trois éléments soient réunis : un agent infectieux, un mode de transmission et un sujet réceptif.
Il existe d'autres facteurs favorisants comme l'insuffisance des salles de bain et de douches, le comportement du personnel hospitalier qui, parfois, comprend difficilement le problème, ou encore la mobilité des patients qui sont transférés entre les différents services hospitaliers.
[modifier] L'agent infectieux
Les infections nosocomiales sont en général le fait de bactéries :
- commensales, c'est-à-dire des germes qui ne peuvent vivre qu'au contact de notre organisme ; ces bactéries sont souvent utiles au bon fonctionnement du corps humain, ainsi la flore bactérienne résidant dans notre tube digestif (staphylocoque doré, pseudomonas aeruginosa…) est indispensable à la digestion ; en revanche, si pour une raison ou pour une autre lors d'une intervention chirurgicale, ces germes sont déversés dans la cavité abdominale, ils deviennent dangereux, pathogènes ;
- saprophytes, c'est-à-dire vivant dans l'environnement de l'homme (l'eau, l'air…) et pouvant le coloniser dans certaines conditions.
[modifier] L'hôpital, milieu favorisant les infections. Pression de sélection des bactéries
Le milieu hospitalier, accueillant par définition une vaste population, met donc en présence des individus sains, mais aussi des patients présentant des pathologies différentes, infectieuses ou non. Or chaque personne, en se déplaçant dans les locaux, disperse les germes qu'elle porte sur elle sur les poignées de porte, les interrupteurs, les surfaces, dans l'air…
Ainsi l'environnement hospitalier est un véritable « pot pourri » de germes. La flore ainsi formée évolue en fonction des capacités de résistances intrinsèques de chaque bactérie, des antiseptiques utilisés pour le nettoyage, mais aussi des antibiotiques prescris dans l'établissement.
Cette flore subit donc une pression de sélection : seules les germes les plus résistants survivent.
Ainsi, une personne hospitalisée entrera à l'hôpital avec sa propre flore bactérienne. Mais une fois en contact avec l'environnement hospitalier (le lit, la table de nuit, le personnel…) et les différents traitements, celle-ci va se modifier, et va à son tour subir la pression de sélection. Par conséquent, les germes résistants de l'environnement vont se développer aux dépends de ceux peu résistants de la flore d'origine.
Les germes hospitaliers sont en général capables de survivre dans un milieu hostile. Ils sont également capables de développer une résistance aux antibiotiques couramment utilisés et certains hôpitaux sont confrontés à des problèmes liés à l'émergence de staphylocoques, d'entérocoques et de bacilles Gram- résistants à de multiples antibiotiques.
[modifier] La surconsommation d'antibiotiques, autre élément facilitant les infections
Les antibiotiques administrés sans raison valable sont la cause principale des infections nosocomiales. En effet, ils rendent certains micro-organismes résistants et contribuent à la sélection des souches hospitalières multirésistantes qui peuvent se transmettre d'un patient à l'autre.
Ces germes, même résistants, ne sont pas forcément pathogènes pour les individus en bonne santé, mais ils le sont pour ceux dont l'état de santé est altéré.
La gravité des infections peut être exacerbée par l'utilisation d'antibiotiques.

[modifier] Réceptivité du patient
Les patients hospitalisés ont par nature des défenses immunitaires altérées. Il en est ainsi soit du fait de pathologies portant directement atteinte aux compétences immunitaires du patient (diabète, insuffisance respiratoire, pathologies immunitaires, grands brûlés…), soit de l'état général du patient.
Ainsi les personnes dénutries ou aux âges extrêmes de la vie sont plus réceptives aux infections en général, et nosocomiales en particulier.
[modifier] Autres traitements, dispositifs médicaux propices aux infections à l'hôpital
Enfin les traitements ou les dispositifs médicaux utilisés, comme les sondes urinaires, les sondes d'intubation, les cathéters, les drains, mais aussi les traitements par corticoïdes, antibiotiques, immunosuppresseurs... constituent un terrain propice au développement de pathologies nosocomiales.
[modifier] Évitabilité. Mesures prises et premiers résultats
On estime que 30% des infections nosocomiales pourraient être évitées : « Au total, compte tenu des origines multiples des infections nosocomiales, on estime à 70% la proportion de celles qui ne pourraient pas être évitées par une meilleure prévention (mesures d'hygiène, locaux adaptés, etc.), notamment en raison de leur origine endogène [5]. »
[modifier] Mesures de prévention possibles
Les principales mesures pour combattre les infections nosocomiales relèvent de l'hygiène :
- hygiène des mains des soignants, des patients et de leur entourage ;
- isolement septique (en particulier dans une chambre individuelle) des malades susceptibles de propager l'infection ;
- isolement protecteur des sujets anormalement susceptibles aux infections ;
- surveillance de l'usage des antibiotiques dans l'hôpital ;
- surveillance des services techniques (ventilation, eau…), des cuisines et buanderies : désinfection des conduites transportant les fluides, notamment l'eau et l'air (chauffage, climatisation), notamment vis-à-vis de la légionellose ;
- formation et contrôle médical périodique du personnel de l'hôpital : lavage des mains entre chaque patient (détersion avec du savon si nécessaire, et désinfection à la solution hydro-alcoolique), utilisation de gants stériles et de masques si nécessaire, désinfection du matériel (notamment à l'autoclave) et destruction du matériel à usage unique…
- constitution d'un comité de l'hôpital chargé d'un programme pour le contrôle des infections nosocomiales.
[modifier] Exemple de la France
[modifier] Le système d'alerte mis en place en France se montre efficace
« L'InVS a mis au point un système d'alerte efficace. Ce système met en relation les établissements qui alertent l'InVS quand une épidémie ou une infection résistante surviennent ; RAISIN (Réseau d'Alerte, d'Investigation et de surveillance des Infections Nosocomiales) produit alors des recommandations s'il y a lieu. Deux exemples récents peuvent être cités :
- entérocoque résistant à la vancomycine (alerte en juillet 2005)
- acinetobacter baumannii multi-résistant aux antibiotiques, signalé dans 54 établissements répartis dans 15 départements (recommandations juin 2004) »[6] ...
[modifier] Des résultats encourageants par endroits, mais la vigilance reste de mise
« Des résultats encourageants corroborent ceux enregistrés par exemple à l'AP-HP où le pourcentage de SARM a diminué de ¼ en court séjour et de moitié en réanimation entre 1993 et 2002 (passant de 55% à 24%). Une tendance à la baisse du pourcentage de SARM en réanimation durant les 4 dernières années a été aussi enregistrée dans les CCLIN Paris-Nord et Sud-Ouest.
Ces résultats qui vont dans le bon sens semblent être le fruit d'une mise en place d'un programme spécifique de prévention de la transmission croisée des bactéries multi-résistantes, et d'un meilleur usage des antibiotiques.
Mais la vigilance demeure de mise et des progrès restent à faire. Par exemple, la proportion des souches EBLSE a diminué depuis 1993 (diminution régulière dans le temps) mais, en revanche, la résistance de ces bactéries a gagné l'espèce E. coli, espèce commensale majeure, ce qui fait craindre une diffusion dans la communauté. Elle a gagné aussi l'espèce E. aerogenes. »[7]
[modifier] Évaluation des moyens de lutte contre les infections nosocomiales
Le ministère de la santé a mis en place un indicateur composite des activités de lutte contre les infections nosocomiales "ICALIN", dont l'objectif est d'inciter tous les établissements de santé à mesurer leurs actions et leurs résultats dans le domaine de la lutte contre les infections nosocomiales.
[modifier] Organisation de la lutte contre les infections nosocomiales
Les comités de lutte contre les infections nosocomiales sont créés en 1988 pour mener des actions telles :
- La prévention des infections nosocomiales,
- et la surveillance des infections.
Le 1er Juillet 1998, la loi de sécurité sanitaire oblige chaque établissement de santé à s’organiser pour lutter contre les infections nosocomiales
Le renforcement par rapport au risque infectieux et de lutte contre les infections nosocomiales oblige donc dans chaque établissement de santé d'avoir un comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) et une équipe opérationnelle d’hygiène hospitalière (EOHH).
[modifier] L'exemple donné sur le SARM dans les pays scandinaves
Un travail a été fait pour comparer des protocoles d'éviction des staphylocoques dorés résistants à la méticilline (SARM) dans les pays scandinaves[8]. Car « dans les Pays-Bas et les pays scandinaves, le taux de SARM est inférieur à 1% alors qu'il est en France de 28% selon l'EARSS 2004, et se situe aussi à des taux importants au Royaume Uni, en Allemagne, en Belgique et aux États-Unis (50% selon le National Nosocomial Infections Surveillance System8(*)).
Les pays scandinaves et les Pays-Bas, pour obtenir un taux si faible de SARM, ont développé le protocole appelé Search and Destroy (S & D). Les impacts des mesures de ce programme S & D ont été étudiés en utilisant des modèles mathématiques en considérant soit un faible taux de SARM (<1%), soit un fort taux de SARM (>10%).
Les 6 mesures préventives étudiées étaient :
- Mesure I : la prise en charge des porteurs de SARM en chambre seule
- Mesure II : la recherche d'une colonisation et l'isolement des patients à risque, c'est-à-dire les patients déjà identifiés comme porteurs de SARM ou provenant de services à risque
- Mesure III : la recherche systématique de SARM chez tous les patients après la détection d'une IN dans un service
- Mesure IV : mesure III associée à la recherche systématique d'une colonisation par le SARM dans le personnel soignant d'un service infecté, et arrêt de travail jusqu'à décontamination des membres du personnel infectés
- Mesure V : interdiction de nouvelles admissions dans les services présentant une transmission avérée entre les patients, cette mesure étant prolongée jusqu'à isolement en chambre seule de tous les porteurs de SARM
- Mesure VI : la colonisation du SARM est éradiquée à la fin de l'hospitalisation.
Les simples mesures d'hygiène des mains sont sous-entendues dans le comportement du personnel de santé et ne sont donc pas mentionnées en tant que telles bien qu'elles soient indispensables et nécessairement respectées.
- Première constatation : dans les modèles à faible taux de SARM (<1%), l'absence de toute mesure de contrôle s'accompagne en 10 ans d'une augmentation du taux atteignant plus de 15%. L'application de la mesure I seule n'est pas suffisante pour maintenir le taux d'IN à SARM à moins de 1% mais l'augmentation est très lente (1,5% en 30 ans). L'association de la mesure I avec la mesure II ou avec la mesure III permet de maintenir un taux de SARM à moins de 1%. L'association des mesures I, II et III donne les meilleurs résultats. Les mesures IV, V, et VI offrent chacune un bénéfice supplémentaire minime.
- Deuxième constatation : dans les modèles à fort taux de SARM (>10%), l'application de l'ensemble des mesures du programme S & D réduit le taux de SARM à 1% en 6 à 12 ans. L'application de la mesure I seule le réduit à 5% en 15 ans. Et les applications, par étape ou globalement, de la mesure I avec la mesure II ou avec la mesure III ou avec les mesures II et III aboutissent à une diminution du taux de SARM allant de moins de 2% à moins de 1% sur 20 à 30 ans selon le modèle. Le nombre total de jours requis en isolement par hôpital sur 30 ans est d'une centaine de milliers de jours.
Les pays ayant un fort taux de SARM pourraient s'inspirer de ce programme S & D et de ses 6 mesures.
A noter que ces mesures, pour être efficaces, doivent être respectées de façon exhaustive : par exemple, une efficacité d'isolement des patients de seulement 50% ne pourrait conduire à une diminution du taux de SARM.
Des limites s'imposent immédiatement pour appliquer un tel programme en France :
- Un problème architectural existe qui fait que souvent dans les services de réanimation, les réanimateurs ne disposent pas de chambre d'isolement ou n'en disposent pas en nombre suffisant (chambres en réanimation à 3 lits, heureusement de moins en moins fréquentes...) ;
- Un problème culturel comportemental existe également qui entrave les plus simples mesures d'hygiène, mesures appliquées depuis longtemps dans les pays scandinaves.
Mais ce modèle est à garder à l'esprit. On remarquera à ce propos que les pays ayant de bons résultats en matière de résistance aux antibiotiques ne sont pas toujours ceux qui ont de bons résultats en matière d'IN. Les mesures à prendre pour ces deux objectifs, pourtant très liés, sont distinctes. »
[modifier] Exemple de la Suisse
Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ont réduit de moitié leurs infections nosocomiales en mettant des fioles de solution hydro-alcoolique (SHA) dans les poches des soignants. En effet, le lavage des mains est très contraignant et parfois mal respecté. En facilitant le geste (se frotter les mains avec une SHA lorsqu'il n'y a pas besoin de détersion), cela a permis de réduire fortement les infections.
[modifier] Cas de la France
« On admet communément que, en France, 6% à 7% des hospitalisations sont compliquées par une infection nosocomiale (IN) plus ou moins grave, soit environ 750.000 cas sur les 15 millions d'hospitalisations annuelles[9]. »
Toujours selon ce dernier rapport de l'OPEPS (juin 2006), les infections nosocomiales constituent « 22% des événements graves liés aux soins, contre 37,5% pour les autres suites d'une intervention chirurgicale et 27,5% pour les accidents médicamenteux. »
[modifier] 4200 décès par an ?
L'estimation habituelle du nombre de décès annuels est de 7 000-10 000. Une enquête récente (C.CLIN Paris-Nord, PHRC, 2001) table plutôt sur 4 200. « Au total, les infections nosocomiales seraient donc en cause pour 9.000 décès par an, dont 4.200 concernent des patients pour lesquels le pronostic vital n'était pas engagé à court terme à leur entrée à l'hôpital. Pour la moitié de ces 4.200 décès, aucune autre cause de décès n'est détectée.[10]. »
L'imputabilité est de toute façon délicate à établir. « Peu d'études ont été réalisées mais il semblerait que les IN multiplient le risque de décès par 3 si on compare le nombre de décès des patients ayant acquis une IN à celui des patients « identiques »n'ayant pas acquis une IN. ...
Finalement on peut estimer le nombre de décès en secteur hospitalier avec IN à environ 9 000, dont 4 200 chez des patients dont le pronostic vital n'était pas engagé à court terme, dont la moitié sans autre cause de décès. »[11]
Il est probable que les 3/4 de ces 4200 décès soient victimes de bactéries multirésistantes aux antibiotiques [12]
[modifier] Un coût économique certain, plus cher que la prévention
« Les infections nosocomiales entraînent un surcoût financier important, essentiellement dû à un allongement de la durée d'hospitalisation (4 jours en moyenne), au traitement anti-infectieux et aux examens de laboratoire nécessaires au diagnostic et à la surveillance de l'infection. On estime ainsi que la survenance d'une infection allonge le séjour en chirurgie orthopédique de près de 2 semaines et augmente les coûts de prise en charge du patient de 300%.
Les différentes études disponibles font état d'une échelle de coûts très large, allant de 340 euros en moyenne pour une infection urinaire à 40.000 euros pour une bactériémie sévère en réanimation. Les estimations varient donc sensiblement en fonction du site anatomique de l'infection, de la nature du germe, de la pathologie prise en charge mais aussi du service d'hospitalisation.
En appliquant une fourchette de surcoût moyen de 3.500 à 8.000 euros par infection aux 750.000 infections nosocomiales annuelles, on atteint un montant de dépenses de 2,4 à 6 milliards d'euros.
Ainsi, une diminution de 10% du nombre d'infections conduirait à une économie de 240 à 600 millions d'euros, soit jusqu'à 6 fois plus que l'effort de prévention consenti par les établissements hospitaliers, qui s'établit à une centaine de millions d'euros.
Ce rapide calcul montre combien le coût de la non-qualité est supérieur à celui de la prévention [13]. »
[modifier] Une politique de prévention qui commence à porter ses fruits
Plusieurs mesures depuis 1995 ont « produit des résultats non négligeables en termes de prévalence des infections nosocomiales parmi les patients hospitalisés. Ainsi, entre l'enquête de prévalence de 1996 et celle menée en 2001, ce taux a été ramené de 8,3% à 7,2% dans les centres hospitaliers universitaires et de 6,5% à 5% dans les centres hospitaliers. »[14]
[modifier] Une prise de conscience collective, mais une information insuffisante
Une enquête Ipsos (2006) montre que 83% des personnes interrogées ont entendu parler des infections nosocomiales, et que ces risques « constituent la source d'inquiétude première des Français dans le cadre d'une hospitalisation, avant les erreurs médicales. » Crainte sous-estimée par les professionnels de santé, qui estiment que la peur d'être anesthésié serait leur premier facteur d'anxiété.
« En revanche, le grand public ne s'estime pas correctement informé sur les causes et les conséquences des infections nosocomiales. ». L'Opeps conclut que « l'effort en matière de lutte contre les infections nosocomiales devra, dans les années à venir, mettre l'accent sur l'information des professionnels de santé, comme de la population dans son ensemble. »
[modifier] Notes
- ↑ Enquête nationale de prévalence 2001
- ↑ Quelle est la prévalence de ces infections ?
- ↑ L'Italie scandalisée par « l'hôpital de l'horreur », Éric Jozsef, Libération, 15 janvier 2007
- ↑ Nosocomial infection
- ↑ Prévenir les infections nosocomiales : une exigence de qualité des soins hospitaliers
- ↑ La résistance bactérienne aux antibiotiques
- ↑ La résistance bactérienne aux antibiotiques
- ↑ Bootsma MCJ. Et al. Controlling methicillin-resistant Staphylococcus aureus : quantifying the effects of interventions and rapid diagnostic testing. Proceed. Nat. Acad. Sciences, édition avancée en ligne (www.pnas.org/cgi/doi.10.1073/pnas.0510077103)
- ↑ La réalité des infections nosocomiales en France
- ↑ Des conséquences lourdes pour le patient comme pour la société
- ↑ Quelle est l'estimation de la mortalité attribuable aux IN ?
- ↑ Sur 10 000 personnes qui succombent chaque année à une infection nosocomiale, environ 7 500, soit les ¾, seraient victimes de bactéries multirésistantes aux antibiotiques."Les maladies nosocomiales"
- ↑ Des conséquences lourdes pour le patient comme pour la société
- ↑ Les premiers succès de la politique de prévention
[modifier] Voir aussi
[modifier] Législation française et Comités de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN)
- Depuis 1988, chaque établissement de soin doit se munir d'un comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN), code de la Santé publique, art. R711-1-1 et suivants).
- Circulaire DGS/VS/VS2-DH/EO1 - N°17 du 19 avril 1995 : relative à la lutte contre les infections nosocomiales dans les établissements de santé publics ou privés participants à l'exécution du service public.
- Lien abordant les infections nosocomiales sous le jour des responsabilités (droit) : Etude de Mireille BACACHE-GIBEILI.
- La responsabilité de l'hôpital en cas d'infection nosocomiale sera une responsabilité sans faute. Il serait donc facile de se faire indemniser.
- Les textes fondamentaux régissant l'organisation de la lutte contre les infections nosocomiales en France répertoriés sur le site du Clin Sud Ouest.
- Circulaire n°599 du 13 décembre 2004 relative à la mise en oeuvre du programme national de lutte contre les infections nosocomiales 2005/2008 dans les établissements de santé
- Plan gouvernemental de lutte contre les infections nosocomiales 1995-2000
- Pour mémoire, la première circulaire, abrogée depuis par la circulaire n°645 du 29 décembre 2000, la circulaire n° 263 du 13 octobre 1988 relative à l'organisation de la surveillance et de la prévention des infections nosocomiales
[pdf] Infections liées aux soins réalisés en dehors des établissements de santé — guide de prévention, Direction générale de la Santé
[modifier] Étude de cas cliniques, en France
- 5 cas illustrant des parcours de patients après intervention orthopédique compliquée d'IN
- 2 cas illustrant la complexité des pathologies des patients ayant acquis une IN (deux cas de septicémie)
- 6 cas cliniques recueillis au cours `d'une visite' d'une unité de réanimation ; les patients ont subi un accident médical majeur
[modifier] Articles connexes
- Résistance aux antibiotiques
- Prescription de médicaments
- Médicament sous ordonnance
- Iatrogénèse
- Iatrogénèse systémique
[modifier] Liens externes et références
- 100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales, CTIN 1999.
- infonosocomiale.com : site officiel dépendant de la HAS (Haute Autorité de Santé)
- NOSOBASE : base documentaire inter CCLIN
- Les infections nosocomiales en Belgique sur Wikinations.be
- Hygiène des mains : les techniques de lavage et de désinfection des mains
- Les HUG réduisent de moitié leur taux d'infections nosocomiales
- Avis du Comité technique national des infections nosocomiales du 5 décembre 2001 sur « la place de la friction hydro-alcoolique dans l'hygiène des mains lors des soins »
[pdf] Enquête nationale de prévalence 2006 des infections nosocomiales, InVS
[pdf] Indice composite des activités de lutte contre les infections nosocomiales . Vos questions, nos réponses,ICALIN
- Nosocomial ? iatrogène ? Définitions et différences. Notion de iatrogénèse systémique
![]() |
Portail de la médecine – Accédez aux articles de Wikipédia concernant la médecine. |