Jean-Adolphe Fouéré
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Yann Fouéré, né le 26 juillet 1910 à Aignan (Gers), de son nom en Français, Jean-Adolphe Fouéré, est un fédéraliste breton.
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[modifier] Citation
« On peut introduire la mesure dans le capitalisme comme dans le socialisme si on réduit les dimensions des sociétés de toute nature au sein desquelles on les applique, accroissant sur eux du même coup le contrôle des pouvoirs locaux, des citoyens, des producteurs et des administrés, grâce à ce que le Dr Kohr appelle la "transparence des petits". »
[modifier] Parcours
[modifier] Jeunesse
Intellectuel, président de l'Association des étudiants bretons de Paris (1933-1937), président fondateur d'Ar Brezoneg er Skol (1934-1945), vice-président de l'Union régionaliste bretonne (1939-45).
En 1934, 346 communes bretonnes adoptent le vœu de Ar Brezhoneg er Skol proposé par Yann Fouéré, en faveur de l'enseignement du breton. Il est le directeur de Peuples et frontières, organe essentiel de la collaboration des partis autonomistes anti-fascistes (PNV basque) avant guerre.
[modifier] Seconde guerre mondiale
Il est le fondateur et directeur du quotidien brestois La Bretagne (crée le 21 mars 1941) de 1941 à 1945 paraissant sous l’Occupation et développant un point de vue régionaliste opposé au séparatisme du Parti national breton, et ne contestant pas la légitimité de Vichy, pas plus qu'il n'avait contesté celle de la IIIe République. Ce quotidien accusé de collaborationnisme, où furent publiés les textes antisémites parmi les plus violents jamais rédigés en langue bretonne (dans la chronique Lan Hag Herve, dirigée par Xavier de Langlais, fut financé par l'industriel Jacques Guillemot, et quelques industriels quimpérois. Il affirme dans le premier numéro de ce journal : « Il n'y a pas chez nous de haine de la France. Trop d'épreuves, trop de jours de deuils et de joies vécues en commun ont forgé notre union pour que, malgré des dissentiments passagers ou des rancœurs légitimes, nous pensions à la rompre. On peut être bon Breton sans négliger du même coup d'être bon Français ».
Nommé sous-préfet de Morlaix en 1940 , renvoyé moins d'un mois après par le régime de Vichy, directeur politique de La Dépêche de Brest (avril 1942-45). Membre, puis secrétaire général du Comité consultatif de Bretagne (CCB) auprès du préfet de région (1942-44). Il est un haut fonctionnaire de l'État français surveillé pour ses opinions contraires à l'unité de la France. Il fut accusé d'incarner la politique de Collaboration, ne cessant de s'appuyer sur l'occupant nazi pour tenter d'obtenir du gouvernement de Vichy un statut particulier pour la Bretagne. Il se défend en faisant remarquer qu'il n'a fait qu'utiliser en celà la même tactique que sous la IIIe République ou vis-à-vis des alliés.
Il déclare à ce propos dans son livre La Patrie interdite (p. 238) : « Je n'avais pas plus de sympathie pour le gouvernement de Vichy que je n'en avais eu pour les gouvernements qui les avaient précédés. Ils étaient tous pour moi de simples faits dont il fallait tenir compte dans mon action. La présence des Allemands ne me paraissait qu'un autre incident de parcours ».
[modifier] Exil
À la Libération, Yann Fouéré est arrêté le 10 août 1944 sur ordre de Le Gorgeu (commissaire régional de Rennes) peu de temps après lui avoir demandé de réunir le Comité consultatif de Bretagne. Libéré le 10 août 1945, il part au Pays de Galles (où il est accueilli par Gwynfor Evans), puis en Irlande où il investit dans une société de pêche les biens qu'il avait accumulés avant guerre. Jugé par contumace, il est condamné le 28 mars 1946 aux travaux forcés à perpétuité et à la dégradation nationale. À la suite d'un changement de compétence des juridictions, il revint en France, fit appel et fut acquitté en 1955. Cet acquittement efface toutes les accusations de collaboration lancées contre lui.
[modifier] Fédéralisme
Il a été un des animateurs et financiers du Mouvement pour l’organisation de la Bretagne (MOB), créé en 1957, avec Ronan Goarant et Yann Poupinot, et de son journal L’Avenir de la Bretagne. Cette organisation regroupe toutes les sensibilités politiques et se bat pour le fédéralisme et l'unité européenne. Se proclamant cependant apolitique, elle va populariser la notion d’exploitation coloniale de la Bretagne par la France alors que le mouvement d’émancipation des peuples colonisés se développe en Afrique et en Asie. C’est donc bien le MOB, et non pas sa scission l’Union démocratique bretonne (UDB), qui lance le slogan « Bretagne = colonie ». En 1961, avec Alan Heusaff, ancien du Bezen Perrot (miliciens bretons sous uniforme nazi), et avec Gwynfor Evans et J. E. Jones, respectivement président et secrétaire général du Plaid Cymru, il fonde sur l'Ile de Rhos au Pays de Galles, la Celtic League (Ligue celtique), mouvement dans lequel les différents partis nationalistes des régions celtiques étaient représentés.
Dans les années 1970, il anima le parti Strollad ar Vro. En 1975, il est arrêté pour les attentats du FLB-ARB. Il est libéré en décembre 1976. L'expérience de sa détention sera relatée dans son livre En prison pour le FLB. Il est aujourd'hui président d'honneur du parti Parti pour l'organisation d'une Bretagne libre (POBL), dont l'Avenir de la Bretagne est devenu l'organe d'expression.
[modifier] Publications
- Enseigner le breton, exigence bretonne : La campagne et les efforts d'Ar Brezoneg Er Skol, un programme minimum, le rapport Desgranges, textes et documents. Ar Brezoneg er Skol = Union pour l'enseignement du breton - Rennes . 1938. Préface de Yann Fouéré.
- De la Bretagne à la France et à l'Europe. Editions du C.O.B. - Lorient, Imprimerie de Bretagne. 1956
- L'Europe aux Cent Drapeaux essai pour servir à la construction de l'Europe , 1968, Presses d'Europe - Paris : Nice 1976. Essai politique préconisant l'organisation de l'Europe sur une base fédérale, fédération basée non plus sur les États-nations historiques qui ont atteint leur apogée au XIXème siècle, mais qui, au XXè, ont outrepassé leur rôle, leurs pouvoirs et leur utilité, mais sur les communautés humaines fondamentales que sont les régions et les "nations vraies" de notre continent; cet ouvrage a profondément marqué la pensée fédéraliste européenne et sert de base commune à la philosophie politique fondamentale des mouvements de contestation et de libération qui agitent les régions et les peuples de l'Europe à la recherche de leur identité; il a conduit, plus récemment, à la création à Bruxelles du Bureau permanent des Nations européennes sans État.
- La Bretagne Ecartelée : essai pour servir à l'histoire de dix ans (1938 - 1948), Nouvelles éditions latines, 1962.
- Problèmes Bretons du Temps Présent
- Une Bretagne libre est elle viable ?, traduction-adaptation de Is Wales viable ? de Leopold Kohr
- En prison pour la libération de la Bretagne. [En prison pour le F.L.B.]. Nouvelles Editions Latines, (Les Cahiers de l'Avenir de la Bretagne; 3), 1977.
- Histoire résumée du mouvement breton, du XIXe siècle à nos jours (1800-1976). Quimper: Editions Nature et Bretagne, (Les Cahiers de l'Avenir de la Bretagne; 4), 1977. ISBN 2852570270.
- L'Histoire du quotidien La Bretagne et les silences d'Henri Fréville (avec la coll. de Youenn Didro). Les Cahiers de l'Avenir - Saint-Brieuc. 1981.
- La Bretagne : la période moderne. Les Editions d'organ - Paris. 1982
- Problèmes bretons du temps présent. Les Editions d'Organisation - Paris. 1982
- La Patrie interdite, Histoire d'un Breton, France Empire, 1987.
- Ces Droits que les autres ont …, Les cahiers de l'avenir de la Bretagne.
- La maison du connemara, éd. Coop Breizh, 1995.
- Europe ! Nationalité bretonne… Citoyen français ?, Coop Breizh, 2000.
- Projet de loi portant statut d'autonomie pour la Bretagne par Yann Fouéré, Thierry Jigourel, Jean Cevaër... [et al.] ; [publ. par le Parti pour l'organisation d'une Bretagne libre]. - Saint-Brieuc (21 Pl. Du Guesclin ) : les Cahiers de l'avenir, 2001.
- Vérite sur l'affaire de la Bretagne, journal accusé de collaboration. s.d.